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Frédéric Joly (Traducteur)Jean-Claude Michéa (Préfacier, etc.)
EAN : 9782841581733
80 pages
Climats (15/04/2003)
4.05/5   29 notes
Résumé :
La culture de masse est défendue à partir de l’idée qu’elle a permis de faire accéder chacun à un éventail de choix autrefois réservé aux plus riches. La confusion entre démocratie et libre circulation des biens de consommation est si profonde que toute protestation contre l’industrialisation de la culture est automatiquement perçue comme une protestation contre la démocratie elle-même. Alors que le marketing de masse, dans le domaine culturel comme ailleurs, n’augm... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
On nous avait promis monts et merveilles, prospérité et bonheur pour tous dans notre monde moderne, ayant l'Économie pour unique religion. Et dans cette utopie moderne réalisée, la culture de masse aurait eu pour bénéfice de dissoudre les anciennes croyances populaires et de créer ainsi les conditions d'un réveil intellectuel des masses. Pour accéder enfin à une vraie liberté intellectuelle et politique, il aurait donc fallu se couper de ses racines (traditions, religion, groupe ethnique), soi-disant étouffoirs archaïques d'une pensée autonome.

Méfiez-vous des discours sur les supposés archaïsmes et la soi-disant modernité …

En réalité, Christopher Lasch souligne avec justesse que ces liens traditionnels apportent toujours aux individus des ressources psychologiques et spirituelles indispensables à une citoyenneté démocratique, et une façon cosmopolite de voir les choses, par opposition à un point de vue déraciné, désorienté et pourtant devenu, au cours du XXème siecle, synonyme d'émancipation intellectuelle.

Dans la triste réalité de notre monde moderne, l'individu ne se libère de sa tradition que pour se plier à la tyrannie de la consommation et de la mode. La culture de masse apporterait, selon ses défenseurs, une plus grande liberté de choix : Vingt-deux ans après la publication de ce petit ouvrage, on mesure encore plus aujourd'hui à quel point cela est erroné. Dans un marché où le pouvoir économique et la capacité à façonner l'opinion sont concentrés dans les mains de quelques-uns, l'offre en fait se réduit, tout en cherchant à donner par le marketing l'illusion de la variété et de la nouveauté. L'assimilation totale de la culture aux exigences du marché, la perte des traditions et un renoncement dans l'éducation à enseigner le meilleur, entraînent en réalité la passivité intellectuelle et la confusion.

Ceux qui, à gauche, ont pris la défense de l'industrialisation de la culture, voulaient ne pas être perçus comme étant élitistes, ou ont même estimé que le niveau culturel d'une société etait moins important qu'un niveau de vie décent. La culture en est ainsi réduite à «un simple passe-temps routinier destiné à nous distraire durant ces moments de temps libre devenus aussi vides que les heures passées à travailler.» Pour ne pas être élitiste, on a renoncé à enseigner ce qui se fait ou se pense de mieux, on a accepté l'idée d'une culture du pauvre.

Et enfin, soutenir la culture de masse et les media en pensant que l'on peut les instrumentaliser à des fins subversives, révolutionnaires ou critiques reste une illusion. Chistopher Lasch illustre, avec les travaux de Todd Gitlin sur l'opposition des étudiants à la guerre du Vietnam, que ceux qui ont essayé s'y sont cassé les dents, en étant récupérés et comme absorbés par les media eux-mêmes.

Une petite lecture, courte et nécessaire.
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Une critique de ce livre a été faite avant la mienne. Je la trouve juste et pertinente, aussi je ne sais que rajouter à ce qui a été dit. Je trouve que ce livre est trop méconnu, qu'il devrait être conseillé aux jeunes générations comme aux anciennes, à ceux qui se prétendent "libre de tout courant de pensées" alors qu'ils ne le sont pas. Ce livre permet de prendre du recul sur soi-même et sur la société qui nous entoure.

Je remercie mon compagnon de me l'avoir conseillé. Il avait raison, cette analyse est pertinente, elle reflète bien le profond malaise, ce sentiment de tourner en rond dans une société sans pensée nouvelle et sans véritable altérité.
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"La démocratisation de la culture [...], exigerait au préalable un programme éducatif ou un processus social (ou les deux) capable d'arracher les individus à leur contexte familier, et d'affaiblir les liens de parenté, les traditions locales et régionales, et toutes les formes d'enracinement dans un lieu".

Dans cet essai court et incisif, Christopher LASCH dissèque les fondements et les conséquences de la démocratisation de la culture sur la société Américaine. Une analyse qui peut facilement s'extrapoler à toute société mondialisée.

Porté par des intellectuels démocrates, souvent associés à la gauche, l'enjeu de l'accès du plus grand nombre d'individus à la culture est une condition sine qua non de l'avènement d'une véritable démocratie, constituée de citoyens éclairés.

Cette intention louable sera rapidement tâchée par un paternalisme élitiste qui sous couvert de bienveillance envers les plus précaires et les minoritaires, se contentera de véhiculer une sous-culture à la portée de tous. Fini l'élévation du niveau du gout populaire, la quête de la liberté intellectuelle et la transmission de "ce que l'on sait et ce que l'on pense de mieux dans le monde".

Adviendra donc au 20ème siècle cette culture de masse, qui est un nivèlement généralisé par le bas, porté par le système d'éducation et la forte propagande médiatique. On encouragera la rupture avec le passé et les traditions, désignées comme un frein à l'émancipation. Une émancipation qui n'est en réalité qu'une liberté de consommer et assouvir des désirs fabriqués de toute pièce par le marketing. Nous sommes dans la société de loisir. Les autorités du passé cèdent la place à la tyrannie de la mode.
Nous retrouvons ici les analyses d'un JC MICHEA ou d'un Michel Clouscard sur la manière dont le capitalisme se nourrit du libéralisme libertaire.

L'analyse du rôle du média et leur obstination à faire du "show" peut se résumer par cette citation empruntée par LASCH à Régis DEBRAY: "Les médias de masse entretiennent une situation de contre révolution préventive permanente".

Pour l'auteur, contrairement à la véritable culture populaire fondée par le peuple lui même sur des croyances et mythes communs et sur des "formes d'association spontanée", la culture de masse est un "prêt-à-penser" qui abrutit, déracine et uniformise.

"Une culture véritablement moderne ne s'est jamais résumée à une simple répudiation des schémas traditionnels; au contraire, c'est de leur persistance qu'elle a tiré une grande partie de sa force".

Un livre à lire absolument !
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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
Aux Etats-Unis en particulier, la liquidation des racines a été considérée comme la condition essentielle du développement et de la liberté. Les symboles dominants de la vie américaine, la « frontière » et le melting pot, incarnent, entre autres, cette croyance selon laquelle seuls les déracinés peuvent accéder à la liberté intellectuelle et politique.
Ce modèle implicite d’éducation éclairée exige d’être révisé. Il est à bien des égards profondément fallacieux. Il sous-estime la solidité et la valeur des attachements traditionnels. Il donne à tort l’impression d’une stagnation intellectuelle et technologique des sociétés « traditionnelles », et il encourage par la une surestimation des réalisations de l’esprit moderne émancipé. Il présente le sens du lieu et le sens du passé comme absolument réactionnaires dans leurs implications politiques, ignorant le rôle important qu’ils ont joué dans les mouvements démocratiques et les révolutions populaires. Non seulement il exagère les effets politiques du déracinement, mais il défend une conception très pauvre de la liberté. Il confond en effet, la liberté avec l’absence de contraintes.
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Ce n'est pas avec les médias de masse et les autres entreprises d'homogénéisation culturelle, ni avec la vision d'une société sans autorité, sans pères, et sans passé, que la gauche doit chercher à s'allier, mais avec les forces qui, dans la vie moderne, résistent à l'assimilation, au déracinement et à la "modernisation" forcée.
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L'homme ou la femme moderne, éclairé, émancipé, se révèle ainsi, lorsqu'on y regarde de plus près, n'être qu'un consommateur beaucoup moins souverain qu'on ne le croit. Loin d'assister à la démocratisation de la culture, il semble que nous soyons plutôt les témoins de son assimilation totale aux exigences du marché.
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La disparition de presque toutes les formes d'association populaire spontanée ne détruit pas le désir d'association. Le déracinement déracine tout, sauf le besoin de racines.
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Les écrivains et les intellectuels, de leur côté, doivent prendre conscience que les médias de masse ne donnent accès à une plus large audience qu'en imposant, en même temps, leurs propres conditions.
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Video de Christopher Lasch (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Christopher Lasch
Christopher Lasch et le Progrès, 1991. En anglais.
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