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EAN : 9782228132800
500 pages
Payot et Rivages (01/10/1983)
4.4/5   5 notes
Résumé :
On peut dire que sitôt son fondateur disparu, les tensions internes de l'islam, d'ordre personnel; politique et doctrinal, inextricablement enchevêtrées,, exposèrent la nouvelle religion à l'action de forces centrifuges. Écrire l'histoire religieuse et même politique de : l'islam ? est, en aucun sens, faire le récit et l'analyse de conflits, de ruptures et de schismes. Et pourtant l'adhésion fondamentale de la foi musulmane à un Dieu unique, à un fondateur exemplai... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Cet ouvrage rédigé par un universitaire français arabisant et spécialiste de l'islam , sera utile pour ceux qui, dans une vision superficielle de l'islam , le voient comme un religion monolithique . Or , tout comme le christianisme , il a connu au fil du temps , comme le montrent les 13 chapitres chronologiques de l'essai , une quantité de dissidences . Elles ne se réduisent pas à l'opposition assez bien connue du grand public entre sunnites et chiites ,et expliquent parfois certains évènements contemporains. Dense mais lisible.
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Une opinion fort répandue, en milieu sunnite, à l'époque abbasside, est donnée par Baghdâdî : Mu'âwiya et ses partisans, en engageant les hostilités contre 'Alî, doivent être considérés comme des rebelles (bughât) à l'autorité établie, dont le statut a été défini par la Loi, mais ils ne sauraient, en aucun cas, être considérés comme des infidèles. C'est ainsi que le Prophète dit à 'Ammâr b. Yâsir, un des plus fervents partisans de 'Alî, et qui fut tué à Siffîn : « Le parti rebelle te tuera ». 'Alî, de son côté, passe pour avoir dit à un autre de ses partisans : « Nos frères se sont révoltés contre nous ; il est interdit de poursuivre les fuyards et d'achever les blessés » — ce qui n'eût pas manqué d'être permis s'il s'était agi de combattre des infidèles.

Mu'âwiya cependant, tout au long de l'histoire, non seulement en Syrie mais même en Irak et en terre iranienne, a trouvé des défenseurs et des partisans. Sa foi, fait-on remarquer, ne saurait être mise en doute, ni sa qualité de « secrétaire de la révélation ». Son honorabilité ne peut être contestée : 'Umar, qui le nomma gouverneur de Syrie, ne le releva jamais de ses fonctions. Plusieurs hadîths, tenus pour authentiques, montrent que Mu'âwiya fut un homme d'État parfaitement musulman et qu'il fit beaucoup pour répandre la connaissance du Coran. Mu'âwiya, conclut-on, réunit toutes les qualités exigées du calife : le lignage quraishite, la religion, la science, le courage, la bonne conduite envers les Musulmans. D'aucuns vont même jusqu'à soutenir que le califat de Mu'âwiya se justifie, moins par les qualités personnelles de l'homme, que par l'efficacité plus grande de son action en faveur de l'Islam.

On ne saurait certes nier, fait-on encore valoir, que Mu'âwiya soit à ranger parmi les Mekkois — au nombre de deux mille — qui se convertirent l'année de la conquête et parmi ceux dont le Prophète s'efforça de « gagner les cœurs ». Mais beaucoup d'entre eux, ajoute-t-on, devinrent des Musulmans irréprochables et Mu'âwiya fut précisément l'un des meilleurs. Excellent gouverneur de Syrie, il sut gagner l'affection de ses administrés et il ne porte pas seul la responsabilité des troubles qui éclatèrent alors. 'Alî avait sans doute plus de droit au califat, mais il eut le tort de ne pas poursuivre les meurtriers de 'Uthmân et commit ensuite la faute de destituer Mu'âwiya et de ne pas chercher à régler pacifiquement le conflit qui l'opposait à lui. Par son impuissance à contenir l'ardeur belliqueuse de ses partisans les plus exaltés, 'Alî porte une lourde responsabilité dans la déclenchement de la crise. En engageant la lutte contre les rebelles qui ne s'étaient pas encore dressés contre lui les armes à la main, il eut moins pour but de faire triompher la religion que d'imposer son propre émirat. 'Alî, en arrive-t-on ainsi à conclure, est certes chronologiquement le dernier des Râshidûn, mais c'est aussi le moins bon. Mu'âwiya est sans doute le premier des rois, mais c'est le meilleur d'entre eux. (pp. 20-22)
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La fin du califat et le chiisme. — L'historiographie sunnite accuse parfois le vizir Ibn al-'Alqamî et le théologien Nasîr al-Dîn al-Tûsî, un ismaélien passé à l'imâmisme, d'avoir encouragé le souverain mongol Hûlâgû à marcher sur Bagdad et à renverser le califat sunnite. L'accusation certes ne saurait être retenue sans autres preuves, d'autant que les nombreuses intrigues qui précédèrent la fin du califat abbasside n'ont pas encore livré leurs secrets, à supposer même qu'elles le fassent un jour. Mais elle ne saurait non plus être a priori écartée.

On ne peut, en effet, s'empêcher de remarquer que les conflits entre chiites et sunnites qui avaient si longtemps secoué la grande métropole irakienne et qui, depuis al-Nâsir, avaient eu tendance à disparaître, reprennent, à partir de 640/1248, avec une rare violence. L'année qui précéda la chute de Bagdad fut endeuillée par de nouveaux et sanglants incidents.

On ne saurait non plus manquer d'être frappé par le fait que le chiisme des duodécimains allait bénéficier, sous les Ilkhâns de Perse et d'Irak, des coups que l'invasion mongole porta successivement à l'ismaélisme et au sunnisme. Le chiisme enfin, considéré dans son histoire, apparaît comme une de ces sectes élues qui surent travailler, alternativement ou conjointement, par une action de front ou une tenace infiltration, à construire, sur le plan temporel, cette préséance dont la révélation les avait investies sur celui de l'eschatologie et dont la privation était considérée, par elles, comme une frustration ou une persécution.

La prise de Bagdad par les Mongols. — Le 4 safar 656/le 10 février 1258, en tout état de cause, les Mongols commandés par Hûlâgû, s'emparaient de Bagdad ; ils massacraient le calife et une partie de sa famille et plusieurs docteurs de la Loi, dont les trois fils d'Abû-l-Faraj ibn al-Jauzî. Le nombre des victimes fut certes exagéré par l'historiographie musulmane, mais, de toute évidence, considérable, comme fut grande aussi l'importance des destructions commises par les envahisseurs. Le fatwâ arraché aux docteurs de la Loi et proclamant qu'un infidèle juste valait mieux qu'un imam injuste — fatwâ manifestement dirigé contre le califat abbasside — contribua à arrêter massacres et destructions en donnant, à la conquête mongole, un semblant de légitimation. Mais le rattachement de l'Irak à un nouvel ensemble politique eut, entre autres conséquences, celle de le détacher des pays arabes avec lesquels il avait jusque-là vécu en étroite symbiose. Bagdad perdait, d'autre part, la prééminence religieuse et politique que lui avait value, depuis tant de siècles, le privilège d'être le siège du califat. C'est dans les anciennes provinces arabes du califat, en Syrie et en Égypte, et dans le lointain Maghrib, que le sunnisme allait désormais livrer ses points d'appui les plus solides. (pp. 226-227)
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La doctrine azraqite. — C'est sur le problème de la foi et de l'attitude qu'il convenait d'avoir à l'égard des Musulmans coupables d'un manquement à la Loi que le khârijisme se divisa. Allant fort loin sur la voie de l'intransigeance dogmatique et politique, les azraqites assimilaient à des associationnistes (mushrik) et traitaient comme tels tous les Musulmans coupables d'une faute grave, qui se voyaient ainsi exclus de la communauté et voués à une damnation éternelle. Ces fautes, dont l’énumération ne nous est pas donnée par l'hérésiographie, correspondaient aux infractions punies par le Coran. Mais ils faisaient aussi entrer dans la catégorie des grands pécheurs tous les attentistes et les « quiétistes » (qa'ada), c'est-à-dire la masse de tous ceux qui estimaient qu'il fallait s'abstenir de participer à une guerre civile ou de lever l'étendard de la révolte contre tout pouvoir injuste. Nulle place n'était ainsi reconnue, théoriquement tout au moins, dans ce rigorisme sans compromission, à l'opportunisme, au neutralisme ou à l'excuse du double jeu. La pratique de la dissimulation légale (taqîya) que le chiisme a faite sienne et que le sunnisme lui aussi a parfois admise en la soumettant à des conditions fort restrictives, était interdite, aussi bien en paroles qu'en actes.

Les azâriqa sont encore accusés, par les hérésiographes, d'avoir préconisé et appliqué un terrorisme fanatisé, inconciliable avec les données de la Loi révélée, qui admet sans doute la lutte armée contre l'infidélité ou l'hérésie, mais s'attache à en limiter les excès ou les abus. Deux pratiques leur sont reprochées : d'abord celle de imtihân, de l'épreuve probatoire, qui consistait à demander à tout néophyte, comme gage de sincérité, d'égorger un adversaire prisonnier ; ensuite celle de ïsti'râd, du meurtre religieux, qui autorisait la mise à mort non seulement de leurs adversaires, mais aussi des femmes et des enfants, fussent-ils impubères, de ces derniers.

Considérant le territoire sur lequel s'exerçait leur autorité comme territoire d'émigration (dâr hijra), vers lequel c'était devoir de venir chercher asile pour partir ensuite en guerre contre l'hérésie, ils en arrivaient ainsi à considérer le territoire occupé par les autres Musulmans comme un territoire d'infidélité (dâr kufr) où les personnes et les biens étaient licites. (pp. 44-45)
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Nouvelles mesures contre le chiisme. — Relativement rares furent les mesures individuelles contre les chiites. A la condition de ne pas enseigner publiquement leurs doctrines et de reconnaître les autorités établies, les théologiens chiites pouvaient bénéficier de la tolérance de l'État. Un des plus connus, Muhammad al-Sakâkînî (m. 724 h.) vécut à Damas et à Médine sans subir, semble-t-il, de sévices. Il n'en fut pas de même de son fils Hasan, exécuté à Damas en 744/1342 sur une décision du grand-cadi malikite ; on lui reprochait d'avoir publiquement traité d'infidèles les deux premiers califes, Abû Bakr et 'Umar, d'avoir insulté Aïcha et Hafsa, les épouses du Prophète, d'avoir soutenu enfin que l'archange Gabriel s'était trompé en transmettant à Muhammad la révélation coranique destinée à l'imâm 'Alî.

Sur la fin des Mamlûks Bahrîya, de nouveaux incidents se produisirent. En 755/1355, sous le gouvernorat de ‘Alî al-Mâridânî, un chiite d'Irak, disciple d'al-Hillî, de passage à Damas était accusé d'avoir insulté, dans la mosquée des Omeyyades, Abû Bakr, e Umar, 'Uthmân, Mu'âwiya et Yazîd, et d'avoir aussi refusé de prier avec les autres Musulmans qu'il considérait comme des infidèles. Condamné une première fois à la flagellation par le grand-cadi malikite, le perturbateur chiite comparaissait ensuite devant le conseil du gouverneur ; condamné à mort, il était aussitôt exécuté, au pied de la citadelle, sur le marché aux chevaux.

En 763/1363 enfin, le gouverneur de Damas, informé des progrès que le chiisme ne cessait de faire dans la région de Beyrouth et de Saidâ, confirmait, par décret, le caractère schismatique de ce credo et condamnait ceux qui le professaient ou le propageaient. Aucune autre mesure ne fut cependant prise contre le chiisme syrien qui, grâce à l'attachement de ses fidèles à leur foi traditionnelle, réussissait à se maintenir, en dépit du renforcement des positions sunnites. (p. 259)
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L'Islam,dans sa diversité intérieure,est avant tout la construction collective de tous ceux qui, aux cours des siècles,l'ont adopté et qui , liés bon gré mal gré par l'histoire,le restent aujourd'hui encore par la similitude des problèmes qui se posent à eux.
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