AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Christine Zeytounian-Beloüs (Traducteur)
EAN : 9782020556545
112 pages
Seuil (15/04/2003)
3.63/5   191 notes
Résumé :
Un chômeur, plaqué par sa femme alors même qu'il venait enfin de gagner une grosse somme d 'argent, noie son chagrin dans le bar d'un ami qui lui conseille de commanditer le meurtre de son rival. Le désespoir et l'alcool aidant, c'est sa propre mort que le malheureux cocu décide de programmer. Lorsqu'il change d'avis, il est trop tard, un tueur à gages est déjà à ses trousses...
Que lire après L'ami du défuntVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (29) Voir plus Ajouter une critique
3,63

sur 191 notes
5
6 avis
4
13 avis
3
7 avis
2
1 avis
1
0 avis
Comme j'aime l'écriture de Kourkov ! Avec lui, je plonge instantanément dans l'histoire. Pas de perte de temps à piétiner dans le vestibule en me demandant qui sont ces gens et si je vais me plaire avec eux. Dès les premières lignes, il m'emmène dans son monde et je m'y sens aussi à l'aise que si c'était le mien.

J'aime sa manière d'aller à l'essentiel, de ne pas se perdre en fioritures, en exercices de style. Ses mots sont précis, ses phrases concises et sensées, ses personnages d'une banale et si touchante humanité, ses intrigues pleines de rebondissements sont pourtant amenées sans roulements de tambour. Tout se déroule avec une étonnante fluidité.
Kourkov raconte, il n'est pas dans la démonstration. Il ne cherche pas à prouver qu'il est un bon écrivain. Il n'en a pas besoin. Il l'est. Et, incontestablement, de grand talent.
Commenter  J’apprécie          540
« L'ami du défunt » est ce genre de récit où le comique le dispute à l'absurde.

Nous sommes dans l'ère post soviétique à Kiev en Ukraine. le narrateur, un peu paumé dans la vie, délaissé par sa femme qui lui en préfère un autre, est décidé à en finir avec la vie. Mais comme il craint de ne pas réussir à se suicider, il décide d'avoir recours à un tueur à gages : pas difficile, lui dit son ami Dima : il y a de nombreuses personnes qui sont prêtes à se charger de ce type de besogne, pour un prix modeste.

Aussitôt dit, aussitôt fait : Tolia le narrateur imagine le scénario suivant : il a été victime d'un adultère et il en veut à l'amant de sa femme au point de vouloir l'éliminer. Il communique donc au truand une photo de l'homme à abattre, ainsi que ses habitudes de fréquentation d'un café mais ce portrait n'est autre … que celui de Tolia lui-même.

Tout fonctionne très bien : il se rend au café en essayant de deviner le visage de son tueur à gages avec qui il n'a communiqué que par courrier.
Oui mais voilà : les affaires de Tolia s'améliorent finalement, il trouve de l'argent, échange de plus en plus avec son ami Vania, rencontre une jeune femme très avenante au prénom de Lena (sa femme s'étant enfuie avec un véritable amant) et la vie redevient belle.

Résultat ? Il ne veut plus mourir. Mais le contrat du tueur à gages est en route, et il est impossible de le stopper. Seule possibilité : engager un autre tueur dont le rôle consistera à veiller sur Tolia dans le café, et éliminer le tueur à gages.

Aussitôt dit, aussitôt fait, et le misérable Kostia – c'est son nom – se retrouve ad patres.

Tout va donc pour le mieux pour notre narrateur, nanti d'une belle somme d'argent (détenue par Kostia) et d'une jeune femme charmante qui va et vient chez lui quand bon lui semble.

Oui mais voilà : il se sent coupable vis-à-vis de Marina, la femme de Kostia, qui a un bébé et se retrouve veuve de façon précoce. Il va donc lui rendre visite et voir ce qu'il peut faire pour elle …

« L'ami du défunt » est un récit cocasse, très drôle si on apprécie cette forme d'humour grinçant mais très vivant qui le caractérise. le grand écrivain ukrainien, auteur du déjà très célèbre « Pingouin » qui m'avait fait déjà beaucoup rire par cet humour absurde, signe quelques pages très réussies. Publié en 2001 puis réimprimé en 2018, il a été porté à l'écran à la fin des années 90, et cette histoire a été sélectionnée en 1997 comme l'un des trois meilleurs scénarios d'Europe par l'Académie du film européen de Berlin.

A découvrir ou redécouvrir, sans aucune modération (contrairement à la vodka qui coule à flot dans ce récit).
Commenter  J’apprécie          462

Un court et savoureux roman d'Andrei Kourkov, un livre et un auteur ukrainien contemporain découvert sur Babelio grâce à mon amie Babeliote mh17.

Nous sommes ici dans l'ère post-soviétique qui n'est pas celle de Volodine, mais l'époque des années 90 en Ukraine, faite d'illusions perdues, une « génération désenchantée », où l'on ne croit plus à rien, et où l'on peut se payer pour pas trop cher l'assassinat d'un de ses contemporains, voire le sien.

Tolia, chômeur de 35 ans, ne s'entend plus avec sa femme. Plutôt que de divorcer, il a l'idée saugrenue, pour bien embêter sa conjointe, non de se suicider, mais de se faire assassiner par un tueur à gages, qui pullulent dans l'Ukraine post-soviétique des années 1990.
Va s'en suivre une série d'événements d'une cocasserie mêlée d'une dérision cynique, jusqu'à une fin que je ne dévoile pas bien sûr mais qui permet de comprendre le titre du livre, puis d'un épilogue surprenant et un peu tiré par les cheveux.

Ce qui m'a vraiment plu, c'est l'atmosphère désabusée, ironique, frisant l'absurde, ce héros, ou plutôt cet anti- héros, ce pov' gars passablement noyé dans la vodka et le gin, à la fois décidé et indécis, donnant l'impression d'errer au gré des événements, mais franchement amoral et cynique quand on y réfléchit, et pas vraiment « torturé » comme un Raskolnikov.

Et puis une des grandes qualités du récit, c'est de nous faire ressentir l'atmosphère glauque de la ville de Kiev, ce temps qu'il fait, toujours triste, pluie ou neige, au diapason des sentiments du héros.

En conclusion, une belle lecture qui donne envie de lire d'autres romans de l'auteur, il paraît que le Pingouin est son meilleur roman
Commenter  J’apprécie          332
Le livre dont je vais vous parler aujourd'hui est un petit bijou qui vaut le détour. Tolia est un jeune homme d'une trentaine d'année, que sa femme trompe et est sur le point de le quitter, sans emploi, sombre peu a peu dans la dépression. Sa vie n'a plus de sens et il décide d'en finir mais il n'a pas le courage de se suicider. Il contacte donc un tueur à gage pour effectuer le travail à sa place. Mais quand il retrouve le gout de vivre, il est trop tard, le tueur est à ses trousses.

C'est une lecture d'un soir, le roman fait un peu plus de cent pages, c'est l'histoire d'un homme brisé qui prend soudainement une tout autre tournure. En Bonus, on découvre la vie à Kiev, fraîchement libérée du joug soviétique, quand les dollars, les tueurs à gages et les conspirations étaient à l'ordre du jour. A grand coup de vodka, avec des airs de variété russe en bruit de fond, on dévore ce roman.

L'auteur nous projette dans un univers gris, froid et absurde, ou les rebondissements s'enchaine jusqu'à la dernière page. J'ai adoré la fin complètement inattendue, mais dans la lignée du reste du roman. Une belle découverte.

Lien : https://missmolko1.blogspot...
Commenter  J’apprécie          381
"Fumer m'aurait aidé ; après chaque petite scène de ménage – pratiquement imperceptible et indéchiffrable pour un observateur extérieur – j'aurais grillé plusieurs cigarettes, et la fumée chargée de nicotine, à défaut de conférer un sens et un parfum à ma vie, aurait servi de palliatif et, tel un encens brûlé à ma propre gloire, m'aurait permis de conserver une certaine joie de vivre. Mais devenir fumeur à trente ans me semblait puéril et stupide."
Ainsi commence le récit de Tolia.
Tolia est déprimé, sans emploi, délaissé par sa femme. Il choisit alors d'investir dans sa propre mort : il va recruter un tueur à gages pour mettre fin à ses jours.
Dit comme ça, c'est un peu funèbre, non ?
Ce roman est tout le contraire : parce que la relation entre le narrateur et son tueur ne va pas être celle escomptée, parce qu'il va rencontrer des personnes inattendues, parce que sa vision de la vie va changer.
Comme dans "Le pingouin", Kourkov rassemble des individus déboussolés et recrée des liens incongrus, une famille insolite, en nous faisant entrer dans les pensées loufoques de son personnage avec un humour merveilleux.

Traduction impeccable de Christine Zeytounian-Beloüs.

Challenge gourmand (Kouign-amann : Les initiales de l'auteur sont K et A)
LC thématique novembre 2023 : "Videz vos PAL"
Commenter  J’apprécie          2815

Citations et extraits (29) Voir plus Ajouter une citation
Je crois savoir d’où cela vient. Tout a commencé avec les femmes …
La mienne était partie parce que j’avais refusé d’être sa chose. Me soumettre à sa volonté ne me procurait aucune joie, et finalement elle s’était dégoté quelqu’un dont la docilité avait rétabli l’harmonie dans son existence. J’étais content pour elle. Et pour moi, de ma libération.
Cependant, homme doux par nature, je souffrais de ma solitude et de l’absence d’une compagne à qui je pourrais me soumettre sans en être conscient. Ainsi le peuple russe a-t-il toujours souffert de l’absence d’un bon tsar. J’imaginais cette femme, douce, tendre et suffisamment intelligente pour faire en sorte que ma soumission à ses désirs me soit source de joie et de volupté.
Commenter  J’apprécie          172
Je cherchais une issue à l'impasse de mon existence. Mais je la cherchais surtout dans mon imagination. Et voilà que l'issue apparaissait clairement, qui permettrait de sortir non seulement de ma situation mais de la vie tout court. J'avais trop d'amour-propre pour faire un bon suicidé, mais le rôle de victime m'irait comme un gant.
Commenter  J’apprécie          311
La purée de pois tenait lieu d'air. Des voitures prudentes rampaient sur la chaussée, tâtant la route de leurs phares jaunes. Les gens aussi progressaient de façon bizarre, surgissant de nulle part pour se dissoudre aussitôt dans le blanc. Ce mercredi débutait sur le mode mystique, comme si un autre monde était sur le point d'émerger des brumes, un monde parfait où pourraient se réfugier ceux qui n'avaient pas trouvé leur place dans le nôtre.
Commenter  J’apprécie          180
Mes pensées étaient petites, mesquines. Rien de sublime, rien de philosophique. A croire que j'avais toujours été un individu insignifiant, superficiel. Que la seule chose susceptible de m'élever, sinon à mes propres yeux, du moins aux yeux des autres, était une mort violente.
Commenter  J’apprécie          130
(incipit)
Fumer m'aurait aidé ; après chaque petite scène de ménage - pratiquement imperceptible et indéchiffrable pour un observateur extérieur - j'aurais grillé plusieurs cigarettes, et la fumée chargée de nicotine, à défaut de conférer un sens et un parfum à ma vie, aurait servi de palliatif et, tel un encens brûlé à ma propre gloire, m'aurait permis de conserver une certaine joie de vivre. Mais devenir fumeur à trente ans me semblait puéril et stupide.
Commenter  J’apprécie          60

Videos de Andreï Kourkov (32) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Andreï Kourkov
Retrouvez les derniers épisodes de la cinquième saison de la P'tite Librairie sur la plateforme france.tv : https://www.france.tv/france-5/la-p-tite-librairie/
N'oubliez pas de vous abonner et d'activer les notifications pour ne rater aucune des vidéos de la P'tite Librairie.
Vous voulez une comédie à l'humour absurde et piquant ? Connaissez-vous ce petit bijou qui met en scène un écrivain fauché et un pingouin ?
« le Pingouin », d'Andreï Kourkov. C'est à lire en poche chez Liana Levi.
autres livres classés : ukraineVoir plus
Les plus populaires : Littérature étrangère Voir plus


Lecteurs (345) Voir plus



Quiz Voir plus

Avez-vous bien lu les Abeilles grises d'Andreï Kourkov?

Avant d'être retraité, Sergueïtch était...

syndicaliste
ingénieur
inspecteur des mines
instituteur

9 questions
28 lecteurs ont répondu
Thème : Les abeilles grises de Andreï KourkovCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..