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Lao-tseu (Auteur présumé)Kia-hway Liou (Traducteur)
EAN : 9782070423170
108 pages
Gallimard (30/04/2002)
4.04/5   419 notes
Résumé :
Le Tao-tö king, « livre sacré de la Voie et de la Vertu », réconcilie les deux principes universels opposés : le yin, principe féminin, lunaire, froid, obscur qui représente la passivité, et le yang, principe masculin qui représente l'énergie solaire, la lumière, la chaleur, le positif. De leur équilibre et de leur alternance naissent tous les phénomènes de la nature, régis par un principe suprême, le Tao.
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Critiques, Analyses et Avis (48) Voir plus Ajouter une critique
4,04

sur 419 notes
Écrire une courte analyse critique du Tao Te King est une gageure dont je mesure bien l'absurdité mais ce livre a tenu une telle place dans ma vie, et aujourd'hui encore, que la tentation finalement l'emporte sur la réticence.

Premièrement pour dire que son rédacteur présumé Lao Tseu (Lao Zi) est probablement l'un des auteurs les plus plagié de la planète. On le cite à tout bout de champ, mais plutôt mal en général. Souvent les extraits choisis sont utilisés dans un contexte si éloigné de leur terreau d'origine qu'ils en perdent toute consistance. Non moins régulièrement on se contentera d'inventer de toute pièce un piètre aphorisme qu'on attribuera royalement au vieux sage perché sur son buffle. Rajoutée sous n'importe quelle niaiserie, la signature de Lao Tseu en impose. Mais finalement, en dernier lieu, le cas le plus fréquemment rencontré est une simple incompréhension profonde du texte originel. Car il y a bien sûr cent façons d'entendre le fameux Tao, mais comme il semble le penser Lao Tseu lui-même, il en existe mille autres de ne rien y comprendre. Ne lit-on pas à l'ouverture du verset 70 :

« Mes paroles sont très facile à comprendre et très facile à mettre en pratique
Pourtant personne ne les comprend et personne ne les pratique... »

Il existe tant de raison à cela ! La difficulté, toujours actuelle, de « poser » une traduction des ces idéogrammes chinois dont la complexité sémantique est bien réelle. Ou la difficulté à cerner la personnalité de son auteur, au sujet duquel de nombreuses polémiques circulent (on ne sait rien de définitif sur un supposé personnage réel ayant rédigé les 81 verset du Tao Te King). Sans parler de notre ignorance quasi totale, du moins jusqu'à ces dernières vingt années, des cultures asiatiques dont la diffusion en Occident est restée, fort longtemps, qu'une affaire de spécialistes et de passionnés. A moins qu'il ne s'agisse que d'une pure question d'état d'esprit ?

Car paradoxalement, depuis que je fréquente ce livre et ses lecteurs, j'ai remarqué que rien ne semble entraver, en réalité, une saisie instinctive et immédiate du texte. Aussi singulier soit-il, on le capte ou ne le capte pas, c'est aussi simple que cela. Parfois la magie opérera du premier coup, parfois au hasard d'une relecture, qu'importe ! Soudain tout nous devient clair et évident. Expliquer aux autres ce que l'on ressent alors, ce qu'on a véritablement compris et traduire cela en langue de Descartes est une autre histoire. Lao Tseu nous avait prévenu dans le verset 56 « Celui qui sait ne parle pas, celui qui parle ne sait pas ». Cela dépasse le simple problème de la restitution de la connaissance (notamment livresque) par la parole. Ce que semble suggérer Lao Tseu c'est que les deux façons d'être ne se chevauchent pas. le peu que l'on pourrait apprendre serait essentiellement une saisie implicite, intériorisés, et intraduisible par un discours logique. C'est un des paradoxe majeure du Tao Te King : il prend le risque de nous introduire par écrit à une pensée qui exclut majoritairement l'usage de l'écrit et du discours. Certes l'idéogramme chinois n'est pas le mot latin, ou grec, et il demeure sémantiquement plus riche et plus « mystérieux ». Mais cela explique en tout cas pourquoi le langage spécifique du Tao Te King utilise à outrance des formes qui défient continuellement la logique ordinaire («  On pétrit l'argile pour en faire un vase, mais sans le vide interne, qu'en ferai-t-on ? » verset 11) .

C'est en réalité une sorte de virus qui s'attaque sans pitié aux logiciels cognitifs les mieux dissimulés de notre disque dur culturel, dont la logique est étroitement associée à l'usage constant d'une pensée dualiste, pour ne pas dire manichéenne. Lao Tseu est une sorte de boxeur sémantique qui cherche essentiellement à nous faire perdre notre équilibre « logique ». Une fois la sacro-sainte raison à terre, on peut enfin comprendre. le Chan puis le Zen ne sont plus très loin. Pour Lao Tseu, « le grand carré n'a pas d'angle » (verset 41) et Pythagore, qui fut globalement son contemporain, en eut peut être avalé sa barbe malgré sa connaissance des arts ésotériques de son temps. La pensée qui traverse le Tao Te King échappe en tout cas à toute logique aristotélicienne classique.



De mon point de vue, le Tao Te King est la précieuse et très rare relique d'une pensée qui a du dominer le monde avant l'utilisation massive de l'écrit et du type de pensée dualiste qui l'a partout accompagné, au moins en Occident. Il s'agit d'une sorte de « pensée néolithique » ayant survécu par miracle aux aléas de la brusque émergence de la pensée logique et discursive. Bien plus qu'une énième introduction à la culture chinoise, c'est plutôt à ce titre que j'emmènerais, sans hésiter une seconde, ce livre sur une île déserte. Il me serait alors plus utile que n'importe quel autre afin de retrouver mon équilibre intérieur.

Aborder le Tao Te King en étant au fait de la langue et de la culture chinoise ne sera que le privilège de quelques uns. Qu'il n'en détourne pas, pour autant, tous les autres. Pour tout dire la pensée taoïsme ne fait pas grand cas de la culture comme nous l'entendons aujourd'hui. Pour Lao Tseu, elle nous sépare le plus souvent des réalités triviales qui nous laisseraient apprécier notre véritable condition humaine. « Heureux les simples d'esprit «  disait Jésus « le royaume de dieu leur appartient ». Lao Tseu dit à sa façon qu'aucune culture particulière n'est nécessaire à celui qui a décidé de suivre la voie du Tao . Il fut de bon ton, à une certaine époque et dans une certaine intelligentsia de critiquer le Tao Te king parce qu'il préconisait, pour leur bonheur, de laisser les foules dans l'ignorance plutôt que de les instruire. On sait pourtant aujourd'hui ce qu'il advient des petits peuples libres dont on force l'adhésion à un système « civilisateur » : ils disparaissent sans laisser de traces. Les petits esquimaux groenlandais de 2012 reçoivent une instruction « normale », hélas ils s'ennuient désormais chez eux et ne parviennent même plus à vivre selon les lois de leurs pères. Lao tseu nous disait peut être qu'il valait mieux laisser à l'écart de la civilisation les peuples qui n'avaient pas envie de la rejoindre. C'est à méditer.

On oublie aussi de rappeler (ce qui curieusement ne semble pas avoir retenu l'attention de nos intellectuels) que le Tao Te king est un texte extrêmement critique vis à vis de la violence, des armes, ainsi que des pouvoirs qui s'exercent de façon coercitive. En cela il fonde une d'anarchie spontanée et originelle, sans dieu ni maître certes, mais où les lois naturelles fondamentales, et donc celles du fameux Tao, sont les seules à valoir d'être prises en compte. le 20ème siècle n'a donc pas inventé l'écologie et Lao Tseu, qui ne fait que contempler, pendant l'antiquité chinoise, les prémices des civilisations à venir, a déjà compris ce qu'il adviendrait, avec elles, du Tao, de la nature et du naturel. le taoïsme n'hésite pas à nous mettre en garde : en dernier lieu «  le ciel et la terre ne prennent pas en compte les préoccupations humaines. Ils traitent tous les êtres vivants comme des chiens de paille » (verset 5). Ce genre d'assertion n'est effectivement pas de nature à susciter la bienveillance de nos élites...

En un mot comme en cent, trente ans après l'avoir ouvert pour la première fois avec une moue dubitative, je continue de penser que le TaoTe King est un des livres les plus révolutionnaire qui n'ait jamais été écrit. En France, il va du Tao Te King comme des rapports amoureux. Plus on en parle... Souvent cité, il est assez peu lu. Sur une communauté aussi large que celle de Babelio, seules 44 personnes l'ont ouvert. C'est peu et c'est dommage. le commentaire que l'on entend le plus souvent dans la bouche du lecteur qui se lance est « Je n'y comprend rien, c'est du chinois ». C'est tout à fait normal. Contre Jean-François Billeter et avec François Jullien, je crois à la singularité de la pensée chinoise, ici à son paroxysme dans la pensée taoïste. Il n'existe pourtant aucun pré-requis à sa découverte. le Tao navigue à sa guise. Mais ouvrir le Tao te King (ou les aphorismes de Tchouang tseu, plus tardifs) au risque d'en saisir le sens, est , n'en doutons pas, un exercice périlleux. Il pourrait fondamentalement changer votre vision du monde, rien de moins.
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"Le Tao qu'on tente de saisir n'est pas le Tao lui-même;
le nom qu'on veut lui donner n'est pas son nom adéquat."

Un grand petit livret à la simplicité compliquée, qui recèle un mystère plus profond que la profondeur elle-même.

Selon une vieille légende chinoise, Lao Tseu l'a écrit en quatre jours. Dans sa vieillesse, il décida de quitter la cour impériale pour se réfugier dans la solitude, mais il fut arrêté par le gardien de la frontière qui l'a reconnu, et qui l'autorisa à partir qu'à condition de coucher d'abord toute sa sagesse par écrit. Dès que le maître acheva cette tâche, il quitta la ville sur le dos d'un boeuf, et personne ne l'a plus jamais revu.

Le livre est classé parmi les textes fondateurs qui ont contribué a former notre vision du monde, et reste la source principale de la peinture et de la poésie chinoises. Sa version finale, découverte dans une tombe de Guodian en 1993, date de 350 av. J.-C, et son importance philosophique est aussi considérable que la découverte des manuscrits de Qumran pour les études bibliques. Elle revient vers l'ancien Tao cru ; elle est forte, archaïque et étrange.
C'est néanmoins un livre profitable, même si je suis totalement consciente que son apparente simplicité peut être on ne peut plus traîtresse, sans même penser aux difficultés de sa traduction et à ses nombreuses versions et interprétations diverses. Quoi qu'il en soit, j'ai bien fait d'y revenir après toutes ces années, car l'enseignement du sage Lao m'a permis de surmonter l'insurmontable... à savoir le souci babéliote avec la disparition des espaces vides entre les paragraphes. Créer du vide à l'aide du plein, telle est la réponse ! Je suis certaine qu'on y trouve même la solution du célèbre "to be or not to be ?" d'Hamlet : si on se lance sur la Voie, l'être et le non-être deviennent aussi complémentaires que le principe du Yin et du Yang, et tout l'éventuel questionnement concernant la possibilité du non-être babéliote devient vite superflu et risible. Ceci dit, n'oublions pas le subtil avertissement du Maître, qui pense que "le monde n'a pas de normes, car le normal peut se faire anormal et le bien peut se transformer en monstruosité".

Il est certain que depuis l'époque qui a vu naître ces textes beaucoup de choses ont changé, et l'appel de l'auteur au retour absolu vers la nature, au rejet de tout savoir et toute culture, n'aurait plus convaincu même le plus vert de tous les écologistes modernes. Mais il vaut toujours une réflexion, ainsi que ses aphorismes sur le pouvoir et ses dirigeants :
"Ainsi un homme de bien se contente-t-il d'être résolu, sans user de sa force. Qu'il soit résolu sans orgueil. Qu'il soit résolu sans exagération. Qu'il soit résolu sans ostentation. Qu'il soit résolu par nécessité. C'est en ce sens qu'il est résolu, sans s'imposer par la force."
L'avertissement suivant pourrait paraître tout aussi éloquent au lecteur actuel, abruti par les éternels mantras sur le succès et l'assertivité :
"Actuellement, on dédaigne la mansuétude pour être courageux ; on dédaigne la modération pour être libéral ; on dédaigne d'être le dernier pour être le premier. C'est la mort !"
Par moments, les pensées de Lao Tseu s'approchent vraiment de la vision chrétienne ; si ces lignes n'étaient pas aussi anciennes, on pourrait presque les confondre avec les évangiles :
"Pourquoi les anciens estimaient-ils tant la Voie ? Ne disaient-ils pas : "Qui cherche trouve par elle ; qui commet un forfait échappe par elle ?" C'est pour cela qu'elle est en si haute estime dans le monde."

Le motif central de toutes les réflexions est le respect de la vie, et le refus de la violence sous toutes ses formes, y compris tous les efforts et désirs qui pourraient potentiellement mener à la violence.
Au moment où l'homme arrête de créer (les illusions dans son esprit) il devient capable de voir la Création ; au moment où il arrête de parler, il va entendre la voix du Tao. Ceci est à peu près le principe de la philosophie taoïste du non-agir (wu wei) : si j'arrête d'agir, le Tao peut se manifester dans toute sa splendeur.
La vertu qui en résulte est donc un peu en dehors de ce monde ; une vertu presque amorale et cynique, qui polémique avec les préceptes rigoureux du confucianisme, et avec la vertu morale codifiée par les lois humaines. Un saint taoïste devient un parfait antagoniste d'un saint confucianiste, par sa sagesse paradoxale du non-agir indocile, ironique et archi-individuel. Il provoque par son silence, son savoir s'approche de celui de Socrate ("je sais que je ne sais rien"), et sa sagesse de la folie d'Erasme.
Tandis que certains passages et conseils simples semblent clairs et instructifs, d'autres nous font comprendre à la fois tout et rien du tout. C'est probablement aussi la raison pourquoi le livre reste une friandise tant pour les philosophes et les théologiens, que pour toutes sortes de mystiques, blogueurs New Age et fans d'Antoine Volodine.
"Ne pas considérer savoir comme savoir est le comble.
Considérer ne pas savoir comme savoir est une peste.
En effet, c'est seulement en considérant cette peste comme une peste, qu'on ne souffre pas de la peste.
Le Saint ne souffre pas de la peste, parce qu'il considère la peste comme une peste ; de là vient qu'il ne souffre pas de la peste."
5/5 en pestant sur ma légère envie de pester....
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Très difficile de porter un critique sur ce livre, d'ailleurs pas toujours facile d'accès.
Certains chapitres sont assez simples à comprendre d'autres sont bien tordus.
Le meilleur moyen pour le lire est de n'en lire que très très peu à la fois, quelques lignes, quelques phrases et se laisser pénétrer par la magie des mots. Les laisser faire leur chemin. Notre cerveau agit comme un filtre, à chaque passage il n'en retiendra que de fines particules … particules d'or bien évidemment.
Un compagnon, un guide qui convient de consulter fréquemment et de garder à porter d'âme mais rien ne remplace sa propre expérience, son propre ressenti. Un livre qui est une trame pour notre éveil spirituel.
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Voilà un petit livre dont je dois la découverte et la lecture à une critique de mon amie babeliote Bobby The Rasta Lama. (une excellente critique pleine de nuances et d'humour).

Un ouvrage pas religieux du tout, au sens où il n'y a pas du tout de Dieu tout-puissant dans ces pages, vengeur encore moins, incarné pas du tout, mais un « Principe » qui m'a beaucoup surpris car il m'a fait penser au Dieu de Spinoza, ou à notre connaissance actuelle de l'Univers.

Un ouvrage certes à prendre comme un texte datant sans doute d'au moins 2500 ans, et donc avec la nécessité de tenir compte de la distance avec notre époque, et de ne pas lui faire tout dire avec nos yeux du 21ème siècle. Et parfois de passer au-dessus de formulations bien obscures, à première vue.
Mais pourtant qui devrait nous parler. Personnellement, j'y ai trouvé avec intérêt une source de sage réflexion pour nous les humains qui assistons avec anxiété au début des dégâts que notre volonté folle de conquérir le monde, d'asservir notre planète sans la respecter, commencent à faire sur la Terre.

Alors certes, ne pas se cultiver, ne rien apprendre, ça nous choque, car c'est bien par les connaissances scientifiques que nous en savons un peu plus sur la structure de l'Univers, sur celle de la matière, mais aussi d'où nous venons, l'évolution des espèces, de quoi est faite l'organisation du vivant, etc..

Mais si on change le mot « Principe » en Univers, un Univers dont l'organisation, l'histoire et le devenir est complètement indifférent à notre volonté d'humains, on s'y retrouve un peu quand l'auteur écrit:
« Voici ce qu'est le Principe : il est indistinct et indéterminé. Oh combien indistinct et indéterminé !–Dans cette indistinction et indétermination, il y a des types. Oh qu'il est indistinct et indéterminé !–Dans cette indistinction et indétermination, il y a des êtres en puissance. Oh qu'il est mystérieux et obscur !–Dans ce mystère, dans cette obscurité, il y a une essence, qui est réalité.–Voilà quelle sorte d'être est le Principe. »
Ou encore:
« Comment sais-je que telle fut l'origine de tous les êtres ?.. Par cela (par l'observation objective de l'univers), qui révèle que les contingents doivent être issus de l'absolu »

Alors, bien sûr, quand Lao Tseu écrit:
« Il est un être d'origine inconnue, qui exista avant le ciel et la terre, imperceptible et indéfini, unique et immuable, omniprésent et inaltérable, la mère de tout ce qui est. »,
nous savons que l'Univers n'est pas immuable, mais au contraire en mouvement depuis le Big Bang, et que peut-être existent d'autres Univers que le nôtre.
Mais nous savons aussi que nous ne savons pas, et savons que nous ne saurons pas,.ce qu'il y eut avant le Big Bang, ni s'il existe d'autres Univers que le nôtre.

Ceci dit, le sage Lao Tseu n'écrit il pas:
« Tout savoir et croire qu'on ne sait rien, voilà le vrai savoir (la science supérieure). Ne rien savoir et croire qu'on sait tout, voilà le mal commun des humains »

Mais , quand même, je remarque que le monde que décrit Lao Tseu, c'est un monde sans Dieu, sans dieux, indifférent aux hommes.

Ce qui m'a beaucoup frappé c'est qu'il y a dans toutes ces pages, un respect absolu de la vie, des êtres vivants, des humains, parfois déconcertant, ainsi:
« Le Sage n'a pas de volonté déterminée. ….Il traite également bien les bons et les mauvais, ce qui est la vraie bonté pratique. Il a également confiance dans les sincères et les non-sincères ; ce qui est la vraie confiance pratique. »

Et puis, ce respect implique une attitude détachée à l'égard de tout, un non-agir qui me semble être la clé de voûte du taoïsme, et dont Lao Tseu met en avant l'efficacité: .
« Agir sans agir ; s'occuper sans s'occuper ; goûter sans goûter ; voir du même oeil, le grand, le petit, le beaucoup, le peu ; faire le même cas des reproches et des remerciements ; voilà comme fait Le Sage »
Ou encore:
« le silence et l'inaction ! Peu d'hommes arrivent à comprendre leur efficacité. »

Ce « non-agir », cette nécessité de mesure dans toute notre vie m'évoque tout naturellement l'ataraxie d'Epicure, ou l'attitude de Montaigne. Ainsi dans ces phrases:
« Céder à ses convoitises, (et la manie de guerroyer en est une), c'est le pire des crimes. Ne pas savoir se borner, c'est la pire des choses néfastes. La pire des fautes, c'est vouloir toujours acquérir davantage. Ceux qui savent dire « c'est assez », sont toujours contents. »
Ou:
« La paix fait durer ; qui comprend cela, est éclairé. Tandis que tout orgasme, surtout la luxure et la colère, usent. de là vient que, à la virilité (dont l'homme abuse) succède la décrépitude. La vie intense est contraire au Principe, et par suite mortelle prématurément. »

Et Lao Tseu, dans une attitude proche de celle de Socrate, met en avant l'importance de se connaître soi-même, de mettre en évidence ce qui est caché, illusions, croyance, etc…pour atteindre la sagesse:
« Connaître les autres, c'est sagesse ; mais se connaître soi-même, c'est sagesse supérieure, (la nature propre étant ce qu'il y a de plus profond et de plus caché).–Imposer sa volonté aux autres, c'est force ; mais se l'imposer à soi-même, c'est force supérieure (les passions propres étant ce qu'il y a de plus difficile à dompter). Se suffire (être content de ce que le destin a donné) est la vraie richesse ; se maîtriser (se plier à ce que le destin a disposé) est le vrai caractère. »

Et enfin, le respect de la vie implique le refus de la guerre. Il y a quelques phrases d'une surprenante actualité et qui devraient faire réfléchir un certain Vladimir et tous les dictateurs qui s'engagent en ce moment dans des guerres absurdes, mais je sais que c'est peine perdue:
« le courage actif (valeur guerrière) procure la mort. le courage passif (patience, endurance) conserve la vie. Il y a donc deux courages, l'un nuisible, l'autre profitable. »
ou bien:
« Les armes sont des instruments néfastes, dont un prince sage ne se sert qu'à contrecoeur et par nécessité, préférant toujours la paix modeste à une victoire glorieuse. »
Et surtout celle-là:
« Il n'est pas de fléau pire qu'une guerre faite à la légère, (cherchée délibérément, poussée au-delà du nécessaire). Qui fait cela, expose ses biens à leur perte, et cause beaucoup de deuil. »

En conclusion, après avoir terminé cet ouvrage, que je relirai par petits bouts, moi qui ne connais pas bien le monde de la philosophie, je me fais la réflexion que les chemins de la sagesse ne sont pas multiples, mais que, à des nuances près, il n'y a qu'un seul chemin que tant d'humains de toutes les époques nous proposent de prendre.
Encore faut-il le prendre, et ce n'est pas ce que nous faisons.
Comme dit Lao Tseu:
« Est-il assez clair que la faiblesse vaut mieux que la force, que la souplesse prime la raideur ? Tout le monde en convient ; personne ne fait ainsi. »






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Tao-tö king est l'oeuvre immortelle du Maître,Lao-tseu (570-490 avant J .-C). Ce livre, est considéré surtout comme une sorte de « bible» du taoïsme. Un traité composé de nombreuses sentences, la sagesse, comment s'exprime t-elle ; "qui veut abaisser quelqu'un doit d'abord le grandir"

Issu d'une tradition orale ancienne, il y a dans ces sentences une actualité étonnante. Bien des hommes et des femmes pourraient en ce mois de mai 2017 s'inspirer de ces principes.

La doctrine de Lao-tseu est résolument monothéiste Ce quel-que chose "muet et vide est indépendant et inaltérable. Il circule partout sans se lasser jamais. Il doit être la Mère de l'univers. Ne connaissant pas son nom, je le dénomme “Tao”."

Le Tao est un principe qu'on peut découvrir en observant les choses et leur empreinte venant du Tao : ainsi " l'eau qui favorise tout et ne rivalise avec rien."

Lao-tseu, enseigne le devoir, appliquer à soi-même les règles qu'on voudrait voir appliquées par autrui, " Qui prend conscience de son erreur ne commet plus d'erreur." le chemin de la sagesse est aussi tracé, certes digne de gloire, le sage reste volontairement dans l'obscurité.

Lao-tseu enseigne une voie essentiellement active," il faut tout savoir, être informé de tout et pourtant rester critique comme si on ne savait rien."

La doctrine du Tao a beaucoup influencé l'âme chinoise.Cette entité se manifeste dans l'opposition harmonieuse du yin et du yang, cette dualité de la nuit et du jour, du passif et de l'actif.

la doctrine de Lao-tseu a engendré un intérêt passionné pour la nature et la recherche de la béatitude heureuse.En Occident, depuis trois siècles, le Tao-tö king, a connu une vague d'enthousiasme : de Paul Claudel à Jean Grenier,de Raymond Queneau à Michel Leiris qui évoquait " d'étranges prolongements, chargées d'une vérité trop ancienne et trop élémentaire pour n'être pas incontestable.", (un homme politique, et lequel serait -il Taoïste).


Selon la tradition chinoise, Lao Tan, plus connu sous le nom de Lao-tseu ou Laozi (Vieux Maître) aurait vécu auVI siècle avant J .-C. Originaire du pays de Chu en Chine centrale.et aurait dispensé quelques enseignements au jeune Confucius.
"La quiétude est maîtresse de l'agitation", ça oui un homme agité je pense à quelqu'un, pas vous.
Que de mots justes de l'oxygène pour les jours brumeux, les peines insondables, les victoires trop ostentatoires, un livre inépuisable.




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Citations et extraits (131) Voir plus Ajouter une citation
Un être confus, indéfinissable, existait depuis l'éternité.
Il était là avant la naissance du ciel et de la terre.
Ô qu'il est immobile ! Ô qu'il est immuable !
Fait de silence et de vide,
Mouvement sans fin, mouvement imperturbable,
Qui ne peut être brisé, car c'est lui, la mère du monde.
Nul ne connaît son nom,
On l'appelle le Tao.

Nul ne peut lui donner un nom :
Je le nomme immense,
D'immense, je le nomme fugace,
De fugace, je le nomme lointain,
De lointain, il revient.

Ainsi, immense est le Tao,
Immense est le ciel,
Immense est la terre,
Immense est l'homme.
Le monde est formé de quatre immensités :
L'homme épouse le rythme de la terre,
La terre s'accorde avec le ciel,
Le ciel se fond dans le Tao,
Et le Tao est sa propre loi : il demeure, éternel.

Chant 25, vers le VI_ème siècle avant J.-C.
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Plus il y a d'interdits et de prohibition
plus le peuple s'appauvrit;
plus on possède d'armes tranchantes,
plus le désordre sévit;
plus se développe l'intelligence fabricatrice,
plus en découlent d'étranges produits;
plus se multiplient ls lois et les ordonnances,
plus foisonnent les voleurs et les bandits.
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Celui qui sait ne parle pas,
celui qui parle ne sait pas.
..............
Les paroles vraies ne sont pas agréables;
les paroles agréables ne sont pas vraies.
Un homme de bien n'est pas un discoureur;
un discoureur n'est pas un homme de bien.
L'intelligence n'est pas l'érudition;
l'érudition n'est pas l'intelligence.
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Ceux de jadis étaient des Maîtres habiles,
Ils étaient en union secrète avec les forces invisibles.
Si profonds qu’on ne saurait les connaître ;
C’est pourquoi l’on ne peut qu’à grand-peine décrire leur aspect extérieur.
Hésitants comme qui traverse un fleuve en hiver,
Prudents comme qui redoute de toutes parts ses voisins
Réservés comme des invités,
S’effaçant comme glace fondante,
Simples comme matière brute,
Ils étaient vastes comme la vallée,
Sans plus de transparence que l’opacité même.
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Le Tao qu'on tente de saisir n'est pas le Tao lui-même;
le nom qu'on veut lui donner n'est pas son nom adéquat.

Sans nom, il représente l'origine de l'univers;
avec un nom, il constitue la Mère de tous les êtres.

Par le non-être, saisissons son secret;
par l'être, abordons son accès.

Non-être et Être sortant d'un fond unique
ne se différencient que par leurs noms.
Ce fond unique s'appelle Obscurité.

Obscurcir cette obscurité,
voilà la porte de toute merveille.
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Videos de Lao Tseu (3) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Lao Tseu
Que reste-t-il de la vie profonde quand l'emporte l'instinct de survie ? Comment réapprendre à respirer après la crise ? Qu'est-ce, d'ailleurs, qu'une catastrophe ? Impasses de la science et impuissances du politique, clashs culturels et conflits militaires, dérèglements climatiques et désastres épidémiques : à l'heure de l'épuisement des philosophies et de la fatigue des démocraties, que nous disent nos sources spirituelles et intellectuelles ? Lire en Pascal, Spinoza et Descartes les critiques de notre modernité, les rend nos meilleurs guides face à nos incertitudes. Questionner l'héritage de Nietzsche permet de saisir l'origine et l'étendue de nos désenchantements. Explorer les pensées de Confucius, Lao Tseu et Bouddha éclaire l'offensive de la Chine contre les valeurs occidentales. Redécouvrir le message du Christ, libérateur de nos inconscients et de nos imaginaires, apporte une vraie sérénité. Les expériences d'hier doivent servir la sagesse de demain. Mais cette sagesse devra être humble. Ouverte à tous et propre à chacun. En voici le dévoilement, l'éloge et le chemin.
Écrivain, journaliste, spécialiste des questions internationales, religieuses et culturelles, rédacteur en chef au Point puis directeur de la rédaction délégué de L'Express, Christian Makarian est aujourd'hui consultant pour divers médias audiovisuels. Il est l'auteur, entre autres, d'un essai prémonitoire et remarqué : le choc Jésus-Mahomet (CNRS Éditions).
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