Dans les Onze Royaumes, et notamment celui de Gwynedd, le système social et politique est féodal, le système religieux chrétien. Y cohabitent humains et Derynis, ces derniers étant dotés de pouvoirs magiques ; l'Histoire politique de Gwynedd est d'ailleurs une succession d'alternances des uns et des autres sur le trône.
Au début du Xème siècle, c'est la dynastie derynie Festil qui l'occupe depuis quatre-vingts ans, consécutivement à un coup d'Etat particulièrement violent qui est censée avoir fait disparaître toute entière la dynastie humaine Haldane. En 903, Imre règne depuis trois ans mais ne fait pas l'unanimité ; en particulier, Camber MacRorie, septième comte de Culdi, conseiller reconnu et apprécié du précédent règne, s'est retiré sur ses terres au moment du sacre d'Imre, refusant de cautionner sa politique peu sociale.
Les choses en resteraient là si les intrigues de cour ne conduisaient pas à l'assassinat de son fils aîné par le roi lui-même. Dès lors, Camber de Culdi va exploiter une découverte de son fils cadet, Joram, et de son futur gendre, Rhys Thuryn, pour destituer Imre du trône de Gwynedd : la dynastie Haldane ne serait pas encore éteinte. C'est donc à une véritable trahison qu'il se livre, et ce d'autant plus qu'il est Deryni et qu'il cherche à détruire un autre Deryni au profit d'un humain.
Voilà donc a priori une fantasy des plus classiques. de fait ni l'univers médiéval ni l'intrigue axée sur les machinations politiques, ponctuées de quelques batailles, ne montrent une originalité quelconque. Rappelons toutefois que le roman date des années 1970 et qu'il posait alors les bases de cette littérature qui, à compter des années 1980, deviendrait pléthorique et se poserait comme l'héritière des grands anciens tels que
TOLKIEN. Signalons aussi qu'il s'agit là d'une fantasy érudite, dans laquelle l'univers décrit est parfaitement crédible, du point de vue politique et social d'une part, mais surtout du point de vue religieux ; il est vrai que
Katherine KURTZ est une spécialiste de l'histoire médiéval anglaise et de l'église catholique romaine et que rarement (jamais ?) la pratique religieuse n'aura été aussi précisément décrite dans une telle oeuvre. Et peu importe que la magie des Derynis y soit associée puisqu'elle le fait très subtilement.
Il n'en reste pas moins que l'oeuvre est un peu trop facile, tant au niveau de l'écriture que de celui de l'intrigue. Il est vrai aussi que la géographie des Onze Royaumes n'est quasiment pas exploitée. Enfin, les thèmes développés sont tels que l'auteure n'évite pas certaines longueurs, et ce d'autant plus qu'elle développe son histoire sur trois romans. Il est vrai que, au-delà de l'intérêt pédagogique, la description détaillée d'une cérémonie religieuse sur de nombreuses pages peut entraîner quelques bâillements. En outre cette trilogie ne concerne que Camber de Culdi et l'on sait que
Katherine KURTZ a eu l'occasion de développer les conséquences des actes de ce personnage sur plus d'un siècle en aval de l'Histoire de Gwynedd, donnant lieu à l'écriture de trois autres trilogies.