Yvonne Beaunon, une secrétaire effacée vivant encore dans la vénération de son patron décédé, Paul Bâche, le héros d'un précédent roman «
Les Sous-ensembles flous », cache en réalité une personnalité bien affirmée. Elle aime le sexualité à ses heures, cumule les aventures sans lendemain, utilise les musées pour accrocher ses proies dans un subtile jeu de regards, d'approches, de paroles échangées, de complicité par l'esprit jusqu'à celle des corps quelques heures plus tard. Mais un jour, une attirance réciproque pour un certain Olivier Gréard, à qui elle a donné une fausse identité. Il faudra toute la persévérance de celui-ci pour retrouver la trace de son aventurière pour que les deux tourtereaux se retrouvent enfin, à la toute fin du roman.
En marge de cette intrigue pleine d'humour et de légèreté, l'auteur, qui a la plume facile et fine (Prix Goncourt 1971 pour «
Les Bêtises »), intercale des chapitres bien moins intéressants, plutôt superficiels. Par exemple, Yvonne se voit confier la garde d'un chat, elle l'apprivoise comme elle peut, s'attache à lui, il s'enfuit, elle le cherche partout, une amie lui offre un chat en remplacement, on retrouve le premier chat, elle vit donc avec deux chats qui se jalousent, etc.
Autre exemple, elle déménage dans l'ancienne maison rachetée de son regretté patron et se fait inviter par le châtelain du coin, occasion d'un repas sans intérêt. D'autres intrigues sont disséminées au cours du récit. Pourtant l'essentiel et le plus intéressant est bien l'histoire entre Yvonne et Olivier. le livre aurait pu être très drôle, il n'est amusant que par instants.
Au final, comme pour un autre roman de
Jacques Laurent «
L'inconnu du temps qui passe », cet éparpillement dessert l'ensemble, et la quatrième de couverture, une nouvelle fois, met justement en avant ce que je n'ai pas aimé :
« La plus délicieuse des fantaisies préside au dernier roman de
Jacques Laurent, qui enchaîne avec une grâce parfaite, tant elle est libre et désinvolte, les motifs, les situations, les sentiments, les objets, les réflexions, les digressions, les rebondissements de l'action les plus inattendus et les plus hétéroclites, autour d'un personnage féminin hautement insolite, qu'on verrait bien appartenir au monde de
Giraudoux. » Jacqueline Piater, le Monde