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EAN : 9782843047763
216 pages
Zulma (02/05/2016)
3.98/5   115 notes
Résumé :
Le charme des après-midi sans fin, sans doute le livre de Dany Laferrière le plus autobiographique, nous conte une jeunesse haïtienne en une succession de brefs tableaux sur le cours des jours à Petit Goâve.
Manifeste d’amour adressé par l’auteur à Da, la grand-mère qui l’a élevé, mais aussi, sur fond de crise politique haïtienne, roman initiatique de l’adolescence, ce livre nous émeut par sa tendresse et sa justesse.
« Les mères passent leur temps à v... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (32) Voir plus Ajouter une critique
3,98

sur 115 notes
Si je devais choisir un titre parmi les centaines qui composent l'anthologie de la chanson réunionnaise, je n'ai aucun doute sur mon choix : « Grand mère » d'Ousanousava ( https://www.youtube.com/watch?v=caTLGk3vd0A ) ! Comment le portrait de cette mémée, isolée sur le nombril fumant des Mascareignes peut-il immanquablement faire renaître le souvenir d'aïeules nées loin du soleil et des lataniers ?
Très vite, en tournant les pages de ce livre de Dany Laferrière, j'ai songé à «  Grand mère » mais aussi fatalement à mes mémées… Pourtant, là encore, quel écart géographique et culturel entre Massif central et Caraïbes… le romancier, comme dans les tableaux de son île natale, se souvient de cette dame merveilleuse qui a sans doute permis au jeune Dany d'être aujourd'hui ce qu'il est : un écrivain talentueux mais surtout une conscience éclairée tandis que sa terre natale a du mal à sortir des ténèbres. Portrait d'une femme mais aussi chroniques d'une adolescence dans une ville de la « Perle des Antilles » : Petit Goave. Par petites touches, l'auteur redonne vie à l'Haïti de son enfance où le merveilleux empiète sur la vie quotidienne comme si les loas, ces esprits du Vaudou, irriguaient tout un imaginaire. Une galerie de personnages truculents nous plonge dans un monde que l'auteur se garde bien d'idéaliser. le chaos qui caractérise ce pays aujourd'hui ne doit pas faire oublier que le jeune Dany a grandi sous le joug d'un pouvoir dictatorial qui n'avait rien d'exotique : le duvaliérisme. de l'avis de beaucoup d'historiens, un régime que l'on doit placer en haut de la liste des pires systèmes autoritaires. Entre anecdotes légères sur la sociabilité provinciale et l'évocation de ses émois de jeune mâle, l'écrivain glisse des pages où la violence macoute transpire.
Dany Laferrière symbolise ces millions d'Haïtiens contraints de supporter l'injustice des exactions, des épidémies ou encore des catastrophes naturelles rendues tragiques par le sous-développement et la gabegie politique, et, pourtant, qui tentent de faire vivre le beau par l'art ou le sourire, quand tout vous pousse vers le laid. Certains restent là-bas à espérer des jours meilleurs, à tenter d'agir. D'autres sont exilés, avec parfois, le coupable sentiment d'avoir fui. Bien malin celui qui pourrait dire ce que nous ferions si nous n'avions pas eu le privilège de naître dans une région plus apaisée.
« Le charme des après-midi sans fin » est un magnifique portrait d'une femme lumineuse mais aussi un pudique hommage à un pays. Un peu, comme cette autre chanson, « J'aurais envie d'aller à ma maison » : https://www.youtube.com/watch?v=61D0EcHloCc
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Bien qu'écrit des années plus tard, ce roman est la suite directe de L'Odeur du Café.
Dany a 13 ans , le début de l'adolescence, des quatre cents coups vite réfrénés par Da (sa grand-mère), la liberté de courir seul dans les rues, de faire les commissions et d'écouter les adultes parler de leurs vies.
L'enfant se rapproche notamment du notaire Loné qu'il va suivre toute une après-midi.
Le roman, anecdotique au début, s'enfonce peu à peu dans la violence des Tonton Macoutes (qui ne sont pas nommés) qui sillonnent Petit Goave après le couvre-feu et enlèvent ceux qui trainent encore dans la rue; les tortures et les morts sont sous-entendus, le regard reste celui d'un enfant qui observe et la parole est donnée à Da, qui le protège tout au long.
Le titre peut être surprenant quand on lit le roman jusqu'à la fin car on y lit finalement beaucoup d'angoisse, celle de devoir peut-être quitter Da pour rejoindre sa mère à Port-au-Prince, celle des violences en ville, et surtout la perte de Vava, son premier amour aux grands yeux noirs.
Dany Laferrière a l'art de parler de choses graves et sérieuses d'un ton badin et je l'aime pour ça.
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Plongée dans une enfance haïtienne à l'orée de l'adolescence. Insouciance, balades vespérales sur le wharf, jeunes filles aux yeux d'une douceur fatale et au goût de mangue. Mais la situation politique du pays, l'arrestation des hommes du village et l'instauration d'un couvre-feu délogera Dany Laferrière de ce coin de paradis et l'éloignera de sa grand-mère bien-aimée.

Pour Babéliotes confinés dans cet interminable hiver, en mal de soleil, d'espace et horizon lointain. En attendant de pouvoir à nouveau se promener sur les plages, sentir la caresse du soleil et entendre l'accent du Sud chanter dans le vent.

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Le charme des après-midi sans fin est une lettre d'amour que l'auteur adresse à sa grand-mère Da. Depuis L'Odeur du café, il aura vieilli de quelques années. Quand ce second roman verra le jour, Da se sera déjà éteinte un samedi d'automne, à l'âge de 96 ans. Cinq ans après sa mort, les mots émouvants de son récit lui adresseront un dernier adieu.    
 
Sous forme de petits portraits, instantanés de son quotidien, il écrit avec nostalgie son enfance haïtienne à Petit-Goâve. Les souvenirs émergent du passé et bouleversent l'âme du lecteur. Sur la galerie du 88 de la rue Lamarre se tient fièrement une grande balance à café. Assise sur sa vieille dodine, une chaise de Jacmel dont elle ne se sépare que pour dormir, Da passe des heures à discuter avec son petit-fils, Vieux Os. L'odeur du café des Palmes, le préféré de Da, se fait sentir partout dans le village. À toute heure du jour, les gens passent et s'arrêtent pour boire une tasse bien chaude. Da ne serait pas Da sans son café qu'elle prépare amoureusement dans la cour sous la vieille tonnelle. Il est le témoin muet du réconfort qu'elle transmet. Et de l'amour infini qu'elle porte en elle…
 
« Da dit que c'est ainsi la vie. Un moment, vous êtes là, on ne voit que vous, on n'entend que vous, on ne parle que de vous, et un autre moment, on ne se souvient même pas de votre visage. Moi, je veux me rappeler toujours les yeux de Vava. »
 
Dany Laferrière n'oubliera jamais Vava, son amour de jeunesse. Jeune fille éblouissante dans sa petite robe jaune, aussi jaune que le soleil, assise sous le manguier. Il ne voit qu'elle, des papillons dans le ventre. Cinquante ans après, il lui dédie un livre jeunesse remplit d'amour : Je suis fou de Vava. Un trésor…
 
« Si j'ai aimé une fille, elle ne me sera jamais indifférente. Mon coeur battra toujours plus vite en entendant son nom. »
 
« Ses yeux se posent à peine sur moi que, déjà, ils me brûlent par leur feu intense. Même à cette distance, je sens cette chaleur. »
 
Il n'oubliera jamais non plus Rico et Frantz, avec qui il a fait les quatre cents coups. Ni Didi, Fifi, Edna et Sylphise. Certains d'entre eux reposent aujourd'hui dans un cimetière de Petit-Goâve. Il se souviendra d'une soirée chez Nissage et du fils d'Izma, mort de la tuberculose. D'autres gens encore et des commérages, de sa passion pour les livres, d'une épidémie de choléra, du bon vieux Marquis, le chien de son enfance et des rêves étoilés sous la penderie. Et qu'est-ce qu'il aimait regarder Da, son regard et l'expression affectueuse des traits de son visage. Un jour, sa mère et ses tantes ont dû rentrer à Port-au-Prince, le laissant seul avec Da des années durant. Il était encore enfant. J'ai l'impression que l'adulte qu'il est devenu lui doit tout, mais avant tout, un amour infini pour la vie. Et des racines inoubliables. 
 
Le régime des Duvalier débarque à Petit-Goâve. Les troupes gouvernementales encerclent la ville. Arrestations, amendes et couvre-feu général, des gens sont jetés en prison. L'auteur reste flou sur ces moments historiques qui ont marqué sa vie à jamais. Pudeur ou douleur encore omniprésente, de ces conflits il devra quitter Petit-Goâve et rentrer à Port-au-Prince. Ce jour-là, derrière le rideau de la fenêtre, Vava lui fait un baiser de la main. Et Da le regarde partir en pleurant. Il ne les reverra plus jamais qu'en pensées… 
 
« J'ai écrit ce livre pour une seule raison : revoir Da. Quand « L'Odeur du café » est paru en automne 1991, Da était encore vivante, et elle l'a lu.
-Vieux Os!... Quel beau cadeau tu m'as fait!
-Je te l'avais promis
Je me souviens de son doux sourire… Elle est morte un samedi matin. Et depuis, elle me manque. »
 
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« J'ai pris tant de plaisir à être à Petit-Goâve que je n'ai pas vu le temps passer. »
Lien : http://www.lamarreedesmots.c..
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Dans « le charme des après-midi sans fin », Dany Laferrière nous fait partager son enfance en Haïti, dans la petite bourgade de Petit-Goâve. Alors âgé de 11 ans, il se fait appelé Vieux Os et vit auprès de sa grand-mère Da à qui sa mère l'a confié afin de lui éviter les dangers de la capitale de Port-au-Prince où elle-même vit.
Da, sur sa terrasse de bois, accueille les visiteurs avec une bonne tasse de café, ce breuvage corsé qui occupe une place importante dans la maisonnée. Amis, connaissances, tous rendent visite à la vieille femme, personnage reconnu au sein de sa communauté et considéré un peu comme un « sage ». Vieux Os aime tendrement cette grand-mère qui lui raconte les histoires et coutumes du pays. Elle apprend également à son petit-fils les bonnes manières afin de faire de lui un honnête homme.
A côté du portrait de Da, nous suivons également la vie quotidienne du jeune garçon : les bagarres, les aventures et les premiers émois amoureux avec ses inséparables amis Rico et Frantz. Nous découvrons aussi les habitudes des habitants de la ville, leurs bonheurs et leurs soucis de tous les jours. Malgré son jeune âge, Vieux Os est déjà très mûr et pose un regard inquiet sur ce qui l'entoure. Car la crise politique menace ce petit monde jusque là protégé et Da elle-même en oublie son café qui a trop chauffé. L'heure est grave…

C'est à travers des chapitres qui ressemblent à de petits tableaux que Dany Laferrière nous raconte cette jeunesse colorée. Avec un style simple auréolé de mots créoles, l'auteur nous décrit sa terre natale et son enfance envolée. C'est un regard d'enfant qui se pose sur le monde des adultes, un regard tellement juste et vivant que l'on sent avec lui l'odeur du café de Da.
Hommage à sa grand-mère, instants d'émotion, souvenirs, mots colorés, Dany Laferrière réussit brillamment à nous faire remonter le temps avec lui. Direction Haïti.
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Citations et extraits (45) Voir plus Ajouter une citation
L’alphabet des jours

Da reste assise sur sa chaise de Jacmel (sa préférée), près du feu. Elle a l’air endormie comme ça, mais je sais qu’elle réfléchit. De temps en temps, je l’entends marmonner quelque chose que je ne parviens pas à déchiffrer. Je voudrais avoir des dents dans mes oreilles pour pouvoir mastiquer calmement ce qu’elle dit. Je suis, moi, assis sur une des énormes racines du manguier que le cyclone Flora a arraché du sol, l’année dernière. Le pauvre manguier reste couché là, de tout son long, les racines à l’air. Je passe mon temps à regarder Da. J’aime la regarder. Son visage, complétement fermé. Les lèvres serrées. Des milliers de rides. Les rides en se croisant forment des lettres de l’alphabet : des F, des Z, des H, des X, des Y, des T, des I, des L et des K, mais rarement des M, des G ou des Q. il y a aussi des W, et même un O.
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Vava me regarde. Tout mon sang vient de se retirer de mon corps. Je deviens livide. Les grands yeux noirs de Vava. Une dernière fois. Mes mains sont glacées. Ma bouche sèche. Le camion redémarre lentement.On entend craquer le vieux chassis en bois. Vava m'envoie un baiser. Délia se retourne vivement.
-Ferme la fenêtre Valentine.
La fenêtre se referme doucement, comme une caresse sur ma joue.
Je suis mort.
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J'ai un coeur qui ne se repose jamais, même pendant mon sommeil. Je rêve d'elle. Et elle ne sait même pas que je suis amoureux d'elle. Je n'ose pas prononcer son nom.
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- Pourquoi parles-tu de ma mort, Loné ? Ce n’est pas un sujet de conversation.
- Au contraire, Saint-Vil, c’est la seule chose qui vaille la peine qu’on en parle.
- Moi, c’est la vie qui m’intéresse.
- Mais c’est la même chose, Saint-Vil.
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Elle a l'air endormie comme ça, mais je sais qu'elle réfléchit. De temps en temps, je l'entends marmonner quelque chose que je ne parviens pas à déchiffrer. Je voudrais avoir des dents dans mes oreilles pour pouvoir mastiquer calmement ce qu'elle dit.
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Vidéo de Dany Laferrière
En 2015, l'écrivain canadien d'origine haïtienne, Dany Laferrière est reçu à l'Académie française. Il est l'auteur, entre autres, de Comment faire l'amour à un nègre sans se fatiguer ou de L'Odeur du café. Son épée d'académicien est le fruit d'un dialogue avec le sculpteur haïtien Patrick Vilaire. Dans cet entretien, il revient sur les différents symboles qu'elle porte et sur ce qu'elle dit de la place de l'écrivain et de l'académicien au sein de nos sociétés.
Pour en savoir plus, rdv sur le site Les Essentiels de la BnF : https://c.bnf.fr/TRC
Crédits de la vidéo :
Dany Laferrière Écrivain et membre de l'Académie française
Direction éditoriale Armelle Pasco, cheffe du service des Éditions multimédias, BnF
Coordination scientifique Charline Coupeau, docteure en histoire de l'art et chercheuse à l'École des Arts Joailliers
Coordination éditoriale Constance Esposito-Ferrandi, chargée d'édition multimédia, BnF
Lieu de tournage Institut de France
© Bibliothèque nationale de France
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