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Isabelle Hausser-Duclos (Traducteur)
EAN : 9782070439737
544 pages
Gallimard (02/03/2011)
3.34/5   19 notes
Résumé :
En février 1945, les bombardements des Alliés se succèdent sur Prague pour faire plier les Allemands... Le corps de la veuve d'un dignitaire nazi est retrouvé horriblement mutilé. Pour des raisons politiques, Morava, jeune policier tchèque, et Buback, inspecteur chevronné de la Gestapo, sont obligés de s'associer pour mener l'enquête. Les voilà lancés sur la piste d'un meurtrier psychopathe, une terrifiante poursuite qui va bouleverser leurs vies. Tandis que les All... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (10) Voir plus Ajouter une critique
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"La civilisation a la peau fragile. Et quand l'odeur de sang se répand, arrive alors l'heure étoilée des meurtriers."
(P. Kohout)

Un bon polar un peu atypique au titre difficilement traduisible. Le titre original "Hvězdná hodina vrahů" évoque plutôt une heure de gloire, une heure qui sonne dans la noirceur de la nuit et qui libère un tas des choses malsaines.

Kohout nous livre une sorte de chronique de son temps. L'atmosphère des derniers jours de l'occupation de Prague durant février 1945 y est très bien rendue; l'exaltation d'un côté, le dégoût de l'autre, le chaos ambiant - comme dans un zoo dont toutes les cages se retrouvent subitement ouvertes, et on commence à confondre les animaux avec leurs gardiens.

Pendant que le Protectorat vit ses derniers instants et l'insurrection pragoise bat son plein, le jeune criminaliste Morava se lance sur les traces d'un meurtrier sadique de veuves. Le cas se complique avec le meurtre d'une Allemande, et la Gestapo entre en jeu. Morava est forcé de coopérer avec Buback, un Allemand né à Prague. Une collaboration qui n'est pas facile - l'intérêt premier de la Gestapo étant plutôt d'infiltrer la police tchèque (le seul corps armé durant le Protectorat) et d'y glaner des renseignements. Mais leur étrange relation évolue en sorte de respect mutuel... Qui est le véritable ennemi, le véritable meurtrier ?
Le cerveau malade de Rypl est analysé à la perfection - dans la confusion ambiante et la soif de sang générale, il commence à s'attaquer aussi aux Allemands, ce qui le met, dans les yeux de certains, sur le piédestal d'un héros. Tous ces gens qui ne se rendent pas compte que dans leur fanatisme et dans leur désir de vengeance ils deviennent pareil à leurs propres tyrans.

Vous commencez à lire un polar sur un tueur en série, sur une enquête compliquée par la surveillance soupçonneuse de la Gestapo, mais rapidement, vous vous rendez compte que ce n'est pas l'histoire d'un seul meurtrier. Cela parle des meurtriers des deux côtés de la barricade - des Allemands qui ne tuent plus pour le Reich, mais pour sauver leur peau, et des Tchèques à double face, à l'apparence trompeuse des hommes respectables sans histoire.
Et avec chaque nouvelle victime votre dégoût grandit, mais vous commencez aussi à comprendre...

Mon enfance était remplie de rencontres avec les "vétérans" de la guerre, de rédacs sur les thèmes tels que "la libération de mon village", de dessins pleins de tanks décorés de lilas, de films de guerre russes...
Dans tout ça, comment imaginer en prime l'existence d'un "meurtrier ordinaire" ? A l'époque, cela ne m'a même pas effleuré l'esprit. Mais il n'est pas difficile de comprendre que la guerre, une tuerie organisée où le meurtre devient une norme, peut réveiller le "côté sombre" de certains, et libérer le mal qui, peut-être, resterait endormi dans les temps tranquilles.

Juste une étoile en moins, pour ce livre étoilé. Les intentions de Kohout de mettre en avant l'humanisme et la tolérance sont un peu trop évidentes, pour une histoire aussi noire. Ce n'était pas vraiment nécessaire.
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Où on découvre un pan de l'histoire du côté oriental de l'Europe, Prague, coincée entre les allemands et les russes essaye tant bien que mal de se sortir de plusieurs situations chaotiques; la fin de la seconde guerre mondiale avec la chute de l'Allemagne, la chasse au "tueur de veuves" (premier titre donné à ce thriller) et la montée du communisme.
Bien détaillé, cependant quelques longueurs m'ont parfois donné envie d'abandonner la lecture et puis non.

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Kohout Pavel, - "L'heure étoilée du meurtrier" – éd. de Fallois, 2000 - collection "folio-policier" (le titre est une mauvaise traduction du titre allemand "Sternstunde der Mörder", copyright 1995 pour l'édition originale) (ISBN 978-2070439737)

J'avais acquis ce livre au vu de la quatrième de couverture et de la biographie de l'auteur. Pavel Kohout est né à Prague en 1928, il a probablement vécu ce qu'il raconte dans ce roman, a été exclu du Parti Communiste tchécoslovaque en 1969 après le Printemps de Prague ; il fut, avec Vaclav Havel, l'un des rédacteurs de la Charte 77 (pour laquelle je pris quelques risques) et vit aujourd'hui de sa plume.

Le récit lui-même constitue une autre bonne raison de lire ce livre : l'intrigue se déroule en effet entre février et mai 1945, au moment où les armées allemandes reculent sur tous les fronts, où les gens commencent à prendre conscience que le nazisme et le IIIème Reich sont en train de s'effondrer, jusqu'en mai, après le suicide de la bande hitlérienne. Prague constitue un cas particulier, puisqu'il subsiste dans cette ville une puissante administration nazie ainsi qu'un corps d'armée allemand conséquent, qui se retrouvent sans instruction du pouvoir hitlérien alors que l'Armée Rouge soviétique avance inexorablement et que le Conseil National de la Résistance Tchécoslovaque se déchire entre les modérés et les communistes.
L'auteur a visiblement vécu cette époque : il ne fut peut-être pas au coeur des évènements (?), mais il est à même d'en produire une relation crédible.

C'est dans ce cadre particulier qu'il insère l'histoire d'un psychopathe qui massacre d'abord des femmes, veuves en passe de se remarier, puis se met à massacrer des allemands vaincus et en déroute avec la même sauvagerie, tout en réussissant à grouper autour de lui quatre ou cinq types de son acabit. La métaphore des femmes assassinées est justifiée en haut de la page 110 :

"Cette nuit-là, il fut frappé par une comparaison. Les bains de sang mondiaux ne procuraient-ils pas au Führer des Allemands qui en était à l'origine une satisfaction perverse identique à celle qu'éprouvait l'assassin inconnu en massacrant des femmes ?"

Pour des raisons à la fois policières (les victimes allemandes relèvent de la police allemande, les victimes tchèques de la police du "protectorat") et politiques (la Gestapo souhaite infiltrer et surveiller la police tchèque, seul groupe disposant de quelques armes et surtout d'une structure de commandement et de décision), l'inspecteur Buback (allemand, mais aussi praguois, parlant donc le tchèque) est chargé de collaborer sur cette enquête avec un jeune inspecteur morave nommé Morava. Peu à peu, les deux hommes s'estiment réciproquement et tentent de sauver ce qui peut l'être dans le chaos, tout en s'efforçant de retrouver ce déséquilibré.

Le récit est bien mené, avec quelques lourdeurs, mais la traduction n'est pas de la meilleure qualité. L'intérêt historique du récit est évident, montrant toute la complexité de la situation à Prague lors de l'effondrement du régime nazi. En mettant en scène des personnages tentant de conserver leur raison, tant allemands que tchécoslovaques, d'autres personnages (là encore dans les deux camps) se livrant au contraire à leurs instincts barbares, l'auteur évite de tomber dans les clichés habituels... mais un tel récit ne pouvait sans doute pas être écrit avant l'an 2000.

Un autre détail, amusant : la façon délicate de relater l'intrigue amoureuse qui se noue entre le jeune policier morave et la secrétaire confirme bien l'âge de l'auteur : seul un narrateur né avant la Seconde Guerre Mondiale pouvait encore narrer une bluette pudique, dans l'esprit des relations telles qu'elles existaient à cette époque entre les jeunes gens. "C'est du passé, n'en parlons plus".
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Voilà un cadre assez original pour nous Français : Prague à la fin de la Seconde guerre mondiale. Contrairement à la France libérée de l'occupation nazie en 1944, la Tchéquie est occupée jusqu'à la fin de la guerre, sa région des Sudètes étant annexée au Reich depuis 1938 et le pays n'existant encore que sous la forme d'un semi-Etat fantoche au nom évocateur de Protectorat de Bohême-Moravie. Pendant que, parallèlement, la Slovaquie a pris son indépendance et s'est alliée à Hitler. Dans ce cadre particulier, une riche noble allemande, veuve d'un ancien général mort au combat au début de la guerre, est sauvagement assassinée dans sa villa de Prague. Comme il s'agit d'une citoyenne du Reich, la section criminelle de la Gestapo est mise sur le coup. L'inspecteur Buback, d'origine tchèque (ce qu'il cache soigneusement), est mis sur l'enquête être et la police de Prague est cordialement sommée de lui prêter main forte. Lorsque des crimes similaires sont commis sur des Tchèques, toute l'équipe de la police criminelle de Prague va se mobiliser. Malgré le contexte de occupation, une estime mutuelle va se tisser entre Buback et l'inspecteur tchèque Jan Morava. Et pendant ce temps, le IIIe Reich vit ses dernières heures, les Russes arrivent, les Américains se rapprochent (avec l'espoir pour beaucoup, Tchèques comme Allemands, qu'il arriveront à Prague avant l'armée rouge) et l'occupation durera jusqu'à la capitulation finale du 8 mai. Pas forcément les conditions idéales pour une enquête policière, donc, et le tueur peut s'en donner à coeur joie.
C'est un très bon bouquin en tout point. L'intrigue est bien ficelée, les personnages sont très intéressants, c'est bien écrit et le cadre historique de la fin de l'occupation en Tchéquie (que je ne connaissais pas si bien que ça finalement malgré un fort intérêt personnel pour la Seconde guerre mondiale dans son ensemble) est très bien retranscrit. Bref, j'aime beaucoup !
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Bon petit polar au coeur du Prague de la fin de la guerre où une véritable anthropologie du peuple tchèque est mis en avant au travers d'une enquête bien ficelée. Les crimes sont particulièrement morbides et le questionnement entre crimes de guerre et crime tout court est très intéressant.
Les personnages sont bien représentés dans ce contexte de fin de guerre, beaucoup d'emphase romantique contrasté avec un fort désespoir dans certaines situations, j'ai trouvé que Kohout savait excellemment gérer les sentiments de ses personnages. Cela change du polar nordique ou du moins d'un certain type où le personnage possède un état émotionnel prédominant sur tout le reste.
De belles descriptions de Prague avec certains lieux que je connais donc cela m'a fait du bien de les retrouver.
Style simple, des fois un peu trop c'est le seul bémol mais il ne remet pas en cause la qualité de l'histoire.
J'ajoute l'expression superbe de certains dilemmes que les personnages ont en eux, très réalistes, cela fait du bien de voir "monsieur tout le monde" dans un livre, qui partage nos doutes et nos questions qu'il soit policier ou non.
Une belle oeuvre du genre policier.
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Comme toujours, il lut les journaux dans le train de nuit. TOUJOURS RIEN sur lui. C'était déjà le troisième jour qu'on y rabâchait que l'Allemagne espérait que la mort subite du président américain allait faire éclater l'alliance entre l'Ouest et les bolcheviks.
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Assis tout raide dans la voiture, comme il le faisait depuis le début de la guerre en présence de citoyens des territoires occupés - une attitude de militaire prussien suffisait à elle seule à susciter le respect - il était incapable de dire à laquelle des deux femmes il pensait. C'était la première fois que cela lui arrivait depuis Anvers et cela le perturbait. Etait-ce la jeune Tchèque inconnue qui rafraîchissait le souvenir de sa femme bien-aimée ?
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- Mais enfin, pourquoi me dites-vous ça, je pourrais être un provocateur!
- Vous le pourriez en effet. Moi aussi je pourrais l'être.
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Video de Pavel Kohout (1) Voir plusAjouter une vidéo

Théâtre
Les improvisations musicales sont interprétées par Yves PRIN au piano. Emission publique présentée par François Régis BASTIDE et Bernard DEUTSCH consacrée au théâtre, avec les critiques Gilles SANDIER, Caroline ALEXANDER, Matthieu GALEY et Dominique JAMET qui présentent : - "Pauvre assassin" de Pavel KOHOUT, par la compagnie du Grenier de Toulouse, mis en scène par Maurice...
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