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EAN : 9782020062466
157 pages
Seuil (01/09/1982)
3.44/5   17 notes
Résumé :
Il y a exactement quarante jours aujourd'hui que mon grand-père est mort. J'en suis sûr parce que c'est à moi qu'il a demandé de lui fermer les yeux pour de bon. Dans huit semaines précisément j'entrerai pensionnaire au petit séminaire. Comme le clan en a décidé. »
Reste l'été. Qui ne ressemblera à aucun autre. II sera rouge, ébloui, magique. L'Indien Kanak initiera Michel aux joies innocentes et scandaleuses du sexe, de la nature, de la liberté. Leurs lois s... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique

Michel a treize ans. C'est l'été. En Septembre, il entrera au Séminaire, ainsi en a décidé la famille, le clan.

C'est une saison où l'enfance s'évapore de son être, c'est la perte de la liberté pour cet adolescent qui ne vit que par et à travers la nature, les balades sur la rivière, dans les bois, l'observation des oiseaux ou l'émerveillement suscité par la rencontre d'un ours, les chatoiements du soleil sur les feuilles des arbres, l'irisation de l'eau.

Il n'a que deux alliés dans sa révolte, son refus de se conformer.
Son grand-père, disparu un peu plus d'un mois auparavant, et qui l'a enjoint de résister avant de fermer les yeux. Ce grand-père qui, lui aussi, a transgressé les lois du clan en épousant une indienne et en choisissant de s'unir à elle selon les rites de la Tribu et non ceux de l'Eglise.
Et l'indien, cet homme fort, irradiant avec lequel Michel a noué une relation intime : un amour au delà de toute imagination, un amour qui transcende.

Le clan et tout le village vont ostraciser ces deux êtres purs. Les indiens chassés de leurs terres n'ont que le droit de vivre en marge, à l'écart.

Michel sait, qu'à la fin de l'été, la rigidité des pensées, le repli sur soi, l'étroitesse du jugement essayeront de prendre la place de son esprit critique, de son ouverture au monde, de sa tolérance dans le regard indulgent qu'il porte sur les créatures qui l'entourent.
Comment faire pour résister, écouter la voix de ce grand-père, ne pas perdre son âme devant ceux que les croyances, la religion autorisent à chasser les occupants ancestraux des terres convoitées, à refuser leur Culture, à s'absoudre des méfaits qu'ils commettent à leur égard ?
Comment faire pour garder encore et toujours ce sentiment qui le consume et le maintient en vie au delà de toutes les injonctions à rejoindre ce clan tiède, égoïste, sans couleurs, sans sentiments, sans affection ?



C'est un roman d'initiation, il porte la perte du regard naïf et confiant de l'enfance, il décrit la découverte des rochers qui pavent le chemin de l'âge adulte. C'est la remise en question d'une croyance qui légitime tous les manquements quand elle devrait ouvrir les yeux et le coeur sur ceux qui souffrent, qui vivent dans la misère , qui sont exclus. En miroir, c'est la découverte d'une Culture qui sait vivre en communion avec tout ce qui l'entoure, qui prône patience et bienveillance.
Deux regards sur la vie qui s'affrontent : la rigidité des coeurs et des jugements qui barbouille tout de noir et l'empathie universelle comme une palette de couleurs innombrables.


Quand son regard se posera sur les outardes en partance pour leur migration, Michel saura que la vie intérieure, la seule qui doit gouverner l'être en dépit de toute contrainte, est comme l'oiseau qui s'envole. Il déplie ses ailes pour tenter de rejoindre ses points de félicité et qu'importe si le voyage est ardu, seules comptent les escales, sources de tranquillité et d'appel à la renaissance.

(Mai 2021)
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Ceux qui sont familiers avec la littérature québécoise savent que dès la Nouvelle-France la représentation des moeurs et coutumes autochtones permet aux auteurs (d'abord français, puis québécois) de critiquer leurs propres cultures. C'est bien ce que fait Robert Lalonde avec le dernier été des Indiens. le jeune narrateur s'indigne du traitement que l'on a fait aux autochtones et décrit comme absurde la décadence de la civilisation occidentale : « il y a eu surtout l'esprit de la terre, de la forêt, qu'on a volé à l'Indien et, maintenant tout va pour le pire et personne ne semble plus s'en apercevoir. » Ce n'est pas un hasard si la narration se déroule en 1959. C'est effectivement l'année de la mort de Maurice Duplessis, celui que l'on considère généralement comme le responsable de la « Grande noirceur ». Mais le narrateur n'est pas dupe. Si l'on ressent un changement imminent, il y a bien des promesses que ne pourra pas tenir la Révolution tranquille, ou comme le dit le narrateur, « l'histoire est passée tout droit ». le malentendus entre autochtones et québécois est trop grand, et ce sera toujours un handicap à une réelle réconciliation entre les peuples. Voir à cet égard la page 147 qui ne peut être plus claire. L'intimité que le narrateur entretient avec un autochtone « d'en haut de la côte » permet de comprendre une connaissance différente du monde, une connaissance qui serait une relation à la fois intime et passionnelle, décrite comme un voyage intérieur : « Et si, moi aussi, je connaissais cette vraie furie, cette propulsion vers mon moi, plus loin, mon plus que moi? » Dans le roman, le lyrisme ne fait pas défaut : « Comme des étincelles blanches échappées du soleil, les oiseaux de la rivière dessinent, au-dessus [...], une auréole toute en spirales, une fête de plumes et d'indépendance ».

Si les bons coups de ce roman sont nombreux, nous voyons que c'est un roman d'un auteur encore très jeune. Robert Lalonde avait 25 ans lors de sa publication. Il ne manque donc pas de ferveur et d'indignation. Si le romantisme fiévreux de cette jeunesse fougueuse permet des pages empreintes d'un doux lyrisme et une sublime ode à la nature, il ne peut empêcher une certaine caricature et du personnage l'Indien et de la société catholique prérévolution tranquille (mais est-ce que les choses ont réellement changé ?). La jeunesse hait sans ménagement. le narrateur à 13 ans, donc c'est plus une réussite pour l'auteur, mais le lecteur se rit de tant de quétaineries, d'absurdes révoltes, de naïveté sentimentale et de ressassements sans fin des hypocrisies quotidiennes de la société. Ce que propose Robert Lalonde dans le dernier été des Indiens n'est pas de nouveaux griefs contre un système idiot et étouffant, en cela il manque définitivement d'originalité, mais bien une voix sincère, intransigeante et une âme à la recherche de la joie et de l'accomplissement de soi. Personnellement, je goûte très peu les récits qui présentent bien trop les atermoiements d'un « je » limite tyrannisant, car ils offrent une vision tronquée d'un monde beaucoup plus complexe. le sentiment est fort, certes, mais n'est pas tout.
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Parce qu’ils se sont rencontrés que pour s’arracher quelque chose, pour s’annuler, comme deux négations d’une même vérité. Le rouge et le blanc, comme deux versants d’une même impossible montagne
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Tu es venu pour le changement l’Indien, mais tu n’es pas le changement. Tu n’es pas incarné. Tu es imaginé. Seulement imaginé.
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Vidéo de Robert Lalonde
La lec­ture s'est avérée être un refuge essen­tiel en temps de pandémie. La lit­téra­ture, art par­mi tant d'autres, est thérapeu­tique. C'est un out­il pour notre san­té men­tale. Dans son essai Ser­vice essen­tiel, Émi­lie Per­reault plaide pour une plus grande place des arts et de la cul­ture dans nos vies en adop­tant «de saines habi­tudes de vie cul­turelle». L'animatrice s'entoure des écrivain·e·s Émi­lie Mon­net, Sophie Fauch­er et Robert Lalonde lors d'une table ronde pour dis­cuter de la fonc­tion sociale de l'art et de l'accès à la cul­ture, entre autres.
Avec: Émilie Monnet, Auteur·rice Sophie Faucher, Auteur·rice Robert Lalonde, Auteur·rice Émilie Perreault, Animateurrice
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