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EAN : 9782755505887
208 pages
1001 Nuits (06/04/2011)
3.71/5   26 notes
Résumé :

Les uns ne jurent que par elle quand les autres s’offensent que le mot soit prononcé. Que recouvre l’idée de décroissance, qui ne semble pas être la même pour les uns et les autres ? Surtout, elle charrie son lot de contresens et de controverses. Nombreux sont les opposants à cette idée, qui utilisent des arguments de plus ou moins mauvaise foi.

À droite comme à gauche, les critiques fusent : comment éliminer la misère dans nos contrées san... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Vers une société d'abondance frugale/Serge Latouche
Il n'a échappé à quiconque s'intéressant un tant soit peu à l'évolution des sociétés que notre société de croissance mondialisée est malade de sa richesse. La promesse de cette société d'apporter le bonheur pour tous a failli. de plus en plus de population se trouve exclue de cet eldorado annoncé pour sombrer dans la pénurie. L'abondance consumériste de plus n'a pas engendré le bonheur des bénéficiaires. Par ailleurs, il est à noter que les gens heureux sont de mauvais consommateurs, d'où l'idée de l'abondance frugale pour être heureux, l'ivresse joyeuse de la sobriété choisie comme dit l'écologiste Ivan Illich.
La crise financière et économique actuelle de notre société capitaliste de consommation n'a à ce jour suscité comme solution chez nos édiles qui au lieu de s'attaquer aux causes se contentent de lutter contre les symptômes, que l'austérité ou la relance : la première conduit à la misère pour la plupart de la population et la seconde la dégradation encore plus accentuée de notre planète. Il faut donc trouver autre chose.
Quand on constate que la part la plus importante des recettes fiscales ne sert plus à financer le fonctionnement de l'État mais à engraisser les détenteurs de titres, c'est qu'il y a quelque chose qui ne va pas.
Dans la première partie de son opuscule, l'auteur fait un état des lieux en proposant par petites touches des solutions parfois toutes simples. Encore faut-il que la volonté générale soit d'actualité ! Ce qui est loin d'être le cas.
Le but à atteindre serait « une société où les besoins et le temps de travail seraient réduits, mais où la vie sociale serait plus riche parce que plus conviviale. » (Patrick Mundler)
La machine de la croissance est condamnée sinon à s'arrêter du moins à se mettre en veilleuse sur un régime de croisière. Car l'insuffisance de terres fertiles, l'épuisement des ressources minières et les limites de la planète elle-même sont des paramètres inéluctables.
« L'actuelle augmentation de l'utilisation des ressources naturelles semble accroître les coûts écologiques plus vite qu'elle n'augmente les avantages de la production, ce qui nous rend plus pauvres et non plus riches. »
Herman Daly propose une société « qui ne consomme pas les ressources plus vite qu'elles ne se renouvellent et ne rejette pas de déchets plus vite qu'ils ne sont absorbés. »
La croissance durable est non seulement une erreur mais encore une impossibilité.
La délocalisation consécutive à la mondialisation est une aberration : les exemples ne manquent pas. « Les USA, riches en bois, importent des allumettes du Japon, pays qui doit s'approvisionner auprès des entreprises pilleuses des forêts indonésiennes, quand dans le même temps les Japonais importent leurs baguettes des USA…La tête de laitue de la vallée de Salinas en Californie arrive sur les marchés de Washington après 5000 km de route et consomme pour ce seul transport 36 fois plus d'énergie qu'elle ne contient de calories. Lorsque la laitue arrive à Londrès par avion, elle a consommé 127 fois l'énergie qu'elle contient. »
Le système de production a été déterritorialisé.
« Il faut à présent relocaliser, produire et consommer local afin de réduire l'empreinte écologique. Pour cela le démantèlement de la grande distribution est nécessaire. Il faut reterritorialiser l'ensemble de la vie. »
Mais il ne faut pas faire un contresens : la société de croissance sans croissance est la pire des choses et n'a rien à voir avec le projet de décroissance. Une forte réduction du temps de travail imposé est la première mesure à prendre. Conjointement à la relocalisation et la reconversion écologique (agriculture bio et création d'emplois à teneur écologique), cette mesure créerait les conditions d'une baisse du chômage.
Recycler, réparer, transformer : c'est produire autrement. C'est aussi conduire « la productivité globale à la baisse en abandonnant le modèle thermo-industriel, les techniques polluantes, l'usage inconsidéré des énergies fossiles et les équipements énergivores. »
Changer le mode de vie et juguler les passions tristes : l'ambition, l'avidité, l'envie, l'égoïsme : c'est aussi par là que la décroissance frugale a des chances de voir le jour.
Concrètement, la règle des 8 R est à mettre en vigueur : réévaluer, reconceptualiser, restructurer, relocaliser, redistribuer, réutiliser, recycler. Utopie peut-on répondre !
Il est vrai ; mais il faudra bien « que l'altruisme prenne le pas sur l'égoïsme, la coopération sur la compétition effrénée, l'importance de la vie sociale sur la consommation illimitée, le local sur le global, le relationnel sur le matériel ». En un mot changer le paradigme.
L'auteur ensuite se penche sur la question de savoir si la décroissance implique une réduction drastique de la population. Chacun se fera son idée, mais il apparaît clairement qu'une réduction très progressive de la population permettrait d'éviter le cauchemar d'une réduction brutale à travers des guerres, des massacres, des famines qui à terme sont inéluctables. L'auteur développe ce chapitre en donnant les ingrédients permettant cette réduction (p. 141). le problème de la démographie doit être abordé avec sérénité mais il est clair qu'une croissance infinie est incompatible avec un monde fini.
Autre problème : « la surconsommation carnée des riches, sources de problèmes sanitaires, mobilise 33% des terres arables de la planète en plus des 30% des terres émergées constituant des pâturages naturels. Une diminution relative de l'élevage avec amélioration du traitement du bétail permettrait, à la fois de nourrir une population plus nombreuse et de façon plus saine et de diminuer l'émission de CO2. »
La question centrale est de savoir si ce mouvement sera imposé par les événements, par des politiques autoritaires, par des méthodes fondées sur la coercition, voire sur la barbarie, ou s'il résultera d'un choix volontaire. »
La croissance est-elle nécessaire pour éliminer la pauvreté du Nord ? Pas sûr quand on voit que la croissance des inégalités du Nord ne fait que s'accélérer avec un paupérisation psychologique provoquée par l'accroissement des besoins réels ou artificiels non satisfaits.
Comment résoudre le problème de la misère des pays du Sud avec la décroissance ?
L'auteur se livre à une étude sérieuse pour affirmer que la croissance à perte de vue n'est pas la bonne solution pour ces pays.
Et les pays émergeants ? Il est clair que la croissance économique chinoise à deux chiffres pose un problème planétaire et le destin du monde et de l'humanité repose très largement sur les décisions des responsables chinois.
Alors l'auteur de poser la grande question : l'idée de cette décroissance pour une abondance frugale est-elle une utopie ? Qui peut soutenir un tel programme ? La révolution se fera –t-elle par le bas ou par le haut ? Sera-t-elle prolétaire ou élitiste ? Quelle force sociale porte une alternative ? L'auteur indique quelques pistes avec prudence et cite l'exemple de pays comme l'Équateur et la Bolivie qui refusent le développement à l'occidentale et les multinationales.
Alors, l'abondance frugale, un rêve ou un espoir ? En tout cas un pari qu'il faudra tenir !
En bref, un très bon petit opuscule qui fait réfléchir et trace quelques voies pour un avenir qui ne soit l'apocalypse. À lire absolument.

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Gandhi a dit : ‘'Vivre plus simplement pour que tous puissent simplement vivre''. Cette Citation résume le feuille de route des ‘'objecteurs de croissance''.

La décroissance est une notion souvent critiquée, essentiellement parce qu'elle est mal comprise et assimilée, à cause de son préfixe négatif, à la croissance négative ou à la croissance zéro. Il n'en est rien, et Serge Latouche est le fervent défenseur de cette idée qu'il devient urgent de mettre en oeuvre dans les pays occidentaux, afin de donner l'exemple aux pays en développement.

Ce petit livre analyse donc le ‘'contresens et les controverses sur la décroissance'' (c'est le sous-titre d'une livre) pour remettre les pendules à l'heure sur le sujet.

Croissance négative, techno phobie, incompatibilité avec la démocratie, appel à la dictature, aux communautarismes, volonté d'éliminer le trop plein de population…
Que d'idées erronées, montrant l'incompréhension du concept de décroissance.

La décroissance est en fait la volonté de rupture avec la société de croissance à tout prix, avec le consumérisme excessif qui caractérise la société occidentale aujourd'hui. Il s'git de donner aux hommes un nouveau projet de société.
Cette notion s'est développée en réponse à la faillite de la quête du bonheur promit par une société de croissance.
Comment sortir du cercle infernal de la création illimitée de besoins et de produits, et de la frustration que cela engendre ?
Les partisans de la décroissance vont donc chercher à lutter contre la croissance à tout prix, celle-ci se faisant au détriment de la nature et de l'avenir de l'environnement mondial, qui est limité. Les ressources de la planète ne sont pas extensibles, nous n'avons pas plusieurs planète à notre disposition !

Mais ATTENTION : la décroissance n'est pas un retour à l'âge de pierre, le progrès est là, accepter, et les sciences doivent être utilisée pour le bien de tous, et non dans un but lucratif. Il doit servir le ‘'mieux-vivre'' des hommes au lieu de renforcer le capitalisme : encourager la chimie verte au lieu des molécules toxiques, accroitre l'éco-conception des produits, leur durée de vie…

En conclusion, la décroissance est une critique radicale du libéralisme et de la société de consommation.
Il y a un espoir, dans certains pays d'Amérique du Sud, Equateur et Bolivie, l'avenir de cette notion semble avoir des bases solides. Ces deux pays placent la nature comme un droit à respecter, qu'on ne peut pas aliéner, et inscrivent dans leur constitution non pas le PIB par habitant mais la recherche du ‘'bien-vivre''
Tout n'est pas perdu !

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Derrière ce titre en forme d'oxymore qui fait penser à la pauvreté radieuse ou à la frugalité enrichissante, se cache le développement du concept de « décroissance » qu'il ne faut pas confondre avec le « développement durable » dont les médias nous rebattent les oreilles et qui n'est qu'une imposture dans la mesure où il ne permet pas de quitter la croissance. En effet, la décroissance n'est pas la négation de la croissance ni la croissance négative, mais une sortie véritable et librement assumée de la société de consommation. Un système qui ne consomme pas les ressources plus vite qu'elles ne se renouvellent et ne rejette pas les déchets plus vite qu'ils ne sont recyclés. En gros moins de travail, mais une vie sociale plus riche et plus conviviale.
Sans ce livre, Latouche tord le coup à bon nombre d'idées reçues et de controverses amenées par ce concept relativement nouveau (quoique Ivan Illich et quelques autres dans la lignée de Gandhi l'aient déjà largement présenté dans les années 1970 de l'autre siècle sans obtenir un grand écho). Ainsi la décroissance permettrait de revenir ou de se rapprocher très largement du plein emploi ne serait-ce que par la relocalisation de l'ensemble des productions vitales et par les gisements d'emploi fournis par les énergies alternatives et le bio. Ainsi 20% d'électricité solaire et éolienne pourrait-il créer 240 000 emplois et 100% d'agriculture biologique en créerait 1 million ! Ce programme s'articule sur quatre axes principaux : 1/ Rejet des techniques polluante et abandon du modèle thermo-industriel.
2/Relocalisation
3/Création d'emplois à teneur écologique
4/Changement des modes de vie et suppression des besoins inutiles (publicité, tourisme, déplacements inutiles etc...)
Et peut se résumer en 8 termes, les 8 R : Réévaluer- reconceptualiser – Restructurer – Relocaliser – Redistribuer – Réduire – Réutiliser – Recycler. Tout un programme pour lequel Serge Latouche ne cache pas les difficultés à être mis en pratique. Un livre passionnant pour qui s'intéresse à ces sujets.
Lien : http://www.etpourquoidonc.fr/
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Certes, c'est une utopie. Certes, chacun y oppose des arguments. Cependant, l'idée d'une société fondée sur la décroissance apparaît clairement comme la solution à l'engrenage infernal dans lequel s'est enfermée notre société. Serge Latouche démontre que la croissance comme fondement d'un monde de consommation a atteint ses limites. Non seulement a atteint ses limites mais se prépare à devenir une arme contre elle-même.
Pourtant, et c'est le hic majeur : qui se sent capable de revenir à des fonctionnements de micro organisation ? Qui désire abandonner une bonne partie de son confort au profit d'un fonctionnement plus proche du rythme de la nature ? Peu de gens. Ceux qui sont conscients que c'est une question de survie de l'espèce, peut-être. Un ouvrage intéressant qui invite à considérer que le fonctionnement actuel du monde n'est pas une fatalité, que nous pouvons envisager de vivre autrement.

Lien : http://ixelcoccinelle.eklabl..
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critiques presse (1)
NonFiction
19 septembre 2011
Dans cet ouvrage, Serge Latouche propose un projet alternatif à notre société de consommation autour de la notion de décroissance. Il nous invite à une réflexion utile et nécessaire sur l’avenir de notre système capitaliste.
Lire la critique sur le site : NonFiction
Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Cultiver son jardin, cuire son pain, faire ses yogourts, faire son marché et cuisiner soi-même, etc. peuvent être autant source de satisfaction personnelle et de plaisir pour les amateurs que des impératifs environnementaux
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Vivre plus simplement pour que tous puissent simplement vivre (Gandhi)
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la société de décroissance se propose de faire le bonheur de l’humanité par l’autolimitation, pour aboutir à l’abondance frugale.
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Vidéo de Serge Latouche
Interview vidéo du club de réflexion Galiléo Concept Alsace.
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