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EAN : 9782360620197
160 pages
Le Festin (02/12/2010)
4/5   19 notes
Résumé :
L’Elève Gilles est un roman de l'enfance, de la solitude et de la souffrance, de l'angoisse des nuits d'internat, des petits et grands plaisirs des vacances dans la propriété d'une tante qui le recueille, de la découverte de la nature, de la dureté des rapports entre gamins, des premières amitiés exaltées, des premières trahisons, des premières lâchetés… Et puis, il y a ces parents trop lointains, ce père musicien dont on ne sait trop de quel mal il souffre et que G... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (10) Voir plus Ajouter une critique
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Une belle écriture simple mais d'une grande intensité poétique qui traduit parfaitement les nuances des sentiments, l'émerveillement et aussi parfois l'angoisse de l'élève Gilles devant la nature qu'il découvre à la Grangère propriété de sa tante où sa mère, à laquelle il voue une véritable adoration, le laisse pour suivre son mari.
Le père reste lointain pour Gilles. Musicien il vit dans son monde, ne supportant pas le bruit : « Il demeurait, à l'ordinaire, absorbé dans ses pensées, et je respectais le plus possible son recueillement, mais le mot, le geste dont il m'arrivait de troubler le silence, provoquaient sa colère ; j'en venais à jouer sans bruit, et à redouter comme la foudre le heurt de quoi que ce fût. »
Devenu interne au collège de la ville voisine de la Grangère, il va être confronté aux autres mais il trouvera toujours réconfort et douceur dans sa perception aigüe du monde qui l'entoure : « Quelques bruits venaient du dehors ; pas sonores dans la rue, chanson à mi-voix d'un passant, longs miaulements de chats en lutte sournoise, mais un grand calme s'étendait le plus souvent autour de nous, et la respiration même du dortoir invitait à la somnolence. »

Un livre à la beauté douloureuse, à l'atmosphère mélancolique, qui laisse planer un mystère. Cette lecture s'accorde parfaitement à l'ambiance automnale et j'ai parfois songé au Grand Meaulnes tout en plaçant au-dessus ce roman d'apprentissage que l'on peut, après lecture, prendre et rouvrir à n'importe quelle page. Dans les désarrois de Gilles, dans sa quête d'amour et de beauté on peut puiser à chaque moment.

Dans sa préface à l'édition de 1956 au Club français du livre, François Mauriac nous dit :
« L'auteur de « L'Elève gilles » a possédé la terre comme aucun autre homme que j'aie connu ne l'a possédée.(…) Il a connu les odeurs de la terre à chaque heure de la nuit et du jour et selon les moment de l'année. Un jardin, une maison pourvu qu'elle fût pauvre, que le temps lui eût imposé sa patine et que des morts aimés y aient vécu, devenaient un royaume et ce doux en était le maître. Les lecteurs de l'Elève Gilles sauront jusqu'où allait cette possession du monde dont mon ami avait reçu le privilège. »
(…) « André Lafon, mort à trente ans, avançait à reculons dans la vie. « Toute l'hostilité de la vie m‘attendait au seuil du jardin. » Ce sont les dernier mots de L'Elève Gilles. Ils résument le drame d'une destinée. »

André Lafon appartient comme Alain Fournier et bien d'autres, à la génération perdue, celle qui a été fauchée par la guerre de 14-18. Il est mort en 1915. Un auteur à redécouvrir dont je ne comprend pas qu'il reste méconnu.
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Acheté dans la grande librairie Mollat à Bordeaux, où de nombreux livres vous imprègnent de toute cette atmosphère mauriacienne, du fleuve âme de la ville, des vignobles et de tout un terroir tellement riche, L'Elève Gilles tient ses promesses de ce point de vue.

La préface de François Mauriac donne le ton d'une amitié et d'une admiration que Jean Gilles ne connaîtra pas dans son enfance. Mauriac met en exergue la poésie de son ami André Lafon qui est la richesse de ce livre.

L'histoire s'étend sur moins d'une année, du début de décembre à l'approche d'octobre suivant.

La première partie, d'une quarantaine de pages, immerge le lecteur dans le terroir bordelais et la vie simple du début du vingtième siècle. Elle dévoile déjà les prémices du désarroi futur de L'élève Gilles plongé bientôt dans les affres de l'internat. On y perçoit déjà l'amour du jeune héros pour le jardin et la nature dont les descriptions hivernales sont saisissantes de beauté.

Mais, dans les deuxième partie et troisième partie, d'une bonne soixantaine de pages, le lecteur partage la mélancolie et l'ennui du jeune héros dans sa vie d'interne désemparé dans un monde qui n'est pas le sien. Malgré la belle écriture ancienne d'André Lafon, cette narration si précise des malheurs de Jean Gilles m'a paru très lassante.

Résurrection dans la quatrième partie, hélas si brève, à peine trente pages, pour le héros et le lecteur qui ne peut qu'être emporté dans la sublimation de ce court été d'absolu pour Jean Gilles, dans la sanctification du jardin, de ses fleurs, insectes, roses, dans la touffeur des soirées en attente de l'orage purificateur de la terre et du ciel, même si la mélancolie automnale annonce au jeune héros la fin du bonheur "au seuil du jardin".

La postface de Jean-Marie Planes fait un tour d'horizon de cette "cristallisation fragile" , de cette mélancolie poétique, rappelant par plusieurs citations les perceptions du beau exprimées au long de ce texte si magnifiquement écrit.
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Magnifique roman d'un auteur oublié, ou presque, mort en 1915, à 32 ans. Mauriac, avec lequel il a comme point commun un catholicisme bourgeois des plus présents, avait fait l'éloge de ce roman.
Jean Gilles a onze ans. Sa mère l'envoie vivre d'abord chez sa tante, dans une propriété viticole, la Grangère, afin de se consacrer entièrement à son mari, qui subit une forte crise nerveuse. Mais les mois passsant, les deux femmes se résolvent à le confier à un pensionnat privé pour qu'il poursuive ses études. Il connaîtra alors l'amitié mais aussi la méchanceté des autres enfants. Attaché à la nature de la Grangère (beaucoup de références aux arbres et aux fleurs) l'été arrive enfin comme une délivrance. Ses parents sont revenus y vivre mais le drame menace. le style n'est pas affecté ni précieux, les références au catholicisme triomphant d'alors probablement vieillottes aujourd'hui. Reste ce texte d'une beauté poignante, triste souvent mais aussi lumineux.
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Quatrième de couverture :
Disparu précocement en 1915, André Lafon "était de ceux que ne quitte jamais le sentiment tragique de la vie", confia François Mauriac, son frère en poésie. Longtemps introuvable, L'élève Gilles, qui soutient la comparaison avec le Grand Meaulnes ou Les désarrois de l'élève Törless, "appartient à ces livres dont on se confie l'existence entre amis, comme un secret, dont on recommande la lecture avec précaution, écrit Jean-Marie Planes. C'est un mot de passe, le signe de reconnaissance d'une sympathique maçonnerie. Il marque l'appartenance à une communauté sensible, à un petit clan d'amateurs fraternels, se saluant comme membres d'une même famille."

Roman d'apprentissage, L'éléve Gilles est avant tout un récit secret. Dans une langue intemporelle aux accents mauriaciens, André Lafont puise dans ses propres souvenirs pour évoquer une enfance solitaire et contemplative au bord de l'estuaire. Il dit la consolation et l'enthousiasme qui saisissent l'exilé, dans son lit de dortoir, à contempler, avec une avidité forcenée, la splendeur des constellations.
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Tout est dans le titre. Il n'y pas de surprise avant le dénouement de la fin, car dès le début la seule chose qui reste dans l'ombre est l'état de santé du père, les petites indications au fil du texte laissent dans le doute. On ne sait pas trop de quoi il souffre mais, en tout cas, cette maladie a un impact sur la vie du narrateur. Un garçon d'une dizaine d'année, si j'ai bien compris, mais que j'ai trouvé assez immature, je lui aurais plutôt donné sept ou huit ans ; quoi qu'il en soit, on décide de l'envoyer dans un internat près de sa tante pour l'éloigner de son père malade. Et la plus grande partie du roman raconte sa vie d'élève.
Ce qui fait l'originalité de ce roman descriptif, c'est une grande sensibilité, celle d'un enfant élevé dans une famille bourgeoise et pieuse de la fin du dix-neuvième siècle. Il n'y a quasiment pas une idée, ou on ne les perçoit pas, uniquement à rebours quand on lit la dernière phrase, la morale chrétienne de toute cette histoire ; même «le consentement docile» dont il est question semble un adoucissement de la dure résignation chrétienne. En ce sens, c'est un roman d'apprentissage, mais vraiment cela n'apparait qu'à la fin, car tout le reste du roman est fait de descriptions extrêmement délicates.
Au fond , les premiers pas à l'école ne changent pas, c'est toujours la même découverte de la vie sociale : les premières amitiés, les bizarres attirances et élections, les trahisons, déjà des «conventions» avec des «chefs», des «suiveurs» et des «rejetés», et aussi cette fameuse cruauté qu'on attribue aux enfants.
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critiques presse (1)
Actualitte
11 avril 2018
Cette écriture, pour classique qu’elle soit, n’en demeure pas moins d’une grâce infinie. Ses ellipses, ses inversions, ses conjugaisons oubliées lui confèrent le lustre des choses anciennes, et sa simplicité, sa lucidité la rendent intemporelle.
Lire la critique sur le site : Actualitte
Citations et extraits (25) Voir plus Ajouter une citation
Vous qui vous pencherez sur ces pages avec l’émoi d’y revoir, parmi tant de choses mortes, des figures jadis connues, ne soyez point étonnée de trouver l’enfant qui se raconte si peu semblable à votre souvenir… Mais rappelez-vous ses silences, et sachez ce que vous dérobèrent un masque pâlot et des regards qui fuyaient l’interrogation du vôtre.
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Le froid plus vif du crépuscule avait congelé le brouillard autour des branches et vêtu celles-ci d'une miraculeuse floraison. Je courus follement dans les allées que les buis couverts de neige bordaient d'hermine; chaque arbuste paraissait plus gainé de corolles que les pêchers au printemps; les buissons semblaient une cristallisation fragile, et les feuilles encore suspendues y mettaient des pétales. Dans la prairie, chaque brin d'herbe était givré; j' y brisai ma course ainsi qu'au bord d'un champ de fleurs. Au-delà, se devinait un pays mystérieux où les arbres nus s'achevaient en fumée.
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Le jardin nu m'étonna : le paulownia y reflétait une ossature tourmentée, les marronniers levaient des bras transis, les arbustes semblaient des balais de brande, la haie un treillis épineux. Les groseilliers se mouraient, près de la fontaine qui dégelait, goutte à goutte, au soleil rose. La charmille n'était plus un abri et laissait voir, bouchons de paille mouillée, les nids insoupçonnés aux dernières vacances. Seules, les bordures de buis restaient vertes et, sur le mur bas, la toison de lierre se chargeait d'étranges raisins.
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Mon père ne parut pas au déjeuner ; j’appris qu’il se trouvait las et prenait du repos. J’osai m’en féliciter, car sa présence m’était une contrainte. Il demeurait, à l’ordinaire, absorbé dans ses pensées, et je respectais le plus possible son recueillement, mais le mot, le geste donc il m’arrivait de troubler le silence, provoquait sa colère ; j’en venais à jouer sans bruit , et à redouter et comme la foudre le heurt de quoique ce fût. Cette perpétuelle surveillance où j’étais de moi-même me gênait, à table surtout. Il suffisait de l’attention que j’apportais à me bien tenir pour m’amener aux pires maladresses, la veille même, à dîner, mon verre renversé s’était brisée en tachant largement la nappe. Le sursaut de mon père m’avait fait pâlir, et mon trouble fut plus grand encore à le voir nous laisser et reprendre, au salon, La sonate qu’il étudiait depuis le matin.
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Derrière la maison, les rosiers recommençaient de fleurir; leurs roses, moins légères que celles de mai, ployaient les tiges comme des fruits dont elles prenaient la couleur; des cétoines dormaient au coeur de certaines et remuaient de lentes pattes qui froissaient le nid soyeux.
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