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EAN : 9782930702568
156 pages
M.E.O Editions (26/07/2013)
4/5   4 notes
Résumé :
Un roman original – ou récit, ou conte, ou allégorie romancée ? – où se déploie, dans une veine fantastique chère à la Belgique, une allégorie de notre monde, cultivant illusions et ersatz dans l'espace confiné d'une ville-forteresse, un univers où le trompe-l'oeil et les masques se déclinent en de multiples motifs.

Dans une ville emmurée où se pratiquent d’étranges rituels, une passeuse clandestine œuvre aux évasions et aux métamorphoses. Le temps d’... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Tout d'abord, je tiens à remercier chaleureusement Babelio et les éditions M.E.O pour l'envoi de ce roman dans le cadre de masse critique.

La Grimeuse est un livre vraiment spécial que j'ai pris beaucoup de plaisir à découvrir. La première chose que j'ai vu, c'est sa couverture que je trouve magnifique et bien évidemment, en lisant le résumé, je n'ai pu que le cocher lors de ma sélection !
J'ai été un peu déroutée par cette lecture...Nous accompagnons le narrateur, que l'on ne connait pas au départ car il ne se "présente" que tardivement dans l'histoire, dans les décombres encore fumants d'une ville. Ce dernier se met donc en quête de nous raconter les évènements qui ont conduit à cette situation.
Les habitants de cette ville particulière, sont eux-mêmes très particuliers...Personne ne sort de cette ville, à part aider par la grimeuse, mais on peut y entrer. Cela m'a un peu fait penser à un camp, une sorte de prison où les gens se "construisent" une vie afin de faire face à leur impuissance et à leur manque de liberté...Mais pour le coup, ils inventent toutes sortes d'animations et de fêtes, qui finissent souvent en orgie apparemment, les moeurs semblent dévergondées mais les mentalités semblent pourtant peu évoluées sur d'autres points comme la jalousie et l'envie. Dans cette ville, on peut faire autant de bien que l'on peut faire de mal...La grimeuse est donc la seule personne à pouvoir changer le destin des habitants en quelque sorte, car elle est la seule à pouvoir les faire sortir de cette enceinte si bien gardée...Cela fait d'elle un personnage très important, que l'on vénère mais que l'on redoute également, car après tout, si elle venait à se décider elle aussi à quitter la ville, qui pourrait les aider eux à le faire...? Alors quand un étranger arrive et semble totalement retourner le coeur de cette grimeuse, l'inquiétude gronde, les langues se délient et le malheur est tout près...

Nous avons droit à une seconde histoire dans ce livre, qui fait suite à la première mais en empruntant juste les décombres de la ville. En effet, un théâtre itinérant s'y 'installe et les protagonistes vont raconter leurs propres histoires...J'ai beaucoup aimé cette lecture également.

Dans un style poétique, l'auteur et sa plume arrive à raconter des histoires totalement différentes mais tout aussi difficile l'une que l'autre. Soline de Laveleye vous emporte dans une petite bulle, en immersion totale dans son monde, un peu à l'image de cette ville coupée de tout...Une bulle qui éclate trop violement pour la rêveuse que je suis.
C'est un conte qui nous est proposé ici, pas un conte de fées malheureusement, mais un conte tout de même, rempli de douceur mais également de noirceur, interprétée par l'Homme, capable du pire comme du meilleur...

Cet univers onirique a su me séduire et m'a fait passé un moment délicieux. Soline de Laveleye est une auteur de talent dont l'univers intriguant nous pousse à découvrir ses autres textes avec un mélange de fascination et d'inquiétude...


Challenge ABC 2015/2016 3/26
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Cette critique entre dans le cadre du Masse Critique du 16 septembre 2015

Généralement, je termine toujours par l’effet que j’ai eu en lisant le livre dont je donne mon avis. Et bien ici, cela sera l’inverse car j’ai savouré ce livre. Ce conte, cette fable m’ont emporté et drapé dans une ronde dont une seconde relecture me sera nécessaire pour y comprendre certaines subtilités qui m’ont échappé. Les métaphores sont légions et font entrer le lecteur dans la danse de cette ville emmurée. Portera-t-il aussi un masque fantasmagorique ? Il y a quelque chose d’indéfinissable dans ce roman court mais tellement empreint d’une marque d’onirique et poétique qui vous drapent dans ce récit où le jeu des masques entre, encore une fois, dans la danse sous l’œil de la Grimeuse et passeuse vers une autre existence. Ce livre m’a fait penser à la nuit et à la couleur bleue, je ne sais pas pourquoi, le bleu-noir, des personnages décalés qui tournent dans la fable. Une véritable mascarade de faux-semblants et de faux-moi. C’est cette emprunte poétique qui m’a fait vibrer et devenir un des personnages de l’histoire. Le style littéraire reste fluide comme une partition musicale voir une rivière d’air qui laisse sentir son passage. Un flux continu et constant. J’ai passé un moment vraiment très agréable en lisant "La Grimeuse" de "Soline de Laveleye" dont je me hâte de découvrir d’autres écrins littéraires comme elle vient de nous offrir avec sa grimeuse. Emportez avec vous, violons et poupées de chiffon. Que celles-ci prennent vie dans le castelet de nos vies.
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De La Grimeuse, j'ai apprécié l'onirisme. L'impression de flotter dans un rêve marqué par une cruauté et une violence larvées. L'ouvrage tient du conte philosophique ou de la fable. Les personnages ne sont pour la plupart que des pantins, des êtres mécaniques ne concevant rien au-delà du rôle qui leur a été assigné dans la ville dystopique de Ciutabel. On sent de ligne en ligne que tout est symbole, même si l'on ne dispose pas de toutes les clefs. A la douceur, aux couleurs vibrantes, à l'exubérance des fêtes, des carnavals, au sucre, l'auteur mêle la noirceur, le sang, et teinte le tout d'érotisme. L'univers visuel de l'oeuvre m'a évoqué des masques d'Ensor égarés dans la série d'estampes de Félix Vallotton "C'est la guerre".

La Grimeuse m'est apparue cependant comme une oeuvre inachevée, le premier jet d'un texte qui pourrait être excellent, notamment parce que le style ne me convainc pas. Il fait illusion brièvement puis traîne en longueur. Je me suis ennuyée. L'histoire gagnerait peut-être à être plus brève. le tout m'a semblé un peu trop désincarné, comme si la violence extrême que souhaitait évoquer l'auteur finissait par s'évaporer en brume dans cet univers dont la seule logique paraît être celle du rêve, et échouait ainsi à véritablement toucher le lecteur.

Merci aux éditions MEO de m'avoir fait découvrir ce joli conte cruel.
Lien : https://mahautdavenel.wordpr..
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La Grimeuse fait pénétrer le lecteur dans une ville coupée du monde (en guerre), dont les habitants (surveillés) se sont inventé un mode de vie burlesque complètement inattendu, entre Carnaval et désespoir, éclats de créativité et suspicion permanente. Une réflexion philosophique décalée sur l'enfermement collectif, sur le sens de la vie, sur les pulsions humaines, sur l'appel de la liberté.

La plume de Soline de Laveleye est exceptionnelle. J'aime son univers à la fois philosophique et poétique, la richesse de ses tournures de phrases, ses métaphores, la sensualité de ses images (à la fois évocatrices pour les sens et remuantes par les émotions qu'elles induisent). Elle manipule la langue française comme une artiste du verbe, c'est un régal de lire (et de relire) chacune de ses phrases, juste pour leur musicalité et leur pouvoir évocateur. J'espère que son roman-fable sera suivi de plusieurs autres !
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
La Grimeuse porte à ces occasions un costume sobre. Un loup cache la partie supérieure de son visage. Sa bouche est peinte, comme ses mains. Son corps se meut rarement, mais toujours avec une extrême délicatesse. La gestuelle est ajourée et le verbe nocturne. Elle est frêle et vigoureuse, douce, lente et très vive à la fois, terrestre, pesante et en même temps très agile. Indéfinissable. Pendant que son visiteur se raconte, il arrive qu'elle se lève et, avec des gestes précis, verse encore du breuvage épicé dans la coupe. Elle l'approche ensuite des lèvres de son hôte. Ses caresses ne se répètent jamais, et pourtant, avec chacun elle use de légèreté et de rudesse, cela je puis l'affirmer. Ses mains, en chemin, tout à la fois frôlent, palpent, se glissent sous les vêtements, rien ne semble leur offrir de résistance. Elle a cette faculté inégalée pour trouver le point sensible, la zone franche, le moment juste. Elle amène peu à peu le visiteur à se perdre ; elle l'arrache et le rend à lui-même tout à la fois. Dans l'histoire qu'elle se met tour à tour à raconter, en réponse à celle qu'elle a entendue, son hôte est convoqué, elle en fait une figure principale, mais sous une autre forme que la sienne. Il n'est pas celui qu'il croit être, il est quelqu'un d'autre, ailleurs, et il n'y a plus de partition, juste quelques notes de départ sur lesquelles il peut improviser. Les mains de la Grimeuse ne cessent de se mouvoir sur son corps, pendant qu'elle lui cantonne : il était une fois, tu étais ci et ça ; il sera des fois, tu seras un autre, toi et toi et toi et d'autres encore ; simplement être, légèrement, infiniment être, débarrassé de toi, débarrassé de ça ; un vol d'étourneau, une danse, la brise, lalala. Ses mots se mêlent à ses baisers, elle les dépose où on ne les attend pas, elle ouvre du bout de la langue des chemins insoupçonnés, opère savamment la métamorphose. Son visiteur s'abandonne à sa science, bas les masques, la peau, la coiffure, les orifices, tout y passe. Le travail se poursuit longtemps, jusqu'à ce que, dans un dernier soupir, elle lui souffle un nouveau nom, celui qu'il portera ailleurs. Alors le visiteur est prêt. Il a reçu la clé. Il peut quitter Ciutabel. Il sort de scène. On ne le reverra plus.
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La Grimeuse a pris un apprenti. Il a trop fière allure, on ne devrait pas. Laisser. L'apprenti. Le voila devenu. Il sait y faire. Il a des mains. Habiles. Le Bricoleur. Faut dire qu'il sait bien y faire. Il a les mains en or. Qui se baladent, oui ! Et quoi ? Si il veut les suivre, ses mains qui l’emmènent toujours plus loin. Jusqu'où iront-ils ? Il était bien ce garçon, il savait y faire.Comme quoi. Il faut toujours se méfier. N'ont qu'à bien ce tenir. On a un rôle a tenir, quand même. Tout de même. On ne peut pas. On ne peut pas laisser. Laisser faire. Laissez-les faire et voila où ça mène. Laisser les chiens sans laisse. On ne peut. Ça non, On ne peut pas. Les laisser faire. Les laisser, faut se méfier. Les laisser. S'échapper. Ça non.
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Am stram gram bienvenue chez moi. Gram stram dam ça y est tu es là, tu verras, tu n'partiras plus. C'est une ville dont on ne s'en va pas.

Am stram gram partir tu voudras. Gram stram dam et bien tant pis pour toi. Si tu t'y colles, tu y resteras. C'est une ville dont on ne décolle pas.

Am stram gram on ne s'en va pas. Gram stram dam c'est parce qu'on n'peut pas. Si tu tombes tu n'te relèveras pas. On t'regarde alors fais bien ça.

Am stram gram l'oiseau lui s'en va. Gram stram dam pourquoi moi j'peux pas ? C'est comme ça, on n'a pas le choix.

Am stram gram bienvenue chez moi...
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Ce n'est pas la même chose. Le Carnaval tourne toujours dans le même sens. C'est un peu comme si nous étions sur un carrousel dont nous ne pouvions plus descendre. toujours le même manège, dont la rengaine se répète sans fin, quelques notes qui reviennent inlassablement. Le cirque, les bonimenteurs, ils venaient d'ailleurs. Ils arrivaient avec des histoires toutes fraîches, restaient quelque temps, et un beau jour, ils pliaient bagage. Nous ne savions jamais quand ils allaient revenir. Aujourd'hui, à Ciutabel, plus rien ne peut venir du dehors qui n'ait été au préalable filtré et dûment étiqueté. Le ville absorbe tout ce qui rentre et ne recrache rien, que de petits os blancs et secs.
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