La plus réelle des fictions c’est elle
Tu es la fête rebelle du désir
source du chant jailli d’instinct
riposte vive du feu
et forme inavouée de ses codes
Un besoin d’aimer fait violence
à tout ce qui simple écho des censures
ne peut se dresser en une suite
de petits désordres déterminés
capables de tracer
ta ligne de vie
au milieu de mon poème
Sans ta voix pour la porter
mon écriture ne serait plus jamais la même
Le don
Par un excès d’évidence tu es apparue
La scène éblouit
le sol se remet en marche
semble suivre le courant
Aveugle appuyé au vertige des redites
je doute
Est-ce le signe d’une chute ou l’amorce
en peu de mots d’un univers inconnu
Je tremble
de la nuit qui me déshabite
Descendre à la mer devant Rimouski
Et s’ébauche un surprenant périple
entre un ciel arbitraire
et le courant du large
Il faut accepter de disparaître
à la face du nombre
pour que s’ouvre le cœur
Tu me devins étonné
d’abattre si tôt
des cloisons
L’amour se découvre parfois
à la limite
d’un acte inimaginable
d’intimité
Voici que se déclinent
les alphabets de la tendresse
sur le fil de ta langue lente
— plus tard ta salive
ne suffira plus
à la somme
des caresses
Voici que tu déchiffres
semblables inventaires
dans nos paumes jumelles
Par toi ma vie retrouve ma voix
au pied de la lettre comme un signe
La suite de mes images respirait
dans un énigmatique décalage
il y avait des angles et de l’ombre
dans le parcours lisse
des poèmes que j’écrivais
sans que leurs sens cognent