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Critique de Marple


S'il y a de nombreux textes montrant l'Allemagne nazie des Années 30 au travers d'évocation et d'émotions, il y en a nettement moins qui apportent analyse et explications. C'est ce que fait admirablement 'Dans le jardin de la bête', le document écrit par Erik Larsson à partir de courriers, archives et journaux intimes, notamment ceux de l'ambassadeur américain Dodd et de son entourage.

Dodd est un universitaire un peu frustré et poussiéreux en 1933, lorsque Roosevelt l'envoie à Berlin représenter les États-Unis, dans le but de préserver la paix et d'obtenir le paiement des dettes allemandes. Au départ, le décalage est donc complet entre l'ampleur de la mission et l'envergure de l'homme, intelligent mais sans panache, obsédé par la maîtrise des dépenses de son ambassade et la monographie du Vieux Sud qu'il écrit. D'autant plus qu'il emmène avec lui toute sa famille, comme pour des vacances, et donc sa fille Martha, frivole et avant tout préoccupée par ses fêtes, ses amants et ses soupirants... Tous les deux, père et fille, sont vaguement antisémites et d'abord très favorablement impressionnés par ce qu'ils appellent 'l'Allemagne Nouvelle'.

Jusqu'à ce qu'ils soient forcés de voir la réalité des choses, la folie belliqueuse et meurtrière des dirigeants nazis, la paralysie des démocraties et de la diplomatie, l'endoctrinement des masses, et qu'ils deviennent à leur façon des héros ordinaires. Lui en alertant inlassablement ses supérieurs aux États-Unis et en enchaînant les petites démonstrations de courage et de résistance. Elle en se rapprochant des soviétiques et en aidant ses amis en danger.

Plus encore que leur histoire, le livre raconte ce qu'était l'Allemagne à cette époque sombre, et nous permet de mieux comprendre. Il rappelle la Nuit des Longs Couteaux, les manoeuvres de Hitler pour installer la dictature, ses relations avec sa 'chauffeurska' ou ses lieutenants psychopathes occupés à s'entretuer quand ils ne tuaient pas les Juifs ou les opposants, les organisations militaires et paramilitaires : Gestapo, SS, SA, Armée..., la mise au pas de la population à coups de slogans, de saluts, de défilés et de dénonciations. C'est d'autant plus effrayant que c'est vrai.

Bref, 'Dans le jardin de la bête' me semble intéressant et indispensable, pour comprendre et ne pas oublier. Toutefois, 'Dans le jardin de la bête', je suis contente de ne pas y être...
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