Luc Lang nous fait découvrir l'ambiance océanique de cette ville en déclin qui tente de redorer son blason en investissant dans la culture.
On y suit la vie mélancolique d'un trentenaire célibataire qui est bombardé commissaire d'une rétrospective sur l'art brut africain suite au suicide de son chef.
L'occasion de flâner avec lui sur les docks où tout semble se liguer contre la tenue de l'exposition qu'il s'épuise à organiser.
Le brouillard, la bruine et le vent sont ses plus fidèles compagnons dans un monde d'individus atomisés où la solitude et l'exil social ne semblent plus étonner grand monde.
En essayant de s'expliquer les raisons qui ont poussé son supérieur à s'ôter la vie, il entre en contact avec les immigrés d'Afrique noire en fréquentant les bouges du port où la capacité à absorber de l'alcool en grande quantité situe l'énergie vitale d'un homme.
Outre l'atmosphère ténébreuse et parfois surnaturelle des bords de la Mersey, j'ai apprécié les portraits tendres et pleins d'empathie de tous les anti-héros qu'il croise sur les pavés humides de la ville.
Last but not least, la tentation de transformer une ville ouvrière et portuaire en une vitrine de la culture élitaire et des services à haute valeur ajoutée pourrait intéresser nombre de cités européennes en déclin. Et les enseignements qu'en dégage
Luc Lang risquent de ne pas plaire aux tenants du "dynamisme imposé par le haut"...