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Marc Amfreville (Traducteur)Anne Wicke (Traducteur)
EAN : 9782752902337
208 pages
Phébus (18/01/2007)
3.32/5   17 notes
Résumé :
Le fossé se creuse entre Lou, Américaine indépendante d’esprit, et son freluquet de mari, Lord Carrington. Lou et sa mère – la maîtresse femme Mrs Witt – portent un regard peu amène sur le jeune élégant comme sur ses amis superficiels. Leur compagnie devient plus insupportable encore quand, un peu par ennui, un peu par défi, Lou fait l’acquisition d’un tempétueux étalon nommé St Mawr. Face à la robe sombre et à la puissance virile du cheval, à l’énigmatique simplici... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Avec L'Étalon, David H. Lawrence affute sa mine de crayon pour ce qui deviendra, dès son roman suivant, son chef-d'oeuvre absolu, L'Amant de Lady Chatterley.

On sent que l'auteur tourne autour, cherche encore, essaie de trouver l'angle juste ; qu'il possède déjà plus ou moins tous les ingrédients constitutifs de son futur grand roman mais que tout n'est pas encore en place, pas parfaitement calibré : l'héroïne principale est déjà une jeune femme mariée de milieu aisé, blasée de la fadeur, de la mollesse des hommes du monde dits « convenables » ou « à la mode ».

C'est une Américaine fortunée, Lou Witt, qui a épousé un Australien, Henry Carrington, alias Rico, un peu artiste, un peu bohème, un peu poseur, un peu dragueur et surtout bon à rien, si ce n'est à faire le mondain. Lady Carrington s'ennuie donc ferme aux États-Unis, en Europe continentale, un peu partout, et finit par échouer un certain temps en Angleterre.

Là, accompagnée par sa mère, Mrs Witt, une veuve cinquantenaire audacieuse et encore relativement attirante, mais dont la langue corrosive fait des ravages quoi qu'elle touche, Lou n'a d'intérêt dans la vie que pour les promenades à cheval. Pas regardante à la dépense, on lui présente un étalon fougueux, St. Mawr, qui aussitôt la séduit par sa « sauvagerie » intérieure, telle qu'elle devait être aux origines, couplée à une allure impeccable, d'une incroyable distinction.

St. Mawr n'est réellement maîtrisé que par son palefrenier, Lewis, un Galois taciturne, dont la description physique rappelle à s'y méprendre le propre portrait de l'auteur. On y sent déjà poindre à travers lui tous les ferments du futur personnage d'Oliver Mellors, celui qui deviendra l'amant de la Lady... Mais ici, point de tout cela, l'auteur peine à caractériser ce personnage, il lui adjoint une sorte de double, en la personne du palefrenier amérindien Phoenix, qui est au service de Mrs Witt.

Les choses se gâtent un petit peu lorsque Lou fait clairement entendre que la virilité de son mari Rico se mesurerait à son aptitude à monter le bouillant St. Mawr. Lui, Rico, déteste l'équitation mais possède une assez haute estime de sa propre virilité. Sachant qu'au demeurant, il n'est pas totalement insensible aux roucoulades d'une jeune femme de bonne famille, Flora Manby...

Alors, oui ou non, Rico acceptera-t-il de relever le défi de St. Mawr ? À qui Lou est-elle le plus attachée, à son mari ou à son cheval ? Quel rôle joueront les convenances, Mrs Witt, Lewis, Flora ou Phoenix dans les décisions finales impliquant Lou, Rico et St. Mawr ? Ça, je veux bien vous le laisser découvrir par vous-même.

Mon impression générale est assez bonne, concernant ce court roman, mais pas optimale. Pas optimale, notamment, parce que, vu le volume de l'ouvrage, la longue dernière partie, détaillant un lieu, un paysage, un domaine et l'historique de ses anciens propriétaires m'a parue diluée, inutile et inappropriée. Inappropriée, en ce sens qu'elle fait totalement retomber la tension, là où l'on aurait espérer la voir encore monter. Ou encore, inappropriée parce qu'elle introduit des personnages déjà morts et qui ne joueront aucun rôle dans le développement final…

Le thème central est pourtant intéressant, la séduction pour la rudesse originelle plus que pour le maniérisme moderne, mais le traitement n'en est, d'après moi, bien maîtrisé que sur la première moitié de l'ouvrage. J'imagine que cette thématique est toujours d'actualité et peut-être, même, plus que jamais, à présent que beaucoup souhaitent une forme de retour à la nature, aspirent à une vie peut-être moins confortable mais plus authentique, plus en phase avec les origines, loin des centres métropolitains hyperconnectés...
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Satire de la société bourgeoise anglaise avec, en toile de fond, un magnifique portrait de cheval.
Louise, jeune femme indépendante et oisive, offre à son mari un étalon nommé ST Mawr.
La puissance et la sauvagerie de ce dernier amènent Louise à s'interroger sur sa propre existence et à tout remettre en question.
Des personnages superficiels, plus ou moins névrosée peuplent ce roman où l'on trouve l'esquisse des relations que noueront ceux de « L'amant de Lady Chatterley ».
On trouve des discussions intéressantes sur la vie en société entre Louise et sa mère, Louise et son mari, Louise et les palefreniers, posant la question du pathétique de la condition humaine.
le style est fluide et agréable, mais le ton est résolument pessimiste.
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Heureusement que je connais un peu David Herbert Lawrence...
Si j'avais dû me fier au titre de la traduction française de son roman "St Mawr" -que je trouve d'un goût un peu douteux- et à l'illustration de couverture de l'édition Phébus, sans doute m'en serais-je détournée, imaginant avoir affaire à un quelconque récit pornographique !

Je vous rassure -ou vous déçois, c'est selon...- tout de suite, "L'étalon" n'est pas ce genre de roman. Quoique... en matière d'érotisme et de sensualité, l'auteur du célèbre "Amant de Lady Chatterley" aurait sans conteste pu en remontrer à beaucoup !
Entendons-nous bien : il s'agit d'un érotisme sous-jacent, allusif, mais pourtant tangible.
Il n'y a en effet pas de scènes véritablement "osées", ni d'évocation de fantasmes torrides... juste la lassitude d'une épouse qui n'entretient plus avec son conjoint qu'une relation platonique... L'irruption dans son existence d'un cheval rétif va éveiller des aspirations jusqu'alors refoulées, des désirs vagues mais prégnants.

Cette femme, c'est Lou, fille d'une veuve américaine au caractère fort et indépendant, Mrs Witts. Malgré la désapprobation de cette dernière, elle a épousé Rico, un jeune artiste qui a hérité de son père australien et désargenté le titre de baronnet.
Après avoir mené, dans les premiers mois de leur passion, une vie de bohème, entre la France et l'Italie, les deux tourtereaux se sont installés à Londres. La fougue des débuts a fini par retomber, et Lou éprouve un morne désenchantement vis-à-vis non seulement de son artiste de mari, mais aussi envers l'ensemble d'une société à laquelle elle reproche d'être gouvernée par les apparences et la futilité.
Elle ne supporte plus le monde qui l'entoure, monde de mensonges, de plaisirs toujours plus nombreux, de désirs toujours plus grands... Elle regrette la perte, par les individus, de leur authenticité et de leur profondeur, leurs failles et leurs émotions véritables étant étouffées, camouflées par la contenance qu'ils affichent en toutes occasions.

L'apparition, dans ce contexte, de St Mawr, étalon sauvage, rebelle, est comme une révélation, l'événement qui lui fait prendre conscience de cette lassitude, qui se mue bientôt en véritable dégoût.
Le cheval devient le symbole d'un possible retour à une sensualité primitive, puissante et virile. Il est un être intrinsèquement vivant et fier, aux réactions brutes, qui ignore l'hypocrisie et le mensonge.

Je suis loin d'être une spécialiste de David Herbert Lawrence, n'ayant lu que quatre de ses textes, y compris celui-là, mais j'ai retrouvé dans la plupart certains points communs flagrants.
Je pense notamment à cette quête, par ses personnages, d'une sorte de pureté, d'authenticité que les individus, entraînés par la dynamique du progrès technique et social, pervertis de sophistication, auraient perdues.
Cette quête est aussi celle d'une richesse, d'une profondeur que l'homme moderne, en muselant ses sentiments et sa spontanéité, a annihilées.
C'est, enfin, la quête d'une harmonie entre le corps et l'esprit, de la sérénité que procure l'acceptation de ses désirs sincères et de ses pulsions.

Une autre des particularités des romans que j'ai lus de David Herbert Lawrence, c'est qu'ils mettent en scène, bien souvent, une héroïne... comme si l'auteur trouvait que les femmes -ou du moins certaines d'entre elles- possédaient une sensibilité moins pervertie par les artifices et les diktats des conventions sociales que les hommes. de plus, leur indépendance d'esprit et leur intelligence en font des héroïnes résolument modernes.

Toujours est-il qu'une fois de plus, j'ai été séduite par la richesse de son texte, par la précision et la justesse avec lesquelles il analyse les rapports entre ses personnages, ainsi que les états d'âme et les questionnements de sa principale protagoniste.

Lien : https://bookin-ingannmic.blo..
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Une fois n'est pas coutume, voici une lecture commune et j'en suis ravie. En effet, c'est une mécanique que j'aime bien quand elle permet de parler à plusieurs d'un roman peu connu et de le mettre en avant. Je l'apprécie moins quand il s'agit de parler en même temps que tout le monde d'un roman dont le monde entier parle, mais après tout chacun trouve les motivations qu'il peut pour vider sa PàL et, devant l'énormité de la mienne, je peux comprendre qu'il faille de nombreuses béquilles. [...]
Lien : http://www.readingintherain...
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Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
— Vous non plus, vous n'aimez pas les hommes. Et vous ne pouvez pas savoir : rien que penser à eux m'épuise. Vous dites qu'ils sont trop animaux. Mais ce n'est pas vrai, mère ! L'animal qui était en eux s'est perverti, humilié ; il est devenu servile, domestique, comme un chien. Je ne connais pas un homme qui ait la fierté d'un animal. À croire qu'ils ont cessé de penser. C'est ce qui arrive quand la dernière petite parcelle d'animalité sauvage meurt en eux.
— Mais nous avons un esprit…
— Nous n'avons plus d'esprit une fois que nous sommes apprivoisés, mère. Les hommes sont tous des femmes et ne font que tricoter des mots.
— Je ne peux pas être d'accord, vous le savez très bien, Louise.
— Oui, bien sûr, vous aimez les hommes intelligents. Mais le plus souvent, les hommes intelligents sont des animaux si déplaisants ! Chez des hommes comme Rico, l'animal s'est abîmé, dénaturé. Et chez ces jeunes gens élégants que vous aimiez tant pendant la guerre, il n'y a plus rien de l'animal sauvage. Ce sont tous des chiens dressés, même lorsqu'ils ont du courage et de la classe. Des chiens dressés par des maîtres humains. Il n'y a plus aucun mystère en eux.
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En définitive, tout n'était que mensonge et apparence. Il gardait tout en lui, délibérément. C'était une contenance qu'il se donnait. Elle avait lu des ouvrages de psychologues qui disaient que tout n'était que faux-semblant, même le meilleur des êtres. Et désormais elle savait que tous ceux qui se donnent une contenance ne font que cacher leurs failles. Quelque chose leur manque, et ils en sont réduits à dissimuler.
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La plupart des esclaves ne seront jamais affranchis, quelle que soit la liberté qu'on leur octroie. Comme les animaux domestiques, ils ont plus peur de la liberté que de leur maître. Qu'un maître généreux les affranchisse, ils ramperont aussitôt vers un maître cruel, qui n'hésitera pas à les maltraiter. Car pour eux les coups et la servilité sont autrement faciles à supporter que la dure responsabilité solitaire de la vraie liberté.
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Je crois que l'on finit par tellement se lasser de ces hommes d'esprit, comme vous les appelez. Il y en a tant, des hommes, avec cette sorte d'intelligence. Et il y en a qui ne sont pas très intelligents, mais gentils ; et d'autres qui sont stupides. Il me semble qu'il y a autre chose que l'esprit et l'intelligence, ou que la gentillesse et le raffinement. Peut-être est-ce l'animal.
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Quant au cheval, allait-il continuer à porter l’homme dans sa marche vers sa putréfaction ?
Avec sagesse, l’homme s’était mis à inventer des engins, automobiles ou locomotives. Pour l’homme, le cheval était dépassé.
Mais hélas, pour le cheval, l’homme était encore plus dépassé…
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Videos de D.H. Lawrence (12) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de D.H. Lawrence
Lady Chatterley de Pascale Ferran : Entretien avec Michel Ciment (2006 / France Culture). Par Michel Ciment. Réalisation : Pierrette Perrono. Photographie : Pascale Ferran • Crédits : Sipa. Le 11 novembre 2006, dans son émission “Projection privée” diffusée sur France Culture, Michel Ciment recevait la réalisatrice Pascale Ferran pour s'entretenir avec elle autour de son film “Lady Chatterley” : une adaptation cinématographique d'un roman de l'écrivain britannique D. H. Lawrence. Pascale Ferran expliquait notamment les raisons pour lesquelles elle avait choisi d'adapter la deuxième version du livre, intitulée “Lady Chatterley et l'Homme des bois”. “Lady Chatterley et l'Homme des bois” (“John Thomas and Lady Jane”) est un roman du Britannique D. H. Lawrence publié en 1927. Deuxième des trois versions du roman polémique de 1928 “L'Amant de lady Chatterley”, il s'en distingue par l'absence de scènes crues et plusieurs variations, notamment à la fin. Moins connu que la version définitive, “Lady Chatterley et l'Homme des bois” a servi pour la mini-série télévisée britannique de Ken Russell diffusée en 1993, et l’adaptation cinématographique française de Pascale Ferran sortie en 2006, où jouent Marina Hands, Jean-Louis Coulloc'h et Hippolyte Girardot.
Sources : France Culture et Wikipédia
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