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Zofia Bobowicz (Traducteur)Igor Newerly (Préfacier, etc.)
EAN : 9782221086605
288 pages
Robert Laffont (12/09/1999)
4.03/5   17 notes
Résumé :

Korczak, pédagogue de notoriété internationale, juif polonais, dirige dès 1913 un orphelinat aux méthodes d'éducation d'une modernité encore saisissante aujourd'hui. En 1939, l'Allemagne envahit la Pologne; Korczak et ses pupilles sont contraints de s'installer dans le ghetto de Varsovie. En mai 1942, quelques mois avant sa mort, Korczak entreprend la rédaction de son Journal - témoignage bouleversant d'un homm... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
« L'enfant est reconnu comme un homme, un être avec lequel il faut compter et que l'on ne doit pas tenir en laisse… »
Ces mots sont ceux de Janusz Korczak inlassable défenseur des droits de l'enfant, créateur de la Maison des orphelins, médecin, pédagogue et visionnaire.
On peut voir dans cette figure universelle le précurseur, l'inspirateur des Sabina Spielrein, Anna Freud, Melanie Klein, Sophie Morgenstern et autres Françoise Dolto.
Ayant émigré avec sa soeur Anka Goldszmit ( son vrai patronyme ) avant la guerre, tous deux retournent en Pologne, leur pays d'origine, et se retrouvent prisonniers du ghetto de Varsovie où tous deux vont se consacrer au sort des enfants orphelins dans ledit ghetto.
Entre 1941 et 1942, Janusz Korczak va comme Emmanuel Ringelblum ( historien du ghetto ), Adam Czerniakow ( président du Conseil juif du ghetto ) et Marek Edelman ( militant socialiste dont je vous ai déjà parlé ), tenir un journal.
Non pas un journal où seront scrupuleusement rapportés les "détails" de la vie du ghetto, mais un journal écrit la nuit, lorsque le sommeil s'efface devant l'impérieux besoin de dire, sur les pensées qui viennent à l'esprit du docteur en charge de deux cents âmes en loques, affamées, souvent malades, à l'agonie quelquefois, et toujours sous la menace des rafles de l'occupant, du rassemblement sur l'Umschlagplatz ( lieu d'où partent les convois de déportation pour Treblinka ). Un homme qui n'arrête pas de démarcher, de quêter dans le ghetto pour assurer la survie de ces enfants qui sont un peu les siens.
Alors surgissent mille pensées, souvent des bribes.
Sur son enfance, sur ses souvenirs militaires, sur le médecin et l'homme qu'il est.
Des questionnements aussi sur le devenir de l'humanité, avec des réflexions sur l'eugénisme, sur l'euthanasie, sur le suicide, sur la judaité et sur l'enfant... bien évidemment !
Ses pensées sont souvent interrompues par la sordide réalité du moment.
Cet homme déjà âgé ; il aura 64 ans quelques jours avant sa déportation en août 1942, est un homme usé (oedèmes des jambes, problèmes de hernie, de vessie, de coeur et pleurésie chronique ), mais jamais résigné.
Tous les jours, vingt fois sur le métier il remet son ouvrage.
Son journal ( pour vous donner une idée ) finit le 4 août 1942 sur ces mots :
" J'arrose les fleurs. Ma calvitie à la fenêtre - quelle bonne cible cela ferait !
Il a un fusil. Pourquoi reste-t-il comme ça, à regarder tranquillement ?
Il n'a pas reçu d'ordre.
Peut-être était-il instituteur à la campagne, ou notaire, ou balayeur des rues à Leipzig, garçon de café à Cologne ?
Que ferait-il si je lui faisais un petit signe de la tête ?
Un geste amical de la main ?
Il ne sait peut-être même pas ce qui se passe ?
Il est peut-être arrivé hier, de très loin."
Quelques heures après avoir écrit ces mots, Janusz Korczak fut déporté à Treblinka avec les 200 enfants de la Maison des orphelins.
Il fut le premier à entrer dans la chambre à gaz.
Une très jolie plume, un esprit brillant, un homme attachant.
Un indispensable pour celles et ceux qui gardent la curiosité d'entendre ces voix qui nous reviennent en écho du ghetto de Varsovie !
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Henryk Goldszmit dit Janusz Korczak (Varsovie 1878 – Treblinka 1942) fut une figure légendaire du ghetto de Varsovie, et bien plus encore. Médecin, éducateur, écrivain de talent, il a voué toute son existence à la cause des enfants, et il peut être considéré comme le grand précurseur de la Convention internationale pour la protection de l'enfance. Ce journal n'est pas une transcription du quotidien dans le ghetto, mais au contraire un texte très personnel, parfois assez déroutant (il écrivait la nuit, rognant sur un temps de sommeil déjà très court, il était âgé, affamé et immensément préoccupé, ses écrits suivent difficilement une pensée qui, elle, va très vite). En même temps, quelle leçon. Il était un humaniste, un vrai, capable en pleine furie nazi de poser l'importance pour les générations futures d'une réflexion concrète sur l'euthanasie, de décomposer ses années de vie en septennats et d'en dresser les points principaux, il observait beaucoup, les gens et les choses, les actes, et alors que tout, autour de lui, aurait dû l'amener à se recroqueviller sur la survie de base, il ne cessait d'ouvrir sa pensée et parvenait à s'élever – c'est totalement impressionnant. Il avait créé un orphelinat, s'occupait de quelques deux cent enfants, et alors qu'on lui proposait un passe-droit, a refusé de les quitter lors du départ pour Treblinka. Il a été le premier à entrer dans la chambre à gaz.
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livre confession, livre d'anticipation, tellement actuel tant dans son écriture que dans les sujets abordés. il repasse au fil des pages sa vie, ses envies, ses déboires avec réalisme et une certaine ironie, un humour noir parfois.
toute comparaison gardée sur le calvaire et la destinée de Janusz Korczak ,mais sur le fond pédagogique, ses idées éducatives me font penser à une autre" grande" en la personne d'Hannah-Arendt.
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Certains pourront penser qu'il s'agit une énième fois de la Shoa et de ses horreurs et que nos oreilles en ont été rabattues de mille et une façons. Je réponds non, chaque témoignage est unique car il concerne une vie, une personne avec ses propres angoisses, ses propres peurs. Car si les ambitions peuvent être communes et/ou semblables, la peur, elle, est unique pour chacun et revêt différents visages.

L'intérêt de ce livre est qu'il en est peu faisant état du journal tenu par ce grand humaniste qu'était Janusz Korczak. On trouve des biographies de lui, des livres ventant ses principes et méthodes d'éducation mais un journal écrit de sa main, c'est le premier que je lis.

Par ailleurs, malgré toute l'empathie qu'il peut avoir sur le sort réservé à son peuple, et tout son dévouement, pour les enfants qui lui sont confiés ou qu'il ramasse dans la rue, il reste lucide tant sur leurs qualités que sur leurs défauts... Il est a noter que tant que l'orphelinat exista dans le ghetto aucun enfant n'y mourrut de faim, et peu du thypus qui faisaient des ravages dans le ghetto. Janusz Korczak força les portes des plus riches - ce qui parait une gageure dans le ghetto - et exigea du Judenrat des supplément de nourriture, de chauffage et de médicaments.

Lors de l'évacuation de l'orphelinat, il faut également préciser qu'un officier allemand a proposé à Janusz Korczak, un sauf conduit qui lui aurait permis de sauver sa vie, et qu'il a refusé pour ne pas abandonner "ses enfants" dans la mort.


Lien : http://adighee.canalblog.com..
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Journal d'un ghetto n'est pas un livre qui nous raconte, de manière linéaire, L Histoire entre mai et août 1942 qui s'est déroulée à Varsovie. Ce n'est pas non plus un livre biographique. C'est un livre qui nous plonge dans les pensées de Janusz Korczak. Des pensées qui sont couchées immédiatement sur papier sans se poser la question du lecteur. A travers les écrits de l'auteur, nous ressentons, en tant que lecteur, son besoin d'écriture. Par contre, ses écrits restent parfois très énigmatiques. Parmi ceux-ci, le lecteur comprend que pour cet homme, être un bon homme ne réside pas dans sa nationalité ou ses croyances mais dans les actions qu'il accomplit vis-à-vis de son prochain. La deuxième partie du livre est plus poignante car Janusz Korczak sait que c'est la fin.
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critiques presse (1)
Telerama
11 janvier 2012
Ce texte n'est pas un cri de souffrance mais un témoignage littéraire et humaniste. Ce qui compte, pour cet homme, c'est de protéger les enfants, les nourrir, les soigner dans des conditions impossibles.
Lire la critique sur le site : Telerama
Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
Le long du trottoir gît un adolescent, peut-être vit-il encore... A côté, trois garçons jouent "aux chevaux" ; ils courent attelés à de longues rênes. Mais voilà que les rênes s'emmêlent, les garçons se consultent, tentent de les démêler, s'impatientent, et comme le corps de l'autre les gêne, ils le poussent du pied. A la fin, l'un d'eux :
- Allons plus loin, il nous dérange !
Ils s'éloignent de quelques pas et continuent à se débattre avec leurs cordes.

page 93
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J'ai souvent rêvé et projeté de me rendre en Chine.
Cela aurait pu m'arriver, facilement même.
Ma pauvre Yu-Ya du temps de la guerre japonaise. Je lui ai fait une dédicace en langue polonaise.
Il lui a fallu toute la patience de ses quatre ans pour apprendre le chinois à un cancre comme moi.
Je n'ai rien contre les instituts de langues orientales, avec leurs professeurs, leurs cours magistraux.
Mais chacun devrait aller passer une année dans un village oriental comme celui-là pour y suivre le cours d'initiation d'un professeur âgé de quatre ans.

page 71
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L'âme se languit dans la cage étroite du corps. Les gens ressentent la mort, pensent à elle, comme si c'était la fin, alors qu'elle n'est que la suite de la vie, une vie différente.
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Je voudrais mourir conscient et lucide. Je ne sais pas ce que je pourrais dire aux enfants en guise d'adieu. J'aimerais seulement leur faire comprendre qu'ils sont libres de choisir leur voie.
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Je ne suis pas allé en Chine, c'est la Chine qui est venue à moi. La faim chinoise, la misère chinoise de l'orphelin, la mort chinoise des enfants.

page 71

(Contexte : guerre sino-japonaise)
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