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EAN : 9782755500073
171 pages
1001 Nuits (24/10/2007)
3.76/5   51 notes
Résumé :
Serge Latouche

PETIT TRAITÉ DE LA DÉCROISSANCE SEREINE


" La décroissance n'est pas la croissance négative. Il conviendrait de parler d " a-croissance ", comme on parle d'athéisme. C'est d'ailleurs très précisément de l'abandon d'une foi ou d'une religion (celle de l'économie, du progrès et du développement) qu'il s'agit. S'il est admis que la poursuite indéfinie de la croissance est incompatible avec une planète finie, les cons... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
Serge latouche est un économiste qui a déjà écrit plusieurs ouvrages sur la décroissance. Ce livre est un résumé qui répond aux questions qui lui sont régulièrement posées sur ce sujet qui fait polémique car souvent incompris ou mal interprèté.
La décroissance a pour idée principale d'abandonner l'objectif de la croissance illimitée, dont le moteur n'est autre que la recherche du profit par ceux qui détiennent le capital. Mais la décroissance n'est absolument pas la croissance négative. La décroissance est envisagée dans une ''société de décroissance", c'est à dire dans le cadre d'un système répondant à une autre logique.
Il donne un exemple de ce qui peut choquer les esprits aujourd'hui: des crevettes danoises vont se faire décortiquer au Maroc, pour revenir au Danemark, pour en repartir vers le lieu de commercialisation. Est-ce logique? Ou bien les langoustines écossaises s'expatrient en Thaïlande pour se faire décortiquer à la main dans une usine Findus, puis reviennent en Ecosse pour y être cuites et vendues.
L'auteur élabore une règle en R: Réévaluer, c'est à dire redonner aux choses leur vraie valeur, Reconceptualiser: ce changement de valeur entraine un nouveau regard sur le monde, comme la redéfinission des concepts de rrichesse et de pauvreté dans le monde; Restructurer, donc adapter l'appareil de production et les rapports sociaux en fonction du changement de valeur, Redistribution des richesses, entre le Nord et le Sud et Relocalisation pour produire localement, Réduire l'impact écologique
La recette de la décroissance s'applique à faire mieux avec moins, mais pas dans le sens de la rationalisation économique. Il est aussi possible d'oser la décroissance dans l'hémisphère sud, en enclenchant un principe vertueux, c'est à dire, en renouant avec des produits et des valeurs oubliés ou abandonnés liés au passé de ces pays.
Ces idées font actuellement débat, bien qu'elles ne soient pas si récentes que cela, l'auteur en retrace l'historique. J'ai retrouvé ce petit ouvrage instructif, il éclaire les idées dans un contexte économique difficile, et surtout il permet de faire le point sur tout ce qu'on entend à ce sujet, que l'on adhère ou non à ces idées.
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Cet ouvrage constitue le second volet de "Survivre au développement. de la décolonisation de l'imaginaire économique à la construction d'une société alternative", du même auteur, également paru aux éditions Mille et une nuits. Néanmoins il peut se lire de manière indépendante.

Cet essai de Serge Latouche (professeur d'économie) s'avère fort instructif bien que quelques critiques puissent lui être adresser. Tout d'abord il balaye large, au niveau des champs de savoir qu'il convoque. C'est à la fois une force et une faiblesse. Une force (voire peut-être une nécessité, au regard de son objet) car on conçoit aisément que la thématique de la décroissance soit transversale : ainsi il se situe au carrefour de l'économie politique, la philosophie politique, l'anthropologie, l'écologie, voire la philosophie tout court. Une faiblesse car chacun de ces aspects auraient pu mériter un livre à part entière. Il faut donc l'envisager avant tout comme une introduction aux théories qui nourrissent la réflexion sur la décroissance.
Par ailleurs, je trouve que l'aspect technologique (sur les énergies vertes par exemple, qui ne sont d'ailleurs peut-être pas celles que l'on croit) est un peu trop absent de l'ensemble, cette dimension aurait surement nourri davantage encore la réflexion.

Pour autant, Serge Latouche, dans une logique partisane, avec conviction et honnêteté intellectuelle, avance un certain nombre d'idées fortes :

-une croissance infinie, qui est le moteur de nos sociétés occidentales actuelles, est théoriquement insoutenable, du point de vue de l'empreinte écologique, dans une biosphère finie.

-l'économie capitaliste, comme le communisme orthodoxe, se nourrit d'un imaginaire peuplés de fantasmes, notamment celui du progrès, qui ont colonisé nos cerveaux (d'où l'expression "décoloniser nos imaginaires")

-le concept de développement durable est une vaste fumisterie, inventée par ceux-là même qui nous vendent des tonnes d'objet inutiles et qui espèrent perpétuer leur méfait en l'habillant d'un vernis écolo.

-l'industrie de la publicité est leur bras armé pour nous faire avaler leurs salades.

-l'aide au développement des pays du tiers monde est une forme perverse de néo colonialisme. Et par ailleurs (petite aparté en relation avec l'actualité) la dette écologique que nous leur devons (ressources pillées et pollution exportée) justifie à elle seule l'accueil des "migrants économiques".

-la pub, l'emballage, le transport, la distribution du yaourt ne lui confère pas, dans l'absolu, une valeur supplémentaire mais ces activités créent une pollution bien réelle.

-il en résulte que nous travaillons trop, qu'il n'y a pas besoin de tous ces travailleurs pour satisfaire les besoins primaires (or consommations intermédiaires inutiles) et que le partage du temps de travail s'impose de lui-même. Serge Latouche ne propose rien de moins que 20h par semaine. A ce propos, je regardais hier l'émission "C dans l'air" qui parlait des programmes des candidats à la primaire de gauche, vous savez cette émission où l'on retrouve toujours les mêmes "experts" et autres commentateurs patentés. Et ceux-ci de dénoncer avec force les propositions de Benoit Hammon (qui propose "juste" 32h par semaine) et de s'écrier mais le travail ce n'est pas que de l'argent c'est aussi la "dignité"...D'où ma question : peut-on être digne autrement que par le travail ?

Quant aux solutions qu'ils proposent (résumées par les huit R), on peut toujours en discuter. Il est vrai que leur radicalité peut heurter de prime abord (par exemple, pour la France seule, il préconise une réduction des deux tiers de notre consommation). Mais il est également vrai que nous sommes abreuvés de tellement de mensonges et de cynisme depuis si longtemps...

Serge Latouche n'est pas naïf, il sait bien que ce qu'il propose il ne le verra pas de son vivant. Néanmoins s'il qualifie la décroissance "d'utopie concrète" c'est bien pour signifier qu'elle s'autorise à réfléchir sur les conditions de son avènement. Une révolution ? Certainement, dans le sens de sa radicalité, mais une révolution à envisager sous l'angle de l'éthique de la responsabilité et non de l'éthique de la conviction.



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Située à la jonction de l'écologie et de l'économie, la théorie de la décroissance s'avère s'être développée en rhizome comme philosophie politique militante ("utopie concrète"), avec une bibliographie abondante et variée (à ma surprise notamment en italien), depuis les années 1970 (et dans la continuité avec les conclusions du Club de Rome). Ses conséquences et ses domaines d'investigation semblent très éloignés - du localisme au rôle du travail dans une société "conviviale", de la reconversion industrielle à des systèmes de fiscalité alternatifs, de nouveaux rapports Nord-Sud à la démarche intellectuelle vis-à-vis de l'humanisme et de l'universalisme... Est-ce suffisant pour en faire, selon les ambitions évidentes de ses plaideurs anciens ou contemporains, un paradigme à opposer à la fois au capitalisme et marxisme tout aussi productiviste ?
Ce livre ne me permet pas de répondre, car il pâtit des contraintes de sa forme pamphlétaire. Ainsi, l'on est un peu submergé par l'abondance de références (touche-à-tout?), perturbé par les formules emphatiques-journalistiques (comme le "cercle vertueux en huit 'R' : réévaluer, reconceptualiser, restructurer, redistribuer, relocaliser, réduire, réutiliser, recycler") juste aptes à être retenues, déçu par des hyper-simplifications de sujets à méditer très longuement (ex. sur la question des besoins que la théorie économique classique postule comme infinis : "Je réponds que les besoins acceptables devraient être déterminés par la communauté tout entière - la municipalité" (p. 86)), intrigué par une certaine ambiguïté sur (les conditions de/l'éventualité de) la réalisation de la décroissance :
"Le programme d'une politique nationale de décroissance apparaît comme paradoxal. La mise en oeuvre de propositions réalistes et raisonnables a peu de chances d'être adoptée et moins encore d'aboutir sans une subversion totale. Celle-ci présuppose le changement dans l'imaginaire que la réalisation de l'utopie féconde de la société autonome et conviviale est seule en mesure d'engendrer." (p. 117).
Pourtant, le diagnostic de départ est infaillible: évidence de l'incompatibilité entre la croissance actuelle et les capacités de régénération de la biosphère MAIS quasi inacceptabilité des conséquences de ce constat; la perspective critique très élégante et juste : "Non seulement la société est réduite à n'être plus que l'instrument ou le moyen de la mécanique productive, mais l'homme lui-même tend à devenir le déchet d'un système qui vise à le rendre inutile et à se passer de lui" (p. 21). Ma curiosité est donc éveillée sur cet auteur à la bibliographie séduisante : je pourrai sans doute répondre à ma question du paradigme après avoir lu le Pari de la décroissance.
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Personnellement, j'ai toujours été hostile au terme « décroissance » qui est négatif, et qui dépend de la stratégie de « l'ennemi », pour s'y opposer. D'ailleurs la 4e de couv' annonce qu'il s'agit davantage d'une a-croissance – avec un alpha privatif similaire à celui de l'a-théisme. Mais alors pourquoi persister à employer ce terme, qui renvoie une idée sectaire et loin de réenchanter l'avenir tendrait plutôt à désespérer les laissés pour compte, coincés en bas de l'échelle avec l'ascenseur social en panne. Bien sûr, ce traité dresse un constat impitoyable de toutes les implications de cette croissance effrénée qui scie la branche sur laquelle on est assis. Il puise largement dans les idées d'André Gorz - aka Michel Bosquet, l'un des co-fondateurs du "Nouvel Obs", à une époque où les pseudonymes étaient en vogue dans différentes cellules ! Serge Latouche fait preuve d'une certaine condescendance vis-à-vis de ceux qui rendent grâce à la croissance de les avoir pourvus de chaussures alors qu'ils étaient va-nu-pieds. Et de la condescendance au mépris, il n'y a qu'un pas. Sûr d'avoir raison, et bien campé sur des principes et des analyses, l'auteur oublie de faire preuve d'empathie (caritas) – si les idées écologiques gagnent du terrain, les résultats sont toujours maigres et sur le plan politique, la vague néo-populiste montre qu'il ne suffit pas toujours d'avoir raison pour convaincre.
SL condamne aussi un peu vite les apports des Lumières et de l'universalisme. Les crimes du colonialisme doivent-ils nous faire abandonner la notion de « droits de l'homme » et de l'égalité « homme-femme » pour un relativisme de bon ton ? Il s'en défend mais peine à convaincre. « L'utopie féconde » et les expériences locales suffiront-elles à infléchir le cours des choses, par la force de la vérité ? On peut en douter. le capitalisme a réussi à investir de nouveaux champs – über – air-b&b ..., qui semblaient davantage relever d'un espace d'échanges non marchands. Sur le plan des voies et moyens concrets, le traité semble un peu court, face aux formidables intérêts en jeu et à la force du système à exploiter la collaboration des "petites mains" que nous sommes peu ou prou, à notre insu de notre plein gré, comme dirait l'autre.
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Le but affirmé de cet ouvrage est de synthétiser la pensée décroissante et dans cette optique, il rempli bien son rôle.
Malgré un style pas très avenant, assez jargonneux et pleins de renvoient en bas de pages, la lecteur est quand même facile.

On apprend que cette idéologie n'est pas nouvelle et trouve vraisemblablement ses origines dès le dix neuvième siècle. Ce courant de pensée ne serait «ni de droite ni de gauche» il existerai donc une décroissance de droite comme de gauche, comme il existe une anti-décroissance de gauche et de droite. Cela dit, on ne voit pas très bien qui dans «la droite» se revendiquerait de la décroissance, sachant que Serge Latouche classe Nicolas Hulot, Corine Lepage ou Yann Arthus Bertrand comme «pas de gauche»

Force est de constater que le model proposé par les «objecteurs de croissances» ne galvanise pas les foules. Ni les pays du nord et encore moins les pays du sud n'en veulent et cela n'intéresse finalement qu'un publique de convaincus d'avance. Ce livre leurs donne quelques arguments pour des discussions de bistros enflammés (la discussion, pas le bistro !)
Si désormais Pierre Rabhi l'égérie bobo du tout Paris à été rattrapé par la brigade et fait maintenant figure de vieux con pétainiste par tout ceux qui l'avaient encensés, Serge Latouche n'a rien à craindre de se côté là : c'est un bon gros gauchiste sans fausses notes doctrinal. Ainsi les contradictions vont bon trains : promouvoir l'économie local tout en pourfendant l'état nation, sans même que ne soit prononcé de tout le livre (sauf erreur de ma part) ce mot immonde, totalitaire, éminemment fasciste qui est celui de... Frontières !
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Citations et extraits (25) Voir plus Ajouter une citation
Le projet de la décroissance est donc une utopie, c'est-à-dire une source d'espoir et de rêve. Toutefois, loin de se réfugier dans l'irréel, il tente d'explorer les possibilités objectives de sa mise en oeuvre. D'où le qualificatif d'"utopie concrète" [...] La décroissance est donc un projet politique, au sens fort du terme, celui de la construction, au Nord comme au Sud, de sociétés conviviales autonomes et économes, sans pour autant être un programme au sens électoral du terme : elle ne s'inscrit pas dans l'espace de la politique politicienne, mais vise à rendre toute sa dignité au politique.
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Tous les régimes modernes ont été productivistes : républiques, dictatures, systèmes totalitaires, que leurs gouvernements fussent de droite ou de gauche [...] Tous ont posé la croissance économique comme une pierre angulaire de leur système inquestionnable. Le changement indispensable de cap n'est pas de ceux qu'une simple élection pourrait résoudre en mettant en place un nouveau gouvernement ou en votant en faveur d'une autre majorité. Ce qui est nécessaire est beaucoup plus radical : une révolution culturelle, ni plus ni moins, qui devrait déboucher sur une refondation du politique.
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La sollicitude du Blanc qui s'inquiète de la décroissance au Sud dans le louable dessein de lui venir en aide est suspecte. " Ce qu'on continue d'appeler aide, souligne justement Majid Rahnema, n'est qu'une dépense destinée à renforcer les structures génératrices de la misère. Par contre, les victimes spoliées de leurs vrais biens ne sont jamais aidées dès lors qu'elles cherchent à se démarquer du système productif mondialisé pour trouver des alternatives conformes à leurs propres aspirations."
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Trois ingrédients sont nécessaires pour que la société de consommation puisse poursuivre sa ronde diabolique : la publicité, qui crée le désir de consommer, le crédit, qui en donne les moyens, et l'obsolescence accélérée et programmée des produits, qui en renouvelle la nécessité.
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[A propos du concept de développement durable] Il s'agit à la fois d'un pléonasme au niveau de la définition et d'un oxymore au niveau du contenu. Pléonasme, puisque le développement est déjà une self-sustaining growth ("croissance durable par elle-même") pour Rostow. Oxymore, puisque le développement n'est ni durable ni soutenable.
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Vidéo de Serge Latouche
Interview vidéo du club de réflexion Galiléo Concept Alsace.
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