Ce tome contient les 5 épisodes de la minisérie du même nom qui forment un récit relativement complet. Ils sont initialement parus en 2008, écrits par
David Lapham.
Tony Harris a dessiné les épisodes 1 à 4 avec un encrage de Jim Clark.
David Lapham a dessiné l'épisode 5, avec un encrage de
Stefano Gaudiano.
L'histoire commence par la reprographie d'une page d'Amazing Fantasy 15 (août 1962, par
Steve Ditko &
Stan Lee), permettant de situer le moment : juste quand Spider-Man se lance dans une carrière de catcheur à la renommée internationale. Il sort du ring, où il vient de ridiculiser Crusher Hogan. Il a une discussion avec Monty Cabash, son employeur, ainsi que celui de Crusher Hogan.
C'est ensuite le retour au lycée pour Parker, avec les brimades d'Eugene P. 'Flash' Thompson, son amour platonique pour Liz Allan. Puis Parker est de retour chez ses parents d'adoption, et profite de leurs attentions. D'un côté, il aimerait bien rabattre son caquet à Flash Thompson. de l'autre côté, sa popularité en tant que catcheur attise bien des convoitises, dont celle de Tiffany Lebeck, une femme d'âge mur qui gravite dans l'entourage de Monty Cabash.
Le principe est très simple. En 1962, la narration est très compressée, au point qu'il peut se passer plusieurs semaines entre 2 cases. En 2008, le label Marvel Knights fait office de division où sont publiés les projets prestigieux. Les éditeurs mettent en contact
David Lapham (auteur complet s'étant illustré avec la série Stray Bullets), et
Tony Harris, (le remarquable dessinateur de la série "Ex Machina" et des premiers tomes de Starman de
James Robinson).
Le lecteur a le plaisir de retrouver les dessins détaillés et assaisonnés d'une touche de dérision de
Tony Harris. Les personnages bénéficient tous d'une morphologie différente et réaliste. La coupe de cheveux de Peter Parker dispose d'une forme un peu différente, avec des cheveux plus longs, et moins plaqués sur la tête. Son corps est athlétique, sans être exagérément musclé, conservant ainsi l'intention de
Steve Ditko. Par comparaison Flash Thompson a un gabarit plus impressionnant, en cohérence avec son statut d'athlète.
Liz Sherman remplit le rôle de la belle blonde, fille à papa, dans une famille aisée. Harris prend soin de faire apparaître l'âge plus important de Tiffany Lebeck (une quarantaine d'années). May et Ben Parker font leur âge, environ soixante ans (ils semblent être à la retraite).
Tony Harris prend grand soin de représenter les décors très régulièrement, et de différencier les modèles de véhicules. Il s'amuse également un peu avec les tenues vestimentaires, en particulier le chapeau peu crédible de Monty Cabash. Il exagère un petit peu les expressions des visages, apportant une dimension humoristique, en grossissant le trait de la rapacité de Cabash, ou de la femme fatale sur le retour qu'est Tiffany Lebeck.
Pour des raisons inconnues,
Tony Harris n'a pas dessiné le cinquième épisode ; il a cédé sa place à Lapham lui-même. Ce dernier s'applique à reproduire le style de
Tony Harris, sans réussir à donner le change. Ce n'est pas désagréable, mais les nuances de
Tony Harris ont disparu, il ne reste plus qu'un dessin fonctionnel, moins esthétique, moins agréable.
En tant que scénariste, les forces de
David Lapham résident surtout dans le genre polar, sous ses différentes déclinaisons et sous-genres. le présent récit n'entre pas vraiment dans ce genre puisqu'il subsiste des scènes au lycée, et les relations entre Peter et ses parents adoptifs. Lapham est très convaincant dans les scènes entre Peter Parker et le roublard Monty Cabash, trouvant un équilibre malicieux entre la légère caricature, et le sous-entendu sur ses relations avec la pègre. le lecteur s'amuse de voir ce personnage stéréotypé, mais il ressent bien son angoisse à ne pas froisser ou contrarier ses financiers aux affaires louches.
Dans les séquences civiles,
David Lapham montre un Peter Parker en pleine rébellion adolescente. Il n'en fait pas une tête brûlée de type punk. Il taille sur mesure des actes de défiance adaptées au caractère de Peter Parker et ses nouvelles capacités qui lui donnent une plus grande confiance en lui, mais pas complètement.
Dans ce profil psychologique, le lecteur hésite entre comédie légère et comédie dramatique. Les dessins de
Tony Harris tirent plutôt la narration vers la comédie. La pertinence et la perspicacité de
David Lapham rendent plausible et touchant le mal être de Peter et ses efforts pathétiques pour essayer d'affirmer sa présence vis-à-vis de ceux qu'ils côtoient.
David Lapham et
Tony Harris n'apportent pas de révélation fracassante sur ces premières semaines d'existence de Spider-Man, ou d'éclairage inédit. Ils racontent un récit d'adolescent en crise qui n'arrive pas à vraiment se rebeller (du fait de son bon fond) et qui n'arrive pas non plus à profiter de ses pouvoirs. Il cherche sa voie et sa véritable nature, en tâtonnant, en commettant ses propres erreurs. Les dessins évitent à cette histoire de devenir larmoyante. L'intelligence de Lapham évite au récit d'accumuler les poncifs du genre. le tout forme une histoire divertissante, touchante, sans être indispensable.