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Critique de Symphonie


Je l'ai vue nager et voler. Elle m'a aspergée et je suis couverte d'écume.
Baptisée. Je ris, je pleure en léchant mes lèvres salées.
- Je l'ai vue Thayer ! Je l'ai vue !

Dolorès est la première à l'apercevoir dans l'océan gris bleu. Mais au fond, comment aurait-il pu en être autrement ? Il fallait qu'elle voie celle dont elle a tant de fois porté le nom : une baleine !

Dolorès est grosse certes, mais il n'en n'a pas toujours été ainsi. Abandonnée par son père à onze, violée par le locataire de sa grand mère à treize ans, la jeune Dolorès Price se réfégie dans la nourriture. En quelques mois, elle pèse cent soixante cinq kilos pour son mètre soixante deux, ingurgitant encore et encore des kilos de détresse. Sa vie se résume à deux choses : la nourriture et la télévision.
Son entrée à l'université ne fait qu'accentuer son mal être. Face à la répulsion de Kippy à devoir partager sa chambre avec une grosse, au fil des jours, Dolorès devient le souffre douleur de cette dernière et de sa bande. Lors d'une soirée, incapable de supporter davantage leurs moqueries, après avoir été la risée de tous, traitée de Mongole Fière et de baleine, Dolorès s'enfuit dans la nuit, décidée à mettre fin à son calvaire. Et quel endroit plus significatif pour se noyer que celui où viennent mourir des baleines depuis quelque temps, sans que l'on n'en connaisse la raison ? Sauvée in extrémis, la jeune fille va mener un rude combat. Celui de s'accepter telle qu'elle est, mais aussi et surtout, renouer avec le goût de vivre.
Durant sept années, avec le soutien de son mentor, le Docteur Shaw, Dolorès va se battre pour retrouver son identité et accepter ce qu'elle refusait d'admettre: l'amour que lui portait sa mère, cette mère qui n'est plus de ce monde. Sa rencontre avec Dante, dont l' autorité se dévoile peu à peu, se soldera par une rupture, accentuant sa méfiance envers les hommes. Mais l'amour, le vrai n'est jamais loin et se trouve souvent là où on ne l'attend pas. le jeune Thayer mettra tout en oeuvre pour recoller les morceaux de ce coeur brisé en mille éclats.

Le chant de Dolorès, terriblement poignant et réaliste est un véritable hymme à la vie, une renaissance à part entière que Wally Lamb nous décrit magnifiquement. Ce parcours exceptionnel d'une jeune femme en devenir, meurtrie au plus profond d'elle même, conquit et révolte tour à tour le lecteur par le courage dont elle fait preuve et le mépris qu'elle inspire à cause de son poids.
Parceque l'on ne guérit jamais d'un viol, ce récit traite intelligemment, sans faux semblants, la souffrance vécue après un tel fait, les conséquences qui en résultent et le regard d'une société méprisante sur l'obésité, plus particulièrement. Rien n'est omis dans cet ouvrage efficace et bouleversant : La douleur physique et morale d'un corps et d'un coeur maltraité depuis l'enfance. Un récit où les mots justes nous décrivent les blessures profondes d'une Dolorès dont le chant, croyez moi, nous trottera très longtemps dans la tête...
Un véritable coup de coeur pour ce roman qui aurait pu s'intituler " le chant de la douleur " ( Dolorès signifiant douleur )

Merci à Verdorie pour ce conseil de lecture avisé. Merci également à tous les membres de Babelio qui m'ont orientés vers des ouvrages enrichissants.

Bonne année à tous pour ma première critique 2014 !


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