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EAN : 9782266161114
928 pages
Pocket (08/09/2006)
4.07/5   378 notes
Résumé :

Le 18 octobre 2006, sortira l'adaptation cinématographique de Ô Jérusalem.
À cette occasion, paraît une édition spéciale du best-seller écrit par Lapierre et Collins.

Ô Jérusalem : c'est plus de cinquante millions de lecteurs dans vingt huit pays. Un livre référence qui permet de comprendre comme nul autre les sources d'un conflit qui secoue le monde depuis maintenant bientôt soixante ans.

Pour écrire cette fresque, Lapi... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (26) Voir plus Ajouter une critique
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Ô Jérusalem, Lapierre et Collins



Imposant ouvrage rédigé par deux journalistes qui retracent le conflit israélo-palestinien depuis la date du « Partage » opéré par les Nations-Unies le 29 novembre 1947 à Flushing Meadows, New-YorK .


Les hostilités commencent avant même la signature du Partage de la Palestine en novembre 1947. A partir de là, les deux camps s'équipent d'armes. Deux émissaires, l'un juif, l'autre arabe, manquent se croiser dans les bureaux d'un vendeur d'armes de guerre à Prague.
Les préparatifs sont restitués, scrupuleusement : mission de Golda Meïr aux USA, qui revient avec 50 millions de dollars, là où ses chefs ne pouvaient prétendre qu'à une maigre participation des juifs américains. Achat de surplus militaires aux Pays-Bas, affrètement de bateaux pour rapporter toutes ces armes jusqu'en Palestine. Un vrai effort de solidarité de la communauté juive pour s'armer. Jusqu'aux avions qu'on construit, petits, apparemment pas pour la guerre, avec des infrastructures qui ne laissent pas supposer qu'ils s'agit d'armes de guerre. Aux USA, on achète en pièces détachées toutes l'artillerie lourde, les tanks, et les machines susceptibles fabriquer des armes lourdes voyageront sous la forme de 75000 pièces détachées sous le nom de « machines textiles », à remonter arrivées à destination.
D'autres armes lourdes seront acheminées dissimulées sous des kilos d'oignons ! Un navire, le Borea, chargé au maximum d'armes bien cachées, sera immobilisé en Méditerranée jusqu'à la date fatidique de la création de l'État d'Israël, finalement les Anglais l'arraisonneront et la cargaison n'atteindra pas les côtes israéliennes.

Du côté arabe, les préparatifs sont moins organisés, moins concrets pour ce qui touche au matériel. Ce sont les hommes qui s'organisent et se regroupent. le Grand Mufti à Jérusalem, Abdel Kader, tous les chefs arabes participent à un degré ou un autre et la guérilla est vive dans Jérusalem avec pour slogan : il faut rejeter les Juifs à la mer ! le roi de Jordanie forme secrètement le projet d'annexer la Palestine arabe à son propre pays.
L'ère des attentats commence : l'hôtel Sémiramis au Caire, attaqué par les juifs, où mourront de nombreux arabes, touristes pour la plupart ; attentats arabes avec des camions piégés, dans le centre même de Jérusalem.

L'enjeu, c'est Jérusalem ! Les Juifs rejettent l'idée de partage de la ville sainte, les Arabes aussi. Les Anglais l'occupent, avec une position fluctuante, soutenant les Arabes, ne s'opposant pas finalement aux juifs. Ils iront même jusqu'à faciliter la mise sous contrôle de la ville sainte en informant précisément les juifs du moment de leur départ. Quartier par quartier, les juifs vont reconquérir Jérusalem, semant la peur chez les arabes et les poussant à l'exil, vers le Liban, vers Amman et Damas.
Les Arabes veulent « étrangler » la ville, l'affamer, pousser les juifs à la quitter. le bus n°2 qui la dessert depuis les colonies juives extérieures est un danger à lui tout seul. Malgré le blindage des bus, les juifs sont attaqués, mitraillés sur le chemin. Il faut dire que le bus est alourdi et pèse, avec le blindage, près de sept tonnes. Autant dire que chaque voyage est un coup de poker avec la mort.

Des personnages historiques (Ben Gourion, qui se choisit ce pseudo signifiant « fils du lion » ; Golda Meïr, côté israélien, l'ex-SS Faw el Koutoub, le roi Abdullah de Jordanie, côté arabe) côtoient les habitants les plus modestes dans cet ouvrage. Chacun y est traité, dans sa réalité et son destin, avec la même attention. Et on vit avec eux ce que furent ces années de violence et de peur.

Des événements forts marquent le cheminement des Juifs vers la création de leur État : le 9 avril 1948, l'effroyable massacre du petit village arabe de Deir Yassin par les extrémistes juifs (Irgoun et groupe Stern), sorte d'Ouradour sur Glane palestinien qui enflammera la haine et le désir de vengeance des Arabes. le siège de Jérusalem qui verra ses habitants affamés, massacrés par les Arabes et enfin, par vote au Conseil juif, par une seule voix de majorité, la création de l'État d'Israël le vendredi 14 mai 1948. Sur neuf membres du Conseil, quatre voulaient décider une trêve avec les Arabes et reporter la création de l'État.

Il est tout de même à noter que les auteurs marquent bien la différence à leurs yeux entre les juifs, ingénieux, créatifs (créer des grenades à partir de boîtes de cigarettes vides), organisés, courageux, dotés de vrais chefs de guerre et le côté arabe, où on voit des hordes sans discipline, sans entraînement militaire, sans chefs mais supérieures en nombres.

Pour conclure, une étude nourrie, détaillée, illustrée de nombreux faits anecdotiques en apparence mais qui tissent l'invraisemblable gâchis que le monde va voir vivre sous ses yeux durant des décennies et qui perdure encore. Une analyse qui ne prend pas parti, qui dissèque et restitue avec un souci d'exactitude.
Sous nos yeux des destins se nouent et s'achèvent, des êtres humains prennent vie grâce à une enquête serrée des deux auteurs et nous les voyons vivre, lutter, s'en sortir ou mourir. Avec empathie, avec consternation et sans juger non plus car tel n'est pas notre rôle.



Ô Jérusalem, Lapierre et Collins



Imposant ouvrage rédigé par deux journalistes qui retracent le conflit israélo-palestinien depuis la date du « Partage » opéré par les Nations-Unies le 29 novembre 1947 à Flushing Meadows, New-YorK .


Les hostilités commencent avant même la signature du Partage de la Palestine en novembre 1947. A partir de là, les deux camps s'équipent d'armes. Deux émissaires, l'un juif, l'autre arabe, manquent se croiser dans les bureaux d'un vendeur d'armes de guerre à Prague.
Les préparatifs sont restitués, scrupuleusement : mission de Golda Meïr aux USA, qui revient avec 50 millions de dollars, là où ses chefs ne pouvaient prétendre qu'à une maigre participation des juifs américains. Achat de surplus militaires aux Pays-Bas, affrètement de bateaux pour rapporter toutes ces armes jusqu'en Palestine. Un vrai effort de solidarité de la communauté juive pour s'armer. Jusqu'aux avions qu'on construit, petits, apparemment pas pour la guerre, avec des infrastructures qui ne laissent pas supposer qu'ils s'agit d'armes de guerre. Aux USA, on achète en pièces détachées toutes l'artillerie lourde, les tanks, et les machines susceptibles fabriquer des armes lourdes voyageront sous la forme de 75000 pièces détachées sous le nom de « machines textiles », à remonter arrivées à destination.
D'autres armes lourdes seront acheminées dissimulées sous des kilos d'oignons ! Un navire, le Borea, chargé au maximum d'armes bien cachées, sera immobilisé en Méditerranée jusqu'à la date fatidique de la création de l'État d'Israël, finalement les Anglais l'arraisonneront et la cargaison n'atteindra pas les côtes israéliennes.

Du côté arabe, les préparatifs sont moins organisés, moins concrets pour ce qui touche au matériel. Ce sont les hommes qui s'organisent et se regroupent. le Grand Mufti à Jérusalem, Abdel Kader, tous les chefs arabes participent à un degré ou un autre et la guérilla est vive dans Jérusalem avec pour slogan : il faut rejeter les Juifs à la mer ! le roi de Jordanie forme secrètement le projet d'annexer la Palestine arabe à son propre pays.
L'ère des attentats commence : l'hôtel Sémiramis au Caire, attaqué par les juifs, où mourront de nombreux arabes, touristes pour la plupart ; attentats arabes avec des camions piégés, dans le centre même de Jérusalem.

L'enjeu, c'est Jérusalem ! Les Juifs rejettent l'idée de partage de la ville sainte, les Arabes aussi. Les Anglais l'occupent, avec une position fluctuante, soutenant les Arabes, ne s'opposant pas finalement aux juifs. Ils iront même jusqu'à faciliter la mise sous contrôle de la ville sainte en informant précisément les juifs du moment de leur départ. Quartier par quartier, les juifs vont reconquérir Jérusalem, semant la peur chez les arabes et les poussant à l'exil, vers le Liban, vers Amman et Damas.
Les Arabes veulent « étrangler » la ville, l'affamer, pousser les juifs à la quitter. le bus n°2 qui la dessert depuis les colonies juives extérieures est un danger à lui tout seul. Malgré le blindage des bus, les juifs sont attaqués, mitraillés sur le chemin. Il faut dire que le bus est alourdi et pèse, avec le blindage, près de sept tonnes. Autant dire que chaque voyage est un coup de poker avec la mort.

Des personnages historiques (Ben Gourion, qui se choisit ce pseudo signifiant « fils du lion » ; Golda Meïr, côté israélien, l'ex-SS Faw el Koutoub, le roi Abdullah de Jordanie, côté arabe) côtoient les habitants les plus modestes dans cet ouvrage. Chacun y est traité, dans sa réalité et son destin, avec la même attention. Et on vit avec eux ce que furent ces années de violence et de peur.

Des événements forts marquent le cheminement des Juifs vers la création de leur État : le 9 avril 1948, l'effroyable massacre du petit village arabe de Deir Yassin par les extrémistes juifs (Irgoun et groupe Stern), sorte d'Ouradour sur Glane palestinien qui enflammera la haine et le désir de vengeance des Arabes. le siège de Jérusalem qui verra ses habitants affamés, massacrés par les Arabes et enfin, par vote au Conseil juif, par une seule voix de majorité, la création de l'État d'Israël le vendredi 14 mai 1948. Sur neuf membres du Conseil, quatre voulaient décider une trêve avec les Arabes et reporter la création de l'État.

Il est tout de même à noter que les auteurs marquent bien la différence à leurs yeux entre les juifs, ingénieux, créatifs (créer des grenades à partir de boîtes de cigarettes vides), organisés, courageux, dotés de vrais chefs de guerre et le côté arabe, où on voit des hordes sans discipline, sans entraînement militaire, sans chefs mais supérieures en nombres.

Pour conclure, une étude nourrie, détaillée, illustrée de nombreux faits anecdotiques en apparence mais qui tissent l'invraisemblable gâchis que le monde va voir vivre sous ses yeux durant des décennies et qui perdure encore. Une analyse qui ne prend pas parti, qui dissèque et restitue avec un souci d'exactitude.
Sous nos yeux des destins se nouent et s'achèvent, des êtres humains prennent vie grâce à une enquête serrée des deux auteurs et nous les voyons vivre, lutter, s'en sortir ou mourir. Avec empathie, avec consternation et sans juger non plus car tel n'est pas notre rôle.









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Ce livre m'a aidé à comprendre le conflit Israélo-palestinien. Si les événements récent vous interpellent, ce livre retrace la genèse de cette guerre fratricide pour un territoire.
Et nous, si nous devions nous battre chaque jour pour Avoir, Conserver ou Reconquérir notre maison, que ferions nous ?...
Cela dure depuis 1947 ....Et c'est pas fini!!!
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Pas la peine de faire compliqué
Si vous voulez comprendre un peu le conflit israélo palestinien et la géopolitique de la région , ce livre est indispensable
Vous apprendrez tout sur la création de l État d' Israël et sur l'histoire de la Palestine
Il est bien écrit , parfaitement documenté et se lit comme un polar historique
Lu il y a 40 ans , je m'en souviens parfaitement bien
A découvrir pour les plus jeunes
Un très grand récit
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J'avais ce livre dans ma PAL depuis un long moment…je pense que cela se compte en années! Je ne sais pas trop pourquoi j'ai eu envie de l'en sortir début mars, mais je ne l'ai pas regretté!

Tout d'abord, il faut savoir que c'est un sacré pavé! Il fait plus de 900 pages, ce n'est pas rien!
Ayant lu « La Cité de la joie » de l'auteur Dominique Lapierre, je m'attendais à un texte plus romancé. Or là, c'est vraiment un documentaire, même si cela est écrit sous la forme d'un récit (ils donnent un air de récit grâce à plusieurs personnes qu'on voit réapparaître régulièrement au fil du récit) . Une fois cette surprise passée, je me suis plongée dedans.

J'ai fait une pause mi-mars dans ma lecture, mais en gros, j'ai été plutôt captivée. Bien évidemment, il faut un certain temps pour le lire, mais je ne me suis pas du tout ennuyée, ni lassée, au contraire, je l'ai trouvé absolument passionnant!

Je crois que je ne me rendais absolument pas compte de ce qui s'était passé et de comment le conflit israélo-arabe a pris de l'ampleur. Je ne connaissais vaguement que les grandes lignes,maintenant, on ne peut pas dire que je maîtrise le sujet, mais je comprends bien mieux ce qui s'est passé et pourquoi le conflit est toujours aussi vif aujourd'hui.

Ce récit couvre donc le temps d'une année, du 29 novembre 1947, à l'annonce du Partage de la Palestine au 17 juillet 1948 à l'annonce du second « Cessez-le-feu » qui divisera Jérusalem en deux durant 19 ans, avant que les juifs ne finissent par occuper presque toute la vieille ville.
J'aurais voulu savoir ce qui se passait après, mais ce récit ayant été écrit en 1971, on n'aurait pas pu aller vraiment plus loin…

Ce documentaire est sensé être impartial. J'ai trouvé que les auteurs en effet avaient fait de grands efforts pour rester neutre dans le conflit, mais j'ai parfois eu l'impression qu'ils penchaient plutôt du côté des juifs…

Après cet ouvrage est un récit assez fidèle de la manière dont les juifs se sont rendus maître de Jérusalem et donc d'Israël, il est -je pense- normal qu'on ait l'impression qu'il ne parle que des victoires des juifs, vu qu'au final, ce sont eux qui ont gagné cette guerre. On peut avoir alors l'impression d'un certain favoritisme et pourtant les auteurs ne font que relater les faits. Et si les parties sur la guerre juive sont plus longues, c'est peut-être aussi parce que les auteurs ont eu plus facilement accès aux témoignages et aux documents sur ce côté du conflit que de l'autre.

Ils n'ont en tout cas rien caché des atrocités qui ont été commises des deux côtés, aussi bien du côté arabe que du côté juif. Et il s'est vraiment passé des choses terribles, abominables même, tandis que les Nations Unies se contentaient de « discutailler » de détails et de prendre des pincettes pour tout…Ce documentaire est parfois assez violent.

Je pense que le pire pour moi reste quand même l'indifférence des anglais sur place face à tous ses événements. Les juifs et les arabes sont en guerre, on peut comprendre leurs batailles, mais que les anglais refusent d'intervenir alors qu'ils ont tous les pouvoirs et que leurs rôles est de maintenir un semblant de paix, cela me rendait hors de moi!

En tout cas, j'ai trouvé des réponses à mes questions : Comment les juifs ont fait pour renverser la situation, alors qu'ils étaient entourés de pays arabes qui entraient en guerre contre eux, qu'ils étaient très clairement en sous-nombre et sous-armé pour gagner? Pourquoi les arabes n'ont pas réussi à s'organiser en une seule et unique armée? Pourquoi les Nations Unies ont mis autant de temps à réagir?

Je n'ai qu'un seul regret : je trouve que ce livre n'a pas du tout assez parlé des autres communautés de la Ville Sainte. Il n'y avait pas que les arabes et les juifs dans cette ville, mais aussi tous les chrétiens (catholiques, orthodoxes et protestants), ainsi que le quartier arménien de la vieille ville. J'aurais voulu savoir comment eux avaient vécu ce conflit. Mais les auteurs en parlent à peine. Dommage.

———————————————–

Un documentaire sur le début du conflit israélo-arabe, plutôt neutre, absolument passionnant, une bonne manière de se plonger dans cette partie terrible de l'Histoire d'Israël. Je le conseille aux personnes qui veulent en savoir plus et qui préfère tout de même un récit à un documentaire pur et dur. Ce fut en tout cas une lecture que j'ai apprécié.
Lien : https://writeifyouplease.wor..
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« O Jérusalem » (1971) est le troisième des quatre grands récits historiques écrits par Lapierre et Collins : il se situe après « Paris brûle-t-il ? » (1965) et « … Ou tu porteras mon deuil » (1968) et avant « Cette nuit la liberté » (1975) (les deux derniers ouvrages qu'ils ont écrits ensemble (« le Cinquième cavalier » (1980) et « New-York brûle-t-il ? » (2004) tirent plus vers la fiction historico-politique que vers le récit historique proprement dit).
Jérusalem, ville sainte des trois religions monothéistes (judaïsme, christianisme et islam) est un enjeu capital pour les peuples concernés (israéliens, arabes et palestiniens) et au-delà pour toutes les grandes puissances. Faire un reportage sur la naissance difficile d'Israël, en tenant compte de tous les points de vue, et en ne prenant pas d'autre parti que celui de la paix et de la concorde entre les peuples, était une sacrée (forcément, dans cette ville) gageure pour les auteurs. D'emblée, en exergue, ils affichent la couleur : trois textes sacrés de chacune des trois religions, en hommage à Jérusalem (littéralement « ville de la paix ») :
« Si je t'oublie, Jérusalem, que ma main droite se dessèche ! Que ma langue s'attache à mon palais, si je perds ton souvenir, si je ne mets Jérusalem au plus haut de ma joie ! » (Chant des enfants exilés d'Israël – Psaume 137)
« O Jérusalem, toi qui tues les prophètes et lapides ceux qui te sont envoyés, que de fois j'ai voulu rassembler tes enfants à la manière dont une poule rassemble ses poussins sous ses ailes… » (Jésus contemplant Jérusalem du Mont des Oliviers – Saint Matthieu, 23-27)
« O Jérusalem, terre élue d'Allah et patrie de Ses serviteurs, c'est de tes murs que le monde est devenu monde. O Jérusalem, la rosée qui descend vers toi guérit tous les maux parce qu'elle vient des jardins du Paradis ». (Le Hadith, paroles du prophète Mahomet).
Cette gageure, nos deux auteurs l'ont tenue et remportée haut la main, avec ce récit où se mêlent l'Histoire, la grande, avec ses figures de proue, David Ben Gourion, Golda Meir, Harry Truman, Farouk d'Egypte et Fayçal d'Arabie… et la petite histoire, celle de ces milliers de combattants de tous bords, tous convaincus d'être « dans le bon camp ». C'est un fantastique récit d'aventures, avec des scènes de combats racontées par les participants eux-mêmes, avec des scènes d'intense émotion devant des évènements historiques (le départ des Anglais sur lequel s'ouvre le récit) ou plus intimes (ces couples entre juifs et arabes que la guerre sépare), avec son lot d'anecdotes tragiques ou insolites, avec des exploits héroïques (qu'ils viennent des combattants comme des civils), avec beaucoup de révélations sur les tractations politiques qui n'ont cessé tout le long du conflit… C'est un livre total, d'une précision scrupuleuse, d'une objectivité remarquable, d'une honnêteté intellectuelle parfaite.
A la fois historiens et journalistes, Dominique Lapierre et Larry Collins, avec ce troisième opus, signent un magnifique outil de compréhension pour un des conflits les plus longs de l'Histoire (et toujours d'actualité, hélas) : on comprend mieux les sources de cet affrontement, l'enchaînement inéluctable des faits, ponctués les atermoiements diplomatiques, et les dures réalités sur ce champ de bataille, pourtant sacré, que représente le ville trois fois sainte.
Alternant les scènes intimes et les mouvements de masses, les témoignages des grands de ce monde, comme ceux des plus humbles participants, le style des auteurs, tour à tour épique et familier, donne au récit une allure extrêmement propice non seulement à la lecture, mais encore à la compréhension de cette page d'histoire.
Une ouvre à la fois plaisante et utile. Très plaisante, et très utile.


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Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
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Au poste de commandement, Élisa contacta Jérusalem par radio.
- Les Arabes sont dans le kibboutz. Adieu !
En lisant ces mots, David Shaltiel, le Juif qui avait tant réclamé l'évacuation de Kfar Etzion, sentit ses yeux se voiler de larmes. La jeune polonaise ajouta encore quelques mots.
- Les Arabes sont tout autour, disait-elle. Il y en a des milliers. Ils noircissent les collines.
.../...
Mais un bruissement de feuilles apprit à Edelstein qu'ils avaient été découvert, et il eut soudain devant lui, le visage édenté et ridé d'un vieil Arabe. Portant la main à la poitrine en signe d'amitié, celui-ci les rassura.
- N'ayez aucune crainte murmura-t-il.
Au même instant, un groupe d’irréguliers débouchèrent de la feuillée et se ruèrent sur Edelstein et Isaac Ben Sira. Mais le vieil Arabe s'interposa et leur fit un rempart de son corps.
- Vous avez assez tué ! cria-t-il.
- Silence hurla un des irréguliers, ou on va te tuer aussi.
- N'approchez pas répliqua le vieil homme en entourant les deux Juifs de ses bras. Ils sont sous ma protection.
Deux légionnaires surgirent alors et mirent fin à la discussion. Ils les emmenèrent.
.../...
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.../...
Ce n'est qu'au début de 1949 que les Nations unies obtiendraient que l’Égypte, le Liban, la Jordanie, et la Syrie signent un armistice avec Israël. Si ces accords consacraient l'arrêt des hostilités, ils ne mirent pas fin à l'état de guerre. Les États arabes proclamèrent avec persistance et résolution leur volonté de supprimer un État qu'ils refusaient à accepter et à reconnaître.
Ainsi se termina cependant, le conflit que les Israéliens appelèrent leur guerre d'Indépendance. La jeune nation avait payé cher sa survie. Environ six mille de ses membres étaient tombés au cours des combats. Proportionnellement, cela représentait plus de perte que n'en avait subi la France durant toute la Seconde guerre mondiale. Les Israéliens se retrouvaient maîtres d'un territoire de mille trois cent kilomètres carrés et de cent douze villages initialement attribués à l’État arabe par le plan de partage de la Palestine.
Les Arabes ne conservaient que trois cent kilomètres carrés et quatorze localités appartenant à l’État juif.
.../...
Les États arabes ne montrèrent de leur côté aucune hâte à venir en aide à leurs frères exilés. Bien que riches et peu peuplés, la Syrie et l'Irak leur fermèrent leurs portes. Pour ne pas modifier son délicat équilibre confessionnel, le Liban n'en accepta qu'un nombre limité. Égypte les parqua dans l'étroite bande de Gaza. Seule la Jordanie, le plus pauvre de tous les États arabes, fit un réel effort pour les accueillir.
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Riad Solh explosa. Ils devaient reprendre le combat, gronda-t-il. Ils s'étaient tous mis d'accord sur ce point. Leurs peuples le voulaient. La fierté, l'honneur et la dignité des Arabes le commandaient.
-Et si nous manquons de grenades, déclara l'homme d'Etat libanais, nous cueillerons les oranges et nous les jetterons sur les Juifs pour nous battre et sauver notre honneur.
Un silence embarrassé suivit ce discours, Abdullah soupira.
-Je vous remercie Riad bey, dit-il enfin, pour la noblesse de vos sentiments et la haute expression de votre patriotisme. Je dois cependant vous rappeler une chose que vous semblez avoir oubliée. Nous sommes maintenant au mois de juillet. Il n'y aura pas d'oranges sur les arbres de Palestine avant le mois de septembre.
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Le président Truman avait ainsi averti son représentant aux Nations Unies, l'ambassadeur Hershel Johnson, qu'il avait "le plus grand intérêt à faire en sorte que le Partage soit voté s'il ne voulait pas supporter personnellement les conséquences d'un échec". De la même manière, le financier Bernard Baruch, conseiller du président, n'avait pas hésité à menacer Alexandre Parodi, le délégué de la France à l'O.N.U., d'une interruption possible de l'aide américaine en cas d'opposition de son pays.
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Aucun leader arabe n'accablait plus volontiers les Juifs d'injures que Nouri Saïd, tout en avertissant secrètement ses amis du Foreign Office qu'il serait prêt à s'accommoder de leur Etat si cette concession pouvait lui valoir le soutien britannique pour l'annexion de la Syrie, accomplissement final de son rêve d'un "croissant arabe fertile" allant de la Méditerranée au Golfe Persique.
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Vidéo de Dominique Lapierre
L'émission complète : https://www.web-tv-culture.com/emission/alexandra-lapierre-belle-greene-52639.html
Fille du journaliste et romancier Dominique Lapierre à qui l'on doit notamment « Paris brûle-t-il » ou « La cité de la joie », Alexandra Lapierre a grandi au milieu des livres. Après ses études à la Sorbonne, elle file aux Etats-Unis où elle ambitionne de travailler dans le milieu du cinéma. Finalement, l'écriture la rattrape et son premier titre, « La lionne du boulevard », publié en 1984, préfigure ce qui fera son succès, raconter la grande Histoire à travers ses personnages et par une écriture romanesque.
Depuis, l'ambition d'Alexandra Lapierre est la même, elle s'empare d'un personnage oublié de l'Histoire dont le destin, pourtant, a un moment, a fait changer le monde. Par la qualité de son écriture et la pertinence de ses recherches, elle est devenue incontournable.
Certes, elle a parfois évoqué des personnages masculins. Mais on se souvient surtout d'Artemisia qui, au début du XVIIème siècle en Italie avait le don de la peinture. Hélas pour elle, étant femme, on attribua ses toiles à Caravage. Evoquons aussi Dona Isabel Berreto qui, un siècle plus tôt, sillonna les mers du monde étant la première et seule femme de la flotte espagnole. Avec ce livre, « Je te vois reine des quatre parties du monde », elle fut plusieurs fois primée.
Dans une époque plus récente, Alexandra Lapierre a rappelé les destins croisés de Nancy et Maud Cunard, mère et fille vivant de la fortune de la compagnie maritime éponyme et se livrèrent une rivalité à mort racontée dans « Avec toute ma colère »
Si je cite volontairement ces livres, c'est bien parce que les femmes oubliées de l'Histoire sont au coeur du travail d'Alexandra Lapierre. Elle en fait encore la preuve avec ce nouveau titre, « Belle Greene ».
Dans l'Amérique puritaine du début du XXème siècle, cette jeune femme dénote. Venue de nulle part, elle parvient à intégrer les milieux artistiques new-yorkais, devenant la bibliothécaire attitrée de la fameuse Morgan library, sanctuaire dans lequel le milliardaire JP Morgan entassent ses acquisitions faites en Europe entre tableaux des maitres de la Renaissance et livres anciens.
Ces deux êtres que tout oppose vont devenir inséparables et ayant la confiance totale de son big chef, la sémillante Belle va dépenser des millions de dollars pour constituer l'une des plus belles collections d'art privée encore visible aujourd'hui.
Mais l'autre facette de Belle Greene, c'est aussi le secret de sa naissance. Issue d'un métissage, la peau de Belle est pratiquement blanche et dans l'Amérique ségrégationniste, mentir sur ses origines sera le seul moyen de se construire un avenir. Jamais Belle da Costa Greene ne révèlera qu'elle est noire, sacrifiant au passage sa vie personnelle et amoureuse.
Le parcours de Belle Greene est passionnant et sous la plume romanesque d'Alexandra Lapierre, il devient une fabuleuse aventure dans laquelle le lecteur embarque avec jubilation. Ouvrez le livre d'Alexandra Lapierre, vous ne pourrez plus le lâcher avant la dernière page. Et quelle femme ! Quel destin !
« Belle Greene » d'Alexandra Lapierre est publié chez Flammarion.
+ Lire la suite
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