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EAN : 9782264008824
189 pages
10-18 (08/01/1993)
4.07/5   22 notes
Résumé :
La caractéristique fondamentale
de l'organisme humain
paraît être l'association originale,
dans la création de structures nouvelles,
des éléments mémorisés et imposés
par l'expérience abstraite de l'environnement.
Cette faculté d'imaginer
ne le libère pas de ses déterminismes
génétiques, biologiques, sémantiques,
économiques et socio-culturels,
mais lui permet d'en prendre conscience. L'... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Les amateurs du cinéaste Alain Resnais connaissent bien Henri Laborit (même sans le savoir, comme Monsieur Jourdain). En effet, ils se souviendront des scènes de « Mon oncle d'Amérique », palme d'or à Cannes en 1980, où un scientifique fait quelques apparitions et compare l'existence des hommes à celle de rats en cage.
Henri Laborit est un médecin biologiste connu en particulier pour avoir décrit dans ses ouvrages les effets de la société sur le corps humain. Il est à l'origine du concept de biologie politique, donnant des clés militantes pour contrer les dérives productivistes de notre société. Dans « L'homme imaginant », Il fait l'éloge de l'imagination, seule liberté humaine à ses yeux, car « l'homme a surtout la chance de pouvoir fuir dans l'imaginaire créateur d'un nouveau monde dans lequel il peut enfin vivre ». Conscient du rôle utopique de l'imaginaire, il accorde même à la folie un statut privilégié de refuge à la vie sociale et ses contraintes.
Pas toujours facile à lire, cet essai est pourtant très intéressant pour ses idées souvent radicales sur le fonctionnement de la société et les alternatives utopistes proposées pour emprunter d'autres voies.
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Henri Laborit n'est pas tout à fait un inconnu ... Je ne sais pas pourquoi il n'apparaît pas en tant qu'auteur ! Y aurait-il un bug sur l'ISBN ?
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Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
Une société ne fournira que la culture qui la sécurise, celle qui a le moins de chance de la remettre en cause. Elle cherchera toujours, par la culture qu'elle choisit, à diffuser le moyen de créer chez l'individu la structure mentale favorable à sa survie. La culture! Voilà encore un mot qui a tant de sens qu'il est bien près de ne plus en avoir du tout.
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( ... ) Dans la transmission des informations de notre siècle et des siècles passés aux enfants d'aujourd'hui et aux hommes de demain, nous percevrons deux grands courants novateurs.

L'un peut-être la base d'un humanisme nouveau, largement diffusé et aboutissant à la mutation qui nous paraît essentielle, celle de la structure mentale des hommes. On peut en tracer le cadre. Il comprend d'abord l'enseignement devenu indispensable des bases biologiques du comportement comme conclusion à l'enseignement des mécanismes essentiels de la vie, ce qui a pour le moins autant d'importance que le problème des robinets et l'accord des participes. Il mettra en évidence le déterminisme de nos comportements, l'aveuglement qui anime nos jugements de valeurs, il débouchera sur la tolérance et le relativisme des faits humains. Il montrera le peu d'espace qui sépare les héros des esclaves ; la véritable égalité n'existe pas si ce n'est dans notre soumission à nos déterminismes. En apprenant dès l'enfance à se mieux connaître, l'homme apprendra à mieux connaître ses semblables, à mieux comprendre leurs comportements en sociétés. Nous devons aussi transmettre la notion fondamentale de " structure ", son application dynamique à travers les rudiments de la cybernétique, en montrer les possibilités d'adaptation aux problèmes humains, sociaux et économiques, et l'instrument méthodologique irremplaçable qu'elle constitue. Nous devons mettre en ordre les informations transmises, par niveaux d'organisation successifs avec les interrelations existant entre eux. Il ne s'agit plus de " collectionner " des connaissances auxquelles on ne comprend rien parce que sans lien entre elles, mais de fournir un instrument, un outil, pour construire le monde dit matériel, par l'intermédiare de la construction de notre monde mental .

Ce premier courant que nous venons de schématiser assurera la réalisation de ce que certains appeleraient sans doute l'Homme moral. Moral, parce qu'il aura à obéir à certaines lois, non du type de celles imposées par l'intérêt inconscient des sociétés, et qui n'étant pas accompagnées de notice explicative doivent être appliquées de façon coercitive ou en faisant appel aux sentiments les plus instinctifs, aux " paris " les plus mercantiles, aux préjugés les plus médiocres, à ce qu'il y a enfin de plus animal dans l'homme. Il obéira à des lois, mais à celles de la nature et de la vie, en tentant d'en trouver d'autres, plus fondamentales qui le libèreront des précédentes.

L'autre courant est celui de l'homme énergétique, forme qui restera sans doute longtemps encore nécessaire. Celui-ci se situera par rapport au précédent, il prendra vis à vis de lui sa véritable place : il parlera de l'Homo faber. C'est l'éducation technique, la seule envisagée aujourd'hui, quelque soit l'idéologie de référence.

Or pour faire des techniciens, quelque soit la discipline, point n'est besoin d'universités. Il suffit d'écoles techniques. L'université aujourd'hui n'est d'ailleurs pas autre chose : elle fournit des techniciens à ce monde qui les réclame et les consomme à une vitesse exagérée. Tant et si bien qu'on ne parle plus que de recyclage, de formation permanente, etc . Travail en miettes des mains et du cerveau, sporulation accélérée des individus, voilà le seul désir des sociétés technicisées actuelles, le seul avenir proposé à l'individu. Et on lui cache si bien le précédent que le pauvre se laisse facilement convaincre, proie inerte ou non d'une classe, elle-même inconsciente de ses motivations ( si tant est que ce mot ait encore un sens ) .

Si des écoles techniques, aussi bien de médecins, d'architectes, de juristes, d'ingénieurs, etc .., sont indispensables, on peut souhaiter que l'université serve à autre chose. L'information transmise dans une école technique ne se discute pas, elle s'absorbe. Elle est certitude et réalité. Elle débouche sur des débouchés. Avons-nous si bien réussi notre monde, pouvons-nous en être suffisamment fiers, pour l'enseigner comme une certitude assurant à celui qui la régurgite aux examens et concours une place de choix dans ce monde qu'il ne sera même plus à même de discuter puisqu'il en fait dès lors parti ?

Le rôle de l'université ne devrait-il pas être de créer en toutes disciplines des esprits " contestataires ", aptes à penser plus loin que ceux qui les ont précédés ? Et pour cela n'est - il pas indispensable non d'enseigner des certitudes, ce dont les écoles techniques se chargeront toujours trop, mais au contraire les failles, les contradictions, les insuffisances ? De montrer non ce qui va, mais ce qui ne va pas ? Non des champs fermés, mais des champs ouverts aux imaginations créatrices ? Le rôle de l'universitaire ne serait-il pas de faire le bilan du connu pour passer très vite avec les générations montantes à la recherche de l'inconnu ?

On répète assez fréquemment, sur des bases sérieuses semble-t-il, qu'après trente-cinq ans un homme ne trouve plus rien. Mais alors, comment peut-il jamais trouver quelque chose s'il est technicisé jusqu'à cet âge, sans jamais sortir de sa technicité et si celle-ci ne consiste qu'à accumuler les informations concernant les siècles passés ? Non que la collecte des informations ne soit pas indispensable. Mais outre qu'elle ne sert à rien si elle ne s'établit pas dans une structure, où s'arrête cette collecte, où se situe la frontière entre le fatras inutile et et l'information indispensable ? N'est-ce pas la rencontre avec la vie, avec les problèmes concrets du devenir, qui constitue l'aiguillon indispensable au dépassement, qui exige la mise en jeu de l'imagination créatrice que l'on nous dit s'éteindre après trente-cinq ans ? Cet âge limite n'est peut-être d'ailleurs que la conséquence des réflexes conditionnés créés chez l'homme jeune par une société de vieillards qui veut se perpétuer. Rien ne prouve que si l'on laissait l'adolescent et le jeune homme exprimer très tôt leur imagination, celle-ci ne serait pas plus longtemps créatrice à un âge beaucoup plus avancé. Rien n'est plus néfaste que des règlements de manoeuvres, imposés en invoquant une expérience qui ne devrait être là que pour orienter, non pour diriger. Mais cela exige de l'enseignant beaucoup d'humilité, beaucoup d'esprit critique pour lui-même, et le moins possible pour les autres, ce qui devient impossible dans une société entièrement parcheminée. Elle exige de lui qu'il accepte la critique et la discussion avec l'enseigné que généralement il paternalise et qu'il admette que celui-ci, du seul fait qu'il est né et a grandi dans un monde qu'il ignore, car il n'est déjà plus le sien, peut mélanger les informations qu'il lui transmet d'une façon nouvelle après les avoirs déstructurées.

Je crois fermement que tant que l'on aura pas compris cette distinction indispensable entre l'homme technique et l'homme imaginant, notre société s'enfoncera dans un chemin sans issue, que les grands mots concernant l'humanisme ne seront pas suffisants à ouvrir sur des lendemains qui chantent ...
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L'ignorance ne vient pas seulement de la difficulté que certains hommes rencontrent à s'instruire. Elle vient aussi du fait que l'homme ne cherche le plus souvent à connaître que ce qui satisfait ses désirs.
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La bureaucratie et son attirail policier et militaire ont appauvri l'imagination créatrice, caractère propre à l'homme, que la société capitaliste, malgré son exploitation éhontée du travail humain, laisse encore s'exprimer le plus souvent. La bureaucratie a, dans beaucoup de domaines, châtré les découvreurs.
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Je crois fermement que tant que l'on aura pas compris cette distinction entre l'homme technique et l'homme imaginant, notre société s'enfoncera dans un chemin sans issue, que les grands mots concernant l'humanisme ne seront pas suffisants à ouvrir sur des lendemains qui chantent ...
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Vidéo de Henri Laborit
Quel est le point commun entre la blouse verte de votre dentiste, un bouillon cube, des neuroleptiques, un auto-injecteur d'insuline, le BCG et l'IRM ? Toutes ces innovations sont nées de l'inventivité et l'expérience de la médecine militaire.
« Médecine », « militaire », les deux mots semblent en totale contradiction. Quand le militaire blesse ou tue, le médecin soigne et sauve. Mais le corps étant l'outil de travail du soldat, le réparer et le préserver s'est vite avéré essentiel. En 1708, Louis XIV créé le Service de santé des armées et les premiers hôpitaux militaires. Il imagine même un établissement de soins de suite : les Invalides.
L'inventivité des chirurgiens, médecins, pharmaciens et dentistes militaires pour soigner les combattants permettra des avancées médicales majeures. Ils les transmettront au monde civil. Parfois de façon originale : ainsi, un chirurgien de marine, fort de son expérience des épidémies, interviendra dans l'urbanisation de la ville de Rochefort, et l'auto-injecteur bien connu des enfants allergiques naîtra dans les trousses de secours des soldats. Car la médecine militaire s'invite plus souvent qu'on ne le pense au chevet des civils.
D'Ambroise Paré, père de la chirurgie moderne et médecin de Charles IX, à Henri Laborit, découvreur des neuroleptiques, du « syndrome de stress post-traumatiques » aux prothèses, de la kinésithérapie aux vaccins en passant par les célèbres antibiotiques et les greffes de peau, l'auteure nous entraîne dans un voyage passionnant des champs de bataille aux hôpitaux.

Après des études d'histoire, Elisabeth Segard s'est orientée vers l'information et la communication. Elle travaille comme journaliste à La Nouvelle République du Centre Ouest.
Auteur de plusieurs ouvrages, son livre Si fragiles et si forts, publié en 2021, a été le premier roman à présenter l'hôpital des Invalides au grand public. Il a été récompensé par le prix Srias Centre 2021.
+ Lire la suite
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