AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782707148490
210 pages
La Découverte (09/11/2005)
4.16/5   44 notes
Résumé :

Pollution des rivières, embryons congelés, virus du sida, trou d'ozone, robots à capteurs... Comment comprendre ces "objets" étranges qui envahissent notre monde ? Relèvent-ils de la nature ou de la culture ?

Jusqu'ici, les choses étaient simples : aux scientifiques la gestion de la nature, aux politiques celle de la société. Mais ce traditionnel partage des tâches est impuissant à rendre compte de la prolifération des " hybrides ". D'où ... >Voir plus
Que lire après Nous n'avons jamais été modernes : Essai d'anthropologie symétriqueVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Plouf !

Avons-nous eu raison de faire le grand partage entre Nature et Cultures ? Sur quoi se base-t-il ? En quoi a-t-il permis à nos sociétés de dominer toutes les autres ? Jusqu'où est-il pertinent ? Est-il réel ?

Qu'est-ce que la modernité ? Pourquoi avons-nous l'impression qu'elle est en panne ? Pourquoi sommes-nous postmodernes (ou antimodernes) ? Avons-nous jamais été modernes ? Faut-il nous reconnaître comme non modernes ?

Comment peut-on penser le relativisme avec les autres sociétés ? Sommes-nous réellement si différents des sociétés « traditionnelles » ? L'ethnologie peut-elle nous aider à nous connaître nous-mêmes ? A quelles conditions ?

La science a-t-elle réellement désenchanté le monde ? La science et les technique ne continuent-elles toujours pas à l'enchanter ? Pourquoi avons-nous tant de mal à penser, à gérer aujourd'hui, les enjeux de notre Monde ? Quels changements conceptuels pourraient nous aider à gérer notre présent et notre avenir ?

Devrions-nous revenir à un peu de modestie ? Ou mieux, de lucidité ?

Essai éblouissant, mais ardu (pour moi), audacieux, et finalement optimiste, qui incite à tout repenser.
Commenter  J’apprécie          70
Ceci est un livre de référence pour l'étude anthropologique des Modernes. Mais il n'est pas du tout aisé d'accès. J'ai eu beaucoup de problèmes autour de plusieurs et surtout les sources philosophiques et scientifiques d'il y a plusieurs siècles.
Mais le principal est retenu, c'est à dire, que nature et culture ne doivent pas être systématiquement séparés. Que les deux s'interpénètrent et façonne l'autre côté.
Que l'homme occidental a séparé ces deux termes. Qu'il s'en ai servit pour assujettir le monde et le dominer. Oui oui on vient chez vous, on apporte la connaissance par que nous, nous sommes à part et nous expliquons la nature et la culture. Les deux ensembles, houla, vous êtes vraiment des primitifs. Voilà comment l'on peut exterminer les indiens, ou coloniser la planète, en donnant un statut de sous-homme.
Mais une fois que l'on a redécouvert ces sociétés, que l'on s'est intéressée à leur explication du monde, nous avons appris des choses.
Avant cet ouvrage de Bruno Latour, personne n'avait essayer de comprendre l'Europe occidentale en réunissant nature et culture. Basta les modernes, adieu les pré-modernes, au revoir les post-modernes... Nous pouvons dorénavant étudier notre partie de la planète de la même manière que ce que l'on faisait en ethnologie. On peut l'expliquer de la même façon et non nous ne sommes pas à part dans ce monde et nous ne sommes pas supérieur.
Bref un ouvrage de référence, magistral, mais qui fait du bien à lire.
Commenter  J’apprécie          30
Décrié car bousculant pas mal les catégorisations intellectuelles, ce livre est une révolution, un coup de pied à ceux qui se croient modernes et civilisés, une bonne remise en question à l'heure du tout écologique ! Dans la lignée de Levi-Strauss et notamment Race et histoire ! A lire absolument, que vous soyez scientifiques ou non, quitte à sauter les passages trop techniques!
Commenter  J’apprécie          60

Citations et extraits (12) Voir plus Ajouter une citation
p. 156 L’erreur des modernes sur eux-mêmes est assez facile à comprendre une fois que l’on a rétabli la symétrie et que l’on prend en compte à la fois le travail de purification et le travail de traduction. Ils ont confondu les produits et les procédés. Ils sont cru que la production de rationalisation bureaucratique supposait des bureaucrates rationnels ; que la production de science universelle dépendait de savants universalistes ; que la production de techniques efficaces entraînait l’efficacité des ingénieurs ; que la production d’abstraction était elle-même abstraite, que celle de formalisme était elle-même formelle. Autant dire qu’une raffinerie produit du pétrole de façon raffinée, ou qu’une laiterie produit du beurre de façon laitière ! Les mots science, technique, organisation, économie, abstraction, formalisme, universalité désignent bien des effets réels que nous devons en effet respecter et dont nous devons rendre compte. Mais ils ne désignent en aucun cas les causes de ces mêmes effets. Ce sont de bons substantifs mais de mauvais adjectifs et d’exécrables adverbes. La science ne se produit pas de façon plus scientifique que la technique de manière technique, que l’organisation de manière organisée ou l’économie de manière économique. Les scientifiques de paillasse, descendants de Boyle, le savent bien, mais dès qu’ils se mettent à réfléchir à ce qu’ils font, ils prononcent les mots que les sociologues et les épistémologues, descendants de Hobbes, placent dans leur bouche.
Commenter  J’apprécie          140
Que faire si nous ne pouvons plus avancer ni reculer ? Déplacer notre attention. Nous n’avons jamais ni avancé ni reculé. Nous avons toujours trié activement des éléments appartenant à des temps différents. Nous pouvons trier encore. C’est le tri qui fait le temps et non pas le temps qui fait le tri. Le modernisme – et ses corollaires anti- et postmodernes – n’était qu’une sélection faite par un petit nombre au nom de tous. Si nous sommes plus nombreux à récupérer la capacité de trier nous-mêmes les éléments qui font partie de notre temps, nous retrouverons la liberté de mouvement que le modernisme nous déniait, liberté qu’en fait nous n’avions jamais vraiment perdue. Nous n’émergeons pas d’un passé obscur qui confondait les natures et les cultures pour parvenir à un futur où les deux ensembles se sépareront enfin nettement grâce à la continuelle révolution du présent. Nous n’avons jamais été plongés dans un flux homogène et planétaire venu soit de l’avenir, soit du fond des âges. La modernisation n’a jamais eu lieu. Ce n’est pas une marée longtemps montante qui refluerait aujourd’hui. Il n’y a jamais eu de marée. Nous pouvons passer à autre chose, c’est-à-dire revenir aux multiples choses qui ont toujours passé de façon différente.
Commenter  J’apprécie          96
C'est cette exploration d'une transcendance sans contraire qui fait de notre monde un monde si peu moderne, avec toutes ces nonces, médiateurs, délégués, fétiches, machines, figurines, instruments, représentants, anges, lieutenants, porte-parole et chérubins. Quel monde est-ce là qui nous oblige à prendre en compte, à la fois et dans le même souffle, la nature des choses, les techniques, les sciences, les êtres de fiction, les religions petites et grandes, la politique, les juridictions, les économies et les inconscients ? Mais c'est notre monde. Il a cessé d'être moderne depuis que nous avons substitué à chacune des essences les médiateurs, les délégués, les traducteur qui leurs donnent sens. C'est pourquoi nous ne les reconnaissons pas encore. Il a pris un air ancien avec tous ces délégués, des médiateurs et des traducteurs à la maison, chez lui, dans son propre collectif. L'anthropologie s'était faite sur fonds de science, ou sur fonds de société, ou sur fonds de langage, elle alternait toujours entre l'universalisme et le relativisme culturel et nous en apprenait finalement bien peu sur "Eux" comme sur "Nous".
Commenter  J’apprécie          40
L'import-export des deux Grands Partages
"Nous, les Occidentaux, sommes absolument différents des autres", tel est le cri de victoire ou telle est la longue plainte des modernes. Le Grand Partage entre Nous, les Occidentaux, et Eux, tous les autres, depuis les mers de Chine jusqu'au Yucatan, depuis les Inuit jusqu'aux aborigènes de Tasmanie, n'a pas cessé de nous obséder. Quoi qu'ils fassent, les Occidentaux apportent l'histoire dans les coques de leurs caravelles et de leurs canonnières, dans les cylindres de leurs télescopes et les pistons de leurs seringues à vacciner. Ce fardeau de l'homme blanc, ils le portent tantôt comme une tâche exaltante, tantôt comme une tragédie, mais toujours comme un destin. Ils ne prétendent pas seulement qu'ils diffèrent des autres comme les Sioux des Algonquins, ou les Baoulés des Lapons, mais qu'ils diffèrent radicalement, absolument, au point que l'on peut mettre d'un côté l'Occidental et, de l'autre, toutes les cultures puisqu'elles ont toutes en commun d'être justement des cultures parmi d'autres. L'occident, et lui seul, ne serait pas une culture, pas seulement une culture.
Commenter  J’apprécie          40
Je n'en puis plus d'être accusé, moi et mes contemporains, d'avoir oublié l'Être, de vivre dans un bas monde vidé de toute sa substance, de tout son sacré, de tout son art, ou de devoir, afin de retrouver ces trésors, perdre le monde historique, scientifique et social dans lequel je vis. S'appliquer aux sciences, aux techniques, aux marchés, aux choses, ne nous éloigne pas plus de la différence de l'Être et des étants, que de la société, de la politique, ou du langage.
Réels comme la nature, narrés comme le discours, collectifs comme la société, essentiels comme l'Être, tels sont les quasi-objets que les modernes ont fait proliférer, tels il convient de les suivre en redevenant simplement ce que nous n'avons jamais cessé d'être, des non-modernes.
Commenter  J’apprécie          40

Videos de Bruno Latour (26) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Bruno Latour
Mardi 31 mai 2016, Bruno Latour, philosophe et sociologue des sciences, auteur de Face à Gaïa a été présent sur le plateau des Mardis des Bernardins. L'occasion pour la Lettre de la recherche de vous avoir proposé un entretien avec celui qui à travers les sciences, les techniques, l'économie, l'esthétique et la théologie pensait l'introduction des êtres de la Terre dans le processus politique.
Le Collège des Bernardins est un espace de liberté qui invite à croiser les regards pour cheminer dans la compréhension du monde et bâtir un avenir respectueux de l'homme.
Pour tout savoir de l'actualité du Collège des Bernardins, suivez-nous sur les réseaux sociaux
Facebook : https://www.facebook.com/CollegedesBernardins/ Twitter : https://www.twitter.com/CBernardins Instagram : @collegedesbernardins
+ Lire la suite
autres livres classés : modernitéVoir plus
Les plus populaires : Non-fiction Voir plus


Lecteurs (214) Voir plus



Quiz Voir plus

Charade-constat

Première saison d'une épopée

Iliade
Bible
Saga
Genji

6 questions
83 lecteurs ont répondu
Thèmes : sociologie , météorologie , vacancesCréer un quiz sur ce livre

{* *}