Elle passa en revue ces petits événements et d'autres similaires, comme en une incantation et, progressivement, il apparut plus familier. Si elle n'avait eu l'esprit si las qu'il aurait pu se laisser entraîner sans y prendre garde, cette brusque apparition aurait pu l'émouvoir. En la circonstance, il n'établit pas de contact. Il y avait, elle le savait, des choses qu'elle devrait ressentir, des choses qu'elle devrait dire ; mais que ce soit la faute de l'un ou de l'autre, elle ne les contrôlait pas. Elle ne pouvait se représenter leur rencontre qu'en termes plats et incolores : un jeune homme qu'elle avait connu autrefois était venu lui rendre visite en cette nuit d'hiver, et maintenant ils étaient dans une pièce brillamment éclairée, où il y avait du feu et les quelques biens qu'elle possédait, et en bas il y avait la rue, et le froid en chasse à travers l'obscurité.
Elle se laissa embrasser. Il le fit ardemment, mais sans grâce, comme un jeune garçon qui apprend à fumer. Tout était tellement extraordinaire que son esprit n'en retenait rien ; ou plutôt, il n'y avait rien à retenir. Son comportement était si éloigné de ses souvenirs qu'il était encore pour elle presque une rencontre de hasard.
Quand elle se leva et jeta un coup d'oeil autour de la pièce pour voir si elle n'avait rien oublié, elle fut heureuse de sentir qu'elle en était pratiquement retirée, qu'elle la laisserait exactement telle qu'elle l'avait trouvée, que son passage dans cette maison ne laisserait aucune trace derrière elle, comme tous ceux qui avaient dormi dans cette chambre d'ami
D'après ce qu'on lui avait dit, elle avait été invitée en partie par politesse, et en partie pour divertir le prétendu ennui de Jane: Robin avait joué l'hôte avec une retenue tout anglaise et s'était arrangé pour obtenir quelques cours de langue gratuits par la bande