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sur 320 notes
On a tous connu des êtres qui ne participent au monde que par la grâce et la justesse de leurs gestes,la densité de leur présence physique. Ils n'ont pas le pouvoir de dire en mots leurs sentiments, leurs émotions. Et on les juge banals, peu intéressants ou vides.

Pomme est des ces êtres-là: comme son nom l'indique, elle a une espèce de rondeur posée, concrète qui est sa façon à elle d'être là. Elle a du sens pratique, ses gestes sont habiles, précis, harmonieux, rassurants. Mais Aimery, jeune noblion et étudiant désargenté, qui en fait sa maîtresse et sa compagne, s'il est d'abord frappé par la grâce innée de ses mouvements au point de la surnommer,de ce fait, "la dentellière" , devient très vite irrité et agacé par son silence, prend son assentiment tranquille pour un conformisme désolant, sa timidité respectueuse pour de la sujétion presque servile et son mutisme pour un manque de curiosité et d'intelligence.

Il la quitte. Et Pomme retourne dans son petit milieu simple où les gestes étaient un langage suffisant pour dire je t'aime, je suis là...Mais le ver est dans le fruit, et...Pomme ne sortira pas indemne de s'être frottée aux sphères de la culture et de la parole..

Une écriture classique, faussement froide, toute en retenue et en extériorité voulue, trace, comme une épure, le portrait tragique de celle à qui les mots ont manqué et qui en meurt, lentement dévorée par les mots qu'elle n'a pu dire...

Un beau livre, cruel et juste, adapté au cinéma avec une Isabelle Huppert bouleversante.

J'ai reconnu en Pomme une autre petite silhouette, disparue à 20 ans, parce qu'elle non plus n'avait pas les mots pour le dire, pour se dire, pour leur dire...Chaque fois que je relis une page du livre ou revois le film, ma gorge se serre d'un chagrin inconsolable, car il n'est pire injustice que de ne pas entendre le silence des dentellières...



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C'est un petit livre oublié, Prix Goncourt 1974, retrouvé en rangeant, dans mon grenier, les armoires remplies de livres.

Un livre dont le quatrième de couverture, comme souvent, ne rend pas compte, ou très mal.

Un livre d'une construction très aboutie et d'une écriture magnifique , comme distanciée, mais d'une infinie tristesse, dont je sors bouleversé.

Car il parle, ce roman, de ces êtres effacés, comme si on avait appliqué une gomme sur leur vie, de ces êtres transparents dont on ne sait pas voir l'âme sensible, de ces êtres qui ne parlent pas mais gardent en eux la souffrance des mots qu'ils n'ont pas su dire.
Et je crois que nous en avons tous connus, de ces femmes (ou de ces hommes), lisses et comme invisibles, transplantées de leur milieu tout simple dans un milieu dit plus cultivé, que ce milieu trouve banales, inintéressantes, de ces femmes qui s'excusent presque d'être là où elles n'ont pas leur place.
Et l'on comprend aussi que l'auteur a probablement écrit cette fiction pour mettre à distance la souffrance, ou le remords, de n'avoir pas su reconnaître ce qu'était vraiment celle avec laquelle il avait vécu une aventure qui pour lui était sans lendemain.

Ce roman, c'est l'histoire de Pomme, apprentie coiffeuse, ni belle ni laide, qui parle peu, semble s'accommoder de tout, et accomplir tout ce qu'elle fait avec une aisance placide.

Durant ses vacances sur la côte normande, elle va attirer, sans qu'il comprenne vraiment la cause de cette séduction, Aimery, un jeune noble désargenté, qui va l'emmener vivre avec lui à Paris, où il est étudiant.
Celui-ci, adolescent mal fini, va apprécier l'aisance et la grâce de celle qu'il surnomme sa « dentellière », mais finira par ne plus supporter l'absence de « conversation » de Pomme, cette dernière acceptant semble-t-il, sans difficulté, de retourner vivre chez sa mère en banlieue parisienne.

Mais Pomme va se laisser dépérir, « ne voulant plus rien demander à un monde qui lui avait si peu donné », et finira à l'hôpital.
Et l'on verra le jeune Aimery poursuivre sa vie de solitude et de médiocrité.

Un roman d'une grâce froide et cruelle, mais celle-ci recouvre sous sa surface une tristesse sans nom.
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« La dentellière », c'est d'abord et surtout l'histoire de Pomme, une jeune fille du Nord. Son père ? Il y a belle lurette qu'il a quitté le navire… Sa mère ? Une « serveuse montante » dans un bar…

On les retrouve habitant un petit appartement en banlieue parisienne. Pomme a maintenant dix-huit ans et travaille dans un salon de coiffure où elle se lie d'amitié avec sa collègue, Marylène, une femme d'une trentaine d'années qui lui propose de l'accompagner en vacances à Cabourg. Sa mère est désormais crémière.

Sur place, à Cabourg, Pomme se retrouve plus ou moins délaissée par Marylène. Elle rencontre Aimery de Béligné en villégiature lui aussi, sur la côte normande ; Aimery, un étudiant aisé touché par la « beauté fragile » de la jeune fille.
Malgré le gouffre social qui les sépare, Aimery et Pomme vivront une expérience commune avant qu'elle ne sombre doucement dans la folie…

Un court roman, Prix Goncourt 1974, tout en demi-teinte … Touchant.
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Roman qui m'aura beaucoup ennuyée, à cause de l'écriture et de l'histoire. Je n'ai eu aucune empathie pour les personnages qui se fourvoient dans une fausse histoire d'amour... un leurre, en fait deux solitaires qui se rencontrent et vivent ensemble on ne sait trop pourquoi. Une erreur de casting, deux personnes qui n'ont aucuns points communs et comble de malheur ne sont pas du même milieu social... donc l'idylle prend un grand coup dans l'aile... En couple s'apprécier un tout petit peu ne suffit pas surtout lorsque l'un des protagoniste est aristocrate fils de châtelain et l'autre fille d'une prostituée et banlieusarde... Un grand gâchis pas si imprévisible.
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Ce court roman, prix Goncourt en 1974, est étonnant.

C'est l'histoire de Pomme, jeune fille un peu paumée comme tombée de son arbre fruitier sans jamais avoir été ramassée.

Elle naît dans le Nord de la France dans un bled sans nom, sans histoires et sans vie, d'un père qui partira sans jamais trouver le chemin du retour et d'une mère serveuse qui mettra aussi son corps au service pour mettre du beurre dans les épinards.

Et Pomme grandit, vit des choses tellement insignifiantes que rien ne la révèle ou ne la réveille au monde. Elle fait des shampoings dans un salon de coiffure, rencontre Marylène et évolue dans son ombre, puis Aimery et là c'est pareil puis rien. Toujours rien.

L'exergue du roman est de Musil et je ne résiste pas à la citer :
« Un être qui ne peut ni parler ni être exprimé, qui disparait sans voix dans la masse humaine, petit griffonnage sur les tables de l'Histoire, un être pareil à un flocon de neige égaré en plein été, est-il réalité ou rêve, est-il bon ou mauvais, précieux ou sans valeur ? »

C'est de Pomme dont il parle et ce faisant elle est presque insupportable et quasi sainte.



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Petite Pomme...
Le livre où tu passe n'est pas bien épais, comme ton existence n' est pas compliquée.
L' auteur qui t'a mis au monde a réussi une sorte d' oeuvre littéraire aussi puissante qu' apparemment légère.
Petite Pomme,
Tu as rejoins le Panthéon du féminin en littérature, à ta manière, sans bruit et sans cris.
Tess d' Urberville te serrerait dans ses bras et chuchoterait: "Petite soeur".
L' infâmie dont tu es le jouet et la victime, a incrusté un gros morceau de chagrin noir dans mon âme de lecteur.
Petite Pomme,
Tu as pris forme humaine, grâce au jeu tout en justesse et retenue d'une grande actrice,
et mon chagrin s'est ravivé.
Petite Pomme,
J'aimerai t'imaginer un destin plus riant, que celui qui t' est assigné à la fin du bouquin.
Mais je ne puis, tant il est vrai que la dernière page tournée nous devons nous quitter.

Au revoir, Petite Pomme.
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"La dentellière" de Pascal Lainé est un roman que j'ai lu assez jeune probablement parce qu'il avait reçu le prix Goncourt en 1974. L'histoire de Pomme m'avait beaucoup marquée sans que je me souvienne précisément des détails de la vie de la jeune shampouineuse. Alors j'ai souhaité le relire pour le plaisir et j'ai bien fait.
Élevée par sa mère serveuse qui se prostitue à l'occasion pour joindre les deux bouts Pomme va grandir sans faire de bruit. du Nord de la France, la mère et la fille vont déménager en banlieue parisienne.
C'est à Paris que la jeune fille va trouver un emploi dans un salon de Coiffure. Elle est aussi discrète que Marylène est charmeuse et cette dernière va la prendre sous son aile comme une petite soeur et l'emmener en vacances à Cabourg.
Pomme va vite se retrouver seule et faire connaissance du timide Aimery de Beligné qui vient d'un milieu bien différent du sien. Pourtant, il sera son premier amour même s'ils ne sont jamais démonstratifs. le jeune étudiant partagera donc son studio parisien avec celle qui lui rend la vie simple, sans effusion, jusqu'au jour où il ne supportera plus sa transparence de dentellière.
C'est une belle image cette dentelle car Pomme est délicate derrière une apparente froideur. Elle ne dira rien et s'excusera même de leur rupture. Pourtant, elle qui aimait tant les gâteaux ne pourra plus rien avaler et si l'anorexie n'est pas citée c'est bien de cela dont il s'agit.
J'ai été très émue par cette lecture et la façon dont Pomme ne veut plus rien demander à un monde qui lui a si peu donné. Je garde donc une grande empathie pour cette jeune fille que j'ai l'impression de comprendre.
Quant à la fin de ce court et triste roman elle est aussi surprenante que subtile.


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Un très beau roman que j'ai aimé lire adolescente (prix goncourt 1974) et dont le film en 1977 avec l'excellente Isabelle Huppert s'est montré pleinement à la hauteur .
Le personnage principal est une jeune fille provinciale apprentie coiffeuse surnommée Pomme (car elle mange des pommes au lieu de causer) , très silencieuse donc, peu cultivée et surtout issue d'un milieu défavorisé.
Elle rencontre un jeune intellectuel bourgeois dont elle s'éprend.
A cause du fossé social et culturel leur rencontre amoureuse ne pourra pas se transformer en avenir et Pomme va sombrer peu à peu dans la folie.
Pascal Lainé réussit à faire de la jeune femme un peu "terne" un personnage très attachant et comme auréôlée d'un secret.
L'écrivain accroche le lecteur en traduisant de façon très fine et beaucoup de psychologie une vie somme toute banale.
Un excellent livre que je recommande
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Quel triste avenir que celui de cette petite Pomme!
Un bien joli roman que La dentelière(prix Goncourt 1974) de Pascal Lainé(agrégé de philosophie auteur, entre autres, de L'irrévolution prix Médicis).
Après lecture, cette jeune fille aux gestes de dentelière,à l'humeur égale, maléable et soumise,dont les joues rondes lui ont donné le surnom de Pomme m'a évoqué le meilleur des mondes d'Aldous Huxley, ce qui m'a d'ailleurs choquée.
Bêta travailleuse,Gamma populaire,Epsilon simiesque (gourde mais jolie tout de même!!),tout et une à la fois, Pomme, la dentelière qui n'est pas vraiment dentelière, mais à une autre époque aurait pu être lingère ou porteuse d'eau, est comme programmée,conditionnée pour un terne destin où les Alpha cultivés et intellectuels(comme Aimery, l'étudiant, futur conservateur, rencontré à Cabourg) ou plus évolués(comme la perfide Marylène "au style Juan les pins" du salon de coiffure où Pomme balaye les cheveux) lui sont barrés car porteurs de déceptions.
L'image fait-elle toujours office de vérité?
Le nord ouvrier qui cloque sur l'horizon,le père parti sans laisser d'adresse,la mère serveuse- prostituée et qui, même après l'arrivée dans une cité de la banlieue parisienne et son dur labeur de femme de ménages, va garder la fâcheuse habitude de lancer 'A vot' service' à ses interlocuteurs, le manque de goût, de bonnes manières,de culture,de vivacité,les trop grandes maléabilité et soumission,la présence un peu frustre, le manque "d'aptitude à l'oisiveté" sont-ils de pesants facteurs dans l'inexistence de Pomme, sont-ils porteurs des ressentiments éprouvés à son égard et causes de ses propres déceptions?
Un enchainement de circonstances qui monte crescendo jusquau rejet et la déchéance.
Une vision bien pessimiste d'une certaine classe sociale, qui loin de se révolter s'enlise dans la mal bouffe bien éloignée des Nourritures terrestres et de la bourgeoisie odieuse qui garde des oeillères avec ses fréquentations.
Et l'ambition dans tout ça?La "gnaque"? L'envie de s'en sortir malgré tout? Un beau portrait émouvant, une fine description psychologique mais qui n'est pas à généraliser!
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La humble et réservée pomme se réveille aux plaisirs de séduction a' un premier amour Aimery de Béligné .Le couple opte pour une vie a' deux. L'Obstacle c'est que pomme est une petite shampooineuse sans éducation etAimery de Beligné est un étudiant issu de la bourgeoisie intellectuelle enfin ils ne sont pas du même monde
Aimery la laisse tomber comme son amie Marylène .Elle encaisse la désunion avec une certaine indifférence mais ne s'en mettra pas
C'est un roman irascible qui adapte la lutte des classes sur l'angle des sentiments amoureux et prouve d'une manière évidente ici comme ailleurs son caractère inadmissible et irréversible .Dans ce récit il y'a de l'intolérable dans l'air.
EN bref un bon et vertueux roman
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