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Patrick Marcel (Traducteur)
EAN : 9782702139523
297 pages
Calmann-Lévy (22/10/2008)
3.48/5   99 notes
Résumé :
Richard Saint-Vière est le plus fameux des tueurs des Bords-d'Eau, le quartier des pickpockets et des prostituées. Aussi brillant qu'impitoyable, violent à ses heures, ce dandy scandaleux gagne sa vie comme mercenaire en vendant ses talents de bretteur au plus offrant, sans trop se soucier de morale.
Mais tout va se compliquer lorsque, pour de mystérieuses raisons, certains nobles de la Cité décident de se disputer ses services exclusifs ; Saint-Vière va dès... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (46) Voir plus Ajouter une critique
3,48

sur 99 notes
Honneur, pouvoir et argent... voici ce qui anime les protagonistes de cet ouvrage de Fantasy intimiste et gay, pour le moins déroutant.

Ellen Kushner m'avait envoûtée avec "Thomas le Rimeur", inspiré de la légende celtique de Kevin le barde enlevé par la reine de fées. Cela m'avait donné envie de découvrir ses autres livres et c'est ainsi que j'ai entamé "À la pointe de l'épée".
Erreur fatale !

Si l'écriture en elle-même est plutôt jolie, l'histoire – qui se traîne sur 400 pages – n'a éveillé en moi aucun intérêt. Certes, je préfère les romans historiques à la Fantasy, mais là je n'ai trouvé ni l'un ni l'autre. L'auteur a conçu une société simpliste : les nobles habitent la Colline, font des affaires et se divertissent, tandis que les pauvres se terrent dans les Bords-d'Eaux, quartier des voleurs et des prostituées.

L'intrigue est portée par Richard Saint-Vière, un talentueux bretteur issu des Bords-d'Eaux. Son métier est de se battre en duel ou de tuer sur commande, à l'instigation des nobles de la Colline. Il vit avec un jeune étudiant fauché et dépressif, un certain Alec, qui va lui attirer quelques ennuis...

Malgré les combats et les morts qui émaillent le récit, il ne se passe rien de vraiment palpipant avant 200 pages, si bien que j'ai lu toutes les suivantes en diagonale pour en finir plus vite. Ce qui ne m'a pas évité le procès final, véritable cliché pour une romancière américaine.

"À la pointe de l'épée" m'a menée à la pointe de l'ennui.
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Sur les Bords de l'eau pullulent les prostitués, les voleurs et autres miséreux. Sur la Colline s'épanouissent les nobles, riches marchands et autres profiteurs. Entre ces deux mondes, un seul pont : les bretteurs. Engagés par l'aristocratie pour vider ses querelles et pratiquer le noble art de l'assassinat, ceux-ci vendent cher leurs épées et leur honneur mercenaire. Par principe, un bretteur se doit d'être apolitique, uniquement dévoué à son employeur et à personne d'autre, mais parfois cette sage neutralité ne suffit pas à les protéger… C'est le cas de Richard Saint-Vière, le plus réputé et le plus demandé des coupe-jarrets des Bords de l'eau. Lame humaine entre les mains de plus puissants que lui, il va se retrouver plongé dans un imbroglio de complots et de machinations. Or une lame, même de chair et de sang, est quelque chose de remplaçable et Richard, s'il n'y prend garde, pourrait bien finir au fond d'un caniveau, la gorge proprement tranchée, ou – pire – au bout d'une corde au milieu d'une place public.

De la fantasy de cape et d'épée, voici un concept séduisant ! Pourtant, mes quelques excursions dans ce domaine ont été assez décevantes. « Les gardes phénix » de Brust m'ont agacée, « les lames du cardinal » de Pevel m'ont consternée et le dernier de la liste, « A la pointe de l'épée » d'Elen Kushner, m'a vaguement ennuyée. le roman a pourtant plusieurs bons points en sa faveur, dont une jolie écriture, très élégante quoique un peu maniérée, et une atmosphère très prégnante, pleine de poésie et de nostalgie. L'histoire elle-même est agréable à suivre, mais pas très trépidante, ce qui ne serait pas bien grave si les personnages compensaient cette faiblesse par leur profondeur et leur humanité. Ici, niet ! Richard est fatiguant d'impassibilité et son amant, le jeune Alec (et oui, « A la pointe de l'épée » est gay friendly et ce serait un autre bon point si…), est une des pires têtes à claques que j'ai eu l'occasion de croiser en littérature fantastique. Quant aux personnages secondaires, inutile d'en parler tant ils sont superficiellement traités. le tout donne un roman non dénué de qualités, mais qui a échoué à éveiller réellement mon intérêt.
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Richard Saint-Vière est un bretteur professionnel taciturne assez peu porté sur la politique et presque en fin de carrière. Avec « A la pointe de l'épée », Ellen Kushner entreprend de nous relater un pan de la vie de cet épéiste vieillissant qui va se retrouver embourbé malgré lui dans les complots ourdis par les nobles de la Colline. Nobles qui, évidemment, sont toujours prêts à se tirer dans les pattes et à manipuler tous ceux passant à leur portée pour arriver à leurs fins. Le lecteur est ainsi confronté à deux milieux radicalement différents : d'un côté Bords d'Eau, quartier mal famé où ont été rassemblés tous les rebuts de la société cohabitant tant bien que mal entre les battisses défranchies, les tavernes et les bordels ; de l'autre la Colline peuplée d'aristocrates bien à l'abri dans leurs riches demeures et malgré tout avides de plus de pouvoir. Difficile de ne pas se laisser embarquer par l'intrigue qui enchaîne les rebondissements à un rythme soutenu, le tout porté par une plume fluide et agréable.

Le protagoniste, épéiste talentueux et au passé trouble, est pour sa part plutôt attachant bien que peu bavard et encore moins expressif. Il en va d'ailleurs de même des autres personnages, tous plus intrigants les uns que les autres, qu'il s'agisse de la machiavélique duchesse Diane de Trémontaine ou encore du chancelier Basil Halliday. Le plus convainquant reste toutefois Alec, jeune homme énigmatique et torturé avec lequel Richard Saint-Vière entretient une relation passionnelle mais destructrice et dont les répartis pleine de morgue et de cynisme font toujours mouche. Rien de tel pour arracher un sourire au lecteur. L'intrigue est quant à elle plutôt classique mais se déroule sans véritables temps morts, ne laissant ainsi guère d'opportunités aux lecteurs de décrocher.

Un bon moment de lecture que j'aurais aimé poursuivre avec les autres romans d'Ellen Kushner se déroulant dans le même univers mais qui n'ont malheureusement pas encore été traduits en français.
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Dans une Cité rappelant la Renaissance italienne et régie par un conseil de nobles, afin d'éviter les affrontements sanglants entre familles la solution trouvée est de régler ses griefs à travers des bretteurs émérites dont les actions sont régies par un code. Richard Saint-Vière, un jeune bretteur exceptionnel est le plus recherché, le choix idéal lorsqu'on veut régler un problème de manière définitive. Ce livre nous fait partager la vie de Richard et d'Alec, son amant qui devront parvenir à naviguer parmi les intrigues et perfidies de la noblesse.


Il faut d'abord préciser que ce roman n'est classé en Fantasy que de par la Cité, jamais nommée et la place prise par les bretteurs, de plus s'il y a bien de nombreuses capes et épées, ne vous attendez pas à une action effrénée, à des chevauchées ou de multiples duels, certains duels ont bien droit à une description, mais à une exception près elles sont très courtes, ce qui est logique, Richard est vraiment très doué et ses duels sont rapidement réglés. Il nous reste les intrigues politiques, trahisons, complots, machinations et vengeances et les rapports amoureux, le tout assez bien équilibré.


Les rapports amoureux entre hommes sont plutôt bien gérés, ils ne sont pas invasifs et conformes à l'époque suggérés, n'oublions pas que le mot "homosexualité" a attendu la fin du XIXème siècle pour apparaître et que la "sodomie", qui définissait tout ce qui n'était pas rapports destinés à la reproduction, n'a été combattu sérieusement par l'église qu'à partir du XIIème siècle, ce qui n'empêcha pas de nombreux papes, prélats, rois et autres de consommer leurs passions au su de tout le monde, certains milieux n'en faisaient pas mystère, il suffit de lire la correspondance de l'épouse de Monsieur, frère de Louis XIV pour s'en convaincre. L'autrice nous campe donc une société où es rapports entre personnes de même sexe sont communs et n'ont rien de remarquables, cette situation étant d'ailleurs favorisée du fait qu'à aucun moment il n'est question de religion ni d'église …


Le décor se met en place, rien que de commun, un quartier de riches, "la Colline", un autre pour les travailleurs à la vie routinière et les "Bords-d'Eau", des bas quartiers mal famés, peuplés des rebuts de société et "associaux" en tous genres. Une fois le cadre défini l'intrigue peut se développer, ceci avec une certaine lenteur, l'autrice va user de nombreuses allusions, il faudra parfois attendre un moment avant de relier les faits et motivations et mettre les pièces en ordre, un style qui laisse une certaine liberté à notre imagination, mais qui ne convient peut-être pas à tous.


À son rythme, dans une écriture élégante et fluide, bien adaptée à l'époque évoquée, Ellen Kushner nous délivre ce roman en faisant une place importante à la politique, aux vengeances et aux rapports amoureux, le tout bien équilibré, et l'usage des bretteurs comme moyen de résoudre tous les problèmes, aussi futiles soient-ils, ouvre sur des réflexions de différents ordres. Un livre de qualité surtout dans sa version "Augmentée" …



NB :J'ai lu ce livre dans son "édition augmentée" parue en 2019 chez ActuSF. Cette édition est augmentée en ordre chronologique de plusieurs nouvelles et de courtes lettres, le tout bienvenu et répondant à certaines questions que laissaient de côté le roman.


PS : Il est regrettable que ce roman reste le seul traduit en français, alors qu'il existe une suite de deux romans dans le même univers parus en anglais.
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Je remercie chaleureusement les éditions ActuSF ainsi que Jérôme pour l'envoi de ce roman. Service presse qu'il me tardait de rencontrer sur mon chemin de lectrice, j'avoue que j'ai pris mon temps pour découvrir ce que l'auteure, mondialement connue (sauf par moi apparemment), proposait dans ce roman terriblement tentant. Pourquoi tentant ? Rien qu'à le voir, on a envie de le dévorer. le livre, en tant qu'objet, est magnifique. Il fait penser aux anciens romans avec ses dorures, la première et la quatrième de couverture sont rigides, un signet pour marquer ses pages. Bref, l'élégance est de rigueur ici ! Puis autant vous dire que le générique de Zorro m'est resté en tête tout au long de ma lecture (inutile de lever les yeux au ciel, je sais que vous avez chanté).

Il y a tellement à dire sur ce livre que je ne sais pas par où commencer ! le roman propose un mélange des genres que je n'avais jamais vu auparavant : de la fantasy mais aussi un roman d'aventures dans lequel se dessine une romance homosexuelle. Déjà là, la surprise m'a saisie. Parfait ! J'adore le renouveau, l'original. En revanche, là où je préfère prévenir les lecteurs, c'est sur le fait que ce roman est classé en fantasy parce qu'un univers est créé. Il n'y a pas de créatures légendaires, de magie. C'est un univers qui vient s'inscrire dans les siècles se rapprochant du 15ème / 16ème siècles pour moi. Même s'il est créé de toutes pièces, j'avoue que j'ai pensé aux grandes villes italiennes dans ces siècles-là. L'univers crée reste proche de celui que l'on a pu connaitre dans les livres d'histoire-géographie. Je n'ai pas pu m'empêcher de penser aux trois mousquetaires d'Alexandre Dumas, par exemple. J'ai eu l'impression d'évoluer dans un univers semblable en terme d'architecture.

L'univers créé propose trois castes sociales : les habitants de la Colline (riches, nobles, marchands, bonnes familles aisées…), les habitants des bords de l'eau (prostitués, voleurs, ivrognes …) et les bretteurs qui vendent leur arme pour gagner leur vie auprès des aristocrates en tuant des gens. On a une société qui se dessine sous nos yeux et qui nous poussent à s'interroger sur les questions sur le pouvoir des riches, l'honneur, savoir si tout est acceptable ou non. On nous parle aussi de politique. On est vraiment dans la création totale d'un monde. C'est plutôt intéressant de voir cette société se dessiner au fil des pages.

Bien entendu, notre personnage fait son entrée dans notre intrigue : Richard Saint-Vière est l'anti-héro par excellence, le personnage qui dérange, qui ne rentre pas dans les codes. le plus célèbre et renommé des bretteurs est notre personnage principal. C'est un personnage qui, dans un premier temps, m'a donné des envies de meurtres. Je ne comprenais pas ce personnage : calme, réservé, taciturne. Son atypisme m'a fait frôler la folie. C'est un bretteur sur la fin de sa carrière, il a déjà vu beaucoup de choses au cours de sa vie. Il n'est ni un noble, ni faisant partie du bas peuple. Les bretteurs sont une caste à part entière et solitaire. C'est tout à fait ce que dégage Richard. On n'a pas forcément envie d'en savoir plus sur lui. Puis, petit à petit, au fil des pages, j'ai su apprécier l'ours qu'est ce personnage.

Alec est un personnage aussi intéressant. C'est l'amant de Richard. Encore une fois, ici, l'auteure m'a surprise. Je n'avais jamais lu de roman dans lequel le personnage principal masculin était homosexuel. Je n'ai rien contre cela, bien au contraire. Cela apporte encore un peu plus d'originalité dans un roman où des genres que l'on n'a pas l'habitude de voir ensemble se croisent. L'auteure laisse une place à la passion amoureuse d'Alec et de Richard. C'est avec élégance et pudeur qu'elle nous parle d'homosexualité. On est dans la normalité et j'ai trouvé cela excellent. Quelle belle idée. On est dans une société où deux hommes qui s'aiment ne sont pas brûlés au bûcher ! Alec est très différent de son amant : en exil forcé, cet ancien universitaire est un névrosé de première catégorie. le couple que forment ces deux hommes est spectaculaire. On a une image de la passion amoureuse incroyablement riche : on est toujours dans la passion qu'elle soit idyllique ou violente. L'auteure ne prend pas le parti de parler de l'amour dans tout ce qu'il a de plus beau mais elle a un oeil qui voit l'amour dans son entièreté. Cela rend les personnages beaucoup plus humains.

Il y a beaucoup de personnages secondaires qui passent dans l'histoire, cela rend l'intrigue riche et plus fouillée mais j'avoue qu'ils m'ont plutôt laissée de marbre. Je me suis focalisée sur ces deux personnages inconsciemment.

Ce roman est un spectacle. Il nous dépeint une fresque sociale et humaine très forte. Dans le résumé, on parle de « mélodrame des moeurs » et je pense que c'est le point principal de cette histoire. C'est ce qui va déclencher un gros point de l'intrigue et mettre Richard et Alec dans une histoire qu'ils auraient préférés éviter. Ainsi, tout au long de l'intrigue, des thématiques viennent s'ajoutent à celles déjà présentes. On est dans un roman de capes et d'épée, il est donc normal de voir des thématiques comme l'honneur, la vengeance, les complots et les machinations mais nous avons aussi une romance qui se dessine (aussi pudique et belle soit elle) et qui permet d'ajouter l'amour passionnel et l'homosexualité à la liste des thématiques abordées. Bien entendu, un roman de cet acabit ne serait rien sans les machinations et les trahisons entre riches. L'argent a aussi une place importante dans le récit.

En définitive, à travers ce livre (qui contient le roman principal mais aussi 5 nouvelles et 4 lettres de la mère de Richard), l'auteure met en place une société dans un monde imaginé. Elle nous dépeint une société incroyablement riche humainement parlant mais nous propose aussi de nous interroger sur le poids de la société dans nos vies. Au-delà du roman de capes et d'épée, l'auteure nous propose une interrogation beaucoup plus profonde sur la nature humaine. C'est avec une plume élégante, dynamique et pondérée que l'auteure nous embarque dans un univers incroyable. J'ai apprécié le fait que l'auteure n'en fasse pas de trop : il n'y a ni trop de sang, ni trop de violences, ni trop d'expressions des sentiments. C'est juste et équilibré.
Lien : https://satinesbooks.wordpre..
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critiques presse (2)
eMaginarock
06 novembre 2019
Cette version de À la pointe de l’épée est un indispensable pour tous les lecteurs fans d’imaginaire. Ellen Kushner nous propose une fresque épique, mais tout en gardant la dimension humaine de son protagoniste principal qui n’est après tout qu’un homme, avec tout ce que cela suppose…
Lire la critique sur le site : eMaginarock
Elbakin.net
11 octobre 2019
La politique, l’honneur, le poids de la vengeance ou de sa condition sociale, mais aussi l’homosexualité masculine traitée de façon naturelle et discrète, les thèmes foisonnent. Tous sont traités avec une certaine élégance. [...] Un roman soigné, feutré, mais qui ne dissimule pourtant en rien la violence des sentiments ou celle des lames bien aiguisées !
Lire la critique sur le site : Elbakin.net
Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
Depuis les hauteurs célestes, les actions arbitraires de la vie semblent arrangées comme un paysage de conte de fées, peuplé de figures excentriques et charmantes. Les scintillants observateurs réclament des doses vitales de joie et de douleur, des revers de fortune soudains, de sinistres présages et des trépas inattendus. La vie elle-même se déroule selon ses modalités imprévisibles et infinies – tellement différentes de la danse mesurée des étoiles – jusqu'à ce que, pour satisfaire leur amusement, les guetteurs choisissent un point où s'arrêter.
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Mais celui-ci réagit de façon bien plus vigoureuse que ne pouvait le justifier même une image vraiment horrible. À l’instant où Richard lui fourrait le livre sous le nez, il exécuta un bond en arrière, renversant son siège, un bras jeté derrière lui, l’autre tendu en avant pour faire sauter l’ouvrage de la main du jeune garçon.

Avec vivacité, l’enfant pivota, entraînant le manuel de sa mère hors de danger. Il n’avait aucune envie de se voir corrigé d’importance, le châtiment officiel pour avoir abîmé des livres.

Le vieil homme recula, le souffle court. « Tu as vu venir le coup, chuinta-t-il. Espèce d’engeance du diable. »

Il s’élança de nouveau vers lui. Richard protégea l’ouvrage.

Le vieil homme commença à lui donner la chasse autour de la pièce, cherchant à le crocher sous différents angles, le haut, le bas, le côté… Richard s’en alarmait, mais s’en amusait aussi. Impossible que le vieil homme le touchât, après tout. Richard voyait toujours exactement ce qu’il visait, le point précis où sa main allait s’abattre – sauf, bien entendu, qu’elle ne l’atteignait jamais.

Octavia, une femme qui n’avait pas coutume de crier, poussa un cri en entrant dans la pièce. « Au nom des Sept Enfers, que faites-vous avec mon fils ? »

Le vieil homme s’arrêta net. Il se redressa, inspirant profondément, avec précaution, de façon à rester assez ferme et énoncer d’une voix claire : « Madame, je l’entraîne. À l’art de l’épée. Il n’a pas pu échapper à votre attention qu’il a un don. »
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- Tu auras décampé, gronda-t-il à l'adresse d'Alec, le temps que je compte jusqu'à trois. (…) Un, compta l'homme. Deux.
- Va t'en pauvre imbécile, cria quelqu'un. Brent va te tuer!
- Mais il faut que je reste pour l'aider, répondit Alec avec une surprise polie. Vous voyez bien qu'il a du mal avec le chiffre suivant. C'est trois, lui indiqua-t-il avec obligeance. Celui qui vient après le deux.
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— On ne se bat à mort que pour l'une ou l'autre de deux raisons : le pouvoir ou l'argent.
— Et l'honneur ?
— Que croyez-vous que l'honneur achète ?
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Lord Thomas Berowne était la courtoisie même. Quand nous sommes arrivés à l’hôtel particulier de sa famille, nous avons emprunté une entrée de service, « afin de ne pas alarmer mes parents », et grimpé un escalier, puis un autre, jusqu’à une pièce toute rosie de velours et de clarté du feu, les ombres jouant ici sur le reflet d’un tableau, là sur le drapé d’une tapisserie.

Il était beau, sans ses vêtements, et a su me donner du plaisir. Mon ami d’enfance Crispin et moi-même avions eu nos petits rituels, mais Thomas Berowne était un adulte qui avait clairement eu beaucoup de pratique. Tout au long de cette nuit, lorsque je m’éveillais face à la façon dont se posait la lumière sur sa peau, à un vacillement de chandelles, voire à un verre de vin qu’on me tendait d’un geste ensommeillé, je me suis senti curieusement en sécurité, et curieusement heureux. Il m’a très peu posé de questions, mais je me suis retrouvé à lui expliquer mes espoirs sur mon travail, mon désir de défier des adversaires de valeur, de livrer des duels aux limites de mes forces et de mes talents. Jusqu’à mon arrivée en ville, je n’avais pas compris à quel point j’excellais. Je croyais tout le monde capable de faire comme moi, plus ou moins, avec une formation convenable. Mon vieux maître ivrogne, un vagabond que ma mère avait tiré de la route par charité, qui m’avait entraîné sans merci, m’avait toujours recommandé de ne pas être trop sûr de moi. J’avais pris cela à cœur. Mais il m’avait aussi enseigné à jauger un adversaire et à tirer parti de chacune de ses faiblesses. Les hommes que j’avais affrontés jusqu’ici aux confins des Bords-d’Eaux n’étaient pas de taille contre moi ; ceux qui l’étaient se tenaient à distance de mon épée. Il n’y a pas de combats de démonstration, dans les Bords-d’Eaux.
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Vidéo de Ellen Kushner
A l'occasion des Imaginales 2022, nous avons pu discuter avec Ellen Kushner au sujet du Privilège de l'épée, qui vient de paraître aux éditions Actusf.
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