Dans un petit village de Haute-Loire, Cronce, un couple « d'écrivain » viennent s'installer dans la maison de la Marie Belland en plein milieu des bois, provoquant curiosité et commérage auprès des poivrots oisifs du café du village. La vie du village bascule le jour où une lettre leur est adressée, on s'aperçoit que nul ne sait où se trouve cette maison, on ne voit jamais les écrivains et personne n'a réellement connu la Marie Belland. Une angoisse sournoise atteint petit à petit ses habitants.
Un roman extrêmement distrayant, un joyeux fourre tous où l'on retrouve une bonne dose d'humour, du terroir, de l'angoisse, du mystère, des légendes et de somptueuses descriptions de paysages Auvergnats. Les portraits des villageois et de la taulière du bistrot sont particulièrement réussis et plus vrais que nature même si l'auteur en aura forcé les traits pour les rendre plus humoristiques. L'ambiance générale est plutôt bien représentative de ses régions montagneuses du centre de la France un peu désertique, un peu au milieu de nulle part : univers clos où chaque élément nouveau est à la fois source d'anxiété et d'excitation. A noter : le village de Cronce existe réellement.
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Du coup, dès le lendemain, jour de permanence à la mairie, on alla en groupe consulter le cadastre. Dans la petite pièce, à côté de la salle des délibérations, entre un drapeau français roulé autour de sa hampe et une urne électorale cassée, on déplia le plan. Tout de suite on situa l'endroit. Il s'appelait pompeusement "le château" en souvenir du castrum moyenâgeux. On repéra le rocher qui depuis la Révolution appartenait à la commune, parce que personne n'en avait voulu pour faire brouter ses chèvres dans les genêts et dans les ronces. Mais, quand il fut question de savoir de quel côté était la maison, on ne fut plus d'accord...
Cependant, même dans l'incertitude la plus solide, se creusent parfois des brèches, au moins des fissures. C'est ce qui se produisit en avril, en tout cas au début du printemps, tout le monde était en manches courtes sur des bras pâles comme des endives.
Les maisons passent de mains en mains, d'histoires en histoires, jusqu'à l'avènement des ruines. Curieusement, on les nomme demeures.
Interview de Denis Langlois, ancien avocat de la famille Seznec. Il parle de son livre intitulée "Pour en finir avec l'affaire Seznec". Tébéo.