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Critique de isasymai


J'avoue que m'essayer à une critique de l'album de Pierre Kroll, reçu grâce à Masse Critique, ne fut pas chose aisée. Emettre un avis sur un livre préfacé par Alex Vizorek et Charline Vanhoeneker à l'humour ravageur c'était déjà placer la barre très haut. Quand une fois l'ouvrage refermé vous avez douloureusement pris conscience que décidément, il ne fait aucun doute que vous apparteniez bien à la tribu de ceux que l'une des deux sus-nommés qualifie de " français ignorants, qui ne méritent pas de l'avoir lu", c'est devenu mission quasi impossible. Toutefois, bien que les français (encore eux) soient taxés de "rois du chauvinisme" je fais acte de contrition : non, je ne connaissais pas Pierre Kroll et pire, je n'ai aucune excuse car bien que n'ayant jamais eu l'occasion de lire Le Soir, quotidien outre Quiévrien, il fut un temps pas si lointain où j'ai lu et vendu certaines des parutions françaises dans lesquelles ses dessins sont publiés. Cerise sur le gâteau et quand bien même ma nationalité devrait m'être retirée, j'avoue que j'ai dévoré et adoré ce pavé richement illustré. Pour finir et puisque je n'aurais bientôt plus rien à perdre, j'abonde dans le sens de Charline Vanhoeneker et préconise la lecture d'une page de Pierre Kroll par jour à tous les français consommateurs invétérés d'antidépresseurs.
Pierre Kroll donc, né au Congo en 1958, est le dessinateur attitré du quotidien belge "Le Soir", après avoir été architecte, licencié en sciences de l'environnement et bien plus encore (mais si voulez en savoir plus sur sa personne rendez vous pages 160 et 161 de cet excellent volume). "C'est très drôle et d'ailleurs c'est belge", édité par Les Arènes, c'est un recueil de 400 pages et quelque mille de ses dessins, sélectionnés avec soin, présentés sous forme d'abécédaire : de A comme Art à Z comme Zoologie en passant par Clichés, Congo, Femmes, Réfugiés, Tintin, Vélo, Vieux, entre autre, et d'autres entrées plus inattendues comme Rois Mages, Saint Nicolas ou Vaches. En fait Pierre Kroll se saisit de tout ce qui d'une manière ou d'une autre peut faire un sujet d'actu. Mais ses préférences vont bien sûr à la politique, sujet inépuisable s'il en est, et l'on y retrouve tous les grands thèmes habituels, avec une prédilection bien compréhensive pour son pays. Ah, ces pages sur la Belgique, un vrai régal! La Belgique croquée par Kroll, ça vaut tous les articles et toutes les émissions qui essaient vainement de vous y faire comprendre quelque chose. Et c'est bien normal, car lui-même nous dit que "si vous pensez avoir compris , vous avez tout faux", voilà qui rassure. N'ayez crainte, notre hexagone et ceux qui l'habitent ne sont pas oubliés, je dirais même qu'il leur réserve une attention toute particulière et bien assaisonnée. Sans oublier le traitement spécial réservé à l'Europe, Bruxelles oblige, et celui plus fantaisiste attribué aux extra terrestres, ces petits bonhommes verts envers lesquels il semble éprouver une tendresse toute singulière.
Ce que j'aime dans le dessin de presse, c'est qu'il vous donne l'impression (j'insiste sur ce terme) d'être intelligent. C'est bien connu, un seul trait de crayon bien senti vous éclaire mille fois mieux, et Pierre Kroll dans la lignée des Cabu, Plantu, et autres Wolinski, y excelle. Préfèrant le trait de Franquin à celui d'Hergé, ses dessins ne sont pas particulièrement léchés car comme il le dit lui-même "j'aime que mes dessins aient l'air vite faits, presque pas finis". C'est drôle, caricatural sans méchanceté et sensible à la fois, lorsque par exemple il rend hommage à Julie et Mélissa les petites victimes de Marc Dutroux, à ses amis décédés de Charlie Hebdo, ou qu'il évoque le sort des migrants.
On n'y trouve pas cette noirceur absolue que l'on peut observer chez certains caricaturistes français ou pas. On y traite allègrement de choses graves, on se rit des travers humains avec un réalisme non dénué de tendresse. Pour ma part Pierre Kroll mais aussi tous ces humoristes et artistes belges, font souffler sur une France plutôt asthénique un vent de fraîcheur semblable à celui que les artistes québécois des années 70-80 ont apporté à la chanson et au cinéma d'expression française.
Je ne remercierai jamais assez Babelio de m'avoir fait découvrir ce talentueux dessinateur et j'espère que d'autre le liront aussi car pour paraphraser le professeur Moustache d'Arte : si vous lisez Pierre Kroll vous mourrez moins bêtes, même si bon, vous mourrez quand même. de rire bien sûr!
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