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EAN : 9782226026460
Albin Michel (01/01/1986)
4.15/5   64 notes
Résumé :
La famille Lauretz vit misérablement en Suisse dans le canton de Yeff. Le père, Jonas, buveur, violent, et infidèle, ruine la scierie familiale. Anna, sa fille, travaille comme serveuse, Niclaus, le fils, mène la scierie avec un ouvrier Jory Wagner. Sylvelie, la cadette, sert avec dévouement le peintre Mathias Lauters.
A la mort de Mathias, Sylvelie hérite de son châlet, de ses tableaux et d'une somme importante. Jory, Niclaus, Anna et sa mère décident de tue... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique
Lorsque le lecteur d'aujourd'hui lit, ou relit, ce roman écrit il y a presqu'un siècle ( il fut publié dans sa version originale en 1934), il retient d'emblée sa construction de facture très classique: trois parties sensiblement de taille égale, des chapitres liés entre eux par un enchainement parfait, un style d'écriture fait de longues descriptions des paysages, des lieux de vie, des personnages dans leurs caractéristiques physiques, leur habillement, leur attitude, ou encore leurs réflexions intérieures.
Le premier acte de l'intrigue s'ouvre sur le décor austère d'une haute vallée des Grisons, la Via Mala. Une scierie y est plantée le long d'une petite rivière alpine qui voisine avec le jeune Rhin. Autour de cette exploitation forestière ancestrale, la famille Lauretz vit sous le joug de la violence extrême du père; une famille presqu'ordinaire dans ces contrées rudes, composée d'une fratrie de quatre enfants, dont émergent particulièrement deux d'entre eux, Niklaus qui travaille avec son père, et surtout Sylvelie, la plus jeune des deux filles. le rythme est ascendant dans le ressenti de la misère et de l'angoisse, jusqu'à atteindre son paroxysme un soir glacial de novembre.
Le 2ème acte s'ouvre sur un environnement en tous points opposé, celui dans lequel vit la riche famille de Richenau, une belle demeure, des chalets d'été, du personnel de maison, de belles réceptions. Apparaît alors l'un des fils, Andi, un séduisant jeune homme bien éduqué, jovial, quelque peu immature, qui, en devenant magistrat attaché au tribunal de la capitale du canton, bénéficie d'une situation honorable et confortable, en apparence du moins, car sa fragilité va bientôt se révéler après sa rencontre avec Sylvelie Lauretz.
Le 3ème acte constitue le dénouement de cette intrigue. Andi et Sylvelie sont à présent mariés; ils mènent une existence aisée et paisible, une paix apparente que viendront fracasser des circonstances inattendues. Celles-ci vont alors faire revivre la sombre soirée d'automne au cours de laquelle Jonas Lauterz a disparu de la vie de ses proches 3 ans auparavant. Cette partie est probablement la plus intéressante , en ce qu'elle révèle de l'évolution des principaux protagonistes de cette histoire face au dilemme qui s'ouvre à chacun d'entre eux.
Malgré l'habillage qui peut paraître un peu désuet au 21ème siècle, ce roman traite d'un thème intemporel, celui que chacun peut se faire de la notion de justice.
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Nous sommes dans un petit village suisse, au sein d'une famille composée des parents, de deux filles et d'un fils. le père tyrannise et brutalise toute la famille, les fait travailler de façon très dure, les affame, et vit une bonne partie de l'année dans une maison plus confortable avec sa maîtresse et les deux enfants qu'il a eu d'elle. Une des filles hérite d'un peintre qu'elle a connu, une somme importante que le père s'approprie. Son fils organise un meurtre, avec l'aide du valet et avec la participation de toute la famille, sauf Sylvia, la bénéficiaire de l'héritage. La prospérité s'installe dans la famille. Niclaus, le fils fait tourner avec profit la scierie familiale. Sylvia se marie très au-dessus de sa condition. La disparition du père semble ne plus susciter de questions. Jusqu'au moment où le juge local meurt, et l'affaire monte dans une juridiction plus élevée.

Cette histoire du père brutal et méchant pourrait être outrée ou caricaturale, or il n'en est rien. John Knittel dessine ses personnages avec beaucoup de finesse, ils sont tous différents, et on se passionne pour chacun d'entre eux. Je suis en revanche moins convaincue par le personnage d'Andi, le mari de Sylvia. Déjà l'histoire du prince qui épouse la bergère, j'ai beaucoup de mal à y croire. Et je trouve que le personnage d'Andi est par moments très stéréotypé. Mais en dehors de cette réticence, Via Mala est un livre passionnant à lire, dont on a envie de tourner les pages très vite pour savoir ce qui va se passer, car l'auteur mène sacrement bien son affaire, et maintient le suspense jusqu'au bout du roman. Il possède à fond l'art de construire une intrigue efficace. Sa plus grande qualité avec l'art de créer des personnages attachants. Et tout cela avec une écriture adaptée au sujet.
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Tant que brûle la flamme !


Attention : cette édition est en allemand !


'Via mala' ('Le chemin difficile', ce qui vaut autant dans cette histoire pour une passe dangereuse située entre le village et la scierie que pour celui qu'empruntent les principaux protagonistes du drame) est un roman qui date de 1934 du romancier suisse John Knittel, faisant référence à un fait divers de 1817.


Dans les années 20 du siècle précédent, quelque part dans les montagnes suisses, Jonas Lauretz est le propriétaire d'une scierie située à proximité d'un village dont les habitants ont beaucoup de mal avec ce Satan autoritaire qui règne sur sa petite famille avec une main de fer : ayant transformé sa douce épouse en ombre humaine, il a fait de sa fille Hanna sa maîtresse, tout en accordant à son autre fille, Sylvie, les attentions que l'on accorde à une Princesse, traitant par ailleurs son fils Niklaus, dont il a fait un infirme, comme un esclave. Devenue le modèle d'un célèbre peintre vieillissant fraîchement installé à proximité du village, dont elle sera la dernière flamme, et courtisée par le militaire Andreas von Richenau, en manoeuvre à l'entour avec ses troupes, Sylvie va être, bien malgré elle, l'élément déclencheur d'une avalanche qui va tous les emporter...


Ce roman est un drame d'une rare intensité que vous n'oublierez pas : quand le Destin frappe, les marionnettes humaines n'ont que peu de latitude !


A noter : il existe également deux versions cinématographiques allemandes de cette histoire, en l'occurrence un film de Josef von Baky de 1944, sorti en 1948 et un second long-métrage de Paul May de 1961 avec l'immense Gert Froebe dans le rôle principal, ainsi qu'une remarquable version télévisée (de 270mn) réalisée par l'allemand Tom Toelle en 1985 avec Mario Adorf en Jonas Lauretz entouré notamment de Maruschka Detmers et Dominique Pinon
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J'avais vu le film dans mon enfance et je me suis attelé au roman quelques années après, sans trop de regret, le texte fait bien ressentir la noirceur de cette famille au creux des montagnes suisses et l'originalité de cette destiné. On pense à Heidi, à Julien Sorel, mais en moins joyeux.
Tout dans ce roman respire la tristesse, la rancune et la haine. On retrouve l'esprit des romans qui racontent une saga familiale, avec ses trahisons, ses espoirs et le patriarche qu'on aime ou qu'on déteste.
Plaisant.
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Via Mala est l'histoire de la désagrégation d'une famille, victime de la violence du père. Dans cette « Via Mala » superbement décrite par John Knittel, lieu du domicile de la famille, les faits divers les plus sordides peuvent survenir sans que personne ne s'en émeuve. Via Mala, c'est – littéralement – le mauvais chemin, celui qui surplombe un torrent furieux, au sein d'une montagne encore sauvage, inquiétante, où l'hiver et la neige enserrent toute vie durant des mois dans une splendeur glacée.

Le récit est scindé en trois parties. Le Livre I s'ouvre rapidement sur le drame qui va sceller le destin de la fratrie, Niclaus, Anna, Sylvélie, Mannli, et de leur mère. le Livre II est une bouffée d'oxygène et de douceur ; l'action se situe à Lanzberg, ville prospère et ouverte. Sylvelie y a trouvé refuge, ne supportant plus sa famille coupable d'un crime. Elle y trouve même l'amour inconditionnel. Mais la Via Mala la rattrape, et le dossier de disparition du père est attribué fortuitement à son mari, juge d'instruction. Le répit dont a bénéficié Sylvelie et les siens s'achève brutalement. Le Livre III est centré sur la personnalité d'Andi, l'époux de Sylvelie. C'est lui qui va dénouer les fils terriblement complexes qui entravent ceux qui sont devenus, à lui aussi, sa famille. Au risque de s'y perdre à son tour.

Issu d'une famille suisse missionnaire, né en Inde en 1891 et mort dans le Canton des Grisons en 1970, John Knittel est à mon sens un auteur majeur à redécouvrir.

Voir aussi "Faits et fictions géographiques dans le roman régional suisse, le cas de Via Mala" :
Lien : http://www.geogr-helv.net/37..
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Citations et extraits (40) Voir plus Ajouter une citation
Si l'on considère qu'à cette époque les Grisons se composaient d'une bonne trentaine de petites républiques, chacune ayant sa constitution propre, ses lois et ses coutumes, si l'on se rappelle que la famine et les épidémies ravageaient continuellement les cent vallées, que les populations, malgré leur souveraineté imaginaire, étaient constamment exploitées par des conseillers qui les flattaient, et dupées, trompées, pressurées par des barons et des ecclésiastiques avides ; si l'on se représente l'extrême misère, tant matérielle que morale, qui régnait dans le pays, on ne peut plus s'étonner que Lauretz eût trouvé beaucoup de gens bien disposés quand il leur parla de sa décision d'extraire l'immense masse d'argent enfouie dans la montagne, masse suffisante pour enrichir chacun et mettre dorénavant l'humanité à l'abri du besoin.
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Il sauta au bas du lit, la prit par le bras, l'attira à lui et lui donna un violent coup de poing. Elle se débattit pour échapper à son étreinte et s'enfuit de la chambre. Elle alla à l'écurie où était la carriole, y trouva la bouteille, la prit et la lança dans le lit rocailleux de l'Yzolla.
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Dans la petite pièce attenante à la cuisine, tout était propre et bien rangé. Il y avait même, au milieu de la table, un vase de porcelaine avec des fleurs sauvages toutes fraîches. Au-dessus de la porte, pendait un grand morceau de carton dans un cadre de bois, scié, taillé et sculpté par Niclaus. Le carton venait de Sylvelie. Elle avait trouvé dans un vieux livre de la bibliothèque de maître Lauters, quelques phrases écrites par le Père Placidus a Specha, abbé de Disentis, A.D. 1772, un prêtre de montagne délicieux et vaillant. Elle les avait copiées au crayon et orné certaines lettres de petites fleurs peintes avec les couleurs à l’aquarelle de M. Lauters. C’étaient de sages paroles pour rester en bonne santé :
" Pour rester en bonne santé, il faut agir avec droiture de façon à n’avoir peur de personne. Il faut prendre garde de n’offenser personne ; il faut être indulgent envers l’ignorance et la vilenie des créatures raisonnables et déraisonnables. "

Livre premier
Chapitre 20
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« Elle vaut tous les soucis et les peines qu’elle me donne. Il n’y en a pas une autre comme elle, nulle part. Il y a des multitudes de Louise et de Minnie, et de filles, de ce qu’on appelle excellentes familles, parfaitement élevées, avec baccalauréats et diplômes de conservatoire de musique, des filles qui parlent français, anglais et italien, bonnes maîtresses de maison en herbe, auxquelles on a appris à respecter Dieu et les conventions, à commander les domestiques et à exercer l’épargne, mais une fois mariées, elles deviennent des épouses acariâtres et tiennent un homme de court comme si elles avaient peur de le perdre s’il traversait la rue seul ou passait une soirée avec des amis. Je connais mes Suissesses », songeait Andi. « Elles sont toutes pareilles. Et elles sont toutes impatientes de se marier, les laides plus encore que les jolies. Et sitôt le voile nuptial rangé dans un carton, elles plongent dans la vie domestique. Bientôt, elles viennent à la table du petit déjeuner en pantoufles et pas coiffées. Elles prennent le livre de comptes sur l’étagère et parcourent la colonne des chiffres en les suivant de l’index : “Dieu que la vie est chère… Où pourrai-je économiser vingt centimes ?” »
Vraiment elles avaient peu de choses pour plaire aux goûts aristocratiques d’un Andi. Sylvelie n’appartenait à aucune classe de la société. Elle portait les signes d’une aristocratie naturelle. Il avait envie de la voir dans une belle robe du soir. Il n’y avait aucun doute : elle serait splendide.

Livre deuxième
Chapitre 21
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D’aspect, Sylvelie avait étrangement changé. Il y avait à présent dans ses mouvements une autorité difficile à expliquer. Peut-être une nouvelle robe d’été à dessins bruns et bleus, qui flottait doucement autour d’elle, ajoutait-elle à sa jeunesse une certaine maturité. Peut-être y avait-il quelque chose d’invisible en elle, un être plus élevé, déterminé à présent à dominer le tumulte de la vie. Peut-être avait-elle découvert une secrète source de paix.

Livre premier
Chapitre 21
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