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3,8

sur 1887 notes
Voici l'un de mes plus grands coups de coeur toutes catégories confondues.
N'ayons pas peur des mots, en signant ce roman, David Herbert Lawrence a écrit l'un des plus grands romans mondiaux du XXème siècle. Et dire que j'ai hésité longtemps avant de le lire m'attendant bêtement à être déçue. Quelle andouille !

C'est bigrement bien écrit, une sorte de verve anglo-saxonne douce-amère pas très distante de celle d'Oscar Wilde, et nombre d'épiphores (dédoublements de mots ou de morceaux de phrases éminemment porteurs de sens). Au lendemain de la Première Guerre Mondiale, l'auteur nous livre avec une sensibilité lucide et une grande intelligence de la féminité, sa vision désabusée de l'humanité (dont Clifford semble être le symbole), mais pourtant pas totalement dénuée d'espoir comme le suggère la lettre de Mellors qui clôture le roman.

L'histoire pourrait éventuellement se résumer maladroitement comme suit. Dans la haute bourgeoisie un baronnet anglais épouse une belle écossaise, mais manque de chance se fait raccourcir sitôt après en cette fin de World War I. Notre brave Sir Cliffort Chatterley parvient à rester en vie mais mort dans sa moitié inférieure. Il se retranche dans le château familial de Wragby au coeur des vestiges de ce qui fut la légendaire forêt de Robin des Bois, depuis lors investie par des villages ouvriers et des mines bien plus noirs que l'âme du Prince Jean.

La pauvre Constance Chatterley, s'ennuie à mourir dans son donjon campagnard et les prétentions artistiques et scribouillardesques de son glorieux époux n'y changent rien. Alors elle arpente assidument la forêt qui jouxte le parc du château et tombe inévitablement sur un faux rustre, Oliver Mellors, ancien officier dans l'armée des Indes, réfractaire au milieu mondain et au franc-parler assassin. Ce personnage sans concession va fatalement attirer Lady Chatterley bien que notre garde-chasse patoisant et aux trois-quarts ermite se soit bien juré de ne jamais plus retomber dans les filets d'une femme...

Je vous laisse découvrir la suite si vous avez le bonheur de ne pas la connaître car j'aimerais tant avoir le bonheur de relire ce livre "pour la première fois". Il y a, de surcroît, une épaisseur insoupçonnée dans ce livre qui confine à quelques unes des trois grandes questions métaphysiques : D'où venons-nous ? Qui sommes-nous ? Où allons-nous ?

Prenez plaisir, savourez fort et à pleins poumons cette oeuvre magnifique, du moins c'est mon appréciation, c'est-à-dire, pas grand-chose.
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Avertissement au lecteur. Cette critique ne porte pas sur un livre du rayon jeunesse.

Pour l'anecdote, lorsque j'ai voulu acheter le roman en cadeau pour un anniversaire, je ne l'ai pas trouvé au rayon littérature anglaise, en dépit de la présence d'ouvrages moins fameux de l'auteur, et le libraire m'as répondu le plus naturellement du monde, devant quelques bibliophiles interloqués, « ah mais c'est au rayon littérature érotique ! suivez-moi » #walkofshame.

***

« We fucked a flame into being ». J'ai lu que ce roman était sulfureux. Je me suis dit bon, dans le contexte de l'époque, une cheville qui dépassait et le Parquet de Paris était saisi, attendons de lire.
Quelle ne fut pas ma surprise, en découvrant qu'effectivement le roman n'avait pas volé sa réputation. Des années plus tard, Tennessee Williams, faisait d'ailleurs hurler le personnage de la mère chrétienne, dans La « Ménagerie de Verre » à l'encontre des lectures de son fils Tom :
« TOM: Yesterday you confiscated my books! You had the nerve to—
AMANDA: I did. I took that horrible novel back to the library—That hideous book by that insane Mr. Lawrence. But I won't allow such filth brought into my house!” 

Il fallut un procès dans les années soixante pour mettre fin à une censure de près de quarante ans en Angleterre. Nous ne devons ce chef-d'oeuvre de la littérature qu'à l'obstination d'un homme préférant sa liberté d'expression d'artiste à une carrière plus lucrative.
Dès 1929, un an après la parution du livre, et un an avant sa mort, David Herbert Lawrence se défendait point par point et alertait sur la vision « grise » et hypocrite de ceux qui condamnent l'érotisme, dans son essai testamentaire « Pornographie et obscénité », renvoyant du côté de la publicité la vision dégradante, dissimulée et honteuse de la sensualité. L'écrivain recommandait notamment « une attitude fraiche et naturelle, sans complexe, envers le sexe » comme « le seul remède à l'heure où nous pataugeons, plus ou moins ouvertement, dans l'inondation pornographique. ».

On pourrait ajouter, pour abonder dans le sens de l'auteur, que nous vivons dans une époque soit hypocrite, soit schizophrène : les interdits moraux de notre société (adultère, plaisirs sexuels, prostitution, libertaires, révolutionnaires, fumeurs de cannabis…) sont précisément ceux qui sont célébrés à longueur de temps par la littérature, la peinture, le cinéma, la musique, les séries télé, la publicité, les célébrités…De Madame Bovary à Pretty Woman ou Titanic, de Bob Marley à Che Guevara.

***

Le personnage, Constance Chatterley, fait montre de cette fraicheur chère à l'auteur britannique, elle cherche d'abord à prendre du plaisir d'une façon presque ingénue. Elle ne porte pas la chape de plomb morale des gens de son temps et fait peu de cas des conventions sociales, qu'elle n'ignore cependant pas. Ce n'est pas un esprit provocateur ou pervers, en réalité sa quête de plaisir, elle la mène par simple « bon sens ». C'est avec amusement que je me remémore ce mélange de candeur et de pugnacité qui fait son caractère.

Puis il y a l'amant de Lady Chatterley. Mais lequel ? Car l'histoire est un petit peu plus complexe, et heureusement, que ce que suggère le titre. Il y a l'amant d'avant le mariage de Constance avec Sir Clifford, puis l'amant de la bonne société, Michaelis, aux moyens duquel elle doit chercher son plaisir par ses propres audaces, et c'est d'ailleurs l'occasion de pages sur la jouissance féminine proprement inéditeset enfin l'Amant (il n'est pas de la Chine du nord, mais du comté de Tevershall) : Oliver Mellors le « game-keeper ».

C'est là que le second sujet se superpose à la quête de jouissance, à la naissance du sentiment amoureux, c'est la transgression seconde, l'aristocrate qui s'éprend du garde-chasse. Car là sont bien les deux transgressions du roman de Lady Chatterley. L'adultère n'en est pas un dans cette oeuvre, la proposition de Clifford, impuissant, à Constance en témoigne. Il lui propose d'être en quelque sorte en couple libre, lui souhaitant d'avoir une vie épanouie, et soulignant que la vie à deux sur le long terme ne peut être menacée par quelques relations sexuelles avec un tiers, cela ne compte pas.

La transgression de classe est reflétée par les nombreux échanges entre les personnages qui sont l'occasion pour Lawrence de livrer son analyse sociologique et sociétale de l'Angleterre d'entre-deux guerres. Sir Clifford aime faire la conversation à sa femme. de ces conversations émergent deux positions, Clifford est pour un ordre immuable, et pour la persistance des classes sociales et des apparences, on se demande d'ailleurs s'il n'a jamais vraiment aimé sa femme pour ce qu'elle est, quand Connie n'est pas seulement libérale, mais libertaire. Si elle a l'impression de dépérir à Wragby, le domaine du couple, elle reste pleine d'espoir et va se construire dans les bois, dans ce retour à la nature, loin des mineurs et de l'industrialisation des masses qui la dégoûte, où elle retrouve Mellors, comme immuable.

Le personnage n'est pas le garde-chasse du coin avec son accent à couper au couteau et son dialecte local. Sous ses faux airs sauvages, c'est un homme raffiné, qui a grandi avec les livres, mais qui est devenu narquois et un peu aigri, nous pourrions dire : nihiliste. Il est toujours celui qui contraste avec ses empressements, il la calme, sans la freiner. Connie certes est empressée et enthousiaste mais elle n'est ni capricieuse, ni immature. Elle observe les faits, elle est ingénieuse, et pour elle tout problème a une solution, c'est d'ailleurs elle qui prend le leadership de leur relation. Et quand ils ne font pas l'amour ils en parlent.

Il y a des scènes qui prêtent à sourire, quand Connie observe avec gourmandise « l'amant » – en fait elle le « mate » - en pleine toilette, torse nu dans son modeste jardin (façon « Samantha Jones ») ou encore lorsqu'elle juge son corps, face au miroir (dans une scène qui rappelle anachroniquement Meryl Streep dans « Sur la Route de Madison »).
Roman moderne et plus subtil qu'il n'y parait, pas seulement la diapo d'une Angleterre en pleine industrialisation, d'une femme assumant son plaisir, mais toute la nuance d'une rencontre loin du romantisme mielleux, une rencontre physique des corps, une rencontre des atomes, des phéromones, où l'on dit des bêtises, où l'on se contredit, où l'on doute aussi de ses sentiments, où l'on pense aussi pendant qu'on jouit, où rien n'est automatique : c'est un roman réaliste.

***

“Sex is just another form of talk, where you act the words instead of saying them » D.H Lawrence, qui inspirera la littérature libertine du XXème siècle, d'Anaïs Nin à Henry Miller, est l'exact opposé De Lamartine en ce sens que le sexe est premier alors qu'il est absent chez Lamartine. Mais ce n'est pas une vision hédoniste du sexe à la Kundera ou une vision jugée morbide, par Michel Onfray notamment (Théorie du Corps Amoureux, le Souci des Plaisirs), chez Sade ou Bataille. C'est encore autre chose, une quête du plaisir réciproque et de la jouissance commune des amants, de la découverte des corps et des sens avec pudeur mais sans crainte de nommer les choses, de donner voix au chapitre du désir. On va, comme rarement en littérature, aux confins d'une intimité, d'une altérité, sans pour cela être dans la surenchère du fantasme ou de la perversion. C'est l'intimité nue, pour ce qu'elle est, sans plus.

“I can't see I do a woman any more harm by sleeping with her than by dancing with her...or even talking to her about the weather. It's just an interchange of sensations instead of ideas, so why not?” Il y a une approche plus candide que séductrice. Quelque chose de naïf, spontané, de « normal » et un refus de toute psychanalyse autour du sexe. Tout ne tourne pas autour du « it » ou « ça » freudien.

Le style de Lawrence est plutôt simple. Il y a quelque chose de maladroit, de répétitif, parfois certains passages vous tomberont des mains, mais aussi quelque chose de direct, de fluide, on passe du monologue intérieur au dialogue ou à la relation épistolaire sans transition. Sa technique c'est la réécriture du roman dans son entier, plusieurs fois (il existe en effet plusieurs versions publiées).
Pour ces raisons-là, celles et ceux qui ont un petit niveau d'anglais ou « wordwise » sur leur liseuse, la version anglaise est assez facile à lire. J'attire votre attention sur certaines traductions qui ont fait le choix (j'ai pu le vérifier) de traduire certains mots, volontairement familiers, dans un langage plus neutre ce qui me semble dénaturer pour partie les personnages. Dans la version originale, Mellors parle un « patois » local et certains choix d'éditeurs le font s'exprimer dans une langue tout à fait courante ce qui trahit le roman car ce n'est pas un hasard si le garde-chasse s'exprime – parfois – dans ce dialecte et ce n'est pas neutre pour ses interlocuteurs.

« The world is supposed to be full of possibilities, but they narrow down to pretty few in most personal experience. » Se glisse aussi une réflexion sombre de l'auteur sur la modernité industrielle et sur les inégalités que répète la modernité, une charge contre les machines, contre une jeunesse, celle des années folles, corrompue par l'argent et le consumérisme « the young ones get mad because they've no money to spend. Their whole life depends on spending money, and now they've got none to spend […] If you could only tell them that living and spending isn't the same thing!”

C'est aussi le roman du désir féminin, tant et si bien qu'une lectrice me confiait avoir d'abord cru que l'auteur était une femme. Dans cette capacité à comprendre la femme dans ses ressorts les plus singuliers, qui en fait un auteur profondément intriguant, peut-être que D.H Lawrence « sort du bois ». Car paradoxalement, si son héroïne est une femme, c'est sur le corps de Mellors, sur son charme que s'attarde le plus l'auteur. Ce sont les descriptions des hommes, notamment Clifford et Mellors qu'il réussit le mieux, comme s'il était séduit avec Connie du corps blanc et sec, des cheveux rougeoyants et des reins sculptés du garde-chasse.

Pour ma part, j'avais condamné depuis longtemps l'éclosion de cette « flamme de pentecôte », mais c'est un roman qui va vers la lumière, alors même que son auteur vit ses derniers mois, emporté par la tuberculose à quarante-quatre ans. C'est formidablement émouvant et, en repensant à « John Thomas » et « Lady Jane » je me réjouis bien de mon erreur.
“il n'y a pas d'amour heureux” écrivit Aragon. C'est beau mais c'est faux.

***
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Quelle pure merveille !
Je rejoins totalement les avis précédents sur ce magnifique livre de D.H. Lawrence !

Nous suivons la vie de l'héroïne de cette histoire, Constance, devenue Lady Chatterley après avoir épousé Clifford Chatterley. Ce dernier est revenu brisé et handicapé de la guerre et doit désormais vivre en fauteuil roulant, totalement dépendant de sa femme.
Dans ce quotidien ennuyeux, Constance est donc à la recherche d'un Idéal, qu'elle finit par trouver dans les bras du garde-chasse de son mari, Oliver Mellors. La tension est d'ailleurs permanente jusqu'à la dernière page ; en effet, la Lady se retrouve face à un choix difficile : une existence morne mais indépendante si elle choisit Clifford ou bien une totale liberté mais une déchéance sociale du côté de Mellors... Il s'agit donc avant tout d'une grande histoire d'amour racontée par Lawrence, et qui ne peut que séduire le lecteur.

Toutefois, derrière l'intrigue amoureuse se cache une dimension symbolique. Ainsi, chaque personnage représente une caractéristique de l'Angleterre de ce début de siècle : Clifford symbolise l'échec, puis la chute de la bourgeoisie ; Constance représente les espoirs d'une société traumatisée par la guerre. Enfin, Mellors est d'une certaine façon le porte-parole de l'auteur, s'interrogeant toujours sur des questions essentielles à cette époque, comme les inégalités entre ouvriers et patrons ou encore la part croissante de l'argent dans la mentalité des Anglais...

Ainsi, ce roman est complet, mêlant amour et réflexion, mais quoi qu'il soit, j'en garderai un excellent souvenir, charmée par des personnages que je n'oublierai sans doute jamais...

A lire absolument !
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« C'est pourquoi je crois à notre petite flamme fourchue. »
Ainsi parlait Mellors, l'Homme des Bois, pour décrire sa relation passionnelle et charnelle avec la belle aristocrate Lady Chatterley. Trois mots à la fois modestes et ravageurs. Trois mots fortement suggestifs et païens…
Tout est confrontation brutale dans ce roman ! L'impuissance et la froideur du Maître de Wragby s'oppose à la sensualité et la force érotique dégagé par Mellors. le corps sec et maigre de Lady Chatterley qui, au contact de l'Homme des Bois, soudainement s'épanouit pour devenir gracieux et svelte. La forêt, dernier refuge de liberté, de beauté et de sauvagerie qui recule inexorablement face aux destructions du monde industrialisé enfantant des paysages lugubres et des hommes émasculés, sans force, davantage objets qu'hommes.
L'amour irraisonné entre la belle Connie et Mellors balaiera tous les obstacles : les pesanteurs sociales, la différence de classe, la peur du scandale, les douloureux coups d'épingles des commérages et du « qu'en dira-t-on ». Un véritable hymne à la vie !
Pour décrire les relations amoureuses, les termes sont parfois crus mais toujours d'une extraordinaire poésie. Elles subliment la passion qui unit nos deux héros. Ils avancent main dans la main, le nez dans les étoiles, ignorant la médiocrité et la petitesse d'esprit de leurs congénères.
Qui n'a pas connu ces moments de grâce où l'amour rend aérien et invulnérable, qu'on ne cesse durant toute une vie d'essayer de revivre?
Un livre à lire et à relire.




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Braconner le garde-chasse !
Lady Chatterley étouffe de bienséance. Son Clifford est revenu de la Grande Guerre la nouille en berne. Passer ses journées dans la campagne anglaise austère à regarder pousser les fleurs et à nourrir les pigeons, c'est voir sa vie faner avant l'automne. Pour une jeune femme qui a connu les plaisirs charnels avant son mariage grâce aux échanges Erasmus de l'époque, le feu s'éteint mais les braises ne demandent qu'à se raviver. Gare aux tisons.
Constance prête l'oreille et le reste de son anatomie à ses instincts et il n'y a pas que son Lord Cocu qui va en faire les frais. Son auteur aussi. La publication du livre de D.H Lawrence est un roman à elle toute seule. Publié sous le coude et sous la ceinture en 1928, il n'est offert en version intégrale aux lectrices anglaises empourprées qu'en 1960 après un procès retentissant. La victoire du désir féminin.
Insatisfaite, la Lady agrémente donc ses balades dans les bois d'une relation passionnée avec le garde-chasse du domaine et l'auteur décrit de façon explicite la volupté et l'échange de virus. La galinette qui traque le sanglier. le vocabulaire est brut mais ce n'est pas du Rabelais. Chocking dans le cottage ! Gode save the Queen dirait San Antonio. Une aristocrate qui s'encanaille avec la classe ouvrière.
Le mari souhaite une descendance et suggère à la Lady de se dégoter un reproducteur mais ce dernier doit être de la bonne société et il proscrit toute tentation de passion. Dépossédé de ses attributs, l'impuissant tente d'intellectualiser la chose pour la négliger, mais il est débordé par les forces de la nature. Une force de la nature, surtout.
Tout le monde connait Lady Chatterley, pas seulement les petits futés qui ont reluqué en cachette les adaptations érotiques sur le petit écran avec Sylvia Kristel ou Edwige Fenech. J'ai des noms. En revanche, personne ne se souvient du nom de l'amant du titre. Ce n'est pas innocent. L'auteur a voulu en faire avant tout un sexe, un phallus d'or, graal pour cette jeune femme mariée. Peu importe l'emballage. Là est la transgression. Au diable les convenances.
D'ailleurs, je trouve que le roman perd un peu de sa force quand on découvre qu'Oliver Mellors, nom de l'étalon, dispose d'un passé militaire et d'une culture littéraire cachée sous ses apparences d'homme des bois qui coupe le bois torse nu. C'est pas Charles Ingalls. D.H Lawrence tente de rationnaliser la mystérieuse chimie de l'attirance entre deux êtres que tout oppose.
Ce roman est un authentique chef d'oeuvre. Les personnages ne sont pas sympathiques mais ils débordent de vie. Au-delà des galipettes, je n'ai jamais lu de pages qui décrivent aussi bien les sensations amoureuses. Pas les sentiments, les sensations. 50 nuances de volupté dans le grès. La verve de la verge si j'osais. C'est fait. Je ne peux que conseiller la lecture de ce livre en lieu et place de cette littérature érotique discount qui pollue les rayons des librairies avec des couvertures ridicules qui ressemblent à des pubs de lingerie pour la Saint Valentin.
La postérité tend à négliger l'arrière-plan du roman mais D.H Lawrence n'est pas tendre avec l'industrialisation à marche forcée de son temps. le récit ne se limite pas à l'exploration des fourrés et aux tasses de thé entre gens de bonne compagnie. Je n'aime pas la marmelade et les ombrelles.
Le bouquin à offrir à une femme mariée…mais pas la sienne !
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Dans une époque en pleine mutation, quand l'Angleterre agricole est effacée par l'Angleterre industrielle, Constance Chatterley, qui appartient à la classe riche, doit choisir entre deux mondes.

La pauvre Constance n'a pu résister à l'ennui d'une vie auprès d'un homme blessé à la guerre. Au milieu de la forêt de Sherwood, celle de Robin des bois, une cabane accueille ses amours avec le garde-chasse de son mari. Au plus profond des fourrés, peut-être le dernier lieu épargné par la lèpre industrielle des usines et des mines en ce début du XXe siècle, la sexualité avec son amant la révèle à elle-même. Elle trouve sa raison d'être et elle est prête à tout abandonner de son passé.

Dans ce merveilleux roman, puissamment et délicieusement sensuel, si D.H. Lawrence nous livre une vision sombre de l'évolution de la société - l'argent est au centre de la préoccupation des hommes, il régit, pervertit toutes les relations et détruit la beauté de la nature - il espère aussi en une nouvelle Angleterre, incarnée par Lady Chatterley et le garde-chasse, et en l'amour qui dépasse tout.
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Réduire ce roman classique à un simple récit d'adultère serait lui faire grand tort. "L'amant de Lady Chatterley" est bien plus que cela et son personnage principal, Olivier Mellors, garde-chasse, ancien officier aux Indes, est une voix nouvelle qui s'élève, pleine d'humilité et de bon sens, au-dessus du vacarme d'une société d'après-guerre - 14/18 - totalement déchirée entre son besoin de conserver ses traditions et l'élan de modernité qu'elle sent vibrer dans ses flancs.

"L'Amant de lady Chatterley" et son auteur me faisaient peur, pour parler vrai. Depuis des années, je tournais autour d'eux sans oser m'y approcher, comme on n'ose pas passer son doigt dans la cage d'un animal dont on ne sait s'il vous mordra ou vous caressera. Cette appréhension infondée rend encore plus vive ma satisfaction à avoir enfin découvert ce très grand roman anglais dont je ne m'étonne plus qu'il fît scandale lors de sa parution en 1928.

Oui, le style est direct et cru, oui, il y est beaucoup question de volupté mais c'est véritablement un roman érotique dans le sens noble du terme. Ne vous attendez pas à trouver sexe et vulgarité entre ses pages mais un trouble certain vous envahira à la lecture des superbes descriptions pleines de sensualité et de poésie un peu bestiale servant la relation entre Constance Chatterley et Olivier Mellors.

Je le disais en débutant mon propos, "L'amant de Lady Chatterley" est bien plus que le récit d'une histoire d'amour, belle et forte, entre deux êtres que tout semble opposer. D. H. Lawrence a également fait de son roman un superbe pamphlet contre l'industrialisation à outrance et le culte de l'argent, progressant selon lui au détriment d'une forme de sobriété heureuse et de l'amour véritable.

Les descriptions de la nature, livrée à nous dans sa plus belle nudité, valent celles de la relation amoureuse entre les deux protagonistes. Sa parfaite connaissance des mécanismes animant la upper-class anglaise - considérée comme un ramassis de pantins stériles et rabougris - et de la société qui est la sienne permet à l'auteur de développer une critique sociétale pleine d'intérêt et encore terriblement d'actualité aujourd'hui.

L'esthétisme du récit - qui n'est pas sans évoqué les décors de Downton Abbey -, la beauté envoûtante de la plume, la complexité psychologique des personnages vraiment remarquable concourent à faire de ce roman une oeuvre complète, aussi profonde que raffinée.

La littérature avec un grand L.
Ne passez pas à côté de ce chef-d'oeuvre.


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D.H. Lawrence a écrit trois versions de L'amant de Lady Chatterley. le roman connu sous ce titre en est la troisième ; celle considérée comme définitive par Lawrence et qu'il fit éditer à compte d'auteur, en mars 1928, quelques mois avant sa mort.
Ce n'est qu'en 1960 que le livre est enfin publié en Angleterre après un procès pour obscénité des éditeurs Penguin Books (qui permit ensuite une plus grande liberté d'expression).
.
En 1928, L'Amant de lady Chatterley fait voler en éclats les tabous de la puritaine Angleterre, du sexe aux préjugés sociaux. Scandale ! Pourtant, à l'opposé de la pornographie évoquée à l'époque, le roman vibre d'une irrésistible sensualité.
Cette histoire d'une double transgression - conjugale et sociale est un roman d'une passion foudroyante dans le plus exquis des empires, celui des sens. Lorsque David Herbert Lawrence s'y attaque, en octobre 1926, il a 41 ans. Retiré en Toscane, il a rompu avec le «crachin infect» de l'Angleterre industrielle et lutte farouchement contre cette tuberculose qui finira par le terrasser quatre ans plus tard.
« Son roman, Lawrence sait bien qu'il n'a aucune chance d'être publié en Angleterre. Aussi décide-t-il d'acheter du papier et, pour 300 livres sterling, de le faire imprimer à Florence, à compte d'auteur. Il se vend sous le manteau à 1 000 exemplaires, tandis que les douaniers américains le refoulent aux frontières et que Scotland Yard le confisque. Condamné pour obscénité et pornographie, le livre subira de multiples piratages avant qu'une édition expurgée ne sorte en Angleterre, en 1932. Réaction unanimement scandalisée de la critique: il faut être un «pervers», un «esprit malade», pour oser écrire un tel outrage à la morale. 
Ce n'est qu'en 1960 que la version originale du roman paraîtra dans la patrie de Lawrence. Avec, à la clef, 3 millions de lecteurs en huit mois. Lesquels se délectèrent, comme ceux d'aujourd'hui et de demain, de cette symphonie érotique où les amants attisent un brasier étincelant. »

Une oeuvre que je ne connaissais que de nom. Bien belle découverte, malgré les difficultés du début à rentrer dans ce monde du Nord de l'Angleterre, ce monde de mines, d'obscurité, de désespérance. Ce roman est l'histoire d'amour adultère entre une aristocrate anglaise mariée Lady Chatterley Constance et son garde-chasse Mellors, un homme de la terre ayant néanmoins un passé militaire qui l'a formé à la société et qui s'oppose au mari Sir Clifford, homme de lettres paralysé suite à ses blessures de guerre.
Cette aventure amoureuse sera le révélateur de la féminité de Connie et surtout son éducation sexuelle avec Mellors, qui lui fera découvrir le plaisir charnel et balaiera ses hontes et complexes.
D'un bout à l'autre du roman, D.H Lawrence nous parle bien sûr d'amour, mais aussi de rapport des classes nantis et ouvriers, le décalage total entre tous ces hommes, mais aussi à la transformation de l'ancienne Angleterre vers un nouveau monde. Les repères sont chamboulés, remis en cause, la première guerre mondiale est passée par là.
Il y a aussi toutes ces pages de descriptions enchanteresses de la nature, par un auteur qui apparemment étouffe dans une Angleterre qui s'est transformée en une vaste sinistre mine de charbon. Il nous décrit une nature très érotisante et éblouissante avec beaucoup de délicatesse. Ce sont sans arrêt des passages de lumière qui émerge parmi toute cette ombre.
L'écriture de D .H. Lawrence est très belle, poétique, bien sûr son langage dans la relation charnelle entre Connie et Millord, est très crue, on peut comprendre qu'il ait choqué à l'époque puritaine où il a été écrit, mais de ce livre émerge une impression de beauté lumineuse dans un monde sinistre.
Une bien belle découverte, un très beau livre que je regrette de ne pas avoir lu plutôt.

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Tu aimes les histoires d'amour sensuelles, libertines, torrides, qui font rosir les joues rien qu'en les lisant, ce livre est fait pour toi.
On y découvre Oliver Mellors, l'homme des bois, un primitif, un rustre, une brute, une bête, un sauvage. Son corps est recouvert d'une épaisse toison, il se nourrit exclusivement de ce qu'il trouve dans la forêt : baies, champignons, fruits et plantes sauvages, c'est le garde forestier.
Lady Chatterley, la chatelaine est en manque d'amour sensuel, son mari est revenu de la guerre inapte à l'acte sexuel. Elle aime observer en cachette le garde forestier faisant sa toilette dehors, à moins 10 degrés, en projetant de l'eau sur son corps et en se donnant de vigoureuses claques sur la peau. Elle n'est pas insensible aux charmes du rustre mais cédera-t-elle à l'appel des sens? La réponse est dans le titre, c'est ça qu'est bien !
Ils deviennent amants et alors là c'est absolument torride, démentiel, abracadabrantesque. Ça fait oula, bang, wizz, shebame, tchoubaï, crac, boum, hue. La débauche des sens, des grimpages de rideaux non stop, un feu d'artifice d'orgasmes, le septième ciel et au delà ...
La morale de cette histoire, c'est que ceux qui s' endorment pendant l'amour, devraient prendre un amant ou une maîtresse, because c'est tchoubaï !
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Passionnel,
Fusionnel,
Charnel !
Un trio amoureux !
Le mari Sir Cliffort Chatterley lieutenant de l'armée britannique homme de lettres paralysé suite à ses blessures de guerre.
Constance Chatterley, son épouse, ne désirait et ne recherchait rien qu'à échapper à l'ennui de son couple !
Une vie monotone où elle dépérit peu à peu.

Pourtant un jour !
Une Cabane perdue dans la foret.
Où tout va se jouer !
Elle va y rencontrer Mellors , le garde-chasse.
Taiseux,
ancien officier.

Elle succombera à cet homme dans ce monde silencieux.
Elle cueillera chaque instant dans cette nature préservée.
Tout est vérité dans cette forêt de Sherwood,
Sa vérité
Leurs vérités :
la légèreté de la lumière qui les enveloppe,
les courbes de leur corps qui se font échos,
exaltées,
enflammées,
extasiées.

Elle s'enivre de sa force,
sa chair se parfume de son amour,
Ses frissons d'interdit exaltent leur passion.
Jardin secret,
Espace protégé,
Rébellion contre l'ordre établit.
Espace de liberté.
Rupture des codes sociaux.

Vertiges clandestins ,baigné d'élixir jaillissant d'un amour sans interdit offert dans cet écrin de verdure.

Elle vénérait cet amour, ses mille plaisirs déployés pour la rendre heureuse et pour oublier un mariage poussif.
Elle s'abreuvait à ces instants d'éternité, conquise par toutes ces effluves de bonheur.
Son corps flambait dans l'ombre d'un mariage se délitant dans l'indifférence.
Elle ondulait entre le feu d'un amour rêvé et le métal d'un couple perdu.
Ce torrent de délice qu'elle s'octroyait pour supporter cette tristesse d'une paralysie qui privait son mari d'être complètement lui !
Elle était ce printemps qui revit dans sa sève et ses espoirs de vie.
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