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EAN : 9782070772087
256 pages
Gallimard (20/08/2004)
3.46/5   37 notes
Résumé :

Le roman commence vers 6 heures du matin dans une grande gare de chemin de fer, quelque part en France, et s'achève le même jour vers 17 heures. Entre temps, que s'est-il passé ? Rien, c'est-à-dire tout. L'essentiel. La vie. Une multitude de personnages se seront croisés, ignorés, frôlés, touchés, aimés, disputés. À côté de ces étoiles filantes, un certain nombre de trajectoires v... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
C'est le premier livre que j'ai lu de cet auteur. Il écrit magnifiquement.

J'ai pourtant eu du mal à entrer dans l'histoire. Il faut dire que la présentation est déroutante. Mais je me suis vite attachée à ces destins qui se croisent dans une gare, lieu symbolique du passage, de l'éphémère, des espoirs et des attentes vaines....

Le récit est en effet subtil. Il y a Ange, dans sa nacelle au-dessus des autres, qui peint et observe, des personnages récurrents et d'autres évanescents, vie 1 , vie 2...Le texte est écrit en plus petits caractères pour eux.

Et il y a le narrateur,dont l'auteur s'amuse à montrer le côté arbitraire, aléatoire, romanesque donc faux. On ne saura qu'à la fin son identité dans ce microcosme.

Toutes ces vies inventées, rêvées, ont pour seul lien cet univers ferroviaire singulier, la gare, qui " est un monde", une unité de lieu donc et aussi une unité de temps, puisque le roman commence le 19 mai depuis le matin et se terminera à 17heures...par un événement traumatisant.

J'ai apprécié les passages de poésie vibrante, et la richesse d'humanité, saisie au vif, à travers des personnages qui vont et viennent, comme sur une scène de théâtre, où chacun tient un rôle, cachant ses secrets, son intériorité. Et dont le destin évoluera...ou pas.

Un matin d'un bleu nuancé , éclaté, plein de sensibilité.
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Un hall de gare. Rien de tel pour un observateur avide de personnages divers et variés qu'un hall de gare. Il suffit de se poster au-dessus, comme Ange le peintre en bâtiment qui refait la verrière qui surplombe le hall, pour observer tout un petit monde qui se côtoie et se frôle, se rencontre parfois.
Il y a Anita, la vendeuse de journaux, qui court en tout sens pour satisfaire tous les voyageurs avides de nouvelles à dévorer pendant leur trajet en train. Il y a Léo, son fils, qui a quitté l'école pour venir travailler avec sa mère, un garçon au coeur tendre, qui a du mal à refuser l'appel de celui qui doit être son père, Alex, même s'il ne l'a quasiment jamais connu, coincé qu'il était entre les barreaux de la prison qui le logeait. Il y a aussi Zitta, une fille un peu paumée, qui a quitté ses parents et qui erre dans la gare avec son chien piteux. Il y a aussi José. Un brave homme ce José. Amoureux transi d'Anita qui le lui rend bien mal. Et pourtant ils auraient tant de choses en commun !

Et puis il y a toutes ces vies. Toutes ces vies qui se croisent, qui se frôlent, un ingénieur qui construit des machines du matin au soir, un policier qui accompagne un détenu drôlement doué pour distiller l'alcool en prison, un balayeur irakien qui en a vu d'autres, un pompier qui a peur de monter à la grande échelle ... Tous se croisent, s'ignorent la plupart du temps dans ce lieu magique qu'est un hall de gare.

Et puis il y a un observateur privilégié. Un qui tire les ficelles de ces « matins bleus » et que la tragédie finale révélera au lecteur attentif.

Avec ces « matins bleus », Jean-Marie Laclavetine réussit le tour de force de nous passionner pour une journée, la journée du 17 mai, entre 06h30 et 17h08. Une tragédie à la grecque qui réunit dans une même unité de lieu et de temps des gens de tous les jours qu'il réussit à transformer en héros d'une épopée moderne. Comme le dit Philippe-Jean Catinchi, dans le Monde des livres du 22 Octobre 2004,» Précis et imparable, ce roman détonnant travaille la matrice de la fiction comme une scénographie habile, un implacable jeu de dominos. »

Tout est dit.
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De Lacla­ve­tine, on a tout dit - sous le man­teau, ou en face et en direct, comme sur le pla­teau de Pivot il y a cinq ans, où les méchan­ce­tés ont fusé à pro­pos de Pre­mière Ligne.
L'on a filé des méta­phores faciles à par­tir de sa pas­sion pour les trains, le taxant d'auteur de romans de gare, d'éditeur qui rêve de mettre la lit­té­ra­ture sur des rails…
Traité, sur papier ou en direct, par ceux qui jalousent son pou­voir d'éditeur, de cynique ou de mani­pu­la­teur, de faux auteur, comme son faux double de Pre­mière ligne (Gon­court des Lycéens en 1999)
Avec Matins Bleus, les acides, ceux qui n'aiment pas son nar­ra­teur, trou­ve­ront dans ses por­traits nou­velle matière à ava­nies : auteur ordi­naire sur PC de pis­so­tière, mono­va­lent mono­cou­leur de peintre en bâti­ment… Eh bien ils ont tort.

Matins Bleus est un roman magni­fique, bien construit, atten­tif.
Unité de lieu : l'espace clos d'une salle des pas per­dus.
Unité de temps : du lever au cou­cher du soleil. Un 19 mai, de 6h30 à 17h08, der­nier prin­temps, der­nier soir d'un ange.
Unité d'action : celle d'un éche­veau vivant d'existences qui s'entrecroisent, se touchent, sans se connaître, et qui, pour cer­taines, vont mourir.

Jean-Marie Lacla­ve­tine a pour ses per­son­nages — ce pour­rait être vous, moi, n'importe qui de pas­sage dans cette gare que cha­cun pren­dra pour la sienne — une fer­veur tendre et élégante.
Ce qui frappe le plus, c'est cette bien­veillance atten­tive et pré­cise à cha­cun de ces presque-anonymes, cette façon de ne pas décrire la psy­cho­lo­gie ou le res­senti de ces héros du quo­ti­dien, mais de les rendre, de les don­ner à voir au tra­vers de leurs pas et tra­jets d'une jour­née dans le lieu clos d'une gare, où seuls sont pré­sents les humains - les trains, eux, sont juste sug­gé­rés par les cli­que­tis des pan­neaux d'affichage.

Matins Bleus, c'est 10 heures 38 minutes de l'âme et du bouillon­ne­ment d'une gare.
Avec ses points fixes : le kiosque, le buf­fet, les pis­so­tières.
Des mil­liers de pas et de vies. le nar­ra­teur en choi­sira quinze.
Parmi eux un bouilleur de cru de cen­trale, un enfant can­cé­reux et son méde­cin de garde. Une fugueuse rou­quine, un acteur décati, un vieux joueur, son fils, son ex-femme et belle kios­quière. Les mous­taches d'un gar­çon de café ama­teur de chats.

Et Ange, le bien nommé. le bègue poète, obsédé du por­table, qui ne bégaie plus lorsqu'il dit des poèmes… L'épicentre du roman, le peintre en bleu de l'armature de la gare, obser­va­teur en nacelle de tout ce micro­cosme.
Ange, revêtu d'ors, de pourpre et d'hyacinthe, ô vous,soyez témoin que j'ai fait mon devoir, comme un par­fait témoin et comme une âme sainte…

Tout au long des deux cent quarante-deux pages de Matins Bleus, Ange plane, observe, n'en finit plus de tirer sa peine.
Jusqu'à ce 19 mai, 17h08, où Pablo, humain, trop humain, bon­net de coton enfoncé jusqu'aux yeux, jamais sorti de la guerre qu'on l'a obligé à faire, finit par disjoncter…
Lien : http://www.lelitteraire.com/..
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Remarquable écrivain observant ,à la façon d'un entomologiste, les personnages se débattant, avec plus ou moins de bonheur, au sein de ce huis clos qu'est la salle des pas perdus d'une grande gare
C'est féroce, parfois drôle ,parfois glaçant , toujours distancié....Laclavetine n'aime pas ,ne compatit pas...il observe cette humanité avec talent, humour... et froideur!
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Qui ne s'est pas demandé, lors d'une attente entre deux trains, quelle était la vie et les buts de tous ces gens partageant fortuitement cet espace entre -deux ? En voici un exemple romanesque et un peu dangereux, comme le sont les gares.
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Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
Toutes ces vies, c’est un manège sans fin, une farandole. Tous ces fils formant pelote, ces ballots de mémoire et d’oubli, ces corps qui transpirent, qui souffrent, qui exultent, ces visages dont pas un ne ressemble à un autre, chaque vie accouchée à cheval sur une tombe, et çà marche, çà court, çà crie, çà sanglote en silence, çà éructe, çà rigole sous cape, çà gémit, çà espère, çà s’occupe en attendant, voilà, prenons celui-ci au hasard, c’est un homme jeune, vingt-cinq ans, cheveux gelés sur le crâne en petites flammèches rousses, une mouche de poils roux sous la lèvre inférieure, il tire une grosse boîte noire montée sur roulettes, sans doute du matériel électronique, des machins pleins de fils et de boutons qui font de la musique ampli, enceintes, platines, mixer, ne m’en demandez pas plus.
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Une mouette est entrée par erreur sous la verrière. Elle plane lentement au-dessus des trains au départ, l'oeil pensif , elle survole les premiers voyageurs hagards, le petit univers qui s'affaire. La mouette va, la mouette vient, blanche et mélancolique, pleine peut-être d'un désir de houle et d'écume qui la suffoque et l'empêche de battre des ailes.
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C'est une grande gare, une immense gare, elle est belle, modernisée, fonctionnelle, et met à la disposition des voyageurs toutes les inutilités indispensables à l'homme d'aujourd'hui.
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Et ils s'en vont. Anita, le verre d'eau à la main, les regarde s'éloigner. Laurent s'est levé sans trop de mal, aidé par Virginie. Nous n'en saurons pas plus. Ils poussent la porte vitrée, s'éloignent dans la salle des pas perdus, ils s'en vont, poursuivis par deux valises piauleuses, ils quittent l'histoire comme ils y sont entrés, tant bien que mal, en s'aimant.
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Salle des pas enfin perdus, vraiment perdus. Ce sera dans une éternité, le temps me porte, je suis un souffle, j'embrasse le monde qui tourne sous moi, je vole, je suis une feuille, une plume, une poussière qui se pose sur un fil de lumière pour bondir de nouveau, j'étais le peintre aux mains bleues aux mains maculées au corps pesant me voici oiseau.
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Videos de Jean-Marie Laclavetine (20) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Jean-Marie Laclavetine
Carte Blanche à Sciences Humaines
Intervenants: Vinciane DESPRET, philosophe, professeure à l'université de Liège, Jean-Marie LACLAVETINE, éditeur et écrivain, Héloïse LHÉRÉTÉ, directrice générale du magazine Sciences Humaines, Adèle VAN REETH, directrice de France Inter Les morts hantent les vivants. Ils leur parlent, les inspirent, s'installent en douceur dans leur vie intérieure et travaillent leur existence. Les trois auteurs que nous proposons de rassembler ont enquêté, chacun à leur manière, sur "la vie des morts". A mille lieues des théories du deuil, qui enjoignent à l'oubli et à la reconstruction, Jean-Marie Laclavetine (écrivain et éditeur), Adèle van Reth (journaliste, philosophe et écrivaine) et Vinciane Déprêt (anthropologue) racontent cette conversation secrète et quotidienne que beaucoup d'entre nous entretenons avec nos chers disparus. Ces hommes, femmes, enfants que nous avons aimés ne laissent pas seulement un manque. Ils sont aussi une présence, réelle, à la fois triste et réconfortante. Ils imprègnent en profondeur les vivants et guident leurs pas.
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