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EAN : 9782707149282
784 pages
La Découverte (17/08/2006)
4/5   20 notes
Résumé :
Une nouvelle image du monde social, qui ne néglige pas les singularités individuelles et évite la caricature culturelle des groupes. Passage en poche d'un des livres événement de la sociologie contemporaine. De caricatures en vulgarisations schématiques des travaux sociologiques, on a fini par penser que nos sociétés, marquées par le maintien de grandes inégalités sociales d'accès à la culture, étaient réductibles à un tableau assez simple : des classes dominantes c... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
J'ai lu ce livre il y a un certain temps, non sans intérêt. J'ai eu envie de lui consacrer une chronique à la suite d'une discussion que j'ai eu récemment, dans laquelle Bourdieu a été mentionné, et où il m'a été conseillé sans trop de douceur de m'abstenir de critiquer des ouvrages traitant de sociologie tant que je n'aurai pas étudié la méthode sociologique.
Occasion donc de mettre certaines choses au point.
Au travers d'interviews, l'auteur étudie les pratiques culturelles d'un certain nombre de personnes. Il en arrive à la conclusion qu'il n'existe pas de profils culturels consonants au sens où l'entend Bourdieu, et que, par exemple, les s individus ayant fait des études poussées et/ou appartenant aux "classes dominantes" n'ont pas nécessairement de goût particulier pour la musique et la littérature classique, et d'ailleurs pas plus que les autres.
Mais Monsieur Lahire n'en tire pas la conclusion évidente que Bourdieu s'est trompé lorsqu'il a écrit ' La distinction - critique sociale du jugement " (ouvrage que j'ai lu pour mon malheur lors de sa sortie ; la faute en était au talent de Bernard Pivot qui en avait parlé dans la merveilleuse émission 'Apostrophes")
Bien mieux, Lahire rend dans son ouvrage un hommage appuyé audit Bourdieu ( sans doute est-ce un passage obligé en sociologie mainstream, comme cela fut un temps le cas pour Marx dans les disciplines les plus diverses)
Malgré son intérêt, j'ai eu du mal à terminer l'ouvrage pour deux raisons, propres sans doute à la méthode sociologique :
-le caractère répétitif des interviews qui semblent tourner en boucle, ce qui devient lassant à la longue ;
-et le parti de retranscrire les propos des interviewés tels qu'ils ont été tenus, hésitations, répétitions et interjections comprises, ce qui fait beaucoup de "euh',"ben", "on va dire " et autres. Entendons bien, je ne critique pas la manière de parler des interviewés, et la mienne n'est sans doute pas meilleure. L'oral est par nécessité plus relâché que l'écrit. Mais je ne pense pas que la transcription de ces propos en style plus soutenu les aurait nécessairement déformé. Je crois même qu'elle aurait permis de mieux dégager la pensée des locuteurs.
Preuve sans doute que je ne comprends rien à la méthode sociologique.
Malgré ses lourdeurs, la lecture du livre demeure intéressante
Mais c'est pour cela que je pense que les meilleurs ouvrages, je ne dirai pas de sociologie, puisque c'est une marque déposée, mais d'étude sociale, émanent de non -sociologues, comme pour la France actuelle Guillouy ou Fourquet, voire de romanciers et même d'auteurs de polars
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Souvent l'on réduit l'accès à la culture dans la société à un tableau assez simple : des classes supérieures cultivées, des classes moyennes manifestant une bonne volonté culturelle et des classes dominées qui restent à distance de la culture légitime. le sociologue français Bernard Lahire montre que la réalité est plus complexe : la ligne de partage entre « haute culture » et « sous-culture » s'applique aussi aux différentes pratiques des mêmes individus, quelle que soit la classe sociale à laquelle ils appartiennent. Une même personne peut ainsi aimer l'opéra et regarder des émissions de télévision très peu légitimes, lire beaucoup de littérature classique et écouter des chanteurs de variété. le chercheur appuie sa très intéressante démonstration sur de multiples exemples, grâce à un important travail d'enquête et d'analyse des résultats obtenus. Seul petit bémol : l'ouvrage comporte un certain nombre de coquilles, qui peuvent agacer à la longue.

Dans cet essai, Bernard Lahire brosse un tableau passionnant, relativement clair pour les non-spécialistes et très documenté de l'accès à la culture des individus dans notre société. Difficile d'ailleurs de ne pas se reconnaître dans certains portraits ou descriptions de pratiques.
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Citations et extraits (25) Voir plus Ajouter une citation
La domination radiophonique et télévisuelle de la culture du divertissement n'était pourtant pas une fatalité inscrite dans la nature des choses. Dans les années 1950 et 1960, télévision et radio publiques jouaient un rôle éducatif et culturel plus grand qu'aujourd'hui où la culture vit retranchée dans des territoires bien délimités (essentiellement France 5 et Arte pour la télévision, France Culture et France Musique pour la radio). On a même oublié qu'au début des années 1930 "la musique classique était majoritaire à la radio" et que c'est seulement "à partir de 1937, (qu') on observe un net renversement de tendance au profit de la variété". Durant les années 1920-1930, les radios d'état vont être de puissants vecteurs de diffusion de la culture la plus légitime : diffusions de musique classique et de spectacles en direct de l'Opéra de Paris (au rythme d'un concert ou une oeuvre lyrique par soir), de pièces de théâtre radiophoniques, de lectures de romans faites par des comédiens, de chroniques sur l'art, la littérature, l'histoire, les sciences, d'informations et même de cours et de conférences prononcés à la Sorbonne ou au Collège de France. C'est à partir des années 1930 que, sous l'effet de la concurrence de radios privées, l'ensemble de l'offre radiophonique commence à se transformer avec la montée en puissance de la chanson populaire, des feuilletons, des jeux et, plus généralement, des divertissements de toute nature. Malgré tout, dans les années 1950 la radio de service public continue à jouer un rôle important dans l'accès aux genre culturels les plus nobles (musique classique, opéra, théâtre, vulgarisation culturelle et scientifique).
La sphère privée est propice aux relâchements contrôlés des émotions, à l'expression des dispositions les moins formalistes et les plus hédonistes (moindre contrôle du regard d'autrui, moindre officialité et moindre formalité de la situation) et, du même coup, propice aux consommations culturelles les plus divertissantes. Plutôt que de surinterpréter l'intensité de la foi et des pratiques dévotes en matière de culture légitime, la saisie des nuanciers culturels individuels permet de se faire une idée de la variété des moments dans lesquels des goûts et inclinations très différents s'expriment.
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On mesure concrètement l'effet du passage des films des salles de cinéma à la télévision (avec les diffusions multiple et la possibilité de visionnage des cassettes vidéo) sur les caractéristiques de leurs publics. Plus les films sont anciens et plus ils ont une chance d'avoir été vus, et même appréciés, par un public autre que celui qui s'était déplacé pour les voir au moment de leur sortie en salle. D'une part, les films d'auteurs "réservés" initialement au public très diplômé et cinéphile trouvent ainsi des publics plus larges qui ne se seraient pas déplacés et n'auraient pas payé pour aller les voir par peur de s'ennuyer ou de ne rien comprendre, mais qui ont néanmoins la curiosité de les voir à la télévision. D'autre part, les films les plus "grand public" et les moins légitimes (films d'action ou d'aventures, films policiers ou films comiques) peuvent être vus par des publics aux exigences culturelles ordinairement plus hautes, qui ne seraient pas non plus allés les voir en salle (noblesse culturelle oblige), mais qui peuvent apprécier de les regarder gratuitement, en privé, sans ressentir de honte culturelle et sans être gênés ou rebutés par la présence de publics aux propriétés sociales et culturelles très éloignées des leurs.
Comme le résume Jean-Michel Guy, "il apparaît que, au fil du temps, par le jeu des rediffusions sur petit écran, le profil du public d'un film se rapproche de plus en plus d'un profil moyen. Si, lors de leur sortie en salle, la plupart des films ont un "public-cible", et atteignent essentiellement la cible visée, ils finissent, tôt ou tard, par gagner à eux des spectateurs au profil de moins en moins conforme à celui du spectateur-cible". Les stratégie (plus ou moins conscientes) de distinction, quand elle existent, concernent essentiellement le moment des sortie en salle. On entrevoit donc bien les mixités culturelles à travers l'objectivation de quelques propriétés scolaires et culturelles des publics. Même quand le film est clairement un film d'auteur, il est rare d'avoir affaire à un public massivement orienté vers les films d'auteurs (à eux seuls les films d'action, d'aventures et de science-fiction arrivent souvent largement en tête des préférences cinématographiques, et si l'on ajoute les préférences pour les films comiques, la prédominence pour les films assez peu légitimes est écrasante) et on ne constate aucun grand déséquilibre en faveur des publics à fort capital scolaire par rapport à ceux qui ont un faible capital scolaire (9 films plutôt légitimes sur les 14 retenus dans le tableau ci-dessous ont même une plus forte proportion de spectateurs et télé-spectateur à faible capital scolaire). Inversement, les films peu légitimes sont vus par des publics dont une partie (jamais marginale) exprime une préférence pour les films psychologiques et d'auteurs et possède un niveau d'études supérieures. C'est ainsi que, effet de la télévision aidant, le profil des publics d'À bout de souffle (Jean-Luc Godard, 1960) et d'À nous les petites Anglaises (Michel Lang, 1975) se révèle assez semblable.
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C'est l'idée même de démocratisation de la culture qui rebute Fumaroli. Il pense en effet que l'ordre naturel des choses (des talents, des goûts, des envies, des passions) étant caractérisé par la diversité, il est vain (et méprisant pour la diversité naturelle) de vouloir imposer le même programme culturel à tous. Naturalisant des différences sociales, Fumaroli pense qu'il faut respecter ces différences et ne pas perturber l'ordre naturel des choses en laissant à chaque art (savant ou populaire) ou chaque loisir (studieux ou sans prétention) la possibilité, dans son ordre propre, d'apporter sa contribution. Il se distingue ainsi de ceux qui "souhaitent généreusement que cette propriété (du clergé intellectuel) soit partagée" : "leur générosité n'est pas douteuse. Mais son point d'application est très contestable." Car "la racine de cette "culture" (...), sa chance d'accroissement et de renouvellement, c'est la nature, c'est la lumière naturelle impartie plus ou moins à tous les hommes, et dont peut-être les voyageurs du P.L.M regardés avec commisération par Saint-Exupéry et Guéhenno, ou la femme de ménage citée par Danièle Sallenave sont pourvus en abondance, plus que leurs doctes observateurs. Cette lumière naturelle trouve en chacun de nous une expression différente, et parfois méconnaissable pour des esprits pourvus du luxe patenté de la "culture" ". Il faut accepter le fait que la Bibliothèque nationale, les musées, les théâtres, les opéras, les salles de concert, les archives ou les sites archéologiques soient destinés à une "élite" ou à une "minorité". Marc Fumaroli ne trouve pas cela plus choquant que le fait qu'une minorité de personne puissent se retrouver entre elles dans des stades ou sur des pistes de danse sans être gênées par des non-sportifs ou des non-danseurs. Pourquoi contraindrait-on les minorités cultivées "à se fondre dans la foule indistincte des badauds" comme cherche à le faire l'État culturel?
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Dans sa lutte pour fonder et délimiter un ordre de faits spécifiquement sociaux, Duskheim va en fait opérer un glissement métaphysique qui consiste à inventer un "être psychique" nouveau, distinct de chaque être psychique individuel, et qu'il va appeler diversement "conscience collective", "esprit collectif" où "âme collective". On assiste alors à un double mouvement : 1) un premier mouvement d'exclusion de l'individu, soutenu par l'idée (juste mais inadaptée) selon laquelle le tout (le social) est plus (ou autre chose) que la somme des parties (les individus) ; et 2) un second mouvement de personnification du collectif, qui consiste à doter ce tout des attributs classiquement attachés à l'individu : conscience, inconscient, esprit, âme, etc. Par ce double mouvement, au moment même où il croit se démarquer puissamment de la psychologie et conquérir une autonomie, Duskheim fait une lourde concession à la psychologie et montre qu'il est encore hanté par le raisonnement psychologique : 1) il concède l'individu comme territoire psychologique par excellence et fait du terme "collectif" un strict équivalent du terme "social" ; 2) il parle des réalités collectives comme on parlerait d'un individu singulier en les personnifiant.

Dans Les règles de la méthode sociologique (1895), Durkheim écrit qu' "en s'agrégeant, en se pénétrant, en se fusionnant, les âmes individuelles donnent naissance à un être, psychique si l'on veut, mais qui constitue une individualité psychique d'un genre nouveau". Il ajoute en note de bas de page : "Voilà dans quel sens et pour quelles raisons on peut et on doit parler d'une conscience collective distincte des consciences individuelles. " De même, s'il admet volontiers qu' "il est bien vrai que la société ne comprend pas d'autres forces agissantes que celles des individus", Durkeim précise dans Le suicide (1897) : "Seulement les individus, en s'unissant, forment un être psychique d'une espèce nouvelle qui, par conséquent, à sa manière propre de sentir et d'agir."

En formulant les choses ainsi, Durhheim a pour principal souci de définir l'objet propre à la sociologie en le distinguant de celui (entre autres) du psychologue : " Mais pour que la sociologie ait une matière qui lui soit propre, il faut que les idées et les actions collectives soient différentes par nature de celles qui ont leur origine dans la conscience individuelle et qu'elles soient en outre régies par des lois spéciales." Pour cela, il s'appuie sur un raisonnement scientifique tout à fait juste qui peut se résumer en une formule : le tout est plus que la somme de ses parties. " L'esprit collectif n'est qu'un composé dont les esprits individuels sont les éléments. Mais ceux-ci ne sont pas juxtaposés mécaniquement et fermés les uns aux autres. Perpétuellement en commerce par l'échange des symboles, ils se pénètrent mutuellement ; ils se groupent elon leurs affinités naturelles, se coordonnent et se systématisent. Ainsi se forme un être psychologique tout à fait nouveau et sans égal dans le monde." Ou bien encore: " C'est qu'un tout n'est pas identique à la somme de ses parties, il est quelque chose d'autre et dont les propriétés diffèrent de celles que présentent les parties dont il est composé. (...) En vertu de ce principe, la société n'est pas une simple somme d'individus, mais le système formé par leur association représente une réalité spécifique qui a ses caractères propres."
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certes, les pratiques culturelles les plus légitimes (ayant trait à la musique classique, à l'opéra, au jazz, à la littérature classique, à la peinture, au théâtre, etc.) s'avèrent toujours sensibles aux différences sociales (l'origine sociale ou l'appartenance sociale), mais elles concernent toujours une minorité de pratiquants, y compris au sein des groupes scolairement et socialement les mieux dotés. En, effet, si l'on peut dire que les enfants de milieu "cadre supérieur" sont à peu près trois fois plus nombreux que les enfants de milieu "ouvrier" à être allés à un concert de musique classique ou à l'opéra, il faut immédiatement préciser que seule une petite minorité des enfants de milieu "cadre supérieur" (respectivement 11% et 7%) est concernée par de telles sorties culturelles légitimes. Si l'on a souvent retenu de l'analyse de Pierre Bourdieu dans La Distinction le fait que les consommations culturelles les plus légitimes sont le fait de classes supérieures, on a suffisamment prêté attention "au fait que ces pratiques peuvent être minoritaires au sein même de ce groupe social: l'énoncé "les cadres supérieures ont été plus souvent que les ouvriers dans l'année à un concert de grande musique" se transforme progressivement en l'énoncé suivant: "les cadres supérieurs vont souvent au concert" alors qu'en réalité seulement un quart s'est déplacé dans une salle de salle au moins une fois dans l'année. L'assistance au concert ne constitue pas un horizon probable, y compris pour les classes supérieures dans leur ensemble".
Comment dès lors soutenir, sans sourciller, la thèse d'une fonction social de la culture fondée sur l'idée d'une mise à distance du "commun", du "vulgaire" ou de la "masse", d'une distinction vis-à-vis du "grand nombre" et, plus précisément, des classes populaires, lorsque les faits statistiques font clairement apparaître que la distance entre les pratiquants culturels légitimes et les autres se marque, dans un grand nombre de cas, entre une minorité des classes supérieures à fort niveau de diplômes et une grande majorité des Français, des plus hautement diplômés aux plus dépourvus scolairement?
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Vidéo de Bernard Lahire
Bernard Lahire vous présente son ouvrage " Les structures fondamentales des sociétés humaines" aux éditions La Découverte. Entretien avec Jean Petaux.
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