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Maurice Pons (Traducteur)
EAN : 9782290006283
285 pages
J'ai lu (28/09/2007)
3.79/5   140 notes
Résumé :
Dans ce paysage désolé de l'Europe de l'Est ravagée par la tourmente de la guerre, un petit garçon de six ans est envoyé à la campagne par ses parents.
Campagne hostile dans laquelle les plus extravagantes superstitions survivent. L'enfant a les cheveux noirs, là où tout le monde est blond.
Tel l'oiseau bariolé, il tente en vain de convaincre ceux qui l'entourent qu'il fait partie des leurs. Peine perdue. Il reste l'autre, le "Bohémien", celui par qui... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (28) Voir plus Ajouter une critique
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« L'oiseau bariolé » (1965) est, disons-le franchement, un livre un peu spécial. Écrit par Jerzy Kosinski, l'ouvrage - de renommée internationale – est réellement déroutant : s'agit-il d'une autobiographie romancée sur la Shoah ? d'une parabole surréaliste sur la destinée humaine ? d'un exutoire écrit par un vrai-faux témoin privilégié mais impuissant et culpabilisé par une réalité effrayante qui le dépasse ? L'ouvrage offre à mon sens plusieurs niveaux de lecture. Autre particularité : il soulève des questions d'une brulante actualité, sur la vérité, l'adoption et l'utilisation des témoignages. En effet, qu'est-ce que la vérité, considérant que la vérité historique n'est ni la vérité littéraire ni la vérité psychologique ? qu'est-ce que l'adoption sinon une position (temporairement ?) inconfortable, entre le déracinement (d'une ancienne famille) et l'enracinement (dans une nouvelle famille) ? comment éviter la récupération des vrais-faux témoignages, lesquels appliqués à la Shoah peuvent encourager le négationnisme ?

Le thème du livre ? Nous sommes en 1939, en Pologne. Un petit garçon, Juif polonais, âgé de six ans, est confié par ses parents (son père est un activiste anti-nazi) à la garde de paysans, dans un village situé à l'Est du pays (donc loin de l'Allemagne), dans le but que l'enfant ait quelque chance de survie dans un univers marqué par la montée du nazisme et les persécutions. Les parents perdent la trace de l'enfant. Celui-ci erre de village en village, fuyant une campagne hostile et violente. Pourchassé, l'enfant - qui a les yeux et les cheveux noirs, là où tout le monde est blond aux yeux bleus - évolue au milieu des hommes tel un oiseau bariolé : il tente de se fondre dans la communauté villageoise polonaise mais il est celui par qui le malheur arrive (les Juifs n'ont-ils pas assassiner le fils de Dieu ?) et il est donc condamné à être persécuté, tel un oiseau dont on peint les ailes afin qu'il soit assassiné par ses congénères qui ne le reconnaissent pas. Dans ce voyage au bout de l'enfer, l'enfant – en quête de ses semblables, semblables dont il dépend pour sa survie - ne restera en vie qu'au prix de blessures physiques et psychiques ineffaçables. L'auteur nous rapporte les troubles, les violences et les persécutions subies par l'enfant : il effectue des travaux très pénibles ; il est battu, pourchassé, humilié, témoin d'atrocités, de tortures, de meurtres et de viols ; dans chaque famille où il va, les choses tournent mal pour lui et il doit s'enfuir. Jerzy ne nous épargne rien. Ainsi, mais je n'en dirai pas plus, une jeune Juive handicapée se fait violer par un homme, un lapin est dépiauté vivant sous les yeux du petit garçon, un homme arrache l'oeil d'un autre avec une petite cuillère, les petits paysans immergent l'enfant dans l'eau glacé afin de le noyer, l'enfant est jeté dans une fosse à purin, etc.

Jerzy Nikodem Kosinski, de son vrai nom Jozef Lewinkopf, est né à Lódz en Pologne en 1933, quelques mois après l'accession d'Hitler au pouvoir. Né d'une famille d'intellectuels et d'artistes Juifs, il survit à la Seconde Guerre mondiale en se cachant sous une fausse identité chez des paysans polonais dans l'Est du pays. Un prêtre catholique lui aurait délivré un faux certificat de baptême afin de le faire passer pour un vrai chrétien. Jerzy Kosinski ne retrouve ses parents qu'en 1945. Il serait resté longtemps muet jusqu'à ce qu'un accident de ski ne lui fasse recouvrer l'usage de la parole.

A ce titre, « L'oiseau bariolé » ressemble à s'y méprendre à l'histoire personnelle de Jerzy Kosinski. Alors, est-ce une autobiographie romancée sur la Shoah ? Non, d'ailleurs l'auteur déclara qu'il s'agissait d'une fiction littéraire, affirmant « Quand vous écrivez de la fiction, la partie de vous qui écrit est totalement séparée de celle qui vit votre propre vie. ». Par ailleurs, et bien que ces événements étaient, hélas, monnaie courante à cette époque, d'aucuns pensent qu'ils n'ont selon toute vraisemblance pas été personnellement vécus par Jerzy Kosinski. La preuve ? Les témoins de la Shoah sont généralement moins bavards sur les démonstrations de sadisme dont ils ont été l'objet ou dont ils ont été les témoins. de plus, sous une telle avalanche de tortures un enfant de six ans n'aurait pas survécu seul aussi longtemps, là où un adulte aurait rapidement sombré. Enfin, à l'examen, le livre ne paraît pas avoir été écrit par Jerzy Kosinski seul : il ne maitrisait pas suffisamment la langue anglaise et de longs passages du livre semblent avoir été empruntés dans des textes polonais méconnus, ce qui expliquerait certaines différences de style.

Une parabole surréaliste sur la destinée humaine ? Probablement. Pour être accepté par ses semblables, l'homme doit indiscutablement avoir des comportements similaires aux leurs. Être Juif ou bohémien dans la Pologne de cette époque c'est incontestablement être différent. Or, si l'homme a peur du changement, il a encore plus peur de la différence. Être différent, c'est à la fois visible et dérangeant ; c'est s'exposer et provoquer l'autre, parfois au péril de sa propre vie. « L'oiseau bariolé » regorge de preuves accablantes en ce domaine, l'enfant Juif n'ayant dû sa survie qu'à sa débrouillardise et à la chance. Prenant un peu de recul, on pourrait dire que la vie de tout être humain recèle une part de tragédie : il faut l'accepter et ça donne un sens à la vie, laquelle perd de sa banalité. Cette tragédie est d'autant plus acceptable qu'elle s'accompagne de petites joies, et c'est le destin de l'homme. Des joies, il y en a dans « L'oiseau bariolé » : ainsi, l'enfant Juif se prend d'affection pour le petit garçon jeté par les siens en dehors du wagon plombé qui l'emmenait vers un camp de concentration ; l'enfant Juif se lie d'amitié avec un adolescent muet mais costaud, surnommé « le Silencieux » ; l'enfant Juif découvre les premiers gestes amoureux dans les bras d'une jeune paysanne.

Comment accepter d'avoir survécu là où nombre de vos proches ont disparu, innocents réduits d'abord à l'état de squelettes vivants avant d'être broyés par la barbarie nazie ? L'histoire nous le rapporte : les fours crématoires servaient à exterminer en priorité les enfants ; venaient ensuite les handicapés, les personnes âgées et tous ceux qui étaient en grande faiblesse. Or, la protection des plus faibles est une des valeurs de notre civilisation judéo-chrétienne. le survivant, en l'espèce Jerzy Kosinski, était un enfant à l'époque des faits : or la violence nous paraît d'autant plus grande qu'elle est exercée contre un enfant. Jerzy Kosinski ressent en tant qu'adulte sa survie comme une faute, car il n'a pas fait partie des victimes. Enfant, il était impuissant devant l'occupant, devant les barbelés, devant l'impassibilité des gouvernements occidentaux, etc.. Adulte, après la Seconde Guerre mondiale, cette impuissance et cette culpabilité le martyrisent. Écrire, c'était résister, s'opposer, cracher une partie du venin qui le rongeait, redevenir vivant et se reconstruire enfin une identité autonome. Alimenté par des éléments réels, écrit en 1965, « L'oiseau bariolé » pourrait avoir servi d'exutoire pour un vrai-faux témoin impuissant, durablement culpabilisé par une réalité effrayante et inacceptable, et malheureux de n'avoir jamais été à sa place.

« L'oiseau bariolé » est un best-seller mondial, souvent cité parmi la liste des incontournables. Poignant, atroce mais fascinant, le livre est un long et pénible monologue, sec, sale, sombre, brutal, violent et effrayant, jusqu'à l'insupportable. le style est sobre. Les personnages sont variés (Olga, la guérisseuse, Martha, la sorcière, Lekh, le chasseur d'oiseau et les autres, sans oublier les Kalmouks et les soldats de l'Armée Rouge). Rude à supporter, l'ouvrage contient heureusement quelques éléments poétiques et fantastiques qui permettent de supporter les images de la guerre, de la barbarie et de la monstruosité humaine mise à nue. La fin du livre est une délivrance.

Destiné à un public averti.
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Ce livre a été sujet de multiples polémiques,et dans la vieille édition que j'ai retrouvée,rescapée de moult déménagements et incendie,Jerzy Kosinski s'en explique...à vous de lire,de croire,d'être dubitatif...
Quant à la lecture de ce chef-d'oeuvre,elle est un véritable chemin de croix,je pensais le savoir par coeur,ce bouquin,mais ce coeur a été labouré,étranglé,supplicié une fois de plus...bariolé tels les oiseaux envoyés au soufre et à l'atrocité,croisés sur quelques pages de ce livre.
Un jeune polonais a été confié à une nourrice ,au début de la seconde guerre mondiale,par des parents souhaitant lui en éviter les tourments.Làs,làs!!!Avec ses cheveux noirs et ses yeux bruns,il est désigné de suite comme juif,"bohémien",et sitôt sa première nourrice morte,il entame un horrible chemin...plus petit que la moyenne,ne parlant pas le patois des villages polonais qu'il traverse.Victime de croyances villageoises,il est battu,exploité,torturé,et témoin de multiples exactions ,il évite la mort moult fois,soit pendu au-dessus d'un chien que l'on a dressé contre lui,des heures et des heures,et ce pendant des jours et des jours;soit noyé dans une fosse à purin,soit jeté dans un trou dans la glace par une troupe de gamins,et de façon constante en état d'angoisse de mort, flagellé,affamé,victime de sévices,esclave dans les champs,sauvé parce que les villageois pensent que ,s'il a pu compter leurs dents,leur vie en sera raccourcie d'autant d'années...Il est livré aux allemands,et celui qui doit l'exécuter le laisse s'enfuir;lui,qui en a tant vu,n'y croit pas,pense qu'il va être fusillé dans le dos,le soldat doit s'allonger,jeter son fusil au loin après en avoir ôté les cartouches...j'avais oublié qu'après des supplices terribles,un autre survenait,puis un autre,puis un autre encore..Un enfant juif jeté d'un wagon,mis à mort pour être dépouillé de ses habits,le sort de ces jeunes femmes,les kalmouks de l'armée allemande qui pillent,tuent,violent,avant d'être à leur tour pendus par les pieds ,car les troupes soviétiques sont arrivées...et j'occulte tant et tant,il faut bien laisser le lecteur découvrir...La scène d'une lapine à moitié dépiautée par notre enfant,qui arrive à s'enfuir pour peu de temps,les femmes amenées au bouc ou au cheval,ou au frère,au père,au village...Aucun répit dans cette vie en Enfer,et ce petit qui pense d'abord devoir être blond aux yeux bleus,pour en réchapper,puis qui pense que plus les gens font le Mal,plus ils sont couverts dans leur vie sur terre...A un moment,il devient muet...normal,non?
Il n'y a pas de texte à masquer,car le pire,je ne vous le livre pas...
L'enfant finit par être recueilli par l'armée soviétique.Non,il ne meurt pas ,pas physiquement...et je ne parle pas de la toute fin...
En préambule,l'auteur se défend d'avoir écrit une autobiographie,(la Pologne a fait interdire ce livre des dizaines d'années),je pense qu'en effet,il a cumulé des faits réels arrivés à beaucoup d'enfants en cette période(longue,si longue,j'en frissonne),et que de plus les traumatismes ont été plus qu'abominables pour ceux récupérés de ces campagnes polonaises,selon lui,mais qui le sait vraiment?
C'est seulement à présent que je comprends pourquoi ce livre était interdit dans mon lycée,mais je l'ai lu,bien sûr ,à cette épique époque des années 70...et relu parfois,mais,là,ouahhh!
Cette écriture serrée et froide nous submerge cependant d'une émotion qui m'a tant envahie ,au point que je n'osais plus ouvrir "L'oiseau bariolé"ces derniers jours,sauf à pouvoir le finir pour changer radicalement de lecture.
Et c'est quoi,l'oiseau bariolé?A vous de lire l'histoire de Leikh ,un des personnages du livre, qui bariolait les oiseaux... au destin de sang et de boue..
Et lisez la chronique de Zébra,qui vous éclairera de façon un peu différente!
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Même s'il fut un best-seller (adoubé par les plus grands tels Elie Wissel ou Arthur Miller), voilà sans aucun doute le roman le plus contesté de Jerzy Kosinski, romancier aux mille visages, provocateur, flamboyant, fantasque, obsédé sexuel, obscur, accusé de plagiat, d'avoir recours à des nègres, habitué de pitreries à la télévision et à la radio, et finalement mort suicidé à New York en 1991 à l'âge de 58 ans. Une vie hallucinante et un homme «« affreusement charmant, d'une cupidité folle et totalement désintéressé, très malin et d'une bêtise achevée »,dira de lui Janusz Glowacki, écrivain polonais dans son livre « Good night Djerzi « . D'ailleurs évoquant sa jeunesse et son adolescence en Pologne, J. Kosinski dira lui-même :« Au lieu d'écrire de la fiction, je m'imaginais moi-même comme un personnage de fiction»
« L'oiseau bariolé » est un récit écrit à la première personne qui se veut autobiographique. Il décrit le monde vu par un jeune garçon, gitan ou juif qui erre dans un pays d'Europe centrale ou orientale durant la Seconde Guerre mondiale et apprend à survivre dans un monde d'où toute référence humaniste a disparu. Nous sommes confrontés à des scènes atroces remplies de violence et de cruauté, de tortures aussi bien morales que physiques. Tout cela dans un style assez monotone, voire sec, comme si cela était inéluctable, presque « normal ».
En résumé une histoire plutôt horrible. Sauf que cette histoire qui se veut autobiographique serait largement inspirée d'un roman polonais paru dans les années « trente »…..
En fait, un livre inséparable de son auteur, à sa démesure, et qu'il convient sans doute d'aborder sous cet angle là.
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C'est le récit douloureux jusqu'à l'insupportable de ce que va vivre durant des années de guerre un petit garçon que ses parents envoient dans une campagne lointaine, croyant bien faire, pour le mettre à l'abri des troubles, des violences, des persécutions. Fatale erreur. Ce que connaîtra l'enfant sera bien pire que tout ce que l'on peut imaginer. Chassé, rejeté, persécuté de tous les cotés, maltraité par tous ceux qui prétendent le recueillir, seul, dramatiquement seul du début à la fin, le plus dur est finalement la lucidité et le fatalisme avec lequel il raconte les sévices qu'il subit. Au long de cette lecture terrifiante, on s'arrête maintes fois, on a envie de fermer définitivement le livre, de crier pour que çà s'arrête tant il y a de quoi devenir fou.
J'ai cru longtemps qu'il s'agissait d'un récit autobiographique, l'auteur, enfant juif polonais caché chez des paysans pendant la seconde guerre mondiale, ayant forcément cotoyé le rejet, le fanatisme et la haine. Il n'en est rien, l'essentiel du roman est de la pure invention, alors de quoi a-t-il été le témoin impuissant, ou de quels obscurs fantasmes a-t-il nourri son récit, pour parvenir à un tel niveau dans la description de la violence à l'égard d'un enfant et dans la détresse de cet enfant séparé de ses parents ?
L'oiseau bariolé est celui qui, différent des autres, est pour cette raison l'objet de toute leur haine et de toute leur cruauté. Il a dû se sentir bien différent, Jerzy Kosinski, pour écrire ce livre.
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L'Oiseau bariolé est l'un des livres les plus poignants écrits sur les horreurs de la Seconde Guerre mondiale. le héros du livre est un petit garçon dont nous n'apprenons jamais le nom, et de toute façon, cela n'a pas d'importance, puisque son identité devra être cachée. Au début de la Seconde Guerre mondiale, il a six ans (l'âge qu'avait Jerzy Kosinski en 1939). Ses parents l'envoient dans un village éloigné, comme des milliers d'autres parents, pour le protéger des ravages de la guerre et de la discrimination qu'il pourrait subir en raison de son apparence différente. Il a les yeux sombres, il est peut-être juif, peut-être gitan, son identité ethnique n'est pas non plus révélée. Son apparence, cependant, le désigne dès le départ comme un danger pour les autres et une victime potentielle. le thème de la non-acceptation de ceux qui sont différents et de la persécution qu'ils subissent dans les conditions extrêmes de la guerre est l'un des thèmes centraux du livre. La zone exacte dans laquelle se déroule l'action n'est pas identifiée, mais on peut deviner qu'il s'agit de la région des montagnes qui chevauchent les frontières de la Pologne, de la Slovaquie et de l'Ukraine.

L'écrivain Jerzy Kosinski utilise une métaphore très puissante tirée du monde des oiseaux, qui donne son nom au livre. L'une des personnes que le garçon rencontre en chemin est un oiseleur, qui, parfois, par ennui, choisit un de ses plus beaux oiseaux, le peint de couleurs fantastiques et le lâche. Poussé par un instinct impérieux, " l'oiseau bariolé " rejoint ses congénères, mais eux ne le reconnaissent plus pour un des leurs, lui arrachent les yeux et le déchirent avec leurs becs.

La mort de la femme à qui il avait été confié et la destruction de sa maison déclenchent une succession d'épisodes qui semblent faire partie d'une édition révisée de l'Enfer de Dante. le jeune garçon de six ans comprend rapidement que ses parents ne viendront pas le chercher de sitôt, ou peut-être jamais, et qu'il doit survivre dans une nature sauvage souvent hostile. L'enfant est témoin, victime et parfois participant à des horreurs et des cruautés que seuls les humains peuvent inventer pour d'autres humains. La mort est présente à chaque tournant et l'innocence de l'enfant est rapidement détruite par l'instinct de survie. le garçon va essayer de comprendre quelles sont les lois de ce monde cruel, mais l'absurdité de l'univers dans lequel il vit annule tout système auquel il essaiera de faire appel pour obtenir de l'aide. Les prières sont inutiles, car Dieu semble fermer les yeux sur tout ce qui se passe. le pacte avec le diable n'est pas mieux. La seule raison d'exister pour l'enfant reste la survie, et peut-être, en plus, le désir de ne rien oublier et d'être, un jour ou l'autre, un témoin.

Dès sa sortie, L'oiseau bariolé a suscité des controverses, le livre étant même interdit en Pologne jusqu'en 1989. Des nombreuses variantes ont été publiés, avec ou sans préface/postface explicative, avec ou sans notes. Personnellement, j'ai lu ce livre dans une édition en langue roumaine, sans autre ajout, seulement l'histoire, telle quelle, ce qui m'a permis d'apprécier et de juger le texte lui-même, ce qui est finalement l'essentiel.
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critiques presse (1)
Lexpress
08 janvier 2013
La séduction captieuse de ce Good night, Djerzi! tient au fait que Janusz Glowacki ne juge jamais son compatriote. Il nous donne à voir un homme insaisissable, qui joue à cache-cache au milieu des buildings de New York comme il l'avait fait entre les fermes polonaises
Lire la critique sur le site : Lexpress
Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
C'était un grand et bel animal. On sentait en lui un besoin de liberté, un profond désir de gambader, de bondir, de filer dans la campagne. Enfermé dans sa cage, il devenait enragé, grattait le sol de ses pattes, se cognait la tête contre le grillage. Au bout de quelques temps, Makar furieux, lui jeta dessus une lourde bâche. Le lièvre se débattit d'abord comme un diable, mais il finit par se rendre. Il s'apprivoisa peu à peu, jusqu'à venir manger dans ma main. Un soir qu'il était ivre, Makar oublia de refermer la porte de son clapier. Le lièvre bondit dehors et partit vers la prairie. Je crus qu'il allait plonger dans les hautes herbes et disparaître à jamais. Mais il semblait savourer sa liberté et demeurait assis, les oreilles dressées. Des champs et des bois lointains lui parvenaient des bruits qu'il était seul à entendre et à comprendre, des effluves et des parfums qu'il pouvait seul apprécier. Puis tout à coup, il changea d'attitude. Ses oreilles retombèrent, il se tassa sur lui-même. Il fit un bond, ses moustaches frémirent, mais il ne s'enfuit pas. Je sifflai de toutes mes forces, dans l'espoir de l'éveiller au sentiment de sa liberté. Mais il se contenta de tourner en rond puis, comme soudain vieilli et diminué, il retourna en rampant vers son clapier. Il passa devant les lapins étonnés et sauta dans sa cage. Je n'avais qu'à refermer la porte. En vérité, il portait sa cage en lui-même; elle lui entravait le coeur et l'esprit, elle paralysait ses muscles. La liberté, qui le distinguait jadis des lapins amorphes et résignés, l'avait déserté, comme le parfum s'envole à l'automne du trèfle desséché.
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page 80
[...] Les villageoises en furie maintenaient Ludmila clouée au sol. Elles s'étaient assises sur ses bras et sur ses jambes. Elles la frappaient à coups de râteau, lui lacéraient la peau du ventre de leurs ongles, lui arrachaient les cheveux, lui crachaient au visage. Lekh tenta d'intervenir mais elles le repoussèrent brutalement et l'assommèrent à demi avec les manches de leurs râteaux. Plusieurs d'entre elles le retournèrent sur le dos et le piétinèrent. Après quoi elles tuèrent le chien à coups de bêche. Les bergers, assis tranquillement sur le mur, contemplaient le massacre. [...]
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Invisible et rusée, la Maladie se glisse dans les corps, à travers l'air, à travers l'eau ou à travers le contact des hommes et des animaux ; ou bien encore - et là Marta me lança un regard inquiétant - à travers des yeux noirs, cernant un nez crochu. De tels yeux, qu'on appelait les yeux de Bohémiens ou de sorcière, étaient capables de transmettre les infirmités, la peste ou la mort. C'est pour cela qu'elle m'interdisait de la regarder droit dans les yeux, et même de regarder en face les animaux de la ferme. Elle m'avait ordonné de cracher trois fois et de me signer, s'il m'arrivait, par malheur, de le faire.
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L’une des distractions préférées des villageois était de prendre des oiseaux au piège, de peindre leurs plumes puis de les relâcher pour qu’ils ailes rejoindre leurs
congénères. Comme ces créatures aux couleurs vives cherchaient la protection de leurs
compagnons, les autres oiseaux, voyant en eux des étrangers menaçants, attaquaient et mettaient
en pièces ces parias jusqu’à ce que mort s’ensuive.
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Chacun porte en soi sa propre guerre, qu’il doit assumer, gagner ou perdre, tout seul, selon sa justice personnelle.
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Vidéo de Jerzy Kosinski
UCHRONIE[S] EPILOGUE / Bande-annonce .UNE CHOSE EST CERTAINE EN TOUT CAS : L'HISTOIRE DE NE REPASSE JAMAIS LES PLATS.Charles Kosinski et Tia Brown désirent quitter New Harlem et rentrer chez eux, à New York, dans leur propre réalité. Seule la "fusion noire" leur permettrait de réaliser leur projet, mais selon toute vraisemblance cette technologie révolutionnaire, mise au point par Charles lui-même, n'existe pas dans ce monde.Une enquête approfondie leur révèle bientôt que des scientifiques sont en train de mener des recherches dans ce sens. Charles et Tia n'ont alors qu'une option : entrer en contact avec ceux qui dirigent ce laboratoire secret...On prend toute la mesure de la maestria de Corbeyran dans l'ultime épisode de cette grande saga d'anticipation : les univers interconnectés fusionnent et les destins des protagonistes prennent enfin tout leur sens. C'est Éric Chabbert, le dessinateur de New Byzance, qui mettra en image ce dernier volet avec le brio qu'on lui connaît.En librairie le 23 février 2011Plus d'info et feuilletage des premières planches sur le site Glénat BDDevenez fan sur Facebook !
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