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Hélène Claireau (Autre)
EAN : 9782266016650
379 pages
Pocket (30/11/-1)
4.17/5   41 notes
Résumé :
A travers ce témoignage, c'est toute l'histoire de la naissance de l’État d'Israël et d'un peuple qui retrouve enfin sa patrie perdue après une errance de deux mille ans que nous retrace Arthur Koestler.
La communauté socialiste d'Ezra s'est établie sur une colline aride et désertique. Il faut lutter d'abord sans cesse contre les Arabes pour conserver cette parcelle de terre "symbole," puis contre les intempéries, la maladie, la solitude, enfin, le découragem... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
La Tour d'Ezra / Arthur Koestler (1905-1983)
Comme des voleurs dans la nuit
En cette nuit de 1937, une colonne de camions tous feux en veilleuse se dirige sur une mauvaise piste de Galilée vers une zone de collines non loin du lac de Tibériade. Dina et Joseph, installés inconfortablement sur une bâche recouvrant la benne de leur camion, plaisantent et se font rappeler à l'ordre par Siméon qui réclame le silence.
Partis à deux heures du matin de la colonie de Gan Tamar située à une vingtaine de kilomètres, ils sont 150 hommes et femmes dont 120 de la colonie de Gan Tamar les accompagnant pour l'installation du camp de base fortifié. Beaucoup sont des « sabras », des jeunes nés en Israël. Les autres viennent pour la plupart d'Europe centrale, ayant fui les pogromes et autres autodafés, notamment la jeune Dina qui est restée marquée à tout jamais. Des membres de l'Haganah dirigés par un certain Bauman, organisation paramilitaire juive assurant la protection des colonies rurales (kibboutzim), les accompagnent.
le pays sous mandat britannique depuis 1923 subit la révolte des Arabes et les Anglais ne se préoccupent pas vraiment du sort des Juifs en général ni du lieu de la future colonie hébraïque en particulier, que les nouveaux colons rejoignent, animés par le rêve romantique et romanesque du Retour pour réaliser une utopie sociale, après deux milles ans d'exil. L'endroit a été acheté aux chefs de villages arabes par le Fonds national et déjà, avant même d'être arrivés, ils ont la tête pleine de projets. La future nouvelle colonie s'appellera la Tour d'Ezra.
Il faut savoir que bien que légalement achetée, la zone est contestée par certains villageois et c'est aujourd'hui la troisième tentative pour s'y rendre, la première ayant échoué sous une volée de pierres, la deuxième, il y a trois mois, sous les balles avec deux futurs colons tués.
le Mukhtar de Kfar Tabiyeh et son fils n'en croient pas leurs yeux au petit matin quand ils aperçoivent sur la colline de l'autre côté de la vallée qu'ils surplombent, la tour de guet installée et les jeunes colons vaquant à l'installation du camp tels des fourmis. En effet, c'est vers cinq heures du matin, juste avant le lever du jour, que la colonne de camions arrive à destination. Aussitôt le chef des nouveaux colons, Ruben, distribue les tâches.
Les colons sont pour l'instant 25, vingt hommes et cinq femmes. 12 femmes et 3 bébés les rejoindront plus tard. Les membres de ce groupe se connaissent depuis des années, années au cours desquelles ils ont appris à vivre ensemble. Ils sont Polonais, Russes, Anglais…etc.
le soir venu, les colons prennent un peu de repos avant la veillée nocturne et les conversations vont bon train quand est évoquée l'éventualité d'une attaque par les Arabes. Pour Siméon, la seule réponse à la violence et la violence : oeil pour oeil, dent pour dent ! La morale n'a pas à intervenir ici, et pour des raisons purement logiques, ils doivent opposer la terreur à la terreur.
La soirée se termine au son de la cornemuse et la danse de la « horra », une « horra » débridée, sauvage et joyeuse. C'est vers minuit qu'éclate le fracas des premiers coups de feu tirés contre la palissade du camp. Branle-bas de combat, chacun à son poste au son des cris et ordres hurlés dans « cette langue ancienne qui n'avait jamais été aussi mélodieuse qu'ainsi criée à travers le vent et la pluie dans la nuit, une langue sauvage et tragique mal faite pour des propos frivoles. » Une phrase du livre restée célèbre et que j'ai souvent entendue.
Il est cinq heures trente du matin, le soleil se lève, on déplore la mort du jeune Nephtali touché par une balle. Une journée s'est achevée. La première.
Ainsi se résume cette première partie de 100 pages sur les 435 du livre, une présentation qui permet de comprendre la suite de ce roman passionnant, fascinant et émouvant, émouvant surtout lorsque l'on a connu la vie en kibboutz comme ce fut mon cas par deux fois en 1963 et 1967 durant les mois d'été au cours desquels j'ai pu également parcourir l'ensemble du pays du nord au sud, et notamment la Galilée dans la région où se passe l'action du livre, et également le Néguev.
Une année a passé et les tensions avec les Arabes voisins se sont calmées. Joseph, le savetier, tient un journal et nous relate la vie de la colonie en cette année 1938, comme la constitution de leur quatuor à cordes, la location du tracteur aux Arabes de Kfar Tabiyeh contre une somme modique, l'arrivée de nouveau colons pour arriver à 41 membres, le nombre de 200 étant prévu pour la fin de l'année, la construction en dur du pavillon des enfants et de l'étable, alors qu'eux-mêmes vivent encore dans des baraques en bois, les relations hommes femmes au sein de la communauté, les questions politiques animant follement les conversations quand il s'agit de considérer l'attitude des Anglais. Et puis les relations toujours incertaines et agitées avec le monde arabe en général, quand bien même les rapports avec le village de Kfar Tabiyeh se sont apaisés. de nombreux thèmes animent la suite de ce livre magnifique, comme l'histoire de la ville de Tel-Aviv, les racines du conflit israëlo-palestinien, la vie dramatique de Dina, l'épopée des Juifs de Boukhara en Asie Centrale, le rôle de l'Haganah et de ses branches spéciales clandestines, l'Irgoun et le groupe Stern, qui agissent en coulisse.
1939 : les colons de la Tour d'Ezra, sont à présent au nombre de 300. C'est une oasis hors d'atteinte des ouragans qui bouleverse le monde avec une furie sans cesse accrue. Leur hymne se veut être le Cantique des Cantiques.
Extrait :« Exilés en Égypte il y a des millénaires, puis à Babylone, puis sur tout le globe, entourés d'étrangers hostiles, il s'est développé chez le Juifs des traits particuliers…Ils formaient la cible naturelle de tous les mécontents parce qu'ils étaient si exaspérément si anormalement humains…Privés d'un foyer dans l'espace, il leur a fallu s'étendre dans d'autres dimensions…Un pays est l'ombre que projette une nation ; pendant deux mille ans, nous avons été une nation sans ombre. »
A travers ce livre, véritable témoignage, c'est toute l'histoire de la naissance de l'Etat d'Israël et d'un peuple qui retrouve enfin sa patrie perdue après une errance de deux mille ans que nous retrace Arthur Koestler (1905-1983). La communauté socialiste d'Ezra s'est peu à peu courageusement établie sur une colline aride et désertique de Galilée. Il a fallu lutter sans cesse pour conserver cette parcelle de terre " symbole ", contre les intempéries, la maladie, la solitude, enfin, le découragement. Il a fallu survivre pour montrer aux autres nations qu'un Etat nouveau peut resurgir de ce désert. Koestler n'était pas seulement un incomparable analyste du monde concentrationnaire. Romancier vigoureux de la taille d'un Malraux, témoin lucide de son temps, essayiste, ce fils de famille juive hongroise était aussi un prophète.En effet, l'État d'Israël est né après la guerre, en 1948.
J'ai lu ce livre pour la première fois en 1963 de retour d'un séjour en Israël, puis en 1973 et je relis en ces jours d'octobre 2023 marqués par la tragédie des kibboutzim proches de la bande de Gaza.
Il est dommage que ce beau livre d'Arthur Koestler qui a vécu dans une colonie agricole (kibboutz) dans les années 20, soit aujourd'hui complètement éclipsé par le reste de son oeuvre et notamment « le zéro et l'infini ». Un beau roman humaniste dont on retiendra l'appel à la paix et la coexistence pacifique entre les hommes.



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Joseph ne savait pas qu'il était juif avant ses vingt ans, jusqu'à voir le dégoût de sa conquête en découvrant qu'il était circoncis. Cette composante de son identité l'avait toujours indifféré, mais quand la société décide que vous êtes l'Autre, vous pouvez difficilement ne pas le devenir.

Cet incident et ses opinions politiques le pousse à se porter volontaire pour fonder en Palestine un nouveau Kibboutz, communauté agricole basée sur les principes du marxisme. le roman raconte l'histoire de cette petite communauté d'Ezra, de sa fondation en 1937 jusqu'à l'aube de la seconde guerre mondiale.

L'enthousiasme du début laisse rapidement la place à des sentiments plus mitigés. Les Arabes ne laissent pas de bon coeur les juifs s'installer sur les terres qu'ils ont achetées. Il faut dire que le choc culturel est important, à tous les niveaux : la communauté utilise des tracteurs et des engrais tandis que leurs voisins en sont toujours à l'agriculture traditionnelle. Les Arabes vivent selon les lois de l'islam, les juifs pratiquent l'égalité homme-femme et rappellent à tout instant que la religion est l'opium du peuple. L'Angleterre, qui avait pourtant autorisé l'arrivée des juifs en Palestine, semble tout mettre en oeuvre pour faire marche arrière et se débarrasser du problème. La montée de l'antisémitisme en Europe accentue encore le sentiment d'insécurité. Mais quel choix faire ? Rester ferme sur ses idéaux et avoir l'impression d'être un mouton destiné à être égorgé par le premier venu, ou les trahir et s'engager sur la voie des armes ? En parallèle, Joseph s'interroge sur sa propre judéité, qui lui a été finalement plus ou moins imposée. Étant lui-même anglais, il est en permanence tiraillé entre l'éducation qu'il a reçue et les traditions séculaires de son nouveau peuple.

Excellent roman, inspiré par la propre expérience de l'auteur dans les kibboutz, La tour d'Ezra nous plonge aux racines du conflit israélo-palestinien, et soulève toutes les questions qui, malheureusement, n'ont toujours pas trouvé de réponses septante-cinq ans plus tard.
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« La Tour d'Ezra », c'est d'abord et avant tout le récit d'une des nombreuses tentatives de mise en place en vraie grandeur du « contrat social » ébauché dans la Cité du Soleil de Spartacus… Un thème cher à l'auteur qui fut le sujet d'un roman publié en 1939.
Mais c'est aussi un témoignage poignant sur les conditions politiques et matérielles sur lesquelles ont été crées les fondations du futur État d'Israël, qui ne verra le jour qu'en 1948.

Joseph est un juif au destin étrange qui fait partie des colons fondateurs de la communauté. Arthur Koestler nous raconte par le menu ces quelques années qui vont le faire passer de l'enthousiasme intellectuel des débuts à la désillusion et au cynisme qui mènera certains sur la voie du terrorisme.

C'est efficace, brillant et instructif ; et autobiographique. Bref, du Koestler grand cru.
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Rappels historiques :
En 1909, le premier kibboutz (village collectiviste) fut fondé en Palestine par des sionistes socialistes. En 1917, le ministre des Affaires étrangères britannique prôna la création d'un foyer national pour le peuple juif en Palestine (déclaration de Balfour).
En 1923, Hitler et ses partisans échouèrent lors de la tentative de putsch dit 'de la Brasserie'. En 1933, Hitler devint Chancelier. En novembre 1938, les nazis organisèrent des pogroms contre les juifs d'Allemagne et de ses nouveaux territoires (Nuit de Cristal du 9 au 10 novembre). Dans le Reich, les persécutions à l'encontre des Juifs s'amplifièrent ensuite.
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L'histoire du roman :
En 1937, Joseph et d'autres juifs arrivent en Palestine pour y fonder un nouveau kibboutz. Certains fuient les persécutions croissantes en Europe. Pour se défendre contre de probables attaques d'arabes voisins, ils bâtissent une palissade autour du village et une tour de guet en son centre : la tour d'Ezra (du nom d'un prêtre juif qui, selon la Bible hébraïque, a mené 5 000 exilés judéens de Babylone à Jérusalem en 459 avant J.C.).
Nous suivons la genèse de ce kibboutz et la vie de Joseph pendant trois ans.
Inspiré par son expérience, l'auteur décrit la difficile cohabitation entre les autochtones arabes et les nouveaux colons juifs. Déjà, dans chaque camp, certains veulent se débarrasser des autres par la force, rendant inopérantes les initiatives des partisans du dialogue. Koestler semble faire partie de ces derniers, voire croire à une possible cohabitation pacifique entre juifs et arabes en Palestine. Si c'est le cas sur ce dernier point, L Histoire ne lui a pas donné raison pour le moment… En décembre 2022, des extrémistes de droite racistes et des ultraorthodoxes juifs entrent au gouvernement de Nétanyahou ; Israël intensifie sa colonisation illégale en Cisjordanie ; en octobre 2023, tsahal bombarde Gaza et ses habitants...
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« La Tour d'Ezra » est un très bon roman d'Arthur Koestler.
De cet auteur, je préfère cependant les essais (en particulier son excellent 'Les Somnambules' consacré à des découvertes astronomiques du XVIème siècle) et les récits strictement autobiographiques ('Un testament espagnol').
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A la suite de la lecture du Khazar rouge de Shlomo Sands j'ai lu La Treizième Tribu, l'empire Khazar d'Arthur Koestler qui m'a beaucoup intéressée.  Voici que je trouve dans une boîte à livres, La Tour d'Ezra dans la vieille édition de 1966,le même livre de poche que j'ai lu, adolescente, il y a plus de 50 ans. La Tour d'Ezra et Exodus de Leon Uris étaient la légende dorée d'Israël,  enflammant la romantique adolescente rêvant de la société idéale qu'était le kibboutz....

La Tour d'Ezra supportera-t-elle la relecture ?

Commençons par la dédicace, ambigüe : à la fois à la mémoire de Jabotinsky et à ses amis d'Ain Hashofeth (Hashomer Hatzair), du kibboutz Heftsibah (que Arthur Koestler a voulu  intégrer,  refusé). Etrange mélange idéologique. Cette ambiguïté va planer dans le courant du livre. Joseph, le héros de la Tour d'Ezra est  un des fondateurs du kibboutz. L'histoire s'ouvre avec l'arrivée de nuit, sur la colline, des pionniers qui érigent d'abord la tour puis installent les premiers bâtiments et doivent défendre la colonie des attaques de leurs voisins du village palestinien proche. Histoire héroïque, enthousiasme de ces jeunes idéalistes. On suit avec bonheur cette évocation de la vie quotidienne des pionniers, leurs premiers succès, les discussions idéologiques.

En revanche, leurs voisins palestiniens ne sont pas décrits à leur avantage. le mukhtar et ses fils sont caricaturaux, misère crasse, jalousies...De ma première lecture, je ne me souviens de rien. Peut-être,  moi-même ne voulais-je pas les voir? Certains pionniers, les plus à gauche, souhaitent des relations de bon voisinage ; on ne le voit pas agir. Cette position politique provoque des conflits au sein de la communauté mais ne se traduit pas dans les faits.

En revanche, on voit s'exacerber le nationalisme juif qui n'existait pas au début du roman. Un premier personnage quitte la commune pour rejoindre les terroristes. Si certains le traitent de fasciste et préfèrent couper les ponts, ce n'est pas le cas de tous. Un second, personnage de premier plan choisit la lutte armée et la clandestinité. En parallèle, la situation des Juifs européens empire et la publication du Livre Blanc britannique qui bloque l'entrée des Juifs persécutés en Palestine et l'interdiction acquisition de nouvelles terres rend la situation difficile et conforte les terroristes dans leurs actions contre le pouvoir britannique. Arthur Koestler raconte l'histoire en prenant partie pour l'Irgoun et même le Groupe Stern (citation de poèmes de Yair (Abraham Stern). Il décrit les pratiques terroristes sans chercher à les voiler y compris dans les aspects les plus caricaturaux .

Un autre aspect m'a mis mal à l'aise c 'est l'emploi du mot "race", tabou aujourd'hui, mais pas en 1945! Caractériser la "race juive" en utilisant les poncifs des antisémites, même en justifiant ceux-ci par la persécution millénaire, n'est pas lisible pour le lecteur d'aujourd'hui. En revanche, les observations concernant les Anglais, odieux en colonisateurs mais gentils, polis sur leur île, sont plutôt plaisantes.

Le personnage de Koestler lui-même a été ressenti longtemps comme ambigu, non pas dans sa position vis-à-vis du sionisme mais plutôt avec ses écrits sur le stalinisme et ses conflits avec les intellectuels communistes ou compagnons de route du PCF. J'ai trouvé un podcast passionnant sur l'appli RadioFrance CLIC ainsi que CLIC. 



Lien : https://netsdevoyages.car.bl..
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Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
Oui, songea Joseph, nous referons la Galilée, que Dieu s'y intéresse ou non. Ce qui m'embête c'est que je suis incapable de jouer un rôle dans un drame sans en avoir conscience. Les Arabes sont en révolte, les Anglais se lavent les mains de ce qui peut nous arriver, mais l'Endroit nous attend : six cents hectares de pierres de toutes tailles au faîte d'une colline, entourée de villages arabes, sans autre colonie hébraïque à des kilomètres à la ronde, et un marais paludéen par-dessus le marché. Mais quand un Juif revient dans ce pays, qu'il voit une pierre et qu'il se dit : « Cette pierre est à moi », alors, quelque chose se brise en lui qui est resté tendu pendant deux milliers d'années.

Son bras s'était engourdi ; il se mit à l'agiter en l'air.

Peut-être, se dit-il, toute cette idée du Retour n'est-elle qu'une blague romantique. Si je suis tué, je ne saurai même pas si je crève dans une tragédie ou dans une farce... Mais, quoi qu'il en soit, le sentiment que m'inspire l'Endroit est réel, le plus réel que j'aie jamais éprouvé.
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Elle rôda dans l'atelier et finit par s'appuyer à mon établi, tandis qu'à chaque instant l'air se saturait davantage du reproche silencieux de la femme blessée, mais fière, qui garde ses souffrances pour elle toute seule... à moins, naturellement, que vous n'appuyiez sur le bouton qui ouvre l'écluse et déclenche la cataracte... Mais alors, c'est bien votre faute si vous êtes noyé, n'est-ce pas ? D'autre part, si vous vous gardez d'appuyer sur le bouton, vous n'êtes qu'une sinistre brute, et le reproche silencieux s'intensifiera jusqu'à ce que vos nerfs vibrent comme une corde tendue.
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Miss Clark émit un petit souffle et hasarda :
« On se demande quelquefois s'ils deviendront jamais vraiment civilisés. »
Miss Clark aurait été bien en peine de donner la définition exacte du mot « civilisé », mais elle avait dans la tête une image très vivante de ce qu'il signifiait pour elle : déjeuner à une crèmerie du Strand de thé avec deux petits pains, du beurre et une tranche de fromage avec de la moutarde, tandis que l'orchestre féminin en uniforme jouait la Rhapsodie hongroise de Liszt.
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Soudain l’idée s’empara de moi que ce dont souffrait Dîna n’était que simagrees et hypocondrie et qu’en la prenant par surprise je pourrais abattre la barrière.Je comptai mentalement jusqu’à trois,puis, me tournant vers elle,je m’agrippais aux épaules.Elle ne se contracta pas;c’était presque comme si elle s’y était attendue.Elle ne résista pas tandis que je l’attirais comme moi, mais son corps se raidit et elle tremblait si violemment que j’entendis le faible grincement de ses dents qu’elle serra pour s’empêcher de crier. La terreur me saisit,mais j’étais résolu à aller jusqu’au bout et je sentais que Dîna le désirait aussi,espérant avec moi contre toute espérance.Mais,malgré elle,son corps rigide s’écarta,et à la seconde où j’appuyai m’a bouché sur ses lèvres sèches,elle me rejeta avec violence.Nous demeurâmes haletants sur la plate-forme obscure et Dîna reussit à dire d’une voix étranglée:
Et,avant que j’eusse pris une décision,elle vomit par-dessus le parapet.Je n’osai même pas lui soutenir la tête.
Quand elle se sentit mieux,nous redescendimes l’échelle et,la encore,je n’osai pas l’aider.Elle me dit bonne nuit,et,à la faible lueur que laissait passer la porte ouverte du Réfectoire,je pus voir qu’elle s’efforçait de sourire.
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Il est surprenant de constater combien sont peu nombreux les besoins essentiels une fois supprimées la compétition et l'accumulation.


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Vidéo de Arthur Koestler
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