Avec Arthur, le troisième tome du Cycle de Pendragon, cette série en arrive enfin à ses éléments les plus centraux. Je croyais que cela allait raviver mon intérêt… eh bien, pas tout à fait. le jeune Arthur est maintenant grand, il va devenir Dux puis Grand Roi, rassembler autour de lui des chevaliers de valeur, etc. Mais je suppose que le meilleur reste à venir parce que les aventures racontées ici ne me revenaient pas en mémoire. de plus, je me questionne de plus en plus sur les choix de l'auteur
Stephen Lawhead. Par exemple, j'avais accepté avec scepticisme l'intégration d'Atlantide, mais faire de Guenièvre et de Lancelot des Irlandais plutôt que des Bretons ne me paraît pas du tout nécessaire. Je sais bien que de très nombreuses versions de ces légendes circulent et que, quand on écrit sur elles maintenant, il faut innover, mais certaines décisions sont parfois discutables.
Si le deuxième tome était marqué par les conflits entre les Bretons eux-mêmes puis contre les Saecsens, eh bien, dans ce troisième tome, on remet ça. Arthur doit lutter contre les insurrections des petits rois de Bretagne, dont la plus importante est celle de Morcant, et guerroit contre les Saecsens. Mais voilà que les Angli se mettent de la partie, puis les Irlandais et même les Picti. Bref, on retrouve des batailles, des batailles et… ah oui, des batailles. Dans les romans de fantasy ou historiques, j'aime bien un affrontement épique qui devient le point culminant du roman. Quelques escarmouches préalables peuvent servir à démontrer l'habileté au combat des protagonistes et faire monter les enjeux, mais trop d'engagements me font l'effet contraire. C'est comme s'il n'y en a pas un plus important que les autres, ça me paraît une suite sans fin de péripéties qui ne mènent nulle part. C'est d'ailleurs l'impression que me laisse le roman puisqu'il ne semble pas y avoir d'antagoniste principal, qu'une succession de petits rivaux qui meurent les uns après les autres et qui sont remplacés rapidement par d'autres.
J'en suis venu à me poser la question suivante : pourquoi Arthur, Merlin et les Bretons se battent-ils ? Ils luttent pour leur survie, bien évidemment, mais pour quoi d'autres ? Leurs anciennes coutumes ? J'ai été tenté de répondre qu'elles cédaient devant le christianisme mais je me suis ravisé. Quelles sont-elles au juste ? Elles sont personnifiées par Merlin et le peuple des fées (les Atlantes exilés) puis montrées à travers les tactiques militaires. Quoi d'autres ? Les noms et les appelations ? Je trouve que l'auteur,
Stephen Lawhead, aurait pu mieux représenter leur mode de vie, que ce soit à travers des cérémonies funèbres, des mariages, n'importe quoi ! L'accent qu'il a mis sur la guerre aurait pu être dirigé un peu plus vers la société. À part Morgian (j'y reviendrai plus bas), le seul autre personnage féminin est la reine Gwenhwyvar et elle est très peu présente. Plus de scènes intimes, s'il vous plaît !
Aussi, quand je pense aux légendes arthuriennes, il me vient en tête les aventures des chevaliers de la Table ronde. Ils guerroyaient, bien sûr, mais ils chevauchaient en quête du Graal ! Ça viendra, vous direz, mais j'ose espérer que ce ne fut pas leur seule aventure. Je veux lire des chasses au trésor, des rencontres énigmatiques, du mystère, de la magie, etc. Les principales mésaventures qui ont réussi à me captiver furent les rencontres entre Merlin et Morgian, la reine de l'Air et des Ombres, une sorcière envoûtante, dangereuse et surtout imprévisible. Je souhaite la revoir dans les tomes ultérieurs. Ces épisodes étaient, selon moi, les meilleurs. Je trouve dommage que la relation entre Merlin et Arthur se limite essentiellement à des conseils très techniques, d'ordre politique ou militaire, exception faite de quelques visions du futur. J'aurai souhaité que soient exploités des rapports maitre-pupille d'ordre plus général, portant sur la moralité, le Bien et le Mal, le sens de la vie, des trucs du genre.
Pour finir, un petit index des personnages aurait été le bienvenue, m'aurait facilité un peu la tâche. Il n'y a pas des centaines de noms à retenir mais un certain nombre quand même. Au moins, la carte du début aide à situer les aventures en Bretagne. Et puis, autant finir sur une bonne note : j'ai bien aimé les descriptions des lieux, ils étaient clairs et très évocateurs. Après maints comptes rendus de batailles très techniques, c'étaient des moments où la plume de l'auteur trouvait enfin un peu de poésie. Selon moi, c'est important pour capter cette atmosphère, cet univers celtique et fantastique.