AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782070178001
288 pages
Gallimard (01/01/2016)
3.8/5   47 notes
Résumé :
«Je commence. Cesse de t’agiter sous ton drap blanc, Julia. L’hôpital, les tuyaux translucides qui te font une chevelure de déesse du futur, la musique des appareils, le clapotis des sandales sur le sol du couloir, les appels, les chariots, les murs pâles où danse la lumière, les reflets sur l’acier du lit, tout cela va s’évanouir. Chaque nuit je viendrai à ton chevet te raconter une histoire écrite pour toi dans la journée. Jusqu’à ce que tu reviennes. Attends-toi ... >Voir plus
Que lire après Et j'ai su que ce trésor était pour moiVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (17) Voir plus Ajouter une critique
3,8

sur 47 notes
5
5 avis
4
8 avis
3
3 avis
2
0 avis
1
1 avis
Un homme mélancolique (Marc) passe ses nuits à l'hôpital, au chevet d'une femme aimée, inconsciente (Julia), lui tenant compagnie en conteur, évoquant les souvenirs de leur vie d'amants, faite d'amour et de complicité littéraire, quand ils créaient des histoires et des personnages pour éloigner un quotidien de mensonges.
Marc parle...un monologue fait de confidences intimes pour tenter de faire réagir la malade endormie, reprenant des bouts de romans à peine esquissés, racontant des fictions, comblant le temps immobile, éloignant l'angoisse.

Très vite, on soupçonne que les inventions romanesques, passées et présentes, sont les miroirs de la réalité, des glaces sans tain déformées qui parlent de Julia et de Marc et de leurs vies personnelles compliquées. Des fictions passionnelles, des vies de couples dans tous leurs états, entremêlées de rêves, ce qui brouille encore les cartes (et le lecteur).

Voici un exemple très abouti de roman à tiroirs, au scénario inventif pour évoquer l'inspiration, l'écriture et la musicalité des mots. Ironie, auto dérision, incongruité (j'ai beaucoup aimé la thèse d'anthropologie de Julia: la sexualité des femmes en milieu rural), des jolies formulations (une femme enceinte évoquant une clé de sol), beaucoup de sensibilité, une bien belle écriture, élégante et imagée.

Une excellente découverte d'un auteur que je n'avais jamais lu.
Commenter  J’apprécie          314
Julia est à l'hôpital, dans le coma. Toutes les nuits, Marc, son amour, son amant, la veille et lui raconte des histoires. La leur, de la rencontre à ces rares moments passés ensemble parce qu'il y a un autre homme dans sa vie, son mari "qu'elle ne quittera jamais." Il l'emporte, elle, l'endormie, vers les rives des fictions qu'ils avaient l'habitude de s'échanger sur l'oreiller. Peut-être se réveillera t-elle ? La plume suave, ironique et élégante de Jean-Marie Laclavetine nous manquait. le voici de retour avec Et j'ai su que ce trésor était pour moi, vibrant hommage au pouvoir de la littérature dans cette mince frontière qui sépare la réalité de ce qui ne l'est pas, ou alors, un peu, va savoir. Tant d'histoires à se partager ! Dans son roman, Laclavetine rappelle qu'il est aussi un fabuleux écrivain de nouvelles (Le rouge et le blanc), parfois tendres comme des caresses, parfois cruelles comme des griffures. Il y a beaucoup de récits dans Et j'ai su que ce trésor était pour moi. D'amour, presque toujours, car y a t-il autre chose qui vaille la peine ? Ils se contaminent entre eux, se chevauchent et se font des clins d'oeil. Et le regard de l'écrivain se fait complice avec son lecteur qui n'est pas dupe. Il se dévore, ce roman. le narrateur est un vieux tigre fatigué mais son imagination ne l'est pas. Surtout quand il s'agit de faire remonter à la surface celle qui habite sa vie jusqu'à la possession. le livre pourrait avoir une suite mais taisons son dénouement et ses retorses pirouettes. Ce roman a été écrit pour les amoureux passés, présents et futurs. Ce n'est pas de la grande littérature ? C'est presque mieux, ce sont des soubresauts, des élans et des virevoltes au pays des sentiments.
Lien : http://cin-phile-m-----tait-..
Commenter  J’apprécie          232
Julia est dans le coma. Pour la réveiller, Marc, son amant, vient la retrouver chaque soir. Lors de ses visites nocturnes, il lui raconte des récits qu'il invente à partir de leur propre histoire d'amour.
"Je commence. Cesse de t'agiter sous ton drap blanc, Julia. L'hôpital, les tuyaux translucides qui te font une chevelure de déesse du futur, la musique des appareils, le clapotis des sandales sur le sol du couloir, les appels, les chariots, les murs pâles où danse la lumière, les reflets sur l'acier du lit, tout cela va s'évanouir. Chaque nuit je viendrai à ton chevet te raconter une histoire écrite pour toi dans la journée. Jusqu'à ce que tu reviennes. Attends-toi à des surprises."
"Et j'ai su que ce trésor était pour moi" est le récit d'un amour caché, de la relation passionnelle de deux êtres de presque trente ans d'écart, un amour qui semble impossible.
Marc et Julia sont deux écrivains attirés l'un envers l'autre depuis leur rencontre. Julia est une femme mariée, mère de deux enfants. Ils ont donc naturellement pris l'habitude de se retrouver chez Marc. Leurs retrouvailles démarrent toujours de la même façon : ils se racontent des histoires, inventent des légendes, c'est la règle et y déroger n'est pas envisageable, Julia ne l'acceptait pas. Ces histoires étaient leur "royaume".
[...]
Lorsqu'il apprend que Julia est à l'hôpital dans un état grave, Marc se rend à son chevet chaque nuit à l'abri des regards, sans risque de rencontrer malencontreusement la famille ou le mari de sa bien-aimée. Il s'en va à la lueur du jour avec la complicité de l'infirmière de nuit qui le permet.
L'histoire de Marc et Julia, ce sont plusieurs histoires en une seule. Les récits se croisent et s'entremêlent un chapitre sur deux. A travers celui de Nora et Romain ou de Louise et Paul, Marc décrit des événements qui se mêlent à leur propre histoire commune, dévoile à Julia des fins dramatiques, des fins qu'il crée, qu'il modifie et qu'il réécrit ou affine. Même si elle est inconsciente, il en discute, lui demande ce qu'elle en pense et agit en fonction des mouvements de la ligne verte de l'écran de surveillance. Au fil des pages, le lecteur en apprend plus sur la nature de leur relation, leur rencontre, leur attirance, les anecdotes de leur vie intime et sur la profondeur de leurs sentiments.
"Julia, je ne te laisserai pas sombrer. Tu es au bord du grand trou. Je te retiens. Je te sauve. Je vais reprendre nos anciennes histoires, commencer des romans que nous finirons un jour ensemble, quand tu seras debout, quand tu seras vivante, pleine de rire et de cris de bonheur et de cris de plaisir, quand de nouveau nos peaux feront des étincelles en se touchant. J'y arriverai, tu vas voir."
La plume de l'auteur est belle, sensible et profonde.
Jean-Marc Laclavetine est un superbe conteur qui transporte facilement le lecteur avec aisance dans son propre univers avec émotion.
Lien : http://labibliothequedemarjo..
Commenter  J’apprécie          160
Jean-Marie Laclavetine a réussi le pari fou de nous raconter plusieurs histoires dans un seul roman.
Tout y est. Outre une intrigue rondement menée depuis les premières pages, il s'est employé à tisser tout une noria de récits autour de l'histoire centrale. Celle de Julia, une jeune femme hospitalisée dans le coma et que son amant, Marc, vient lui rendre visite le soir venu. Marc lui raconte des histoires pour la faire revenir. Il espère faire renaître en elle aussi le goût de l'écriture, le roman. L'histoire d'amour de ces deux-là n'est pas si banal que cela paraisse. Rencontré lors d'une soirée, Marc est écrivain. "Toi tu es mariée à un homme", a lancé Marc ce soir-là à Julia. Laquelle, pour l'épater, lui donne quelques détails : il aime les chaussures et les bons restaurants japonais, lui lance-t-elle. Au fil du temps, Marc ne saura pas grand-chose de Julia… hormis des gestes d'amour qu'elle lui exprimait. Elle lui parlait aussi de ses jumeaux dont elle lui montre des photos sur son téléphone. Les mêmes, étrangement toujours les mêmes.

Malgré cette double vie, Julia refusait de quitter son mari. Elle appréhendait même qu'il en meurt s'il apprenait sa relation fiévreuse avec Marc. C'est dire la complexité du personnage. Au-delà, l'histoire de ces amants est marquée par le sceau de l'écriture. "Reste l'écriture, notre steppe de liberté. Nous pouvons y galoper ensemble sans limites alors que le méchant réel ne nous acceptait que séparés. Tu avais lu mes romans, j'avais lu les tiens, nous parlions de la folie carnivore qui nous tenait assis à une table des nuits entières, absorbés dans la contemplation d'un écran en train de se couvrir de signes. Assurément, nous partagions la même folie, nous la connaissions, elle prenait les mêmes formes, c'était nous".

Chaque moment passé ensemble est un prétexte à l'écriture, l'invention des personnages. Des histoires écrites ont vu le jour, beaucoup d'histoire. Mais Julia est dans le coma, alors pour lui rouvrir les yeux, Marc lui raconte ces histoires qu'ils ont commencées ensemble. Il consolide les récits ou les termine… comme celles de Nora, Romain, et ses enfants Paul et Louise. Tout est dans cette imbrication des histoires très bien écrites. Cependant, si beaucoup sont imaginaires, des bribes de réalités rattrapent la fiction. Au fil des récits, on démêle une à une les intrigues, les zones d'ombre qui entourent ces deux-là. le suspense est pour autant laissé dans toute son épaisseur jusqu'aux ultimes pages. Les histoires sont écrites par petites touches, avec des phrases courtes et sans fioritures. Derrière le style, on découvre la plume du nouvelliste talentueux auréolé de plusieurs prix. Ce roman est un excellent moment de littérature.
Commenter  J’apprécie          100
Marco écrit des suites aux récits inachevés de Julia, la femme qu'il a toujours aimée et qui se trouve dans le coma. Il veut lui donner envie, grâce au pouvoir des mots, de se réveiller et de lui répondre pour commenter chacun des passages inventés. On comprend petit à petit que toutes les histoires ont un lien avec Leur histoire, et que Julia est le personnage le plus complexe de tous...

Le lecteur est soumis à ses propres lignes vertes, qui dansent furieusement sans que personne n'en soit témoin.

Commencer un roman par "Je commence" et l'achever de la même façon : il fallait y penser... Et oser ! Mais la boucle n'est jamais totalement refermée sur elle-même, et la fin laisse encore le champ libre à tant d'autres intrigues que l'on n'a qu'une envie : que l'écrivain recommence !
Commenter  J’apprécie          50

Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
Nos histoires inventées étaient notre royaume. A force de partager à toute heure nos envies de romans, nos débuts de romans, nos bribes d'intrigues, nos croquis, nos petites et grandes nouvelles, nous avions fini par vivre de l'autre côté. Julia, je ne te laisserai pas sombrer. Tu es au bord du grand trou. Je te retiens. Je te sauve. Je vais reprendre nos anciennes histoires, commencer des romans que nous finirons un jour ensemble, quand tu seras debout, quand tu seras vivante, pleine de rires et de cris de bonheur et de cris de plaisir, quand de nouveau nos peaux feront des étincelles en se touchant. J'y arriverai, tu vas voir. Après tout, Shéhérazade est bien parvenue à ses fins, la petite futée a fini par clouer le bec à son sultan psychopathe. Qu'ai-je de moins qu'elle, dis-moi ? Nous en avons vu d'autres, nous deux, nous avons terrassé des fantômes autrement moins commodes.
Allons, ne reculons plus.
Histoire de Nora.
Je commence.
Commenter  J’apprécie          70
Mais oui, c'est dur, la vie des vivants, qu'est-ce que tu crois. On dirait que tu as oublié. Pourtant tu ne les épargnais pas non plus, tes personnages, si je me souviens bien. (p. 25)
Commenter  J’apprécie          190
Il ne se passait pas un jour, du temps de notre gloire, sans que nous évoquions la possibilité d'un roman, une idée de scène, une ébauche d'histoire, au point qu'il nous était devenu difficile parfois de faire la part du réel et celle des anges dans nos existences. (...)
C'était le sel de notre vie, le terrain de nos rencontres, le berceau de notre amour sans enfants. Nous nous racontions des histoires, nous bricolions des légendes. Celles que nous n'écririons pas, celles que nous peinions à écrire, celles que nous avions presque fini d'écrire, celles que nous avions enfin terminées. Tant de romans qui n'ont jamais vu le jour (...)
L'important n'était pas dans la finition, mais dans le tremblement de la découverte. Ensemble, peau contre peau, un souffle unique. Nous inventions comme on voyage. Nous faisions des rencontres, nous nous installions chaque fois dans un pays nouveau, prenant le temps d'apprendre au moins les rudiments de la langue avant de nous laisser emporter vers d'autres lieux, vagabonds délicieux.
Commenter  J’apprécie          10
Le spectacle de l'amour est insupportable. On préfère avoir des raisons de plaindre les gens plutôt que de contempler leur bonheur.
Commenter  J’apprécie          130
La belle histoire de nos histoires. Nous étions tellement abrutis de fictions, il ne faut pas s'étonner aujourd'hui qu'elles débordent, qu'il y en ait partout. Les personnages s'évadent, ils vont là où bon leur semble, je ne les retiens plus, je n'ai plus la force ni l'envie de les contrôler. J'ai ouvert les grilles des cages. Ils se promènent d'une histoire à l'autre sans aucun respect pour les murs d'enceinte.
Commenter  J’apprécie          10

Videos de Jean-Marie Laclavetine (20) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Jean-Marie Laclavetine
Carte Blanche à Sciences Humaines
Intervenants: Vinciane DESPRET, philosophe, professeure à l'université de Liège, Jean-Marie LACLAVETINE, éditeur et écrivain, Héloïse LHÉRÉTÉ, directrice générale du magazine Sciences Humaines, Adèle VAN REETH, directrice de France Inter Les morts hantent les vivants. Ils leur parlent, les inspirent, s'installent en douceur dans leur vie intérieure et travaillent leur existence. Les trois auteurs que nous proposons de rassembler ont enquêté, chacun à leur manière, sur "la vie des morts". A mille lieues des théories du deuil, qui enjoignent à l'oubli et à la reconstruction, Jean-Marie Laclavetine (écrivain et éditeur), Adèle van Reth (journaliste, philosophe et écrivaine) et Vinciane Déprêt (anthropologue) racontent cette conversation secrète et quotidienne que beaucoup d'entre nous entretenons avec nos chers disparus. Ces hommes, femmes, enfants que nous avons aimés ne laissent pas seulement un manque. Ils sont aussi une présence, réelle, à la fois triste et réconfortante. Ils imprègnent en profondeur les vivants et guident leurs pas.
+ Lire la suite
autres livres classés : romanVoir plus
Les plus populaires : Littérature française Voir plus


Lecteurs (115) Voir plus



Quiz Voir plus

Les Amants de la Littérature

Grâce à Shakespeare, ils sont certainement les plus célèbres, les plus appréciés et les plus ancrés dans les mémoires depuis des siècles...

Hercule Poirot & Miss Marple
Pyrame & Thisbé
Roméo & Juliette
Sherlock Holmes & John Watson

10 questions
5263 lecteurs ont répondu
Thèmes : amants , amour , littératureCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..