Je n'ai pas vraiment accroché pourtant bien écrit et certains passages intéressants mais non rien à faire ça n'a pas passé.
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« Les chemins sont multiples, halète la Patricia de mes évasions. Mais si tu es sincère, tous sont vrais. Ta vie, Loïc, est un champ de neige. Par où comptes-tu rejoindre la vallée ? À droite, à gauche, à l’avers de la plus forte pente ? Glisser d’une trace rapide, descendre en enchaînant de petits virages serrés, va. »
On se résout à tout, même à se faire humilier par un caillou. Pour me prouver que je ne suis pas tout à fait cuit, aujourd’hui je me suis mis en tête de rafistoler le gouvernail. Un boulot à ma portée puisque je peux le faire allongé. Depuis des jours, tout ça couine. À chaque vague le grincement traverse la coque et nous rend fous. Bon, il suffirait de le démonter, cet assemblage d’acier et de bois. Mais ce serait arracher l’âme de Morpho. A-t-on déjà vu un bateau incapable de se gouverner ?
Naviguer, c’est craindre l’océan, ses colères, ses coups en traître aussi, se méfier de ses fatigues. Mais c’est aussi dessiner sa route, désirer la destination, réduire la toile dans les claques du vent, barrer, ruser, dévier à son avantage les forces immenses du temps. Tout sauf attendre, quoi. Mais sur ce radeau qu’est devenu Morpho, je ne puis que subir, immobile. Je me mens, aussi. Ma crainte n’est plus seulement de l’impuissance. Où donc serons-nous demain ?
On raconte parfois que lorsque la vie repart elle claque du fouet. Je ne le crois pas. Les voyages, les vrais, ne font pas de bruit. Ils s’approchent en silence. Ils vous emportent avec caresses et sans avertir. Et quand ils font mal, il est déjà trop tard. C’est peut-être ce qui m’arrive, avec les gosses ? Ce n’est qu’à présent que je sais que nous avons été enlevés au monde. Je suis bien forcé. Je vois bien que plus rien, même pas le temps, ne nous retient.
Selon le vainqueur, le monde sera infini ou fini.
– Ah, et revoilà la bonne vieille opposition ! »
Autant dire que je n’y crois pas. Les savants, et cela remonte au moins à Platon qui éternuait chaque fois qu’il entendait déclamer un vers, se défient des poètes comme de la peste. Si on laissait les artistes inventer des mondes ou les comprendre, ce serait le chaos.
« Je peux inventer des mondes, leurs règles ? »
Interview de Bernard Werber
L'écrivain
Bernard WERBER est l'invité de Catherine CEYLAC. Il parle de son livre "
Le Livre du voyage" qui propose au lecteur de voyager dans son propre esprit. Dans un
reportage, son ami et
journalistePatrice LANOY demande à
Bernard WERBER comment il voit son avenir.
Bernard WERBER répond qu'il a l'ambition de construire une oeuvre et de donner envie aux gens de développer leur sens...