Ici, on se marie pour toutes sortes de raisons autres que l'amour. La terre a besoin de bras pour la défricher, de là l'importance de procréer. C'est la première raison de vivre des colons. Ici, rien n'est gratuit. Chaque petite parcelle de terre labourée compte son lot d'efforts. Entre la naissance et la mort, il s'écoule parfois très peu de temps, de là l'urgence d'agir. Ici, seuls les forts survivent à la rigueur du climat, aux exigences d'un pays en pleine naissance et à la menace des attaques de l'un et de l'autre. Ici, quand on possède quelque chose, il faut être prêt à tout pour le garder.
Notre justice est tout sauf parfaite, et les femmes doivent s'attendre au pire, même si elles ne sont coupables de rien. Notre monde en est un pensé par et pour les hommes, un monde où ils tolèrent tout juste notre présence, et ce, uniquement parce qu'ils ont besoin de nous. C'est quand même triste…
Montréal est une belle grande ville, mais elle cache sa part de misère. Les rues sont remplies de gens qui ne mangent pas à leur faim. Chaque fois que j'y vais, leurs plaintes m'arrachent le cœur. La vie dans une seigneurie est rude, mais au moins tous sont assurés d'avoir trois repas par jour.
On croit souvent à tort que la vie à la ville est facile, alors que c'est tout le contraire pour la majorité. Je les trouve très courageuses de passer ainsi d'un extrême à l'autre. Vous le savez autant que moi, cultiver la terre comprend aussi son lot de difficultés.
À ce jour, aucun homme ne lui avait jamais parlé avec si peu de considération. Il a beau être son mari, il faudra qu'il apprenne les bonnes manières. Comment peut-il faire comme si elle n'existait pas quand il y a quelques heures à peine il a fait d'elle sa femme?