Partir en guerre est le récit des 91 jours qu'à passé l'auteur à Pétersbourg il y a quelques années, partageant le même appartement que les membres de Voïna, qui signifie guerre en russe. On peut faire un parallèle avec le passage en Russie des protagonistes de
Moravagine, le roman de
Blaise Cendrars : cent ans plus tard, la même radicalité, la même folie, et cette lutte incessante contre la peur. Et puis ce huit-clos forcé qui mène à la rancoeur, la jalousie, la folie... l'amour aussi. La police chasse, la voisine dénonce. C'est aussi une bonne réflexion sur l'art comme vecteur de changement dans nos sociétés : alors qu'ici c'est plutôt "la révolution avec la permission de la préfecteure", pour reprendre les mots d'
Umberto Eco, en Russie au contraire, l'art peut être une provocation qui mène directement en prison. L'exemple le plus proche de nous restant les très médiatisées Pussy Riot, dont une membre est une ancienne du groupe Voïna, ou encore, plus radical, plus fou et plus fort : Piotr Pavlenski, bien sûr.
Ce livre d'
Arthur Larrue est une belle découverte, sans parler du photographe Raphaël Lugassy dont l'une des photos, tirée de la collection Monde parallèle, illustre merveilleusement la couverture de ce petit ouvrage paru chez Allia.