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La Trilogie des jumeaux tome 3 sur 4
EAN : 9782020257817
192 pages
Seuil (01/01/1997)
  Existe en édition audio
4/5   547 notes
Résumé :
- On m'appelle Claus T. Est-ce mon nom? Dès l'enfance, j'ai appris à mentir. Dans ce centre de rééducation où je me remettais lentement d'une étrange maladie, on me mentait déjà. J'ai menti encore quand j'ai franchi la frontière de mon pays natal. Puis j'ai menti dans mes livres. Bien des années plus tard, je franchis la frontière dans l'autre sens. Je veux retrouver mon frère, un frère qui n'existe peut-être pas. Mentirai-je une dernière fois?

- Je m... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (46) Voir plus Ajouter une critique
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sur 547 notes
Alors qu'ils n'avaient que quatre ans, un terrible drame a séparé les frères jumeaux Klaus et Lucas.
Pendant de longues années, les deux frères vont se rechercher et pour pallier à la souffrance et à l'attente, ils apprennent à mentir.
Cinquante ans ont passé, Lucas retrouve enfin Klaus, mais est-il encore temps de recoller les morceaux de ces deux vies brisées ?
Ces retrouvailles seront-elles guidées par un dernier mensonge ?

Il est toujours bon de se replonger dans le passé, d'y dénicher des trouvailles, de découvrir ou redécouvrir des oeuvres qui méritent encore et toujours que l'on parle d'elles.
La romancière d'origine hongroise Agota Kristof, qui avait fui le régime et la répression de sa Hongrie natale pour s'installer en Suisse dans les années 1950, est décédée à la fin du mois de Juillet de l'année 2011 (27/07/2011).
A la fin des années 1980, on avait pu découvrir sa plume épurée, concise et déroutante grâce au « Grand cahier », premier volet d'une trilogie qui se poursuivra avec « La Preuve » puis « le troisième mensonge » et viendra hisser la romancière expatriée au rang des grands noms de la littérature contemporaine.

La trilogie des jumeaux ou le récit désarmant des destins tragiques et perturbés des frères Klaus et Lucas, est une oeuvre éminemment confondante d'assainissement du superflu, de volonté affichée d'aller au coeur du mot et de la phrase pour en tirer le jus intime, comme une éponge que l'on tord pour en faire sortir la dernière goutte d'eau.
L'oeuvre d'Agota Kristof est ainsi, dans la purification du verbe par l'épure, dans une aura d'étrangeté distillée au coeur des choses, dans un sentiment d'éternelle désillusion qui renvoie aux années de persécutions et de dictature.

Bref récit à l'atmosphère sombre, « le troisième mensonge » aborde le thème de l'enfance brisée avec originalité et une émotion distante, refoulée.
L'écart entre le ton et le thème, la marge volontaire que trace l'auteur entre le style dépouillé de son phrasé et les sujets brutaux et délétères qu'elle invoque, instaurent un climat de malaise et de trouble, un sentiment chargé d'intensité, à la fois dérangeant et singulièrement captivant.
L'alternance d'épisodes présents et passés donne un caractère étrange au récit dans la première partie, pour atteindre toute sa puissance dans la seconde où tous les éléments se mettent en place pour éclairer le lecteur habilement perdu par l'auteur dans les méandres d'une histoire tortueuse d'une fascinante opacité.

Ce «Troisième mensonge », récompensé par le Prix du Livre Inter en 1992, est un superbe roman, triste et troublant, un livre chargé d'émotion contenue à l'instar de toute la Trilogie des jumeaux.
A lire, à relire, à découvrir…
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Avec - le troisième mensongeAgota Kristof clôt sa Trilogie des jumeaux.
On se dit ou je me suis dit : enfin, je vais savoir le fin mot de l'histoire, comprendre à quoi ce puzzle une fois assemblé ressemble.
Et j'ai cru comprendre... même si chacun des jumeaux "dit la sienne"...
Qu'il y avait bien des jumeaux, séparés très tôt dans l'enfance à cause de "la chose"... un drame de la jalousie entre le père de Claus et de Lucas, lequel s'apprête à quitter leur mère pour vivre avec sa maîtresse à laquelle il a fait un enfant... une fille.
La mère des jumeaux ne l'entend pas ainsi.
Après s'être emparée d'une arme à feu, elle en vide le chargeur sur le chef de famille adultérin... qui expire non sans qu'une balle n'ait auparavant ricoché pour pénétrer dans le dos de Lucas.
Le jumeau grièvement blessé est transporté à l'hôpital, sauvé et envoyé dans un centre de rééducation où il ne finira plus que par claudiquer...
Entre-temps, leur mère est enfermée dans un établissement psychiatrique, Claus quant à lui est recueilli par la maîtresse de son père et élevé pendant quelques années avec sa demi-soeur ; l'un et l'autre devenant indissociables, un aigle à deux têtes, "deux âmes battant dans une même poitrine"...arrête Patrick, tu t'exposes à "l'escalatoire" !
Bref, "deux" jumeaux réunis par le cordon invisible de la passion ; une passion incestueuse, impossible à vivre...
Lucas et Claus ( anagramme ) sont donc séparés et vont passer cinquante ans à se chercher, à se croiser sans se voir...
Leur mère de retour à la maison n'aura de cesse d'attendre l'éternel retour de l'enfant blessé.
Claus souffrira de l'amour maternel confisqué par "la chose" et conséquemment par son frère.
Pendant un demi-siècle, ils vont avoir un point commun : l'écriture.
Et lorsqu'ils se retrouveront, Claus refusera de reconnaître Lucas, lequel lui confiera ses cahiers avant de disparaître...

Ce qu'il y a de "plausible" dans cette interprétation, c'est que de manière palimpseste, elle copie-colle assez bien les deux premiers volets de la Trilogie.
C'est du moins ce que j'avais cru comprendre ; les différentes pièces du puzzle s'intriquant assez bien, les personnages et les situations s'expliquant.

Et puis j'ai lu les commentaires babéliens, ceux d'autres sites, d'autres blogs, des analyses littéraires, une interview de l'auteure... et là, je suis arrivé à une conclusion : je sais qu'on ne sait jamais.
Ce que je sais, c'est qu'Agata Kristof était partie au début sur une intention autobiographique, dont elle s'est défaite progressivement.
Qu'elle voulait écrire un texte pour le théâtre ( ça, je l'avais repéré...) qu'elle y a renoncé également, sans toutefois parvenir à complètement s'en détacher... sur la forme et sur le fond...
Que ce "troisième mensonge" ne peut être la vérité à moins que tout soit mensonge et qu'il n'y ait pas de vérité ou bien encore que la vérité ait besoin du mensonge pour exister ou que... - Ciascuno a suo modo – si l'on veut se référer à Luigi Pirandello... traduit littéralemet... chacun à sa facon, c'est-à-dire à chacun sa vérité.

Il n'est pas impossible que je revienne un jour sur cette Trilogie ( j'ai peur de manquer de temps...), persuadé ou pas que je la lirai et la comprendrai différemment.

Ce dont je reste certain, c'est qu'elle est en soi une expérience littéraire unique, d'une exceptionnelle originalité.
Qu'elle nous prend et qu'on se laisse prendre et sur-prendre.
Qu'elle est multithème, mais qu'outre le mystère Claus-Lucas, subsistent ces étranges sensations, ce ressenti troublant d'où émergent de manière oppressante et obsédante, la guerre, l'occupation, le mal, l'absurdité, le non-sens, la solitude, la mort.

Une Trilogie incontournable sur le "mentir-vrai" !

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C'est la première fois.. . que je lis une « série »… en sautant un volume . Prise par ma lecture du « Grand cahier » d'Agota Kristof, je me suis rendue à ma médiathèque pour emprunter les 2 autres textes, faisant suite : « La Preuve » et « le Troisième mensonge ». Malheureusement « La Preuve » était totalement indisponible (perdu ou je ne sais !)… je n'ai pu m'empêcher de repartir avec le dernier de la série, lu en 2 soirées...

Toujours aussi perplexe ; comme nombre de lecteurs, perdue entre le rêve, la réalité, les mensonges des « personnages »…je vais me commander le deuxième tome, et relirais une seconde fois l'ensemble, tant l'oeuvre est à la fois cinglante, fascinante, déroutante, alternant différentes appréhensions de la réalité.
Dès que nous nous sentons un peu stabilisés dans une certaine « réalité »… l'auteur détourne ce qu'elle vient de faire dire à ses personnages… et le doute, les questions sans réponse ressurgissent, se poursuivent…sans fin

Toujours est-il, que dans ce « Troisième mensonge »… nous poursuivons le parcours des « jumeaux » à travers la seule parole de klaus, devenu typographe et « écrivain », à la recherche de son double, blessé grièvement… et disparu, on ne sait où et dans quelles circonstances. On ne l'apprendra que beaucoup plus tard…

Difficile de cerner cette oeuvre magistrale. La douleur de vivre absolue, le non-sens de l'existence poussés à son paroxysme, causés par la guerre, mais pas seulement. On découvre dans ce dernier volet, la révélation d'une terrible tragédie individuelle, familiale, qui a fait exploser le noyau familial où étaient nés klaus et Lucas, « Les jumeaux »…parallèlement aux horreurs et traumatismes de la guerre…J'achève cette note de lecture plus que succinte et imparfaite, par la transcription d'un extrait, qui donne un peu de la tonalité de « l'univers d'Agota kristof »

« Je me couche et avant de m'endormir je parle dans ma tête à Lucas, comme je le fais depuis de nombreuses années. Ce que je lui dis, c'est à peu près la même chose que d'habitude. Je lui dis que, s'il est mort, il a de la chance et que j'aimerais bien être à sa place. Je lui dis qu'il a eu la meilleure part, c'est moi qui dois porter la charge la plus lourde. Je lui dis que la vie est d'une inutilité totale, elle est non-sens, aberration, souffrance infinie, l'invention d'un Non-Dieu dont la méchanceté dépasse l'entendement. « (Ed. du Seuil, 1991, p.179)

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Si j'avais trouvé le deuxième volet de la trilogie un peu en-dessous de ce que j'attendais, je dois dire que celui-ci est assez spécial. Ce dernier tome, que je trouve être au même niveau que le premier, laisse le lecteur dans un certain flou artistique. Oui, ce roman m'a complètement désarçonnée. On croit savoir, on a des certitudes et d'un coup, pouf, plus rien, mis à part ce sentiment qu'Agota Kristof nous mène par le bout du nez, que tout est faux depuis le début... C'est du grand art ! Ce livre à deux voix, à deux mains, à deux narrateurs (Lucas puis Klaus) déstabilise et montre ainsi toute l'étendue du talent de l'écrivain. Au final, c'est le lecteur qui devient schizophrène en cherchant à savoir qui est Lucas, qui est Klaus ou Claus... Sont-ils réellement deux ? Est-ce une seule et même personne ? On referme cette trilogie avec un sentiment de malaise car elle joue sur plusieurs tableaux : sentiments, misère morale et sociale, identité. du grand art que je vous dis !
Lien : http://www.lydiabonnaventure..
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Suite et fin de la trilogie, qui à nouveau rebat les cartes après la déroutante fin du deuxième volume, « la preuve ».
Ce troisième opus ne l'est pas moins, d'ailleurs, loin s'en faut. Si l'on retrouve le style sec et oppressant du premier volet « le grand cahier », l'auteure nous entraîne ici dans un labyrinthe de narrations qui se chevauchent et se répondent. Faisant intervenir tantôt un frère, tantôt l'autre, avec de multiples références aux événements relatés précédemment mais par bribes ou sous des angles radicalement différents, ces narrations semblent nous perdre dans une série de réalités parallèles comme autant de rebondissements dont on peine à extraire la vérité.

Il y a bien eu drame, cependant, à l'origine du traumatisme que cette fin nous révèle. Un drame familial au milieu du drame, plus vaste, de l'expérience totalitaire et désenchantée qu'a connu le pays dans lequel la tragédie s'est jouée.
D'où peut-être tous ces récits mêlés de vérités et de mensonges, d'où ce frère peut-être inventé, d'où peut-être ces cahiers remplis d'une littérature plus supportable que le réel.

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Citations et extraits (39) Voir plus Ajouter une citation
Le 30 octobre, je fête mon anniversaire dans l'un des bistrots les plus populaires de la ville avec mes compagnons de beuverie. Tous, ils me paient à boire. Des couples dansent au son de mon harmonica. Des femmes m'embrassent. Je suis ivre. Je commence à parler de mon frère, comme chaque fois que j'ai trop bu. Tout le monde dans la ville connaît mon histoire : je suis à la recherche de mon frère avec qui j'ai vécu ici, dans cette ville, jusqu'à l'âge de quinze ans. C'est ici que je dois le retrouver, je l'attends, je sais qu'il viendra quand il saura que je suis revenu de l'étranger.
Tout cela n'est qu'un mensonge. Je sais très bien que dans cette ville, chez Grand-Mère, j'étais déjà seul, que même à cette époque j'imaginais seulement que nous étions deux, mon frère et moi, pour supporter l'insupportable solitude.
La salle du bistrot se calme un peu vers minuit. Je ne joue plus, je bois seulement.
Un homme vieux, loqueteux, s'assied en face de moi. Il boit dans mon verre. Il dit :
- Je me souviens très bien de vous deux. De ton frère et de toi.
(P76-77)
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Je me couche et avant de m'endormir je parle dans ma tête à Lucas, comme je le fais depuis de nombreuses années. Ce que je lui dis, c'est à peu près la même chose que d'habitude. Je lui dis que, s'il est mort, il a de la chance et que j'aimerais bien être à sa place. Je lui dis qu'il a eu la meilleure part, c'est moi qui dois porter la charge la plus lourde. Je lui dis que la vie est d'une inutilté totale, elle est non-sens, aberration, souffrance infinie, l'invention d'un Non-Dieu dont la méchanceté dépasse l'entendement. (Ed. du Seuil, 1991, p.179)
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Je me réveille en larme. Ma chambre est dans la pénombre, j'ai dormi pendant la plus grande partie de la journée. Je change ma chemise trempée de sueur, je me lave e visage. En me regardant dans le miroir, je me demande quand j'ai pleuré pour la dernière fois. Je ne me souviens pas.
J'allume une cigarette, je m'assieds devant la fenêtre, je regarde la nuit descendre sur la ville. Sous ma fenêtre, un jardin vide avec un seul arbre déjà dénudé. Plus loin, des maisons, des fenêtres qui s'allument de plus en plus nombreuses. Derrière les fenêtres, des vies. Des vies calmes, des vies normales, des vies tranquilles. Des couples, des enfants, des familles. J'entends aussi le bruit lointain des voitures. Je me demande pourquoi les gens roulent, même la nuit. Où vont-ils ? Pourquoi ?
La mort, bientôt, effacera tout.
Elle me fait peur.
J'ai peur de mourir, mais je n'irai pas à l'hôpital.
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-Tu vois, rien n'a changé. J'ai tout gardé. Même cette nappe affreuse. Demain, tu peux aller habiter la maison.
je dis:
-je n'en ai pas envie. Je jouerai plutôt avec tes enfants.
Mon frère dit:
-Mes enfants ne jouent pas.
-Que font-ils ?
-Ils se préparent à traverser la vie
Je dis:
-J'ai traversé la vie et je n'ai rien trouvé.
( Ed. du Seuil, 1991, p.66)
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Je ferme les yeux, mes douleurs s'atténuent. Le train s'arrête presque toutes les dix minutes. Je sais qu'il y a quarante ans j'ai déjà fait ce voyage.
Avant d'arriver à la gare de la petite ville, le train s'est arrêté. La religieuse m'a tiré par le bras, elle m'a secoué, je n'ai pas bougé. Elle a sauté du train, elle a couru, elle s'est couché dans les champs. Tous les voyageurs ont couru, se sont couchés dans les champs. J'étais seul dans le compartiment. Des avions passaient au-dessus de nous, ils mitraillaient le train. Quand le silence est revenu, la religieuse est revenue aussi. Elle m'a giflé, le train est reparti.
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Quelle romancière hongroise et suisse mais qui écrivait en français est l'auteure d'un roman magistral qui montre que les enfants en péril deviennent bien souvent pervers ?
« le grand cahier » d'Agota Kristof, c'est à lire en poche chez Points.
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