AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Marie-Madeleine Peignot (Traducteur)Mathilde Pomès (Traducteur)
EAN : 9782253099390
320 pages
Le Livre de Poche (26/04/2006)
4.03/5   88 notes
Résumé :
Andréa a dix-huit ans lorsqu'elle débarque à Barcelone pour suivre des études de lettres. Elle loge dans sa famille, rue Aribau, et elle a hâte d'apprendre et de vivre. Mais la réalité qu'elle découvre est bien différente de ce qu'elle espérait. Dans ces années 1940, Barcelone est une ville étouffante, brisée par le régime franquiste, hantée par les souvenirs de la guerre civile, ravagée par la pénurie et la misère, où s'agite une petite bourgeoisie conformiste et f... >Voir plus
Que lire après NadaVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (13) Voir plus Ajouter une critique
4,03

sur 88 notes
5
3 avis
4
6 avis
3
2 avis
2
0 avis
1
0 avis
Nada (qui veut dire"Rien" en espagnol) est le premier roman de la romancière espagnole Carmen Laforet, roman qu'elle publia en 1944 à l'âge de 23 ans et qui (selon l'éditeur de la traduction française) "marqua profondément toute la génération des écrivains ibériques de l'après-guerre". Il raconte une année de la vie d'une jeune fille de 18 ans, Andréa, orpheline de père et de mère, qui après la guerre civile (on doit être en 1939) revient vivre à Barcelone dans l'appartement familial située dans une maison du quartier autrefois huppé de L'Eixample, dans la rue Aribau très précisément, non loin de la Place de l'Université, appartement occupée par sa grand-mère, une tante, deux oncles, la femme et le bébé de l'un d'eux, une bonne et un chien. Elle s'inscrit à l'Université pour y suivre des études de lettres. La famille est désargentée et en viendra à vendre une bonne partie des meubles de famille.
Les premiers chapitres nous montrent Andréa peinant à se faire une place entre sa tante acariâtre et figée dans ses grands principes et ses oncles plutôt fantasques voire carrément craignos. Si la famille est pauvre, Andréa l'est encore davantage et elle est contrainte à réduire à l'extrême ses rations alimentaires en se contentant souvent des restes que sa grand-mère lui a laissés. Une fois sa tante Angustias partie de Barcelone, Andréa jouira d'une plus grande liberté et pourra élargir son cercle d'amis, au centre duquel se trouve Ena, son amie fidèle... jusqu'au jour où les choses prendront une tournure qui laissera Andréa désemparée.
J'ai eu un peu de mal à entrer dans ce roman car, en dépit du choix du récit à la première personne, on apprend peu de choses de la narratrice. Ce qu'elle est, est en réalité devant elle. Les restrictions dues à la guerre, les difficultés du quotidien, les mesquineries des gens qu'elle côtoie sont particulièrement bien dépeintes bien que la situation politique de l'époque soit presque totalement absente du récit. Mais peu à peu le carcan étouffant qui entourait notre Cendrillon catalane se desserre et on est heureux de sentir la vie enfin prendre ses droits chez Andréa. La deuxième partie du roman, où d'ailleurs la ville de Barcelone est plus présente (avec ses Ramblas, sa Cathédrale, son quartier chinois ... ) m'a davantage intéressée et l'écriture de la romancière s'y fait plus libre et plus complexe. J'ai finalement adoré suivre le long des boulevards ou des rues borgnes, sur les plages de Catalogne ou dans la sombre cage d'escalier de son immeuble, les pas de cette Cendrillon barcelonaise qui, plus qu'un hypothétique prince charmant, cherche avant tout à goûter et à savourer la liberté. Une belle découverte faite à l'occasion d'un court séjour à Barcelone.
Commenter  J’apprécie          190
En 2021 ce sont 100 années depuis la naissance de l'écrivaine catalane Carmen Laforet qui connut le succès à 23 ans avec son premier livre « Nada », publié en 1945, livre qui lui a valu deux prix dont le premier prix Nadal, le prix littéraire le plus ancien d'Espagne.

En cette année 2021, le portrait de Carmen Laforet a été accroché à l'Ateneo de Madrid, institution qui promeut les arts; c'est seulement la deuxième femme à obtenir cet honneur après Emilia Pardo Bazan.

Carmen Laforet est une auteure relativement peu diffusée car de son vivant elle avait constitué un véritable rempart entre sa vie privée et son écriture.
On doit savoir qu'elle fait partie des auteurs espagnols les plus traduits de par le vaste monde, après le « Don Quichotte » de Cervantes et « La famille de Pascal Duarte » de Cela.
Le roman « Nada » a été considéré parmi les meilleurs 100 romans du XX siècle par le journal El Mundo. Un roman écrit dans un style intimiste, photographique, utilisant des recours de l'impressionnisme (descriptions subjectives qui apportent sensations et émotions).

Le livre a été l'objet de deux adaptations cinématographiques : en Espagne en 1947 et en Argentine en 1956.

Dans l'oeuvre de Carmen Laforet , il y a une trilogie, trois romans, autour de l'angoisse existentielle d'une femme : « Nada », « L'île et ses démons » et « Une femme nouvelle ». Et le final de chaque roman est d'allure existentialiste
Presque toute son oeuvre répond au trémendisme, un courant littéraire espagnol créé en 1940 par des écrivains qui ont vécu la guerre civile en direct; ainsi leurs écrits ont un style cru et des histoires non moins crues, sans que cela ait un rapport direct avec la guerre.

« Nada » est aussi un roman de formation, celui du passage d'Andrea de la candeur de sa jeunesse (18 ans) à la maturité après un an de souffrances et d'apprentissage de la vie. Il est aussi un roman existentialiste avec une protagoniste libre; elle nous donne des sensations qui sont des éléments clés pour la compréhension de ce roman. Andrea nous transmet la perception d'une réalité reflétant la pauvreté et le sous développement d'une Espagne après la guerre civile et les débuts du Général Franco.

Pour ces raisons « Nada » est aussi un roman social montrant plusieurs aspects comme par exemple la faim éprouvée ces années là, ou la disparition d'une certaine bourgeoisie avec l'émergence et l'enrichissement d'une autre fraction de la population.

C'est aussi un roman comportant beaucoup de symbolismes. Comme par exemple lors de l'arrivée d'Andrea à Barcelone au milieu d'une nuit ténébreuse, symbole de la noirceur de la période à venir; ceci contrastant avec la scène aux couleurs éclatantes d'une matinée un an plus tard, quand Andrea quitte le domicile de la rue d'Aribau pour aller à Madrid travailler et poursuivre ses études. Ou encore sa pauvre valise, attachée avec de la corde, lourde de livres, un autre symbole de la pauvreté extrême de l'époque.

LE ROMAN : c'est l'histoire d'Andrea, une jeune fille de 18 ans, orpheline, qui arrive à Barcelone de la campagne pour y suivre des études de lettres.
Elle débarque dans cette maison familiale totalement dévastée par la guerre où survivent des parents appauvris, mal adaptés aux temps nouveaux, cohabitant au milieu d'une violence physique et verbale inouïes. La maison est sale, elle est en ruine, ils ont faim et vivotent en vendant les dernières possessions. le climat est invivable, malsain, voire dangereux. Chaque personnage de l'entourage est un monstre en soi.

C'est un endroit horrible, cauchemardesque, qui a perdu toute chaleur humaine et matérielle. Et au milieu de cette décrépitude Andrea résiste parce qu‘elle n'a pas d'autre choix.
En contrepartie, il y a Ena, la seule amie de Fac d'Andrea, une belle jeune fille qui habite un beau quartier, une belle demeure où il ne manque rien. C'est comme si ces gens n'avaient pas traversé une guerre…C'est cette famille qui donnera du réconfort à Andrea car ils lui proposeront de venir à Madrid avec eux tout en travaillant pour le père d'Ena, un industriel florissant.

Andrea nous livre en permanence ses impressions, elle décrit mais ne juge jamais. Elle défend sa liberté et son discours maintient parfois une distance entre les gens et les choses. Elle se veut spectatrice, un témoin non impliqué. C'est pour se protéger car elle est jeune, pauvre et sans appuis.
Est-ce nada (rien) ce chemin parcouru en 1 an ? Non, bien sûr que non, car en perdant son innocence, ses illusions, Andrea a mûri. Elle peut commencer sa nouvelle vie, elle pourra peut-être s'en sortir.
Lien : https://pasiondelalectura.wo..
Commenter  J’apprécie          40
Anna, jeune orpheline de 18 ans, débarque chez à Barcelone avec des rêves de liberté. La guerre civile vient de se terminer et Anna va loger chez sa grand-mère qui héberge également 3 oncles et tantes . Dans une ambiance délétère et un appartement sordide, Anna essaie de survivre tant bien que mal avec sa tante autoritaire et grenouille de bénitier, ses 2 oncles aussi cinglés l'un que l'autre dans des registres différents et la grand-mère qui a baissé les bras depuis longtemps... la guerre est passée par là.
Un roman d'apprentissage puissant et formidablement bien écrit par une jeune fille d'a peine 20 ans... dommage qu'elle se soit arrêtée là.
Commenter  J’apprécie          111
Tout juste après la guerre civile espagnole, Andrea a 18 ans. Elle est orpheline et elle débarque à Barcelone pour commencer des études universitaires. Elle est hébergée dans un appartement de la rue Aribau où habitent sa grand-mère, quatre tantes et oncles, un bébé, une bonne, un chien et un chat. Contraints de vivre dans la promiscuité et la pauvreté, les membres de cette famille dépendent les uns des autres, mais ils ne peuvent se supporter et ils entretiennent des relations au mieux tendues au pire violentes et perverses. Quand l'auberge espagnole se révèle être un nid de vipères…

J'ai adoré cette oeuvre de jeunesse (Laforet avait une vingtaine d'années quand elle a écrit ce roman), particulièrement pour le portrait de cette famille déchue et pour l'évocation des lieux, d'abord l'appartement (un personnage en soi), mais aussi les rues du Barcelone de l'époque.
Commenter  J’apprécie          70
J'ai été littéralement happée par ce roman. le contexte est celui de l'après guerre civile espagnole. Andréa, jeune provinciale de dix-huit ans, se rend à Barcelone pour entamer des études de Philologie. Elle vivra chez sa famille, qu'elle ne connaît pas réellement. Ses rêves d'indépendance et de vie citadine tombent vite à l'eau: sa famille se révélera au mieux atypique, voire loufoque, au pire dangereuse. Pauvreté, violence, manipulations psychologiques et frustrations jalonneront son expérience barcelonaise. Les descriptions psychologiques et morales des personnages sont si fines et bien menées qu'il est difficile de croire que ce roman a été écrit par une jeune femme de 23 ans.
Commenter  J’apprécie          81

Citations et extraits (16) Voir plus Ajouter une citation
A quoi bon courir, en somme, si nous nous heurtons à la borne de notre propre personnalité ? Certains naissent pour vivre, d’autres pour peiner, d’autres pour regarder seulement. Moi je n’avais qu’un infini et vil rôle de spectatrice. Impossible d’en sortir. Impossible d’y échapper. L’angoisse, c’était pour moi la seule réalité de ces instants.
Commenter  J’apprécie          100
La ville, ma fille, est un enfer. Et dans toute l'Espagne il n'est pas une ville qui ressemble plus à l'enfer que Barcelone. Je suis inquiète que, hier soir, tu sois venue toute seule de la gare. Il aurait pu t'arriver quelque chose. Ici les gens vivent les uns sur les autres, s'épiant entre eux...Toute prudence dans la conduite ne saurait suffire car le diable revêt des formes tentatrices... Une jeune fille à Barcelone doit être une vraie forteresse. Tu me comprends?
Non, ma tante.
Commenter  J’apprécie          40
Et je songeais : "Si le monde avait fini cette nuit-là, si l'un d'eux était mort, leur histoire se serait refermé sur elle même, comme un beau cercle".
Mais cela n'arrive que dans les romans et dans les films. Pas dans la vie. Pour la première fois, je me rendait compte que tout se poursuit, devient gris, se désagrège en continuant à vivre. Qu'il n'y a pas d'achèvement à notre histoire jusqu'à ce que la mort arrive et que le corps se désagrège.
Commenter  J’apprécie          40
Juan se acercó a mí:
_ ¿ No conoces a mi mujer, Andrea?
Y empujó por los hombros a la mujer despeinada.
_Me llamo Gloria_dijo ella.
Vi que la abuelita nos estaba mirando con una ansiosa sonrisa.
_¡Bah, Bah!...¿Qué es eso de daros la mano? Abrazaos ,niñas...¡Así, así!
Gloria me susurró al oído:
_¿ Tienes miedo?
Y entonces casí lo sentí, porque ví la cara de Juan que hacía muecas nerviosas mordiéndose las mejillas. Era que intentaba de sonreír.
Commenter  J’apprécie          30
L'air du matin m'excite. Le sol est encore humide de la rosée de la nuit. Avant de monter dans l'auto, je lève les yeux vers cette maison où j'ai vécu pendant un an. Les premiers rayons du soleil frappent les vitres. Quelques instants plus tard, la rue Aribau et Barcelone ne sont plus que le passé derrière moi.
Commenter  J’apprécie          20

Videos de Carmen Laforet (5) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Carmen Laforet
Documental Carmen Laforet, realizado por Eva Bona, Sara Faidi, Antonella Ravenna y Marta Botía. INS Príncep de Girona. Seminario de Lengua Castellana y Literatura, 4t ESO C
autres livres classés : espagneVoir plus
Les plus populaires : Littérature française Voir plus


Lecteurs (244) Voir plus



Quiz Voir plus

Littérature espagnole au cinéma

Qui est le fameux Capitan Alatriste d'Arturo Pérez-Reverte, dans un film d'Agustín Díaz Yanes sorti en 2006?

Vincent Perez
Olivier Martinez
Viggo Mortensen

10 questions
95 lecteurs ont répondu
Thèmes : cinema , espagne , littérature espagnoleCréer un quiz sur ce livre

{* *}