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EAN : 9782130785583
108 pages
Presses Universitaires de France (04/05/2016)
2.5/5   3 notes
Résumé :
Et si nous nous trompions ? Et si les attentats-suicides n'avaient rien à voir avec la guerre ? Et s'ils n'avaient rien à voir avec la religion ? Et si, même, ils n'avaient rien à voir avec quelqu'idéologie que ce fût ? Que se passerait-il si, en réalité, ce dont les kamikazes se voulaient les terrifiants acteurs était une simple surenchère appartenant au domaine des images ? En posant cette question, retraçant l'arc courant des premières explosions-suicides à la fi... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Un essai court, incisif, détonnant (humour noir) ! de Sutter est inégal dans ses essais, parfois très verbeux, mais celui-ci est l'un de ses meilleurs ! Il part de l'attentat-kamikaze perpétré par un terroriste près du Stade de France jusqu'à en faire des détours cinématographiques (blockbuster), parce que le responsable n'est rien d'autre que cela : un être esthétique. On est évidemment bien loin de "l'éloge" du kamikaze, mais il est vrai que le kamikaze réalise une "OPA esthétique hostile" (quelle trouvaille littéraire), en retournant toutes les caméras du monde vers lui (ou ce qu'il en reste). Je recommande notamment de cet auteur "L'âge de l'anesthésie".
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Très déçue par ce livre dont je n'ai pas réussi à saisir le développement. L'auteur part dans des digressions que je n'arrive ni à suivre ni à cautionner en mêlant kamikaze à extase, mêlant les genres en des propos à mon sens peu cohérents... mais ce n'est que mon avis.
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Philosophie et histoire, cinéma et pop culture, impossibilité du grand récit politique : une robuste tentative théorique à propos du difficilement pensable.

Sur le blog Charybde 27 : https://charybde2.wordpress.com/2019/07/22/note-de-lecture-theorie-du-kamikaze-laurent-de-sutter/
Lien : https://charybde2.wordpress...
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Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
Paris, vendredi 13 novembre 2015, 21 h 20. Le match de football amical opposant les équipes d’Allemagne et de France au Stade de France avait commencé depuis un gros quart d’heure, sans qu’aucune action décisive ne fût à signaler, lorsqu’une explosion puissante résonna, suivie, quelques instants plus tard, de deux autres. Aussitôt, après la première explosion, les équipes de sécurité évacuèrent le président de la République, François Hollande, tandis que le match se poursuivait, et que l’équipe de France finissait par marquer deux buts contre l’équipe allemande – un résultat honorable. Même si les spectateurs du match ne s’en rendirent pas compte, les trois explosions constituaient le moment inaugural d’une vague d’attentats qui, ce soir-là, frappèrent plusieurs lieux de la ville, faisant cent quatre-vingt-onze morts et trois cent cinquante-deux blessés. Elles étaient les seules, pourtant, qui signalèrent le déclenchement de bombes – les autres attentats prenant la forme de massacres, à l’arme automatique, de consommateurs attablés à la terrasse de cafés plus ou moins branchés, ou du public d’un concert de rock. Mais il ne s’agissait pas de bombes quelconques : celles qui explosèrent dans les parages du Stade de France avaient pris la forme de ces ceintures d’explosifs rendues célèbres par les auteurs d’attentats-suicides qui s’étaient multipliés au Proche-Orient. Ce que les spectateurs du match de football avaient entendu, c’était le bruit de trois hommes se faisant sauter, et tentant d’emporter dans la mort ceux qui se trouvaient, par malheur, dans les parages – mais ils étaient peu nombreux, à cette heure-ci. Les trois attentats-suicides ne causèrent, en plus de celui de leurs auteurs, que le décès d’une seule personne, ainsi que des blessures plus ou moins sévères à une dizaine d’autres, suscitant l’incrédulité des observateurs, qui se demandèrent ce qui avait bien pu leur passer par la tête. Le Stade de France était plein à craquer, et le président Hollande siégeait dans la tribune officielle : pourquoi les trois terroristes décidèrent-ils de faire exploser leur bombe dans une zone et à un moment où ils ne risqueraient guère de produire de dommage substantiel ? Les développements de l’enquête ne fournirent aucun élément de réponse, autre qu’hypothétique, à cette question, tandis que les théories avancées par les journalistes et les experts devenaient de plus en plus extravagantes. La seule chose certaine, pour les uns comme pour les autres, était que le nom qu’il convenait de donner aux auteurs des attentats-suicides de ce vendredi 13 novembre était un vieux mot japonais, entré dans l’actualité à la fin de la Seconde Guerre mondiale : le nom de « kamikaze« .
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Le kamikaze est un être esthétique : il appartient au régime des apparences, dont il sature pour un moment l'écologie entière, rendant invisible tout ce qui n'est pas le flash de l’explosion supposée l'emporter dans une apothéose de lumière. Le nombre de victimes causées par l'attentat, ou l'ampleur de la destruction des bâtiments qu'il a entrainée, n'est que l'instrument de mesure de l'intensité de cette saturation ; en soi, elle n'en forme qu'un des moyens - mais à aucun titre la fin. Ce dont il s'agit, pour un kamikaze, c'est de parvenir à ce que l'image de l'attentat devienne l'image définitoire du moment de son occurrence - qu'elle en devienne l'icône, entrainant le gel de toutes les perceptions qui ne sont pas dirigées vers elle.
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C’était en tant qu’image, davantage qu’en tant que fait brut, que la destruction du World Trade Center s’était présentée, et avait été expérimentée ; son mode d’existence se rapprochait plus de celui du film-catastrophe que de celui du traumatisme intime. Du reste, rappelait Baudrillard, les images télévisées qui avaient tout arrêté dans le monde entier pendant plusieurs heures appartenaient au domaine du déjà-vu ; elles étaient la répétition d’autres images, tirées du répertoire des blockbusters hollywoodiens. À certains égards, elles pouvaient même prétendre en constituer un – dès lors qu’un blockbuster est avant tout cela : un dispositif médiatique dont l’objet est de « faire sauter le quartier », de réduire la concurrence à l’état de ruine par l’intermédiaire d’une OPA esthétique hostile. L’ironie terrible de ce dispositif était que, pour parvenir à « faire sauter le quartier », il fallait en effet réduire en cendre un bloc entier d’immeubles – c’est-à-dire montrer ce que l’on était en train de faire, en même temps qu’on le faisait. De Star Wars de George Lucas à Die Hard de John McTiernan, de True Lies de James Cameron à Lethal Weapon de Richard Donner, jusqu’aux principaux représentants de ce qu’on a appelé le « destruction porn« , les blockbusters racontent toujours des histoires d’immeubles qu’on fait sauter. C’est-à-dire qu’ils racontent le triomphe de la lumière de l’explosion sur l’infrastructure matérielle du monde – le triomphe des images du cinéma (ou de télévision), en tant que flash lumineux, sur les immeubles supposés constituer la matière du monde. En détruisant, à coups de Boeing, les deux plus hautes tours de la ville la plus cinématographique du monde, les kamikazes du 11 septembre 2001 avaient permis de comprendre combien un attentat n’a jamais d’autre but qu’impressionner. C’est-à-dire qu’il n’a jamais d’autre but que celui de saturer de lumière une plaque sensible, afin d’y produire une certaine « excitation » des particules posées à sa surface – à l’instar des sels d’uranyle utilisés par Henri Becquerel lors de ses expériences sur les rayons X.
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Ce qu’un kamikaze détruit, c’est l’ordre du visible – ou plutôt : ce qu’il rend visible est le caractère de ruine de l’ordre du visible, et la fiction qui se soutient de ce que celui-ci aurait quelque chose à dire d’une réalité politique, morale, religieuse, esthétique, etc. Le kamikaze est l’agent de la ruine de la représentation du monde, au lieu d’être l’agent de la ruine d’une représentation du monde, comme ne cessent de le marteler tous ceux pour qui il incarne un « phénomène de société » reconnaissable. Pour le dire autrement : au lieu du lieutenant d’une idéologie ou d’une religion, le kamikaze est le lieutenant du réel de ce par quoi toutes les idéologies et toutes les religions sont mises en scène à l’âge des médias – c’est-à-dire sont représentées par eux. Ce réel, c’est celui de l’obscénité de l’excitation avec laquelle sont accueillies les images du sublime – la jouissance, éprouvée par tous, à propager la sidération provoquée par le spectacle de la destruction, et à jouer les arbitres dans la compétition pour la visibilité.
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Le kamikaze est un être de l'âge des images ; sa nouveauté consiste en son appartenance à un monde ayant confié la production d'images à des dispositifs techniques - à des médias conçus pour produire ou recueillir les événements lumineux.
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