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EAN : 9782889083350
342 pages
La Joie de Lire (15/09/2016)
4.29/5   7 notes
Résumé :
Jengo Longomba devenu un boxeur de renommée internationale se penche sur son passé. Né à Kinshasa, considéré par sa grand-mère comme un « enfant sorcier », il vit une enfance difficile durant laquelle il se découvre une passion pour la boxe. À la mort de son père, sa mère les abandonne, lui et le reste de sa fratrie. Contraint d’aller vivre chez un oncle détestable qui finit par vouloir l’exorciser, il décide de fuir le pays pour lui échapper. Accompagné de Jacques,... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Ça grouille, de monde, de bruit, de poulets en liberté. Kinshasa. Une fureur dans la rue, une folie dans le stade, ça hurle, ça chante, ça danse. Sur le ring, dans la ville. La liesse, les bars sont pleins, les Flags décapsulées, les radios époumonées, les djembés cognent. le grand combat. Foreman contre Ali. La sueur coule sur les visages, les coups pleuvent sur les gueules et dans les côtes. le sang en ébullition, l'atmosphère s'est suspendue. Jusqu'au KO final. Une pluie diluvienne, colère des Dieux, le grand serpent jaune sillonne le bidonville…

« Rewind. le Rumble in the Jungle. Foreman pousse Ali dans les cordes et frappe comme un sourd sur Ali. Pourtant les forces de Foreman s'amenuisent. Sixième round. Foreman s'affaiblit. Septième round. Foreman fait une faute. Huitième round. « Ali, boma ye ! Ali, boma ye ! » Eh oui ! le K.O. dans le huitième round. Ali a récupéré son titre. »

Jengo Longomba, « enfant-sorcier » qui des années plus tard rêve de devenir boxeur, comme d'autres rêvent d'être footballeur, lorsque son grand-père l'emmène dans ce vieux stade aussi délabré que son passé est glorieux. Jengo, jeune enfant solitaire, mis à l'écart par ses camarades parce que ses origines ne sont pas de la même ethnie, rejeté par sa grand-mère parce que les Dieux en ont voulu ainsi dès sa naissance. Jengo s'entraîne, se motive, garde sa rage pendant que le pays se déchire, la guerre civile s'abat sur la population, sur les ethnies, et que les cataclysmes mortifères surenchérissent la misère du peuple kinois.

« Je dépliai les pages arrachés au livre de boxe et je regardai Mohammed Ali. « Float like a butterfly, sting like a bee. Vole comme un papillon, pique comme une abeille », avait-il dit. »

Mais sa survie dépendra de sa fuite. Dès lors, il devra abandonner sa soeur à son pays, mettra la boxe de côté et s'envoler sous d'autres cieux. L'Egypte avant d'atteindre l'Europe. Une autre vie l'attend. Une vie faite d'un énorme espoir, mais aussi de grandes et nombreuses désillusions. Il erre dans les rues, à la recherche d'un travail, d'un toit, d'un quignon de pain. L'art de la débrouille quand on devient un sans-papier est la base de toute survie. Et aussi l'art de passer inaperçu pour ne pas se faire refouler hors des frontières, vol direct pour son pays d'origine. Il traverse des déserts, et des mers. Sa survie ne tient qu'à un jerrican d'eau potable et une force mentale que la boxe lui a insufflée.

Anna Kuschnarowa décrit parfaitement ce monde clandestin, ces migrants à la merci des passeurs, des intempéries, des policiers. On y croise les bons, qui aideront Jengo, et les mauvais qui le voleront. Mais derrière ce destin, il y a la force humaine, l'idée que la vie est un ring de boxe, et que si l'on prend des coups, il y a toujours moyen de se relever. J'admire les boxeurs, le sang qui se mêle à la sueur sur le ring, les nanas en string qui remuent leur cul en montrant la pancarte du round suivant. Se prendre des gnons dans la gueule et dans le coeur. Mais toujours se relever avant le décompte final. La vie de Jengo est ainsi faite, mais lui a cette force que je n'ai pas pour survivre de ses rêves et toujours se relever, sur son ring et dans son histoire.

Cette lecture enrichissante, lu dans le cadre d'une masse critique jeunesse (à destinations des ados mais aussi des bisons), ouvre une nouvelle porte vers la compréhension de notre société et permet de partager, d'entrevoir ce que peut être la vie – ou l'enfer – de ces migrants qui frappent à nos portes. Un roman d'actualité, d'âme africaine et de coeurs qui battent au rythme des cordes à sauter et des jabs, que je découvre grâce – et avec mes remerciements tant l'histoire est prenante, aboutie et réaliste - à Babelio et les Éditions La Joie de Lire…
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Tout d'abord, je tiens à remercier l'équipe de Babelio et les Editions suises La Joie de lire pour l'envoi de ce roman lors de l'opération Masse Critique jeunesse.

Quand, j'ai vu la couverture avec les gants de boxe, ma première réaction à été de me dire : un livre sur le sport, ce n'est pas pour moi. Puis, en lisant la résumé, on comprend que d'autres thèmes vont être au centre de l'intrigue : la vie en Afrique, les relations familiales, la clandestinité...

Au début du roman, on sait que Jengo Longomba a réalisé son rêve d'enfant, il est devenu boxeur professionnel. Juste avant un combat, un journaliste l'interviewe et au fil des questions, Jengo se remémore son enfance congolaise, son adolescence de migrant et nous le raconte.
A cause de sa naissance difficile, sa grand-mère est persuadée qu'il est un enfant-sorcier lui mène la vie dure, heureusement qu'il peut compter sur son grand-père, son père (souvent absent) et sa petite soeur Amali pour le défendre.
Le jour où Jengo a 6 ans, son grand-père l'amène au stade Tata Raphaël où tous les boxeurs de Kinshasa s'entraînent, c'est à partir de cet instant que nait sa passion pour ce sport de combat. L'entraineur le refuse comme élève car il est trop jeune et lui dit de revenir lorsqu'il aura 10 ans, ce que Jengo fera.
Quelques années plus tard et après plusieurs décès dans leur famille, Jengo et Amali sont contraints d'aller vivre chez un oncle et une tante, personnes très croyantes et sous l'emprise d'un gourou. L'oncle interdit à Jengo de pratiquer la boxe et se met en tête de faire exorciser Jengo. Lorsque Jengo apprend ça, il n'a plus qu'une seule envie : partir et rejoindre l'Europe à n'importe quel prix.

L'auteure nous livre un récit particulièrement réaliste, à tel point que je me suis plusieurs fois demandé si je ne lisais pas une vraie biographie ! Elle nous décrit la vie africaine et la vie de clandestinité avec ses joies et ses peines et sans nous épargner. En effet, certaines scènes sont assez dures et violentes comme les rituels de "magie" faits aux enfants-sorciers ou les corps des migrants morts que l'on jette à la mer lors de la traversée.
Un récit poignant qui alterne entre désillusion et espoir, qui résonne avec l'actualité et nous incite à considérer les migrants avec plus de dignité et de respect.
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Jengo doit fuir le Congo, son pays. Commence alors non pas 1 mais 2 périples pour lui permettre de rester en Europe et réaliser son rêve : devenir champion de boxe.
En pleine actualité (même si l'on parle un peu moins de drames de la migration en cette année 2019), le roman de Kuschnarowa montre la diversité des raisons de migrer, mais aussi leurs difficultés et leur précarité. Pour ceuxqui le comprennent toujours pas : on ne quitte pas son pays par le désert puis la Méditerranée sur un rafiot pour le plaisir de nous piquer nos sous. Mais parce que sa vie est en danger, qu'elle ne nous appartient pas, que notre pays ne nous offre aucune perspective d'avenir... Jengo aurait probablement préféré prendre un avion...Il aurait évité bien des mauvaises rencontres, où les passeurs ne sont pas nécessairement les pires, tant la vie des migrants/réfugiés tient à peu de chose. Mais peut-être aussi aurait-il raté des belles rencontres, de celles qui construisent positivement.
Un roman qui fait réfléchir sur nos postures envers celles et ceux qui risquent leur vie pour un espoir de monde moins dur. Je trouve que c'est presque plus parlant qu'un témoignage de vie ; peut-être parce que c'est moins personnel et plus distancié.
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Certains romans vous ouvrent des portes, sur une meilleure compréhension, sur une autre compréhension du monde parfois, de notre époque, de notre actualité d'autre fois.
Celui là en fait partie et c'est sûrement pour ça, que ce roman fait partie de mes coups de coeur.
Quand j'ai commencé sa lecture, je n'avais pas vu ce "s", à la fin de "Kinshasa dreams", je ne l'avais pas remarqué, tout comme je ne pensais pas tomber sur un livre qui évoquerait autre chose qu'un gars qui veut devenir boxeur. Et pourtant ce roman, c'est tellement plus que ça, c'est l'histoire de quelqu'un qui qu'importe les obstacles sur son chemin ne quittera jamais son objectif des yeux, et y parviendra ou mourra.
Mais ici, il y parviendra. Non, je ne viens pas de vous spolier, car ce roman commence par la fin, alors que Jengo est devenu un "grand" boxeur et qu'il se prépare à un combat. Là, pendant son entraînement pour ce qui est va être le combat de sa vie, il se remémore ses souvenirs, pour réussir, pour savoir pourquoi il se bat. Et il en a des raisons qui le poussent à se battre.
Et je ne parle pas seulement de celles évoquées par la quatrième de couverture: d'être considéré par sa famille comme un enfant sorcier, ni même d'être né à Kinshasa. Là où pour une raison futile, on vous abandonne ou vous exorcise. Ou pour un orage, vous pouvez être considéré comme un enfant sorcier.
Ce roman n'évoque pas seulement cela, il parle aussi de ce que c'est d'être migrant aujourd'hui. Et là, le lecteur se prend une sacré claque. J'avais déjà lu d'autres livres sur le sujet mais c'est le premier qui m'a vraiment donné l'impression d'y être, l'impression de mieux comprendre ce que c'est...
Car Jengo est comme n'importe lequel de ces migrants, lui aussi tente de partir en Europe pour boxer mais pas seulement, pour retrouver sa mère aussi. Et pour ça, il va faire beaucoup de choses, vivre beaucoup d'aventures, connaître le meilleur et surtout le pire.
Sa première étape, est bien sûre Kinshasa, où il va grandir, se construire et se forger son caractère.
Sa deuxième sera le Caire, où j'ai pour la première fois eu une vague idée de comment le prosélytisme religieux extrême pouvait marcher. Avant, je n'arrivais pas à concevoir qu'un tel lavage de cerveau soit possible et pourtant... Mais au Caire, il rencontrera aussi l'un de mes personnage préféré de ce roman Hosny (je ne vous en dis pas plus mais c'est très émouvant).
Sa troisième étape, est un périple: du Caire à la Sicile, affreux, terrible, inhumain, je n'ai pas de mot pour le décrire.
Sa quatrième étape, les portes de l'Europe, nous présente une face qu'on aime ignorer, cette partie que l'on oublie volontiers, et qui pourtant nous rappelle la chance qu'on a.
Sa cinquième étape, est la France où il tentera de percer en temps que boxeur...
Ces 5 étapes sont toutes différentes des autres et nous montrent de nombreux points de vue, dont ceux que l'on préféré ignorer.
Pour autant, si ce roman a pour vocation, de montrer une vérité, le ton de l'auteur n'est pas pour autant accusateur, elle préfère se contenter de faits. A nous de faire le reste.
Son roman est parfaitement documenté, on a vraiment l'impression qu'elle a fait ce périple.
 le personnage de Jengo est très attachant. Je l'ai franchement adoré, et j'ai été impressionnée par sa détermination. Son caractère s'est forgé au fil du temps, des rencontres et des épreuves et c'est ça aussi qui rend ce livre fort !
Enfin, car je préfère vous laisser découvrir le reste par vous même, j'aimerai terminer par deux petites choses: sa mère et le journaliste.
J'ai trouvé que le journaliste est une sorte d'allégorie du lecteur qui commence ce roman, ou de tout autre personne qui finalement, en dehors des médias traditionnels en sait peu.
Quant à sa mère, je ne veux pas spolier mais grahhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhh. Voilà c'est fait vous connaissez mon sentiment la concernant, si vous avez lu le livre vous comprenez, sinon vous comprendrez après la lecture de ce roman que je ne peux que vous conseiller.
En conclusion:
Ce livre est un vrai petit bijou qui en plus d'avoir su m'ouvrir sur un autre point de vue de l'actualité, celui d'un migrant, a su me présenter l'histoire de quelqu'un qui en veut et ça ça en jette...
Lien : http://carnet-de-bord-litter..
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L'épopée d'un clandestin prêt à tout pour réaliser son rêve.
C'est une sacrée histoire que celle de Jengo ! "Maudit depuis le jour de ma naissance", il est "le monstre de la famille dont tout était la faute". Fils d'une Bantoue congolaise chrétienne et d'un Wolof sénégalais musulman, il est considéré comme une erreur de la nature, "un enfant-sorcier" selon sa grand-mère superstitieuse, un "sale étranger" pour ses camarades d'école. Son père l'adore mais n'est jamais là ("je fais commerce dans le coltan" à l'autre bout du pays) et sa mère s'occupe (vaguement) des plus petits. Heureusement il y a sa soeur Amali dont il est très proche, et son grand-père qui lui fait découvrir la boxe au stade Tata Raphaël ayant accueilli le célèbre combat George Foreman contre Mohamed Ali.

Aussitôt, le petit garçon se découvre une passion pour "ce monde étrange qui me fascinait tant". Il s'entraîne dur, pour éviter de "broyer du noir" d'une part, et dans l'espoir de devenir champion d'autre part ("plus personne ne pourrait me traiter de "nez de rat" sans le regretter"). Mais pour cela, il faut quitter Kinshasa...

Dès lors commencent des années de galère à fuir et survivre. Par avion et par bateau, à travers le désert et la mer, affamé et déshydraté, épuisé et dépouillé, le chemin que poursuit Jengo jusqu'à l'Europe est long et semé d'embûches. Pour autant on sait qu'il y parviendra parce que le récit est une rétrospective, il débute tandis que le boxeur se prépare pour un combat déterminant. Mais à quel prix ! Les rencontres seront nombreuses - autant de portraits singuliers et captivants - mais pas toujours heureuses. Et toujours "se débrouiller", se cacher, sans "aucune loi qui te protège car tu n'es pas sensé exister". Malgré tout c'est un Jengo plein d'espoir encore, qu'on laisse sur le ring : ici comme dans la vie, "on ne doit jamais être trop sûr de soi au cours d'un combat, mais tout est possible".
Lien : https://www.takalirsa.fr/kin..
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critiques presse (1)
Actualitte
04 octobre 2017
Kinshasa Dreams est un livre qui met le lecteur à l’épreuve (et quelle belle épreuve !), peut-être aussi parce qu’il résonne fort avec l’actualité du moment.
Lire la critique sur le site : Actualitte
Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
Un indescriptible brouhaha de klaxons, de chuchotements, de palabres et de cris. Des murmures sur des ragots de putsch, des angoisses susurrées au sujet de sorcellerie, des morts pleurés, des discussions bruyantes sur des policiers corrompus et des footballeurs qui avaient échoué, des marchandages pour des cigarettes, des tongs, des cacahouètes et les sons de kwasa kwasa et de Ndombolo, une sorte de rumba congolaise. Un méli-mélo de syllabes françaises, de lingala, de kikongo, de caquètements de poule, qui couraient partout sur la chaussée, des cris d'enfant et les marteaux des ouvriers.
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T'ai-je déjà parlé des "hiboux" ? C'était un escadron de la mort, et parce qu'ils ne sortaient que la nuit pour assassiner, on les a simplement appelés les "hiboux". [...] Mobutu Sese Seko Kuku Ngbendo s'est-il nommé. Pfff, "celui qui grâce à sa ténacité et sa volonté de vaincre va de triomphe en triomphe et laisse le feu dans sa trace". Laisse-moi rire ! C'est le nom d'un chef primitif, mais non d'un homme d'État dans un pays moderne !
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Je dépliai les pages arrachés au livre de boxe et je regardai Mohammed Ali. « Float like a butterfly, sting like a bee. Vole comme un papillon, pique comme une abeille », avait-il dit.
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Ne te plains pas
que Dieu ait créé le tigre,
mais remercie-le
de ne pas lui avoir donné d'ailes.

Proverbe congolais.
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La lune se déplace lentement ,
elle a pourtant fini par dépasser la ville.

proverbe ashanti.
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