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Critique de wartenkaplan


Dans les campagnes parfois, les paysans solitaires recherchent l'âme soeur par annonce dans "Le Chasseur Français ", leur magazine préféré. Egalement, des foires aux célibataires sont organisées chaque années dans certaines vallées de montagne. Des autobus de femmes arrivent le jour prévu sur la place du village enguirlandée. Avec orchestre et bal. Mais l'histoire ne dit pas si les cars repartent à vide. Existent-ils des villages de femmes attendant des autobus d'hommes ? Je ne sais pas.

"L'annonce" est une histoire d'amour !

Dès les premières pages, on plonge directement dans l'atmosphère du livre. On connait très vite Paul, gros travailleur, qui décide vite, Nicole, jalouse qui entend tout régenter, les oncles, des taiseux méthodiques et organisés. Ils vivent tous ensemble dans la même maison. Il y a les vaches, la traite deux fois par jour, les foins entre deux orages. Pas si tranquille la vie de paysan, mais bien rythmée !
Paul est vide d'amour. L'annonce. Annette répond et accepte. Elle arrive à la ferme avec un fils, Eric. Elle vient de ce monde du nord, de la révolution industrielle, gris et brutal.
Alors commence la construction de cet amour dans ce huit-clos de personnes laborieuses, méfiantes, silencieuses.

Formant un couple aux civilisations différentes, l'insertion d'Annette dans ce nouvel univers sera difficile.

Avec ce livre, MHL est au sommet de son art. " L'Annonce " est une oeuvre supérieure à " Les Pays ". L'écriture est maîtrisée. Pas d'hésitation. La narration coule fluide et nerveuse. MHL applique toujours cette précision et cette rigueur qui caractérise son talent pour décrire des scènes rugueuses et âpres, ne laissant aucune place aux fioritures. Elle pratique la description entomologique pour relater évènements, attitudes et sentiments. le temps et l'espace sont gérés sur un mode concret et efficace.
Ce qui est merveilleux chez MLH, c'est cette écriture hors des sentiers battus. Elle s'aventure dans son mode d'écrire en prenant des risques car on sent qu'elle ne veut écrire que ce qu'elle porte profondément en elle. MLH apparait sincère ne cherchant pas forcément à plaire. Elle a du souffle et des tripes. Simplement écrivain, c'est ce qu'elle semble vouloir être.
Elle n'est pas ancienne élève d'une quelconque école d'écriture qui recopie une bonne recette. Exit les auteurs commerciaux et leur littérature suave et marketée sortie d'un logiciel informatique d'écriture analysant les goûts et les couleurs du consommateur lambda pour lui servir un fade brouet littéraire pour tête de gondole de supermarché. Je ne les cite pas ici. Vous trouverez facilement leur nom vous-même.

Avec ce livre, on est proche d' "Ouest" de Vallejo ou bien "Des Ames Grises" de Philippe Claudel.
Mais elle est diamétralement opposé au réalisme satirique d'un Marcel Aymé qui campe des personnages rusés et cyniques.
Il y a du Kerangal chez elle dans ses phrases qui courent jusqu'à atteindre l'expression parfaite d'une situation ou d'un paysage.
MHL dérange car elle a su créer une nouvelle littérature qui contrarie le rythme frénétique et vain de notre époque .

Elle a su inventer un moment suspendu tendre et douloureux.

Bravo l'artiste !
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