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EAN : 9782746735606
215 pages
Autrement (15/01/2014)
4.14/5   64 notes
Résumé :
Les ombres s'épaississent, le trottoir est devenu trop haut, le Capitaine hurle de ne plus manger, de ne plus dormir et de s'infliger des coups. Il faudrait fuir, mais le couloir derrière la porte est jonché de crocodiles. Aujourd'hui guérie de cette schizophrénie réputée inguérissable, Arnhild Lauveng est devenue psychologue, comme elle en rêvait depuis toujours. Avec la plus grande sobriété, elle raconte les premiers signes de la maladie, la terreur, les parents e... >Voir plus
Que lire après Demain j'étais folle : Un voyage en schizophrénieVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (13) Voir plus Ajouter une critique
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Arnhild Lauveng nous transporte dans son voyage en schizophrénie, elle nous invite à découvrir cette maladie mentale, sa maladie, puisqu'elle revient de loin, diagnostiquée schizophrène à l'âge de 14 ans, elle va revenir dans le monde réel après plusieurs années d'internement.
Dans son autobiographie, elle revient sur sa maladie et ses conséquences, elle nous livre ses pensées de schizophrène à l'époque où elle était coupée de tout contact avec la réalité. Elle évoque les premiers symptômes comme les hallucinations, les voix intérieures puis sa descente aux enfers, l'isolement, l'hospitalisation en cercle fermé, ses multiples tentatives de suicides, ses automutilations, ses souffrances, ses terreurs, l'indifférence des uns et l'empathie des autres, l'humiliation mais Arnhild nous fait surtout partager son chemin vers la guérison.
Ce livre est un message d'espoir car d'après des études un tiers de patients atteints de schizophrénie guérissent et Ahnhild Lauveng en fait partie. Aujourd'hui elle est psychologue et n'endosse plus le rôle de patiente mais de thérapeute, elle a donc un avantage sur les autres car cette maladie elle l'a vécue.
J'ai été affectée par son témoignage, c'est une femme qui revient de tellement loin et quel courage il lui a fallu pour endurer ce mal, il faut vraiment être accroché à la vie pour supporter toute cette souffrance !

Mais si ce témoignage me touche autant c'est que je connais une personne très proche qui est atteinte de schizophrénie, et je sais à quel point cette maladie mentale est une souffrance au quotidien.
Il s'appelle Guillaume, il a été diagnostiqué schizophrène à 18 ans, depuis 20 ans il se bat contre cette maladie, et ce garçon c'est mon petit frère.
Avant que la maladie ne le touche, Guillaume était un garçon plein de vie, joyeux, heureux, drôle, intelligent et beau, très beau. Enfant, les gens se retournait sur lui et lui disait qu'il ressemblait à un ange ; blond vénitien, les yeux verts et un visage si doux, sa beauté attirait tous les regards mais malheureusement à force d'être admiré, il a fini par croire qu'il était le plus beau ! Il a eu une enfance très heureuse, c'était le petit dernier d'une grande fratrie, choyé par les frères et soeurs et surtout pas mes parents, il est devenu l'enfant roi.
Mais voilà, la maladie est arrivée sournoisement, nous n'avons rien vu, pourtant il y avait des signes avant coureurs. Il a commencé à ne plus accepter la couleur « noir », au point d'arrêter le café, bien sûr nous avons pensé que c'étaient les caprices d'un adolescent.
Et puis ça a été très vite, il s'est intéressé à la religion, à l'époque ma mère très croyante avait à son chevet la bible, il a commencé à la lire et ne plus la lâcher. Il prenait tout à la lettre, ça devenait très inquiétant ! Il ne dormait plus, la nuit il faisait des incantations et mangeait des cailloux. Une nuit, guidé par des voix intérieures, se croyant vêtu de blanc (en fait il était nu), il est sorti de chez mes parents, il a été au bord de l'étang du village, a pris une barque et a jeté tous ses vêtements en plein milieu de l'eau.
Mes parents étaient dans le déni, et je peux les comprendre, c'est dur très dur, et c'est nous frères et soeurs qui avons pris l'initiative de le faire interner...
Il a reçu un traitement de choc, et la première fois que je lui ai rendu visite au pavillon de l'HP, accompagnée de ma mère, j'ai vu un jeune garçon méconnaissable, il avait perdu toute sa beauté, il était terrorisé, j'ai pensé honteusement qu'il serait mieux mort. Et ma mère, pauvre maman je n'ai pas les mots pour exprimer son désarroi quand elle a vu son fils parmi les malades.
Depuis 20 ans Guillaume fait des allers retours à l'HP, la schizophrénie lui a volé sa vie.
Heureusement il connaît de longs moments d'accalmie, mais comme il refuse les traitements chimiques, il les arrête dès qu'il sent qu'il va mieux, et c'est la rechute et inévitablement le chaos, bouffée délirante, paranoïa, dépression, tentative de suicide...
Mon frère est un enfant dans un corps d'adulte, je pense qu'il n'a jamais voulu quitter le monde de l'enfance et son entrée dans le monde des adultes a été brutale.

La schizophrénie souffre d'une mauvaise image, elle suscite le rejet, la peur dans notre société, un schizophrène est souvent comparé à un fou dangereux, mais les personnes atteintes de cette pathologie sont surtout en danger pour eux-mêmes !

Un livre que je conseille vivement pour ceux qui veulent comprendre le monde de la schizophrénie.
Je remercie Babelio de m'avoir sélectionnée pour cette masse critique et je remercie également les éditions Autrement pour l'envoi de « Demain, j'étais folle ».
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Un document très instructif sur la schizophrénie, dans lequel une ancienne malade devenue psychologue raconte sa maladie et sa chance exceptionnelle de s'en être sortie. Ici pas de recettes, pas de généralisations rapides, mais le vécu d'un ressenti personnel analysé avec sincérité, sobriété et modestie, avec en permanence l'idée que la malade est avant tout une personne. le grand intérêt de ce texte est qu'il est une vision de l'intérieur, racontée par la patiente elle même, aidée par l'expérience de son nouveau métier. Pas toujours facile de trier entre ce qui relève du cas particulier et ce qui a un intérêt plus universel, ni sur ce qui aurait pu être mieux fait à quel moment, mais l'expérience de cette femme qui a pu guérir est à la fois un témoignage précieux et un extraordinaire motif d'espoir.
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Quand j'ai vu ce livre dans la liste de l'opération Masse critique qu'organise Babélio, de suite, j'ai su qu'il fallait que je lise ce livre… cette histoire incroyable, mais vraie, d'une malade souffrant de schizophrénie, qui finit par en guérir, qui devient psychologue… et nous raconte sa vie, sa maladie de l'intérieur, et sa guérison. Impressionnant, étonnant et j'avoue passionnant.
Alors avant d'aller plus, je remercie vivement Babélio et les éditions autrement, de m'avoir permis de lire ce récit.
Schizophrénie, maladie mentale… cela fait plutôt peur… et on ne connait pas trop… a-t-on envie d'ailleurs ? Et pour la plupart, en tout cas pour moi, je croyais qu'on n'en guérissait pas. Et bien, il faut croire que si… et que tout n'est pas écrit définitivement sur le monde de la psychiatrie.
Cette autobiographie a l'avantage de nous parler de cette maladie de l'intérieur, par quelqu'un qui en a été atteinte pendant une dizaine d'années… en plus, Arnhild est devenue psychologue, donc cela lui permet d'en parler aussi avec des connaissances en psychologie. Ce n'est pas forcément un livre rigolo, mais pas triste pour autant. Elle nous décrit les choses d'une façon relativement « calme », vue tout ce qu'elle a vécu, les erreurs qui ont été commises dans ses traitements.
J'ai trouvé cette lecture très intéressante car cela m'a permis de comprendre certaines choses, certains comportements… de voir les choses différemment. En même temps, je me dis qu'en ce moment même, au moment où j'écris, des personnes ont été diagnostiquées schizophrène, souffrent énormément, et on ne les écoute pas correctement, on ne les comprend pas correctement, on ne les soigne peut être pas correctement. On oublie sans doute trop souvent, que ces malades ne sont pas que des symptômes, mais aussi une personne avant tout.
Voyage en schizophrénie m'a interpellé aussi, parce que le frère d'une amie a été diagnostiqué schizophrène vers ses 18 ans. Et cela m'a beaucoup marqué.
Ce livre devrait être lu par un maximum de personnes, soignants, familles de malades, malades… Cela peut donner de l'espoir… et peut être faire avancer les réflexions sur les traitements, les diagnostics etc.
Quel bel exemple de courage que le parcours d'Arnhild…
Ah oui, j'allais oublier : La préface de Christophe André, psychiatre, qui enseigne à l'université Paris X et exerce à l'hôpital Sainte-Anne, m'a beaucoup intéressée également.
Franchement, en conclusion, je conseille vivement la lecture de ce livre.

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Une pure merveille!
L'autrice a développé une schizophrénie violente à l'adolescence. Elle raconte son parcours, ses rêves (déjà avant l'arrivée de la pathologie, elle voulait devenir psychologue), l'importance de l'étiquetage ("vous êtes schizophrène"), ses conséquences et surtout l'effet que peut avoir les croyances sur la schizophrénie dans la prise en charge et l'accompagnement des personnes schizophrènes.
Elle s'est battue pour garder espoir alors que le discours ambiant était extrêmement pessimiste. Ce caractère têtu a enervé des soignant·es, mais il lui a permis de ne pas baisser les bras et de se battre à sa manière pour suivre son chemin.

Aujourd'hui psychologue et se considérant guérie de la schizophrénie, elle accompagne des patient·es.

Elle a ce double regard extrêmement enrichissant, incisif, précis, qui sait où regarder, qui sait interpréter en restant au plus près des faits.
Malheureusement, nous vivons dans un monde soin où il y a une frontière, une barrière entre les soignant·es et les patient·es. J'écoute et lis les discours des deux côtés, mais mes préférés sont ceux des personnes à cheval sur cette barrière, ceux qui passent d'un côté à l'autre car cette frontière n'est qu'une illusion. Cela me semble bien plus pertinent et enrichissant à titre professionnel et cela me parle plus à titre personnel (étant moi-même psychologue ET autiste).

C'est un excellent livre qu'on peut facilement conseiller à toute sorte de public: personnes concernées, soignant·es, curieuses; même en ayant aucun lien avec cette maladie ou d'autres pathologies psychiatriques, le livre est très bien écrit (son style d'écriture est hyper fluide, riche, tout en restant facile à lire).

Si vous hésitez à lire ce livre, foncez!
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Voyage en schizophrénie.

Il y a deux ans, je suis allée 10 semaines sur un lieu de stage qui aura changé ma vision des pathologies psychiatriques à tout jamais : un hôpital de jour psychiatrique. Lors de ce stage, une patiente m'a prêté ce témoignage, aussi bouleversant qu'incroyable. L'autrice a cela de particulier qu'elle est aujourd'hui considérée comme « guérie » de ce trouble psychiatrique. Pourquoi ? Comment ? Personne n'a les réponses, pas même elle. Toujours est-il qu'aujourd'hui, elle est psychologue et parle de son expérience dans de nombreuses conférences.

Dans ce récit autobiographique, Arnhild Lauveng nous parle de ses années de schizophrénie. Alors, oui ! Je sais ! On ne guérit pas de la schizophrénie. Néanmoins ... le parcours de cette femme est pour le moins atypique et hors du commun. Au fil des pages, l'auteure nous raconte sa schizophrénie. Les hallucinations et la paranoïa sont choses quotidiennes chez la jeune Arnhild. Son hallucination récurrente ? Un capitaine.

Si au commencement, le capitaine apparaît comme une figure paternelle et bienveillante, Arnhild se rend bientôt compte qu'il la pousse à avoir des comportements dans lesquels elle ne se reconnaît plus. La voix douce et rassurante se transforme, lentement, en un écho plein de rage et de mauvaises intentions. C'est son inconscient qui s'exprime et il en a, des choses à dire. Il crie, il hurle, il pousse à la folie, à l'atteinte à l'intégrité de la personne. Il pousse à la scarification, pour aux envies suicidaires. Un capitaine inconscient, un inconscient destructeur.

Ouvrir ce livre, c'est plonger tête la première dans un univers décalé, à la fois terrifiant et incroyable. C'est commencer à toucher du doigt le concept même de réalité pour ces personnes. Je vous mentirais, si je disais que ce livre est facile à lire, qu'il ne vous trottera pas en tête pendant plusieurs jours, semaines, voire mois. Néanmoins, il s'agit là d'un témoignage à lire, à offrir, à partager et à conseiller. Pour se rendre compte, s'éduquer, s'ouvrir et accepter … que tout ne peut pas toujours être expliqué, mais que la souffrance est là, palpable, à portée de mains, pour ces « fous ».

Un témoignage poignant, qui vous fera ouvrir les yeux sur la schizophrénie.
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Citations et extraits (22) Voir plus Ajouter une citation
Durant une longue période, j’ai été entourée d’assistants rémunérés. Pendant six ou sept années de ma vie, je n’ai eu personne dans mon entourage, hormis ma famille proche, qui soit avec moi volontairement, gratuitement. L’image que j’avais de moi s’en est trouvée modifiée. Certains assistants rémunérés étaient arrogants, indifférents ou négligents, mais en grande majorité ils ne l’étaient pas. Pour la quasi-totalité, ils ont fait preuve de respect, de compréhension et de professionnalisme, ou ils ont essayé. Ils voulaient presque tous m’aider à me construire une bonne image de moi-même, beaucoup m’ont expliqué que j’étais quelqu’un de valable, de bon, et j’en passe. L’effet en était pour ainsi dire nul. Les médecins et les infirmières pouvaient me répéter à l’envi que j’étais quelqu’un de fantastique, la vérité voulait qu’ils soient rétribués pour chaque minute qu’ils passaient en ma compagnie, et que s’ils m’accordaient un peu de temps supplémentaire, volontairement, ce serait déduit de celui qu’ils passeraient avec moi la semaine suivante. Dans ce contexte, que valaient leurs paroles ? Et que valais-je, moi, en fin de compte ?
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(...) elle s'est mariée avec un garçon qui souffre de schizophrénie. Ce n'était pas si clair au début de leur liaison : "Il était simplement pas comme les autres." Puis, peu à peu, la maladie s'est installée et a pris beaucoup de place dans leur couple. Une schizophrénie sévère, avec délires, hospitalisations et difficultés en tout genres. Du coup, leur existence n'est vraiment pas drôle dans les périodes où il va mal, qui sont actuellement fréquentes. Beaucoup de personnes lui ont recommandé de quitter son mari, plus ou moins ouvertement, plus ou moins délicatement. Et dans le lot, pas mal de soignants, médecins, infirmières, ce qui l'a surprise. Elle a toujours refusé : "Vous comprenez, je l'aime. Est-ce qu'on quitte quelqu'un qu'on aime parce qu'il est malade ?" Nous discutons de cela : personne ne nous recommanderait de quitter notre conjoint s'il était atteint de cancer, ou de sclérose en plaques, ou de diabète. On trouverait que ce n'est pas très digne. Alors pourquoi est-on tenté de le faire pour la schizophrénie ?
[dans la préface de Christophe André]
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Ce besoin d’attention que nous manifestons tous au quotidien est évidemment beaucoup plus intense quand nous nous sentons menacés ou en danger. Si quelqu’un tombait d’un quai dans l’eau et se mettait à appeler au secours, il ne viendrait à l’idée de personne de passer devant lui en disant calmement : « Il fait juste ça pour attirer l’attention ». Bien sûr qu’il cherche à l’attirer ! Il est en danger de mort, incapable de se tirer d’affaire, son unique espoir de préserver son intégrité physique et de continuer à vivre est d’attirer l’attention de ceux qui peuvent le secourir.
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Il m’arrive d’entendre des personnes qui ont traversé une crise dire que maintenant, après coup, elles n’auraient pas pu s’en passer. Je n’y arrive pas. Je me souviens à quel point ça faisait mal, à quel point la vie paraissait sans espoir. Je sais toutes les idioties que j’ai faites, contre moi et contre ceux que j’aime. Je sais que les choses auraient très facilement pu mal tourner, et que j’ai une chance incroyable d’être encore en vie. Alors si on m’avait donné le choix, j’aurais voulu éviter cette douleur. Mais c’est sans doute très bien qu’on ne me l’ait pas laissé. Car j’ai beaucoup appris, un savoir que je n’aurais jamais eu la chance d’acquérir autrement. Je suis peut-être devenue meilleure humainement, mais je sais surtout que je suis devenue une meilleure psychologue. Pas parce que mon histoire est générale et polyvalente, mais parce que mes expériences m’ont enseigné qu’il n’y avait pas d’« eux » et de « nous ». Nous sommes tous des êtres humains et rien de plus. Tous différents. Et tous fondamentalement identiques.
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Elle (l'infirmière) avait vu les dessins dans ma chambre, sur lesquels j'avais écrit : " Il n'y a que les oiseaux en cage qui s'ennuient. Les oiseaux libres volent." Elle avait vu que je regrettais de ne plus pouvoir voler, que la cage m'ennuyait.
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