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Margot Carlier (Traducteur)
EAN : 9782070782772
297 pages
Gallimard (24/04/2008)
3.04/5   24 notes
Résumé :
Début septembre 1919. Sur une petite île de l'Oder, des collégiens découvrent les corps atrocement massacrés de quatre jeunes hommes en bonnet de marin. À côté des victimes, la police retrouve une feuille avec une citation de la Bible, adressée à l'assistant criminel spécialisé dans les affaires de mœurs, Eberhard Mock. À travers les sombres ruelles de Breslau marquées par le désœuvrement de l'après-guerre, le crime et des établissements douteux où circule la drogue... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
Il est une manie détestable qu'ont certains langues à vouloir s'approprier les noms propres, notamment les noms des villes, de certains pays : Warzsawa devient Varsovie, Varsovia, Warsaw ou Warchau, Frankfurt Francfort, Wroclaw Breslau, mais Los Angeles n'est pas concernée, ni Buenos Aires, ni Madrid, mais London devient Londyn ou Londres, Milano Milan ou Médiolanum.
C'est le sort de la ville de Wrocław, la Vratislavia des Romains, la Wrocisław des premiers Polonais, la Breslau de la couronne de Bohème, puis de l'Autriche, de la Prusse enfin de l'Allemagne avant de redevenir polonaise en 1945.
Le roman de Marek Krajewski joue de cette ambivalence de la ville qui se cherche dans un passé qui n'est pas et ne sera jamais polonais.
De même son héros Eberhard Mock, l'assistant criminel Mock, éprouve les plus grandes difficultés à se situer entre un père autoritaire, son ami Cornelius connu dans les tranchées de 1914-1918, son fantasme sexuel d'une infirmière rousse aux énormes seins qu'il cherche en vain dans toutes les femmes, ses fonctions d'assistant du commissaire Mülhaus qu'il remplit selon des normes bien à lui, très loin des standards administratifs allemands et son alcoolisme, contre lequel il lutte en récitant des vers en latin, qui lui permet de survivre :
« La régularité exemplaires de ces hexamètres latins parvint toutefois à mettre un certain ordre dans son cerveau meurtri qui, ce soir-là, ne flottait plus dans le liquide céphalo rachidien, mais dans la vodka à l'absinthe. »
C'est dire ! le personnage n'est pas sympathique, et au fur et à mesure de la lecture on se prend à le détester, à se demander comment il fonctionne, à lui en vouloir de son égoïsme, à redouter sa propension à tout foutre en l'air.
Il s'y emploie avec application, laissant derrière lui un champ de ruine sentimental et amical, tout en en étant conscient.
Pourtant, malgré les frasques de Mock, l'écriture s'organise, se discipline ou discipline le lecteur, l'apprivoise ou se laisse apprivoiser, l'intrigue prend corps en commence à passionner.
Des meurtres inexpliqués semblent impliquer Mock, sans que l'on sache pourquoi ni comment, il est mis en cause par un ou des tueurs en séries qui commettent des crimes qui présentent un carcatère rituel.
Beaucoup de personnes s'intéressent à Mock, mais lui suit le fil de son idée, ou plutôt le non-fil de sa non-idée.
« Comme c'est intéressant murmura Mock. Alors il ne va plus discuter avec moi des pommes que j'ai volées sur un étalage, il ne va plus me demander ce que je ressentais, quand à l'âge de six ans, j'aspergeais avec un siphon des passants sous ma fenêtre ? »
Mock fuit les approches psychologisantes de ses collègues et de ses supérieurs, il préfère sa méthode brutale et ne fait confiance qu'à ceux parmi ses collaborateurs qui la partagent, comme son adjoint Smolorz, même si parfois leur alcoolisme commun conduit au pire :
« Où étais-tu passé espèce de fumier ? grogna-t-il. Comment as-tu fait pour te soûler à ce point ?! Smolorz s'assit sur la cuvette en fixant le lambris marron de la paroi. Il se taisait. Mock l'attrapa par le revers de son veston, le souleva et le plaqua contre le mur. Il vit des yeux au blanc rougi, des narines humides et des dents de travers. Pour la première fois, il se rendit compte que Smolorz était laid. Très laid.
- Où étais-tu passé, fils de pute ? hurla Mock. »
La narration, qui se traine pendant les 100 premières pages, s'accélère soudain, les choses se précisent et la conspiration contre Mock se fait plus pesante, elle le rattrape.
Le manque de compassion du lecteur à l'égard du héros s'atténue, on s'identifie davantage à lui, on cherche à comprendre, on subit ses erreurs, sa volonté de refuser de voir les choses en face, on le plaint, même si l'on est parfois terrifié de son jugement sans complaisance à son égard :
« Allongé à côté d'Erika, Mock essayait de compter toutes les femmes qu'il avait possédées dans sa vie. Il ne le faisait pas pour inscrire sa nouvelle conquête dans son carnet intime. D'ailleurs, ce n'étaient pas vraiment des conquêtes ! le plus souvent, il s'agissait de prostituées, prises en état d'ivresse et sans grande satisfaction. Mock comptait les femmes qu'il avait eues et n'y trouvait pas son compte. Non parce qu'elles passaient dans son esprit en foules innombrables, mais parce qu'une bonne partie de ses rencontres sexuelles s'étaient déroulées lorsqu'il se trouvait en état d'ébriété. »
La réalité finira par le rattraper, il croisera le chemin d'une infirmière, mais pas celle de son fantasme d'infirmière rousse aux gros seins :
« L'infirmière Hermina emprunta le couloir qui menait à la chambre particulière du vieux Mr Mock. le froissement de sa blouse empesée à l'amidon et les cornettes de son bonnet redonnaient de la vie aux malades et les remplissaient d'espoir. Oubliant leur douleur, ils se redressaient dans leurs lits car ils savaient bien que le moment était proche où, par une seule piqure et un seul regard compatissant, l'infirmière de garde les ferait passer dans un état de calme et de quiétude. »
Le roman est construit sur une boucle de temps, il commence une certaine journée et se termine la même journée une heure après, entretemps, sous forme de témoignages, fragmentés par journées découpées en heures, se déroule l'action qui a eu lieu le mois précédent.
Cela peut désarçonner le lecteur, mais finalement, bribes par bribes, il découvre les tenants et les aboutissants de l'énigme, parvient à identifier les motivations des différents parties, jusqu'au dénouement, ou un dernier rebondissement l'attend.
Un livre difficile, auquel il faut s'accrocher pour le lire jusqu'au bout, mais un livre qui mérite le détour.

Lien : http://desecrits.blog.lemond..
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Breslau, aujourd'hui Wroclaw depuis son rattachement à la Pologne en 1945, était appelée la "Petite Venise du Nord" en raison des nombreuses îles sur lesquelles elle avait été bâtie sur le fleuve Oder. le roman de Marek Krajewski se déroule en 1919, au lendemain de la Grande Guerre, dans une ville portuaire rappelant étrangement l'atmosphère de la Vienne du célèbre "Troisième homme". Bas-fonds, profiteurs de tout poil, voisinent avec les barons allemands dont la richesse s'est accumulée au cours de l'essor industriel de la Silésie. Quatre corps affublés de costumes de marins sont retrouvés mutilés et assemblés selon un ordre rituel. Ce crime atroce est suivi de l'assassinat du directeur du port et de celui d'une prostituée, dont les corps sont retrouvés avec les yeux crevés et munis d'un étrange message tiré de la Bible: "Bienheureux ceux qui n'ont point vu et qui ont cru...". Il n'en faut pas plus à l'assistant criminel Eberhard Mock (Ebi pour les intimes) pour se lancer dans une enquête qui va l'amener à côtoyer les milieux interlopes d'une société en décomposition. Alcoolique au grand coeur, aimé des femmes et grand connaisseur des tragédies grecques, notre enquêteur va nous emmener de mystère en mystère jusqu'au dénouement final, inattendu. Une atmosphère étrange, des portraits brossés au vitriol, et un réel bonheur d'écriture pour un polar noir, très noir...
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Immersion en 1919 dans la ville de Breslau (Wroclaw)où 4 marins viennent d'être retrouvés assassinés .Mock, policier à la brigade des moeurs est appelé pour aider la police criminelle...
Roman policier intéressant et même si j'étais venu chercher quelques données historiques sur la Pologne que je ne trouvai pas finalement, l'intrigue est intéressante et le mobile plus qu'original. le héros, récurrent, est attachant, et l'époque, juste après la grande guerre, semble permettre quelques libertés aujourd'hui réprimées.
On regrettera toutefois le point de vue " du coupable" qui est exprimé au fil du livre et qui finalement n'amène pas grand chose.
Une découverte sympathique, qui se finit qui plus est en donnant envie de lire les autres tomes de la série "Mock"
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Il est vrai que si la dimension historique m'a déçue, j'aurai pu espérer me sentir transportée par l'intrigue. Mais là aussi, le bât blesse... Rapidement, on retrouve un procédé que je trouve de plus en plus souvent dans des thrillers, à savoir l'alternance entre le récit du point de vue d'un enquêteur et des propos tenus par le potentiel meurtrier. Si je trouvais le concept intéressant il y a quelques temps, il n'a pas du tout fonctionné ce coup-ci avec moi et je suis ressortie de cette lecture avec l'impression que les auteurs creusent un filon et manquent de plus en plus d'originalité. Tiens, d'ailleurs, quand on parle de manque d'originalité et de mimétisme, c'est globalement la même chose avec les personnages... OK, je sais que les Polonais sont plutôt réputé pour apprécier la vodka en des quantités défiant toute concurrence... Mais est-ce une raison pour mettre en scène encore une fois un flic mal dans sa peau qui cache ses angoisses dans des litres d'alcool ?

Bref, je vais éviter de continuer la liste de toutes ces petites choses qui ont fait de cette lecture un moment un peu fastidieux, que ce soit la prévisibilité du dénouement ou ces interminables et multiples descriptions qui me font dire aujourd'hui que ce bouquin n'est pas forcément à lire pour son intrigue meurtrière, mais plus pour l'intrigue psychologique... Or, comme j'ai trouvé ce dénommé Mock particulièrement agaçant, j'avoue que partir avec Marek Krajewski à la poursuite de ses fantômes ne m'aura pas donné envie de poursuivre cette série !
Lien : http://croqlivres.canalblog...
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Je n'ai pas aimé ce premier tome des enquêtes de Eberhart Molk. Trop de précision sur ses divers maux physiques dus à l'alcool et à une nourriture trop grasse. Par ailleurs, je n'ai pas trouvé grand sens à cette enquête confuse. le seul point positif est la parfaite connaissance de l'auteur du latin et de sa mythologie.
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Le commissaire de la police criminelle Heinrich Mülhaus montait lentement au deuxième étage de l'immeuble du Bureau central de la police, situé au 49 de la Schuhbrückstrasse. Chaque fois qu'il posait un pied sur une marche, il s'y appuyait de tout son poids, comme pour vérifier si le grès de cet escalier du dix-huitième siècle n'allait pas fissurer sous le talon de ses souliers vernis/ Il aurait aimé broyer la vieille pierre en répandant la poussière partout, puis redescendre au rez-de-chaussée pour signaler ce désordre au gardien. Ainsi il retarderait considérablement son entrée ua bureau. Il n'aurait pas à affronter la mine lugubre du secrétaire von Gallasen, ne verrait pas le calendrier mural rempli d'échéances importantes, qu'ornait une image du nouveau bâtiment de l'Ecole polytechnique, ni la photographie encadrée de son fils Jakob Mülhaus prise à la cérémonie de sa confirmation, mais avant tout cela lui éviterait de subir la présence troublante et désagréable du médecin légiste, le docteur Siegfried Lasarius, qu'un coursier de police venait de lui annoncer à l'instant.
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Quid est enim novi hominem mori, cuius tota vita nihil aliud, quam al mortem iter est.
Qu'y a-t-il d'étonnant qu'un homme meure? Sa vie entière n'est-elle pas un acheminement vers la mort?
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