Adolescente, elle avait été ingrate à pleurer : comment ne pas être fière, maintenant qu’elle était si belle ? Jamais elle ne portait de soutien-gorge. Ses seins étaient hauts, épanouis, luxuriants presque : le moindre adjuvant n’aurait pu que les faire pigeonner davantage. Elle aurait eu alors trop de poitrine : mauvais pour le chic. Quant à son cul, elle remerciait le ciel qu’il restât plat au-dessous de la ceinture, sur une bonne largeur de main. Grâce à Dieu, ce n’est qu’après avoir franchi sans encombre cette ligne stratégique – où il aurait ruiné toute l’allure de ses toilettes – qu’il commençait à se remplir. Nue, qui l’aurait cru, elle était tout en chair. Une chair qui, depuis des mois et des mois, n’avait pas senti une main d’homme.
Si vraiment vous aimez vous sentir à l’aise et passer inaperçue, le seul moyen, c’est de vous habiller comme toutes les autres femmes de là-bas. Curieux, n’est-ce pas ? Il vous faut être très, très chic, simplement pour ne pas avoir l’air pas comme les autres. Pour ne pas sembler une étrangère, une femme en dehors du coup.
Des sœurs ? Des amies intimes ? Elle n’avait jamais pu comprendre ces femmes qui font leurs courses ensemble et s’achètent les mêmes choses. Quelle abomination !