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sur 394 notes
« Il n'est pas bon que tout le monde lise les pages qui vont suivre ; quelques uns seuls savoureront ce fruit amer sans danger. » (p. 7) Ces paroles de l'auteur, le comte de Lautréamont, avertissent le lecteur dès le début du premier chapitre des Chants de Maldoror. Je n'en ai pas tenu compte et bien mal m'en prit. Oh, je me suis rendu jusqu'à la fin et je n'en ai pas été traumatisé, mais je n'en ai pas tiré profit non plus. À l'occasion, un extrait, une phrase ont attiré mon attention, parfois ma curiosité, mais c'est tout. Ainsi, je peux reconnaître le génie mais il n'est pas dans mes goûts, malgré toute l'originalité et l'ingéniosité avec laquelle le comte de Lautréamont manie la langue. Dire que j'ai attendu si longtemps pour lire cette oeuvre !

Peut-être aurais-je dû lire les Chants de Maldoror, un peu comme je le ferai pour n'importe quel oeuvre d'Emil Cioran. Mais la violence et la monstruosité du propos sont poussés à des niveaux extrêmes que j'en ai été détourné. Pourtant, je ne suis ni prude ni choqué facilement, j'aime bien un polar sanglant à l'occasion. Dans les Chants de Maldoror, la dépravation morale et la suite d'actes immoraux commis par le protagoniste sont tellement gratuit que même le le marquis de Sade en rougirait ! À cela s'ajoute que je ne suis pas fan de ces romans trop obscurément surréalistes, malgré tout le génie dont leurs auteurs font preuve. Par exemple, je n'ai jamais accroché aux Gargantua et Pantagruel. Un rendez-vous littéraire manqué.
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Bon. Vous parler de ce livre ne va pas être aisé, car son contenu est fichtrement obscur, aussi bien par son contenu que par sa forme. Obscur et complexe, certes, mais une oeuvre que j'ai trouvée génialissime.

Maldoror, c'est l'histoire du mal, de la cruauté, de la perversité. Au début, tu ne sais pas trop ce qu'il est ou qui il est, car il semble prendre différentes figures, se métamorphose d'une fois sur l'autre. Est-il un homme ? Est-ce une sorte d'âme du mal ? A la fin, tu n'en sais pas plus qu'au début, en fait… Et en plus, une fois il s'adresse directement au lecteur, en utilisant le Je, n'hésitant pas à partager avec son lectorat ses pensées les plus sombres. Et la fois suivante, le récit est raconté à la troisième personne, faisant de Maldoror un personnage plus distant, et donnant ainsi une impression de juger ou d'analyser les actes de Maldoror.

Un conseil, ne cherchez pas une intrigue dans ces chants, car il n'y en a pas. chaque chapitre raconte des bribes d'histoires, tour à tour cruel, tyrannique, sauvage…(ajoutez ici tous les synonyme du mot Mal). Ces hauts méfaits, qui parfois semblent n'avoir ni queue ni tête, sont entrecoupés des réflexions, bien souvent négatives, de Maldoror. Ou de l'auteur lui-même… on peut se poser la question, tant la frontière entre les deux apparaît par moment bien fine.

Alors voilà, Les chants de Madoror c'est sombre au possible, c'est une lecture qui ne se laisse pas apprivoiser facilement, mais c'est quand même vachement bien, parce que c'est diablement bien écrit.
D'abord ça s'appelle des chants, et le titre est juste, car il s'agit bien ici d'une épopée racontée en proses. C'est une sorte de chanson de gestes, un peu comme la chanson de Roland, mais avec un héros qui, au lieu de sauver des vies, fait le mal autour de lui.

Le texte part dans tous les sens, c'est vrai. Plusieurs fois, enfin, presque tout le temps, je me suis demandée où voulait en venir l'auteur, avec toutes ces digressions, avec ces actes d'une barbarie sans nom. J'ai été non pas choquée, mais abasourdie par les détails foisonnants de scènes macabres, dont les descriptions font tout simplement froid dans le dos. C'est une non-histoire obscure, mais bon sang qu'elle est bien écrite, cette non-histoire !! Même les passages les plus sordides sont emplis de poésie. Les mots sonnent beau et cru en même temps. Je me suis surprise à apprécier cette apologie du Mal, comme une vile tentation que l'on répugne à bannir. Je savais que les monstres étaient omniprésents, prêts à surgir à tout moment de cette lecture, mais je ne pouvais lâcher ce livre, parce que la prose de Lautréamont est belle, qu'il use de mille et unes façons pour tenir le lecteur en alerte. Quand ce n'est pas une description machiavéliquement belle d'un crime, mettant en avant toute son horreur, ce sont les pensées de Maldoror, et ses digressions intellectuelles qui prennent forme, et là encore, on se laisse porter par la prose. Enfin, il y a ces moments de pure poésie, où l'on se dit qu'enfin, Lautréamont laisse tomber son obscurantisme pour nous offrir quelques moments de répits. Avant de réaliser qu'en réalité, ce n'est que pour mieux prendre le lecteur à revers, et lui balancer de manière plus subtile la part sombre de Maldoror.

Essayer de comprendre Les chants de Maldoror, c'est limite impossible. Mais c'est quand même génial. En réalité, c'est génial par ce que c'est complètement tordu… et faut être tordu de vouloir absolument tout comprendre à cette oeuvre.
Lien : http://voyageauboutdelapage...
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Ce recueil de textes, profondément noirs, est une découverte pour moi.
Poésie en prose, surréaliste, cruelle, évoquant le mal, la douleur.
Je l'ai lu par épisode, en prenant le temps de lire chaque texte, seul moyen pour moi de pénétrer cette prose très obscure, parfois à la limite du non-sens voir du n'importe quoi (ex 1er texte du cinquième chant).
Chaque chant commence souvent par des images cauchemardesques, puis un entrelacement de mots dont émerge une introspection qu'on pourrait prendre pour une réflexion philosophique, mais dont le nihilisme fait un peu peur : clairement l'auteur apparaît comme fou, schizophrène.
Les mots sont beaux, et quand on accroche à la première image, (un monstre, une falaise... ) ils évoquent immédiatement et puissamment des images fortes et rémanentes, qui me font penser au monde plus récent du mouvement hardcore/hardrock métal. Certains chants restent hermétiques, notamment quand on n'arrive pas à accrocher le sens général du premier tableau, d'autres sont de véritables chefs-d'oeuvre !
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Mes parents m'ont bercée avec Thiéfaine, chantant quelques airs pour m'endormir le soir comme Je t'en remets au vent ou Stalag-Tilt.
Petite, les textes du chanteur résonnaient comme des comptines :
La Cancoillotte, Anaïs, Maison Borniol ou encore l'agence des amants de madame Muller me faisaient tout autant rire que La famille Tortue et Pirouette Cacahuètes.
A l'adolescence, la poésie de ses paroles me bouleversait, sorte de mode d'emploi idéal à la mélancolie et les contradictions qu'englobe l'âge ingrat. J'ai usé jusqu'à la corde le vinyle de l'album Soleil recherche Futur .
Adulte, j'embrassais toute la culture, les références, la maîtrise de la langue et la complexité de l'univers de l'artiste. Je serais incapable de faire un classement de mes chansons préférées de Hubert-Felix mais s'il y en a une qui m'a profondément touchée, c'est Les dingues et les Paumés.
Elle m'initiait à tant de sentiments, posait des mots sur des émotions et m'ouvrait tant de livres, dont un qui me troublait : Les Chants de Maldoror du Comte de Lautréamont.

L'ouvrage paraît en 1869, dans un relatif anonymat. Il est rapidement oublié, de même que son auteur, mort quelques années plus tard. Philippe Soupault, Aragon ou encore Andrée Breton en font un manifeste du mouvement surréaliste et lui donnent ses lettres de noblesse. Magritte, Dali, Modigliani seront bouleversés par les chants du Compte.
Les chants de Maldoror est une oeuvre poétique, en prose, composée de six chants où l'on fait connaissance avec un héro négatif, cruel et pervers. La structure des chants donne le sentiment qu'ils ne sont pas liés entre eux alors qu'ils servent tous un même but ; celui de conter le Mal, l'ironie et le blasphème. On s'abîme dans les réflexions de Maldoror ou dans celles de l'auteur, perte de repères volontaire qui permet à l'imagination de s'exprimer sans aucune limite.
Ce recueil est difficile à aborder mais la noirceur du verbe côtoie la luminosité de la plume et vous enveloppe dans une couverture passionnelle. Je n'ai jamais lu de description aussi sordide qui contenaient autant de poésie. Parce que là est la force du Compte : il est poète au sens le plus noble. Il vous enchaîne à ses mots, vous livre des réflexions d'une intensité rare tout en mettant en avant l'horreur, dans une apologie du Mal qu'on se surprend à apprécier.
Apprécier ? Que dis-je à adorer. le compte s'est affranchi des codes, tant sur la forme que sur le contenu et a cessé de poser des limites à son imagination. Il ouvre grand la porte de son âme pour nous la livrer sans concession. Une lecture qui vous transporte, vous anéanti et vous délivre dans une mélopée dévastatrice.
« Il n'est pas bon que tout le monde lise les pages qui vont suivre ; quelques uns seuls savoureront ce fruit amer sans danger. » Voici comment l'auteur vous accueille en tout début de recueil. J'y ajouterais que si seuls certains seront rassasiés par le récit, tout lecteur sera touché par la grâce des mots. Les chants de Maldoror sont une folie littéraire, une fulgurance, un diamant noir.

Écouter l'ami Thiefaine est une exercice de poésie à lui seul. Tant ses mélodies vous électrisent, tant ses rimes et références vous interrogent. Il manie si bien la langue française qu'on doute souvent de ce qu'on entend et donc de ce qu'on comprend. Hubert-Felix joue avec la culture et nourrit la vôtre au-delà de la satiété. Dans cette unique chanson, le chanteur vous renvoie à Baudelaire, Hölderlin ou encore Cervantes. Chacune de ses créations vous ouvre des portes, personnellement j'ai franchi ses seuils avec délices et n'ai certainement pas terminer mon périple. Par lui je me suis initiée à la philosophie cynique par Diogène, aux moralistes par Plutarque et aux écrits de Nietzsche. J'embrassais les oeuvres d'Antonin Artaud, Charles Belle, Edward Hopper, Fra Angelico, Fantin-Latour ou encore Ingmar Bergman.
Mes lectures s'agrandissaient avec celles de Lord Byron, Aloysius Bertrand, Dante, Rimbaud, François Villon, Nerval et John Milton. Je me passionnais pour Lilith, Eurydice, Savonarole , Antigone, l'alchimie, les mythologies et l'Inquisition.
Longtemps artiste intimiste, Thiefaine est enfin mis en lumière sur la scène francophone. Fort d'une trentaine d'album studio et Live, je ne peux que vous inviter, voir vous sommer de plonger dans l'univers foisonnant de Thiéfaine !
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Je ne sais pas vraiment par où commencer car ce livre est déroutant.

Cet ouvrage a été pour moi la transcription de la beauté de la langue française dans son aspect le plus substantifique. Cette prose inhale la poésie et la maîtrise du discours. Elle m'a éblouie comme peu d'ouvrages l'ont fait (voir les extraits du poème Ode au Vieil Océan dans les citations, étant mon passage préféré).

Ce qui est assez paradoxal et peut-être ce qui représente le génie de cette oeuvre, c'est que la beauté et l'horreur se recouvrent et s'entrecoupent tout du long. C'est aussi pourquoi j'ai été assez désemparée dans mes émotions. Si les descriptions sont d'une perfection dans les mots choisis et dans leur formulation poétique, elles sont souvent macabres, sadiques, polémiques. Ce livre regroupe tout ce que l'homme peut faire de vil: le viol, la souffrance, l'abus, le sadisme, les combats, le péché, tout cela à travers une description fine et précise qui, par moments, soulève le coeur.

Aussi les scènes macabres, sadiques, érotiques, malaisantes représentent la majorité de l'ouvrage, bien que les odes à la nature permettent une bouffée d'air saint dans ce tableau déroutant. Il y a une symbolique par moments que l'on ne comprend pas toujours, à chacun d'interpréter à sa façon les nombreuses allégories, notamment cette obsession autour du divin, et du mal.

Je vous conseille ce livre pour sa beauté, tout en étant consciente qu'il ne peut-être destiné à tous. Il a été transcendant pour quelques lecteurs je le sais, mais pour ma part cela restera une lecture éprouvante (dont j'aurais mis plus d'un an à finir).

Fraternellement
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Le plus grand livre de poésie en prose de tous les temps ?

Allez, oui !

Une re-lecture tous les 5 ans s'impose. A faire lire à ses enfants.
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Si la lecture de ces contes s'avère parfois laborieuse, c'est qu'il ne faut pas, comme l'auteur l'indique, découvrir ces « pages sombres » sans maintenir une diligente « tension d'esprit ». Une fois cette consigne suivie, se plonger dans ces interminables phrases, formées de méandres piégeuses et de circonvolutions promptes à égarer, devient un véritable délice. le style est à l'image du recueil, les phrases à l'image des contes, affranchies des codes, dans la prose comme le contenu.
Le texte est cru et cruel, et certaines âmes trop réceptives pourraient s'imbiber du mal et du mal-être que dégagent ces pages. D'aucuns voient chez Ducasse un défaut de maturité ; mais il semble plutôt qu'il a cessé, lors de la création de ce recueil, de repousser ses pulsions les plus noires, qu'il y a adhéré, et les a magnifiées par une plume faisant violence à la langue française commune.
Accrochez-vous lors de votre lecture, vous serez transporté !
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« C'est le meilleur professeur d'hypnotisme que je connaisse ». Cette phrase, le lecteur doit la prononcer de lui-même à la lecture du texte qu'il a entre les mains, du moins selon le souhait du Narrateur.
Et je dois avouer que j'ai été hypnotisée par ce texte, mal-à-l'aise souvent, à tel point qu'il m'est difficile d'exprimer mon ressenti, puisque j'ai été à la fois choquée ou écoeurée parfois, saisie en tout cas par cette oeuvre qui ne peut laisser indifférent.
Maldoror, qui parfois est le Narrateur, parfois le personnage – et qui parle parfois de lui à la troisième personne, explique le but de l'ouvrage : « attaquer l'homme et Celui qui le créa », en montrant toutes les horreurs, toutes les perversions, et tous les crimes dont sont capables l'homme et son créateur, Dieu lui-même : mutilations d'enfants, pédérastrie, « le Créateur » allant lui-même au bordel violer et torturer un adolescent, ou, devenu ivre, dévorant ses propres créatures plongées dans des excréments, une fillette violée au couteau et par un chien, des poules déchiquetant les traces de sperme sur les cuisses de prostituées... Oui, c'est parfois insoutenable.
J'ai eu l'impression que l'auteur voulait choquer délibérément la société bourgeoise conformiste, mêlant blasphème, violence insoutenable des actes présentés, crudité de certaines expressions – je me demande si ce n'est pas la première fois que les mots « vagin » et « clitoris » sont employés en poésie ; je ne dis pas qu'ils sont vulgaires, mais qu'ils sont considérés ainsi dans la société de la fin pudibonde de la fin du XIX ème siècle. Il y a une insistance sur la sexualité, mais une sexualité sadique, sans amour ni même désir. Et une insistance sur la violence, avec l'image qui revient plusieurs fois d'enfants fracassés – littéralement - sur un mur.
D'autres images qui peuvent choquer, ce sont celles liées à la nature. le texte est peuplé d'animaux sauvages, mais les animaux méprisés, ceux qui sont jugés effrayants : crapauds, tarentule, crabe, poux – l'image des montagnes de poux lâchées dans les villes est répugnante. J'ai trouvé une image plus apaisante, plus poétique pourrais-je dire, celle de la mer, de l'océan. La mer revient plusieurs fois, comme une forme d'apaisement. Je retiens aussi l'image de l'accouplement avec une femelle requin, les deux créatures violentes, cruelles et perverses, se reconnaissent.
Une lecture éprouvante comme rarement pour moi, surtout en lisant de la poésie. Je n'ai peut-être pas toutes les clefs d'interprétation, j'ai lu que Lautréamont avait été redécouvert par les sur-réalistes qui avaient été fascinés par son oeuvre. Je ne suis pas prête à me plonger dans un un bain où aura été dissous un kyste pileux de l'ovaire, trois limaces rouges et un prépuce enflammé », condition posée par le Narrateur pour recevoir sa poésie. Peut-être, pour le dire autrement, y-a-t-il « entre les deux termes extrêmes de [ma] littérature, telle que [je] l'entends », moi lectrice, et « la sienne », à Lautréamont « une infinité d'intermédiaire », et nous n'avons pas la même conception de la littérature. Comme il me l'a demandé, je « ne me fâche pas contre lui si [sa] prose n'a pas le bonheur de [me] plaire » ; je suis sans doute trop « respectable » pour cela. Enfin, je dois dire que d'un point de vue du style, je n'ai pas été éblouie par l'écriture : oui, il y a une accumulation d'images saisissantes, mais je n'ai pas eu envie de lire à voix haute pour écouter le rythme, les sonorités, ce qui est pourtant le cas lorsque je lis de la poésie en prose.
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Abandonné à 30 %, après avoir résisté longtemps à la tentation, en me disant que ça allait peut-être finir par me parler, mais peine perdue. La lecture ne doit pas être une souffrance.
Il paraît que c'est horrible, malfaisant, malaisant, malsain parfois, je suis peut-être plus résistant que la moyenne, mais je n'ai rien vu de tout ça.
Ce que j'ai vu, c'est surtout du délayage obsessionnel et du verbiage fumeux et stérile.
Alors oui, il y a quelques belles tournures de phrase (c'est de la poésie en prose il paraît, donc c'est bien naturel), mais elles cachent bien souvent un vide sidéral.
Je suis incapable de restituer la moindre idée directrice de l'heure et demie que j'ai dû approximativement passer dessus.
Parfois, les raisons pour lesquelles une oeuvre passe à la postérité me dépassent totalement.
Ce fut le cas avec ces Chants de Maldoror.
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Certaines nuits, des cauchemars vous réveillent frissonnant, transpirant, haletant. L'effroi irradie dans vos méninges et l'écho de l'horreur ne se dissipe que lentement.

Qu'est-ce qui est imaginaire? Où est le réel?

Je n'ai jamais eu de rêves aussi sombres que les chants de Maldoror, que les divinités, si elles existent, m'en préservent. L'âme de Maldoror se déverse dans un égout, réceptacle des actes les plus sombres, des pensées les plus sales, des comportements les plus vils.
Ô Maldoror, que ces chants sont horribles et majestueux, répulsifs et ténébreux. du caniveau des salissures humaines, germine une poésie surréaliste malaisante, la plante couverte d'épines à la fleur aux flagrances nauséabondes.

De la plume sort une pisse chaude et visqueuse faisant suinter une littérature magnifique. A la lecture, on chavire au bord des falaises si nombreuses, on compagnonne avec de multiples êtres marins dont les pinces acérées viennent parfois nous chatouiller, souvent nous pincer et fréquemment nous grapiller des états de l'âme.

Maldoror est-il la part odieuse de l'être humain ou la face cachée de nos divinités. le Ying et le Yang, le généreux et le cupide, l'ange et le démon sont-ils si dissemblables ou ne forment-ils pas les deux faces d'une même pièce? Rien de nouveau ici. Cependant les chants de Maldoror parviennent à agréer les abysses de l'horreur et le ravissement d'une écriture céleste.


J'ai aimé détester lire Maldoror tout autant que j'ai détesté aimer lire Maldoror.

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