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EAN : 9782246270614
247 pages
Grasset (02/10/1982)
3.33/5   20 notes
Résumé :

Mlle Beaunon est un personnage singulièrement romanesque. De dimanche en dimanche, nous découvrons qu'elle ne ressemble guère à la légende qu'elle s'est faite au bureau, dans son immeuble et dans sa famille. Elle n'est pas vierge, elle drague dans les musées, elle refuse toute liaison suivie, se débarrasse de chaque homme en inventant un faux nom. Mlle Beaunon est, sinon mythomane, du moins fabulatrice. Si elle drague c'... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Yvonne Beaunon, une secrétaire effacée vivant encore dans la vénération de son patron décédé, Paul Bâche, le héros d'un précédent roman « Les Sous-ensembles flous », cache en réalité une personnalité bien affirmée. Elle aime le sexualité à ses heures, cumule les aventures sans lendemain, utilise les musées pour accrocher ses proies dans un subtile jeu de regards, d'approches, de paroles échangées, de complicité par l'esprit jusqu'à celle des corps quelques heures plus tard. Mais un jour, une attirance réciproque pour un certain Olivier Gréard, à qui elle a donné une fausse identité. Il faudra toute la persévérance de celui-ci pour retrouver la trace de son aventurière pour que les deux tourtereaux se retrouvent enfin, à la toute fin du roman.

En marge de cette intrigue pleine d'humour et de légèreté, l'auteur, qui a la plume facile et fine (Prix Goncourt 1971 pour « Les Bêtises »), intercale des chapitres bien moins intéressants, plutôt superficiels. Par exemple, Yvonne se voit confier la garde d'un chat, elle l'apprivoise comme elle peut, s'attache à lui, il s'enfuit, elle le cherche partout, une amie lui offre un chat en remplacement, on retrouve le premier chat, elle vit donc avec deux chats qui se jalousent, etc.
Autre exemple, elle déménage dans l'ancienne maison rachetée de son regretté patron et se fait inviter par le châtelain du coin, occasion d'un repas sans intérêt. D'autres intrigues sont disséminées au cours du récit. Pourtant l'essentiel et le plus intéressant est bien l'histoire entre Yvonne et Olivier. le livre aurait pu être très drôle, il n'est amusant que par instants.

Au final, comme pour un autre roman de Jacques Laurent « L'inconnu du temps qui passe », cet éparpillement dessert l'ensemble, et la quatrième de couverture, une nouvelle fois, met justement en avant ce que je n'ai pas aimé :
« La plus délicieuse des fantaisies préside au dernier roman de Jacques Laurent, qui enchaîne avec une grâce parfaite, tant elle est libre et désinvolte, les motifs, les situations, les sentiments, les objets, les réflexions, les digressions, les rebondissements de l'action les plus inattendus et les plus hétéroclites, autour d'un personnage féminin hautement insolite, qu'on verrait bien appartenir au monde de Giraudoux. » Jacqueline Piater, le Monde
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Un très beau passage sur les chats
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Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
* La gêne lui était nécessaire, elle aimait être gênée, elle en cherchait même l’occasion et ce vice avait orienté et désorienté sa vie. Le mot vice lui était familier, tout en restant obscur. Depuis longtemps elle se savait vicieuse mais elle ne voulait pas savoir en quoi.

* Se rappelant que sa poubelle était pleine elle la descendit en chemise de nuit. C’était une de ses audaces. Au rez-de-chaussée, il lui fallait atteindre le réduit où elle vidait sa poubelle. Plusieurs fois il lui était arrivé d’avoir été rencontrée, dans cette tenue, et d’avoir profondément goûté sa gêne.

* Parmi les motifs qui poussaient Mlle Beaunon à fréquenter les musées la drague tenait sa place. Elle considérait que ces lieux favorisaient particulièrement les rencontres. On n’est pas pressé, on se côtoie, on troque facilement un voisin pour un autre, ce qui est impossible dans une salle de spectacle. Poser ensemble son regard sur le même objet incite à un échange d’impressions.

* Elle avait eu affaire à plusieurs sortes de dragueurs. Le gai, entreprenant et sûr de lui que le plus souvent elle refusait. Le triste que n’effleure aucune arrière-pensée ; il veut simplement vous emmener dans un café pour vous raconter sa vie et plus particulièrement ses malheurs ou encore discuter écologie, politique, télévision ; il faut parfois plus d’une heure pour se débarrasser de lui. L’idéal était représenté par un homme d’un âge variable, éventuellement marié, qui était juste un peu timide et ne savait pas trop comment s’y prendre pour passer aux actes. Si Mlle Beaunon aimait se sentir gênée, elle aimait aussi que son partenaire partageât cette gêne.
Jamais elle n’avait vécu une liaison ni renouvelé une rencontre même satisfaisante. Donnant libre cours à son imagination elle trouvait toujours une nouvelle fable pour démontrer qu’on ne pouvait pas aller chez elle. L’homme ignorait son adresse ou, s’il insistait, en obtenait une fausse. Son métier, sa situation de famille, son origine étaient autant de sujets autour desquels chaque fois elle improvisait avec le même plaisir. L’homme était obligé de chercher lui-même le lieu de leurs étreintes… Quels que fussent les détails de séjour et de séjours et de parcours, elle appréciait avant tout les petites difficultés qui jalonnaient le passage d’une conversation prudemment nourrie d’idées générales à des considérations plus personnelles et à l’apparition du projet précis autour duquel le flou se maintenait parfois assez longtemps, jusqu’au moment où le règne du cru s’instaurait.
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Le Larousse lui apprit que le caribou était un renne dans le langage des indigènes du Canada. Au mot renne elle obtint des renseignements plus nombreux sur ce mammifère ruminant de la famille des cervidés qui atteint un mètre cinquante de haut. Le dictionnaire félicitait cet animal d’être sobre et résistant et de posséder des bois à andouillers aplatis en palette qui lui rendaient grand service pour découvrir les lichens sous la neige. Le petit caribou d’os ressemblait assez à celui de l’illustration mais il avait la tête baissée probablement pour brouter, encore que cette position donnât à ses bois une attitude menaçante.
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Elle acceptait plus facilement de modifier une opinion claire qu’une opinion fumeuse. Elle avait par exemple tenu pour clair le mépris que le souvenir de son père lui inspirait et croyait même ne guère penser à lui mais un matin, ayant surpris Paul Bâche très occupé à faire reluire avec le bout de son écharpe de laine un petit vase de cuivre toujours posé sur son bureau, elle avait soigneusement écouté l’explication qu’il lui fournissait avec la volubilité d’un coupable qui s’est fait pincer en flagrant délit : il n’aimait pas ce vase et ne le conservait toujours auprès de lui que parce que son père y était très attaché.
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Mais elle ne jouait jamais les séductrices, s’estimant à peine capable d’être séduite, parce que sous le regard des autres, étant vêtue, elle se ressentait fade comme certaines viandes qui sont tendres et honnêtes mais qui ne retiennent par aucun attrait goûteux. Persuadée que l’on séduit mieux par le ton des paroles que par leur contenu elle n’avait jamais cherché ce ton parce qu’elle avait d’emblée renoncé à l’obtenir. Il y avait de la modestie dans son cas, et peut-être de la paresse, bien qu’elle fût travailleuse au bureau et chez elle. Cette modestie n’allait pas jusqu’au renoncement, bien au contraire.
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Le souci de situer une œuvre dans le contexte de son époque lui aurait donc paru incompréhensible. Elle ignorait l’histoire de l’art. Dans les musées et les expositions elle achetait volontiers des reproductions qu’elle classait à sa guise dans des cartons à dessin. Il lui était aussi arrivé de se procurer des livres qui concernaient des tableaux qu’elle n’avait pas vus à Paris mais achetait-elle un ouvrage sur Cranach qu’après avoir découpé les photographies elle jetait sans regret le reste, bien résolue à ne jamais comprendre qu’on pût traduire l’œuvre d’un peintre en mots et en signes de ponctuation.
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Jacques Laurent évoque son passage à Vichy .
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