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EAN : 9782825145166
348 pages
Rue Férou l'Age d'Homme (19/08/2015)
3.7/5   5 notes
Résumé :
« J'ai rencontré Mathilda au milieu d'un cauchemar. Je n'aurais pas pu la rencontrer ailleurs. »

Joseph Rivière est un écrivain misanthrope, une épave oubliée du monde. Il invite un jeune admirateur à le rejoindre sur une île des Caraïbes où il vit reclus avec sa nouvelle et intrigante compagne. L'arrivée du jeune homme ne se déroule pas comme prévu. Tenu à l'écart, humilié, il ne reçoit de son ancien mentor que des confessions alarmantes... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Je remercie tout d'abord l'équipe de Babelio et les éditions L'ÂGE D'HOMME pour la découverte de ce roman, particulier mais intéressant, pour lequel je reste néanmoins mitigée.

Il m'est en effet difficile d'émettre un avis pertinent sur ce livre. Si je ne peux nier d'avoir apprécié le contexte pittoresque et oppressant, les personnages déconcertants et lunatiques, un style léché et une plume plaisante, je ne peux pourtant pas prétendre à une totale compréhension... Peut-être était-ce voulu par l'auteur, ou non.
Quoiqu'il en soit, ma lecture fût agréable, bien que jalonnée de questionnements qui n'ont hélas pas trouvé de réponses.


《J'ai rencontré Mathilda au milieu d'un cauchemar. Je n'aurais pas pu la rencontrer ailleurs.》


[Avant de lire cette chronique, je vous conseille de découvrir le résumé du livre sur sa page info ;-)]


Un intrigant huis-clos à l'atmosphère particulière, virant au fil du roman en immersion presque malsaine, à tout le moins véritablement déroutante.

"J'ai eu l'impression de pénétrer dans les locaux d'une secte, une famille à la Charles Manson."

Ce livre se divise en quatre parties que l'on pourrait décliner comme suit :

1- L'entrée en matière du récit, racontée par Léon, le narrateur principal, m'a laissée perplexe.
Nous y est présenté les personnages, en tout les cas vu par ce dernier et l'on comprend très vite que la tournure de l'histoire s'oriente sur l'aspect psychologique de nos protagonistes.

"Il exhibait son trophée sous une lumière changeante : on avait à faire à une nymphe insaisissable, protéiforme, qui tenait d'Aphrodite, Elvire, Mata Hari, Charlotte Corday, "sainte et putain à la fois"... le poète mitraillait de tels poncifs qu'il était impossible de savoir à quoi ressemblait son modèle pour de vrai (...)."

2- On démarre cette seconde partie sur les confidences de Joseph Rivière, écrivain méconnu et misanthrope qui accueille Léon dans son antre : une sorte de plein-pied construit dans une cuvette entourée de la jungle de l'île d'Odessa, ce bâtiment aux larges baies vitrées renvoie immédiatement le lecteur au titre du roman pour les raisons que l'on devine.

"Le gouffre m'est devenu trop familier. Il faudrait un trou plongeant au-delà de l'enfer pour me faire ressentir un début de vertige."

Avant la fin de ce deuxième fragment, l'on revient sur Léon et sur la compréhension qu'il a sur ce que vient de lui relater son hôte.

"Mentalement, tandis que la voiture s'enfonçait dans la jungle, je réorganisais tout autour de cette accroche : la ruine, une plongée sans retour dans le délabrement d'une gloire passée. Un has-been schizophrène. Un monstre de foire."

3- Ici, le livre prend un ton différent et l'on commence à se poser de plus en plus de questions, notamment quant à la santé mentale du couple qui paraît si peu en osmose. On va entrer dans leur intimité et enfin faire connaissance avec la mystérieuse Mathilda.

"Nous attendons...

- Donc, tu t'appelles Cornelius ?
- Pas du tout, dis-je stupéfait. Non, je m'appelle Léon.
- Je me disais aussi. Cornelius... C'est ce que Joseph m'a dit, mais il se trompe tout le temps. Il n'arrive pas à retentir les prénoms. Enfin, c'est ce qu'il prétend, moi je pense que c'est juste pour s'amuser et réduire les gens à ce qu'ils sont - rien.

Un ange passe."

4- ...et là commence la folie...

"On ne se comprend pas, et le seul rapport qui puisse exister est un rapport de massacre."

Pour être entièrement honnête, je n'ai pas tout compris à cette histoire comme dit plutôt. Mais encore moins pendant cette dernière partie, la plus trouble du roman, et celle qui malheureusement m'a perdue en chemin...

"Le retour au réel serait difficile."


Je pense sincèrement le relire un jour, avec un peu de chance j'y verrais plus clair...

Pour terminer, je reprendrais la phrase qui clôt le résumé sur la 4ème de couv :
《Le langage implacable et virtuose de Thomas Krizaniac plonge le lecteur dans un jeu cérébral pernicieux, une machination tropicale dont toute issue est illusoire.》
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Le roman s'ouvre sur un long portrait de l'écrivain Joseph Rivière, décrit du point de vue d'un petit littérateur, Léon, qui fut de loin en loin son admirateur, après la lecture de son premier roman, jusqu'à prendre de plus en plus de recul. Rivière est en effet un écrivain misanthrope, à la fois pur produit de sa génération et comme perdu dans le monde d'aujourd'hui, comme s'il dépareillait forcément dans le décor. On assiste, assez navrés, au lent égarement de ce gars qui aurait pu avoir du talent, on le voit rongé par l'indignation et, surtout, par le ressentiment, au point de finir comme ces polémistes qu'on écoute en diagonale et qui sont suivis par quelques amateurs, pas forcément plus équilibrés non plus. Toujours est-il qu'il y a chez Joseph Rivière quelque chose qui cloche ; on le sent même si on ne sait pas bien pourquoi. Alors quand le narrateur apprend que ce même Rivière file le parfait amour avec une jeune femme dans une île des Caraïbes, forcément, il s'étonne. Rien dans les lettres de l'écrivain ne lui permet de mieux cerner Mathilda et, curieux de découvrir à quoi ressemble la femme qui a réussi à supporter (dompter ?) Rivière, il accepte leur invitation et part pour Odessa, une île repliée sur elle-même, loin de tout.

Mais si tout se passait comme prévu, nous ne serions pas dans un roman. Lorsque Léon rencontre Rivière à son arrivée, il sent que quelque chose ne va pas. Celui évite le sujet Mathilda, le loge chez Lazare, et repousse sans arrêt le moment de la rencontre. Léon, qui espérait recueillir des confidences de la compagne, pour satisfaire sa curiosité et préparer un documentaire sur l'étrange Rivière (n'est-il pas sûr de faire le buzz avec un tel personnage ?) ne sait quoi en penser. L'île qui enveloppe le tout de ses brumes a comme suspendu le temps. C'est alors que le jeu commence.

Car Thomas Kryzaniac se joue de ses pauvres lecteurs. Les révélations tombent, de celles qui vous font reconsidérer toute l'histoire… jusqu'à menacer notre perception du réel. Joseph Rivière serait-il fou ? Ou bien Mathilda ? Et ne serait-ce pas finalement le narrateur, par lequel nous percevons tout, qui nous aurait déformé toute l'histoire… ? Finalement, enfermés dans la grande maison aux larges vitres donnant sur la jungle, comme prisonniers d'un vivarium inversé, les personnages perdent pied – avec le monde extérieur, avec eux-mêmes et enfin avec leurs repères de pensée. La description de l'île et de ses atmosphères changeantes, loin du cliché de la chaleur accueillante des Caraïbes, permet de sentir, intuitivement, et de refléter les états d'esprit desdits personnages.

Tout cela pour servir une intense réflexion sur le langage et la vacuité. L'incompréhension entre Rivière et son non-disciple, entre ce non-disciple et tous ses interlocuteurs, le vide qui s'installe au coeur même des mots que l'on prononce, est un thème qui court, souterrainement, dans tout le roman, et dont on ne nous donne les clés qu'à la fin du roman.
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Il faut croire que la grande littérature se présente le plus souvent sous couverture sobre - de préférence blanche (la Blanche de Gallimard, qui n'est pas blanche, celle des éditions de Minuit, de chez POL, le jaune de Verdier, pour n'en citer que quelques-unes) - mais salissante ; c'est le cas avec ce nouveau livre de Thomas Kryzaniac. Après deux semaines à transporter Vivarium pour me permettre de terminer sa lecture au plus vite, ce livre est dans un état déplorable, taché, usé, couvert de traces dont je ne m'explique pas toujours l'origine ; mais c'est aussi le signe d'un livre aimé et parcouru avec un grand intérêt.

Sans dévoiler l'histoire, on pourra signaler sa haute qualité littéraire, son inquiétante étrangeté, son goût pour le fantastique (on pense parfois au Portrait de Dorian Gray d'Oscar Wilde), et une touche surréaliste. D'ailleurs, il arrive que les lectures évoquent des musiques (pour le coup c'était surtout Personal Monster des Legendary Pink Dots) ou des peintures ; Vivarium m'a immédiatement plongé dans l'atmosphère de la Forêt de Max Ernst, où les troncs forment un mystérieux barrage, un angoissant mirage, comme une hallucinante et instable construction. Et c'est bien là l'effet que produit la lecture de Vivarium : on glisse sans cesse dans la forêt des âmes, dans une nature toute dissonante et angoissante. Il y a un malaise constant à suivre ce jeune journaliste en mal d'histoires, cet écrivain misanthrope, et sa jeune compagne dont le rôle est souvent changeant ; mais il y a aussi une fascination à suivre leurs comportements sur une île où tout semble s'inverser : ce n'est plus l'homme qui regarde la nature, mais la nature qui regarde l'homme, et elle le pétrifie, telle Méduse.

Exigeant que le lecteur sorte du confort de son fauteuil pour s'engager dans l'inconnu, Vivarium est l'un des grands romans de cette rentrée littéraire 2015.
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Tout d'abord, un grand merci à Babelio de m'avoir permis de découvrir cet ouvrage par l'intermédiaire de son opération "Masse critique". C'est déjà enthousiasmant de recevoir un livre inconnu dans sa boite aux lettres, encore plus excitant d'en devenir un des critiques.

Odessa, une île perdue au milieu de la mer des Caraïbes, un écrivain parisien Joseph Rivière est venu s'y réfugier en compagnie de la jeune Mathilda. Sous quel prétexte ? Besoin d'inspiration, fuite face à une menace imprécise...
Léon, critique intermittent qui a suivi autrefois la vie littéraire de Rivière est invité à rejoindre le couple et va tenter un reportage.
Mais dans l'atmosphère poisseuse de l'île, la misanthropie maladive de Rivière s'est-elle transformée en folie ? Mathilda est-elle atteinte d'un mal incurable comme le prétend l'écrivain ? Pourquoi cette femme intelligente, vive s'est-elle attachée à cet homme aigri ? Par admiration, pitié ?
Léon est désormais observateur et observé au fond d'un puits volcanique dans la maison vivarium de ce couple improbable.

L'écriture envoutante de Thomas Kryzaniak nous captive et nous enchaine à cette "inquiétante étrangeté" à trois personnages. On songe, tour à tour à Malcom Lowry et à son "Under the volcano" parfois à "Hygiène de l'assassin" d'Amélie Nothomb, aux romans fantastiques d'Ira Levin...
C'est dire si le roman de ce jeune auteur réussit à nous intriguer et à nous entrainer dans les méandres morbides d'Odessa et de ces troublants personnages.
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Tout d'abord je tiens à dire que je n'ai pas tout à fait compris ce livre. Malgré ça j'ai passé un très bon moment et j'ai apprécié la lecture.
On rencontre Léon, un jeune admirateur, qui est invité par l'écrivain Joseph Rivière. Au début de ce roman Léon raconte qu'il admirait l'écrivain mais qu'au fur et à mesure le comportement de Rivière à fini par le faire s'éloigner.
Mais lorsque Rivière l'invite pour rencontrer sa compagne Mathilda, Léon ne refuse pas et va donc rejoindre le couple sur une île des Caraïbes et ainsi en profiter pour écrire un article ou réaliser un long métrage sur l'écrivain. Quand Léon arrive, Rivière évite le sujet Mathilda. Pourquoi ?
On se pose sans arrête des questions sur nos 3 personnages. L'auteur ne répond pas vraiment aux questions car il nous embrouille plus qu'autre chose.
Je pense relire ce roman une fois mes examens fini afin de comprendre un peu plus l'histoire et en faire une meilleure critique :)
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Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
Sa parole a un temps de latence. Elle est l'ombre de son ancienne vie, projetée dans le désert actuel. Sur n'importe quel sujet, elle peut encore s'envoler et séduire un auditoire. Mais en dessous, il n'y a que le sable. Le néant. Aujourd'hui, je peux sentir ce gouffre. Il ne peut plus me tromper. Les traits d'esprit de Joseph ne servent qu'à ça, au fond : tromper, briller dans le vide. Comme la lumière d'une étoile qu'on perçoit avec un temps de retard alors qu'elle est déjà morte. Dieu sait quelles pensées il est en train de couver en ce moment ; des phrases qui jailliront dans quelques semaines, quand il sera trop tard. Ou après sa mort. Sa parole met plusieurs semaines à s'extraire de son être naturel. Et quand elle sort, il est déjà ailleurs.
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- (...) Je suis comme un de ces clowns dans les hôpitaux pour enfants. Vous savez qu'ils finissent souvent par se suicider, parfois même avant que l'enfant ne meure ? C'est sinistre. Dans un monde idéal, ce serait les petits leucémiques qu'on enverrait pour distraire les clowns.
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"Des tambours lointains font vibrer le sol, saccadent les conversations. Il n'est pas dix heures, mais la chaleur est déjà insupportable. En cherchant de l'ombre, nous arrivons aux confins de la place, à l'ombre des palmiers, chez les bouquinistes.

Elle entreprend des fouilles. C'est son caprice, une petite manie qu'elle a prise pour me titiller. Au milieu des éditions de prestige - un labyrinthe de couvertures abîmées par les champignons, la sueur de doigts morts - elle me cherche. "On finira bien par tomber sur toi au milieu des cochonneries", dit-elle en écartant Zola, des Harlequins et les 50 Recettes du bouddhisme.

Mes livres ne se sont jamais vendus. Il y a peu de chance de les voir trôner dans les poubelles de la littérature, mais à cet instant elle semble y croire malgré tout, du moins elle l'espère de toutes ses forces, et son obstination me gêne un peu. Aucun vendeur n'est épargné.

- Le papier jaune, le rebus, la seconde main. Ce serait le début de la postérité, Joseph. Personne ne te prendra au sérieux tant que l'encre est encore fumante.

J'acquiesce pour lui faire plaisir. Elle ne sait pas que ces questions me laissent de marbre - ou plutôt, au sens propre, je ne les comprends pas, pas plus que si un tamanoir essayait de me communiquer son enthousiasme pour les fourmis. Toute une littérature de grenier lui file entre les doigts, elle inspecte chaque tranche, chaque couverture, pour vérifier si mon nom n'apparaît pas quelque part. Je somnole en regardant ses cheveux onduler au-dessus des cartons quand elle pousse un cri qui fait sursauter toutes les personnes autour de nous.

Quelques secondes plus tard, avec un air victorieux, elle me tend un exemplaire de Médusa."
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Au sein d'une même langue, un mot change de sens selon la bouche qu'il franchit. Par conséquent, chaque mot est prononcé une seule et unique fois avant de disparaître à jamais. Ou alors, pour faire simple: aucun mot n'existe.
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Il craignait ses potentiels coups de foudre, et employait le pire cynisme pour s'en prémunir. Il avait dilapidé sa joie. (...) Insensible à tout ce qui jadis lui avait transpercé l'âme, vacciné contre ses propres émotions, il ne prenait plus rien au sérieux, avait sombré dans l'autoparodie jusqu'à devenir franchement agressif et pénible.
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Thomas Kryzoniac, "Le Pyromane" à la Paillade. par Kaina-tv
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