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EAN : 9782732458748
192 pages
Editions de la Martinière (03/10/2013)
4.4/5   5 notes
Résumé :
Jamais la mort n'a été aussi belle... Le squelette entièrement articulé d'une sainte, vêtu d'un somptueux costume de brocart de soie et de dentelle d'or, dressé au-dessus de l'autel d'une petite église paroissiale suisse, ses doigts desséchés scintillant de couleurs, de rubis, d'émeraudes et de perles, saisissant une épée. C'est l'une des cinquante reliques exceptionnelles photographiées pour ce livre par Paul Koudounaris. Cet ouvrage relate l'incroyable et fascinan... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Amateurs de curiosités, de l'étrange qui dérange, vous ne serez pas déçus. Ce livre richement illustré vous propose de découvrir des célébrités du 17ème siècle un peu particulières. Si plonger votre regard dans les orbites du Saint Maximus de la couverture ne vous a pas fait fuir, plongez-vous dans l'incroyable histoire de ces « Katakombenheiligen ».
Sorties tout droit de catacombes romaines découvertes en 1578, ces stars de l'au-delà ont entrepris un long voyage pour aboutir en pays germanophones. Mais me direz-vous, quel peut être le but d'une importation massive de squelettes romains non-identifiés ? Et bien il s'agit là d'une riposte stratégique de l'église catholique. Les partisans de la réforme ont détruit moult reliques dans les lieux de culte ? Qu'à cela ne tienne, une armée de soldats du Christ va être constituée pour en mettre plein les mirettes aux fidèles. Entièrement articulés, emballés de gaze et couverts de filigrane et de bijoux les modestes ossements anonymes sont devenus les Saints les plus « bling-bling » de la création. Ils seront accueillis comme des rois par la foule au son des cloches et des coups de cannons, passeront sous des haies d'honneur accompagnés de cortèges de jeunes filles portant des guirlandes de fleurs. Ils protègeront leur paroisse d'adoption et y attirerons de nombreux croyants venus de loin pour bénéficier des pouvoirs qui leur étaient attribués. Passe le temps et avec le 19ème siècle vint la déchéance. L'origine douteuse des squelettes est révélée et leur présence gêne désormais l'église catholique. On a aussi un peu de mal à se consacrer à la prière sous l'oeil de verre de Sainte Munditia. La mort, il est désormais de bon ton de la cacher. Dépouillés de leurs ornements, vendus, détruits, remisés, emmurés la plupart des « Katakombenheiligen » vont sombrer dans l'oubli. Un beau livre pour une ultime rencontre ou plus si affinités.
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Outre des photos somptueuses, l'ouvrage de Paul Koudounaris présente un épisode peu connu (et que de toute évidence l'Eglise préférerait oublier) de la Contre-Réforme.

A la fin du XVIe siècle furent redécouvertes à Rome des catacombes. Les considérant (sans preuve) comme les tombes de martyrs chrétiens et reconnaissant parmi les corps ceux de saints à partir de signes arbitraires, l'Eglise catholique décida d'utiliser ces squelettes dans la guerre qui l'opposait alors au protestantisme. Les protestants s'étaient farouchement attaqués au culte des reliques de saints pratiqué par les catholiques, au point de détruire ces dernières quand l'occasion se présentait. Qu'à cela ne tienne, le camp catholique avait désormais à sa disposition bien plus spectaculaire que ces pièces détachées. Pléthore de corps de soi-disant saints, entièrement recouverts de gemmes et tissus précieux furent ainsi transportés dans les églises allemandes pour y être vénérés. Besoin d'un saint Patrick ? Voilà un squelette, appelons-le Patrick, mettons-lui une jolie tenue, des bijoux jusque dans ses orbites vides et bientôt les fidèles se presseront pour venir l'admirer, feront des processions en son honneur et multiplieront bien sûr les donations.

Il est difficile de ne pas ressentir une certaine tristesse face à une telle pratique, en particulier, peut-être, quand on a comme moi la fibre anticléricale. Koudounaris a suffisamment de recul vis à vis de son sujet pour demeurer factuel et aussi impartial que faire se peut, mais les faits parlent d'eux-mêmes.

Au-delà de toute considération religieuse, ces corps sont des oeuvres fascinantes, ornementées avec un soin, une finesse et surtout une richesse inconcevables. Leur valeur non seulement historique mais surtout artistique est indéniable, et c'est ce patrimoine désormais détérioré et en grande partie disparu que l'essai de Paul Koudounaris a le mérite de révéler. Considérés comme gênants par l'Eglise depuis le XXe car devenus source d'effroi, nombreux sont les "saints" qui ont été détruits, qui demeurent aujourd'hui dissimulés derrière des parois pour ne pas heurter les fidèles ou prennent la poussière dans des réserves. En offrant une progression historique du XVIe à nos jours, l'essai montre l'évolution du regard porté sur ceux qui furent tirés de leur tombe pour devenir objets de culte, et avec lui l'évolution des mentalités et de notre rapport à la mort.
Lien : https://mahautdavenel.wordpr..
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
"We do not know what these corpses are. Well, the custodian needs relics of St Patrick, for instance, so this body is named St Patrick"
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